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La tragédie Arménienne


Constantinople

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Membre, Posté(e)
Constantinople Membre 18 329 messages
Maitre des forums‚
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Pour expliquer la Tragédie il faut en venir à la situation des arméniens au XIX eme siècle. La population arménienne compte alors 3 500 000 personnes qui vivent pour les deux tiers sous l’empire Ottoman, et dans l’empire Russe pour le reste. Une petite part ont également en Perse et dans les diverses communauté de la diaspora. Conséquences des invasions, des massacres, déportations, migrations ils ne forment cependant plus de majorité absolue dans aucune des provinces « historiques » de l’Arménie.

Malgré cet éparpillement, une langue, une écriture et une église cimente leur appartenance à une communauté, et leur identité est forte Depuis la chute en 1375 du Royaume arménien de Cilicie, l’Eglise apolitique a pris la place de l’état défunt. Sentiment national et foi religieuse fusionnent donc, et c’est le clergé qui assure l’unité de la société arménienne, ce qui n’empêche pas des divisions internes.

Les premiers projets de libération viennent du Saint Siège, à Etchmiadzine alors sous domination Perse., ainsi que des ultimes seigneurs locaux de l’Arménie orientale. Ayant cherché vainement des alliances des états chrétiens d’Europe, ou une alliance Latine, Ils se sont tournés vers la Fin du XVII eme siècle vers la Russie qui pousse dans le Caucase à la fin du XVIII eme. Parti donc de la Diaspora, le réveil du sentiment nation Arménien qu’un siècle plus tard. Il concerne tous les aspects de la vie culturelle. La réforme linguistique notamment, l’achkharabar, qui devient la langue de la presse et de l’enseignement. Des monastères et des lycées sont fondés.

Sur le plan politique, une intelligentsia laïque émerge en reprenant de l’église l’espace politique, culturel et éducatif : Cette élite est de plus en plus critique du monopole du pouvoir conservateur du patriarche de Constantinople. En 1839 et 1856 le pouvoir ottoman établit l’égalité entre musulmans et non musulmans, et une autonomie pour les communautés ethniques ou religieuses de l’empire. Mais ces réformes n’ont dans les faits aucune incidence sur la vie quotidienne dont la situation s’aggrave en réalité, dans la seconde moitié du XIX eme siècle, à cause de l’expansion des Kurdes, facilitée par le pouvoir ottoman : Ceux-ci, nomades, occupent les terres et les villages des sédentaires arméniens et Assyro Chalddéens, imposant de force aux paysans tributs, achat de la protection, vol des troupeaux, enlèvements des femmes et des filles. Une forte émigration des Arméniens en direction de Constantinople, Smyrne, ou la Transcaucasie se met en œuvre.

L’invasion russe suscite de l’espoir parmi les populations Chrétiennes, et Arménienne, et Constantinople accuse l’empire des Tsars d’instrumentaliser les revendications des minorités : Jusqu’alors considérés comme une communauté loyale (contrairement aux Slaves ou aux Grecs), Les Arméniens sont alors sommés de réaffirmer leur allégeance au Sultan. Au congrès de Berlin de 1878 ; une délégation arménienne présente des revendications d’autonomie administratives des « vilayets »  arméniens dans l’empire Ottoman. Pour la première fois la question arménienne est internationalisée et légitimée par les grandes puissances occidentales.

Des partis émergent alors : En 1885, le parti Armenakan qui préconise l’armement de la paysannerie. Un parti social démocrate Hentchak (la cloche) est créé à Genève en 1887, mais sa tendance socialisante est en décalage total avec les réalités  locales. Enfin, à Tifli en 1890 c’est la  Fédération Révolutionnaire Arménienne (Ou parti Dachnak) : Ces deux partis sont fondés par des sujets russes qui entretiennent l’amour du Yergir, le pays anotalien des Arméniens. Ils organisent l’autodéfense des rayias, populations soumises aux musulmans, contre les Kurdes et les Turcs.

Des révoltes antifiscales spontanées des Arméniens du Sassoun en 1894 et du Zeïtoun en 1895 vont être alors réprimées dans un bain de sang par la cavalerie des Hamidiés Kurdes, créés par le Sultan Hamid et va amorcer une politique « d’homogénéisation » ethnique, démographique et confessionnelle de l’Espace Anatolien. Ce sont les grands massacres qui ensanglantent toute l’Asie mineure. Dans le souvenir du congrès de Berlin, des membres du Dachnak vont alors, pour alerter l’opinion occidentale, prendre en orage une banque ottomane à Constantinople où prédominaient les intérêts Britanniques et Français. Les revendications étaient de faire cesser les massacres, et soumettre la question Arménienne a un traité international….En réactions, la populace de Constantinople massacre des arméniens dans la capitale, sous les regards tétanisé des diplomates occidentaux…Dès le lendemain, la répression hamidienne tuera 7 000 Arméniens de  Constantinople. Au total les grands massacres de la Fin du XIX eme siècle feront 300 000 victimes arméniennes.

Le parti Dachnak, convaincu que la seule issue du peuple Arménien au Joug du despotisme Ottoman est une coalition entre ethnies Kurdes, Turques, et Arménienne cherche à pacifier les rapports inter ethnique, et prends pour cela contact avec des réformistes musulmans : Ils mettent donc leur organisation trans frontaliére au service de la révolution des jeunes turcs, croyant au caractére progressif du mouvement porte par le comité Union et Progrès. En 1907 le parti Dachnak est admis à la II eme internationale, et lors de son congrés, adopte un double programme pan arménien qui associe la défense de l’ouvrier caucasien et celle du paysan anatolien.

En juillet 1908 les jeunes turcs déposent le Sultan Abdul Hamid, mais la joie et l’espoir de coexistence pacifique entre Chrétien, Musulmans, et Juifs ne dure guère. Les jeunes Turcs reprennent l’idée d’homogénéisation turco islamique mais autour d’un état nation nationaliste, et  en 1909, en Cilicie, les massacres d’Adana font 30 000 victimes Arméniennes. Commerces, églises, écoles (dont la dernière école française d’Adana) seront détruits et pillés. Une étape de plus dans le Génocide est franchie.  Porteurs d’un nationalisme Pan Turc voire Pantouranien, les dirigeants jeunes turcs, surtout après les défaites ottomanes de 1912 1913 dans les guerres balkaniques, sont hanté par le démembrement de l’empire et considèrent l’Anatolie comme un sanctuaire d’où il faut expulser ou éliminer tous les éléments non musulmans ( Arméniens, Assyro Chaldéens, Grecs).

En 1914 après les déportations, migrations sous l’effet de la terreur, et massacres, les 2 millions d’Arméniens de l’Empire Ottoman ne constituent plus qu’une majorité toute relative au milieu de peuples musulmans (Kurdes, Turcs, Tcherdesses, etc). L’entrée dans la guerre aux cotés des empires centraux fournit l’opportunité aux « trois pachas » (Enver Pacha, Djemal Pacha, et Talaat Pacha) d’en finir une fois pour toutes.

Présent à la fois dans l’empire Russe et Ottoman, le partie Dachnak de Dissuader les jeunes Turcs de rentrer en guerre tout en indiquant qu’en cas de conflit, les arméniens rempliront leur devoirs envers leurs pays respectifs : Mais dans le même temps, les responsables des jeunes turcs mettent sur Pieds l’organisation spéciale qui mettra en œuvre le génocide. De leur côté, les Arméniens du Caucase décident de lever des légions de volontaire, contre l’avis de leur compatriotes Turcs.

La cuisante défaite subie par Enver Pacha contre les Russes, en Janvier Février 1915 aggrave encore les tensions. Désignés comme Bouc émissaires, des milliers d’Arméniens sont massacrés et les soldats arméniens, pourtant réputés pour leur sens du devoir et leur bravoure, sont désarmés et affectés à des bataillons de travail avant d’être exécutés par petits groupes. Fin mars les premières déportations commencent dans les régions d’Anatolie centrale et occidentale. Mi-Avril l’autodéfense des Arméniens s’organise à Van, et sont sauvés par l’Armée Russe. Présentée comme une insurrection, cet épisode fournit le prétexte pour mettre en place le plan d’éradication totale de la « race » Arménienne.

Dans la nuit du 24 Avril à Constantinople 650 notables et intellectuels sont arrêtés, déportés en Anatolie et assassinés. Fin Mai 1915, dans un télégramme crypté, Talaat Pacha donne l’ordre de déplacer les Arméniens, accusés de Trahison et d’Espionnage, vers « des centres de réinstallation » : Le Bilan du Génocide oscille entre 1,2 millions et 1,5 millions de morts. Soit deux tiers de la population Arménienne de l’empire. Seuls les Arméniens de Constantinople et Smyrne seront relativement épargnés. En 1919 et 1920 des procès se tiennent sous la pression des alliés, à Constantinople, contre les dirigeants du CUP mais n’auront que peur d’effets la plupart des dirigeants ayant fui. Les sentences seront exécutées par des survivants des massacres dans le cadre de l’opération « Némésis ».

Le processus Génocidaire qui a commencé en 1894 et s’est prolongé sous l’ère Kémaliste, même après l’armistice de 1918 a, il faut bien le constater, accompli ses objectifs initiaux : A la fin du XX eme siècle, il ne restait plus que qu’environs 50 000 Arméniens en Turquie…. Tous concentrés à Istanbul, bien loin de l’Anatolie.

Biblio :

NRH hors série n°12

Gérard Dévédyan : Histoire du peuple Arménien

Raymond Kévorkian : Le génocide des Arméniens

Gaïdz Minassian : Arméniens, le temps de la Délivrance

Claire Maroudian : L’Arménie

Anahide Ter Minassion : La question Arménienne.

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  • 1 mois après...
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Membre, Posté(e)
Pierrot89 Membre 6 958 messages
Maitre des forums‚
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Merci pour ce résumé du génocide Arménien en Turquie.

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  • 2 semaines après...
Membre, 74ans Posté(e)
boeingue Membre 23 346 messages
Maitre des forums‚ 74ans‚
Posté(e)

horrible !! méme de nos jours ,il ne fait pas bon  étre arménien !!

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