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Serres vs Stiegler : apprentissage et numérique


Invité Karbomine

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)

Je vois. Monsieur a du tempérament. Tu me fais rire avec ton : "mais comment ça d'ailleurs, résultat ?"

Bon je taquine. L'enjeu du siècle ok.

Ils ils ils, qui ça "ils" ?

Bon allez Pépin, soit bref mais concis : qui c'est ce type et qu'est-ce qu'il raconte ?

Convainc-moi. Ça risque d'être jouable en plus : je suis anti-surpopulation, pour la décroissance, j'emmerde l'Occident et 80% de la philosophie, et je trouve qu'on va droit dans le mur, t'as un bon public !

J'écoute je suis toute ouïe...

Bah, "ils" c'est-à-dire ceux qui ont prétention à penser la société postmoderne, notamment les philosophes.

Quant au "type" qui a pensé dès avant 68 les dysfonctionnements idéologiques de notre société technicienne, il ne peut s'agir que de Jacques Ellul. La technique est sacralisée par la masse parce que rassurante et confortable à court terme. Et, faut-il le rappeler, notre société technicienne et informatisée n'est pas un système destiné à produire des biens de consommation, ni du bien-être, ni une amélioration de la vie des gens, mais uniquement à produire du profit. L'information est synonyme de propagande de l'idéologie technicienne.

https://fr.wikipedia...i/Jacques_Ellul

Pour abonder dans ce sens, il suffit d'observer ce qui se cache derrière l'interface en apparence très simple depuis laquelle nous avons accès, par le biais des moteurs de recherche, à tant d'informations. L'exemple de Google est édifiant. A la création de ce moteur de recherche en 1998, ses fondateurs sont réticents à l'idée d'un quelconque partenariat avec des annonceurs publicitaires. Seize ans plus tard, le chiffre d'affaires de Google atteignait 66 milliards de dollars, dont 59 milliards provenaient de technologies/activités publicitaires (89%).

Donc, PetitPépin fait remarquer à juste titre que tout cet aspect idéologique de notre société techniciste est étrangement éludé dans ce débat et, par surcroît, je crains bien que la vision de Michel Serres soit inconsidérément angélique. D'après l'auteur de Petite Poucette, la jeunesse n'aurait plus à s'encombrer la mémoire d'un savoir, certes, mais cette mémoire est-elle pour autant "vide" ou vierge de tout conditionnement, donc davantage réceptive et créatrice ? Rien de moins sûr compte tenu, précisément, de l'aliénation idéologique de la masse - étant précisé que ce n'est pas tant la technologie, ni moins encore la science, qui est en cause mais l'idéologie techniciste.

Quant à ce savoir, soi-disant disponible et à portée de clics grâce à la démocratie du numérique, je n'y vois rien d'autre qu'une illusion de savoir si celui-ci ne s'accompagne pas d'un indispensable savoir-faire acquis durant de longues années ou/et, comme tu le rappelles Chapati, d'une expérimentation personnelle.

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)

En effet. D'où la nécessité plus pressante que jamais de mettre l'accent sur la formation du jugement plutôt que sur l'acquisition de savoirs. Or, le jugement est une compétence comme une autre qui se forme. Certes, il y a certains accents du jugement qui dépendent avant tout de la personnalité de chacun mais il y en a aussi bien d'autres qui peuvent faire l'objet d'une formation.

À ce propos, je viens justement de terminer un cours sur la philosophie pour les enfants, où on exposait une méthode tout à fait crédible d'enseignement de la philosophie (basée sur l'oeuvre de Lipman), même pour des enfants d'à peine 6 ou 7 ans. C'est une méthode qui est d'ailleurs en application à bien des endroits du globe. Le principe de cet enseignement bouleverse évidemment le paradigme traditionnel de la classe, dans lequel l'enseignant est appelé à déverser un savoir dans l'esprit des enfants. En philosophie pour enfants, les enfants forment une communauté de recherche. Le travail se passe avant tout entre eux, et l'enseignant est appelé à guider le travail de la communauté. L'idée est que les enfants, en se répondant, en amenant toujours des points de vue différents, se trouvent à vivre en groupe le processus même de la réflexion, qu'ils pourront ensuite progressivement intérioriser. Car réfléchir, faire preuve de jugement, cela ne consiste-t-il pas justement en une sorte de dialogue intérieur, où chacune de nos voix apporte ses propres nuances ?

Les avantages d'un tel enseignement n'ont pas besoin d'être énumérés puisque, heureux philosophes que nous sommes, nous les connaissons bien.

https://fr.wikipedia...our_les_enfants

Extrêmement intéressant, parce que cela fait partie d'initiatives constructives qui devraient accompagner toute critique de notre société technicienne postmoderniste. Je pense d'ailleurs que tout enseignant digne de ce nom en arrive tôt ou tard, même dans le cadre limité de sa seule discipline, à mettre au point des recettes consistant notamment à faire interagir les élèves entre eux. Seulement, jusqu'à présent, l'enseignant ne peut pas échapper à la nécessité de coller avec le programme de l'année qui est imposé à lui-même et aux élèves. D'où l'intérêt, voire l'urgence, de l'introduction officielle d'un enseignement de philosophie, réflexive et non pas savante, devant permettre d'aiguiser dès le plus jeune âge le sens critique, la vie démocratique, et le travail d'écoute - non plus d'une écoute imposée dans un rapport maître/élève mais écoute d'égal à égal (qui fait terriblement défaut dans la vie de tous les jours ou sur un forum de discussion parce que nous n'avons pas appris, tout petit, à écouter la parole de l'autre, mais seulement notre propre parole et accessoirement celle du maître, pour lui faire plaisir ou par crainte du bâton).

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Membre, 157ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
Posté(e)

Bah, "ils" c'est-à-dire ceux qui ont prétention à penser la société postmoderne, notamment les philosophes.

Quant au "type" qui a pensé dès avant 68 les dysfonctionnements idéologiques de notre société technicienne, il ne peut s'agir que de Jacques Ellul. La technique est sacralisée par la masse parce que rassurante et confortable à court terme. Et, faut-il le rappeler, notre société technicienne et informatisée n'est pas un système destiné à produire des biens de consommation, ni du bien-être, ni une amélioration de la vie des gens, mais uniquement à produire du profit. L'information est synonyme de propagande de l'idéologie technicienne.

https://fr.wikipedia...i/Jacques_Ellul

Pour abonder dans ce sens, il suffit d'observer ce qui se cache derrière l'interface en apparence très simple depuis laquelle nous avons accès, par le biais des moteurs de recherche, à tant d'informations. L'exemple de Google est édifiant. A la création de ce moteur de recherche en 1998, ses fondateurs sont réticents à l'idée d'un quelconque partenariat avec des annonceurs publicitaires. Seize ans plus tard, le chiffre d'affaires de Google atteignait 66 milliards de dollars, dont 59 milliards provenaient de technologies/activités publicitaires (89%).

Donc, PetitPépin fait remarquer à juste titre que tout cet aspect idéologique de notre société techniciste est étrangement éludé dans ce débat et, par surcroît, je crains bien que la vision de Michel Serres soit inconsidérément angélique. D'après l'auteur de Petite Poucette, la jeunesse n'aurait plus à s'encombrer la mémoire d'un savoir, certes, mais cette mémoire est-elle pour autant "vide" ou vierge de tout conditionnement, donc davantage réceptive et créatrice ? Rien de moins sûr compte tenu, précisément, de l'aliénation idéologique de la masse - étant précisé que ce n'est pas tant la technologie, ni moins encore la science, qui est en cause mais l'idéologie techniciste.

Quant à ce savoir, soi-disant disponible et à portée de clics grâce à la démocratie du numérique, je n'y vois rien d'autre qu'une illusion de savoir si celui-ci ne s'accompagne pas d'un indispensable savoir-faire acquis durant de longues années ou/et, comme tu le rappelles Chapati, d'une expérimentation personnelle.

Je maintiens que Serres (qui est tout sauf un con) est dans son rôle, celui de créateur de Petite Poucette. Si un type de cet acabit se fend d'un livre de vulgarisation destiné aux jeunes, c'est bien justement qu'il est conscient que ceux-ci seront confrontés à de sacrés problèmes !

Et donc il ne peut pas en même temps temps jouer les Cassandre...

C'est bien gentil de nous dire qu'on maîtrise pas la technologie tout ça, voire de réfléchir à comment on en est arrivé là, ça donne pas pour autant l'ombre d'une queue de solution. Alors oui, ça serait mieux autrement, là on ne peut qu'être d'accord, mais pour ce que ça avance...

Je répondrai sans doute sur le reste (la mémoire etc) après.

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tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
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Je maintiens que Serres (qui est tout sauf un con) est dans son rôle, celui de créateur de Petite Poucette. Si un type de cet acabit se fend d'un livre de vulgarisation destiné aux jeunes, c'est bien justement qu'il est conscient que ceux-ci seront confrontés à de sacrés problèmes !

Et donc il ne peut pas en même temps temps jouer les Cassandre...

C'est bien gentil de nous dire qu'on maîtrise pas la technologie tout ça, voire de réfléchir à comment on en est arrivé là, ça donne pas pour autant l'ombre d'une queue de solution. Alors oui, ça serait mieux autrement, là on ne peut qu'être d'accord, mais pour ce que ça avance...

Je répondrai sans doute sur le reste (la mémoire etc) après.

As-tu lu Petite Poucette ? qu'on rigole un peu deux secondes. Cet opuscule de 80 pages n'a strictement rien à voir avec un "livre de vulgarisation" (sic). Serres est un fin observateur de détails révélateurs concernant la vie des étudiants ; il montre que les jeunes vont devoir inventer une nouvelle manière de vivre ensemble, et il se montre optimiste. Alors basta avec ce ton pontifiant.

Serres constate par exemple que le chahut est devenu fréquent en amphi, chose impensable autrefois puisque le silence était de rigueur. Pourquoi ce chahut ? Parce que l'étudiant est conscient qu'il n'a même plus besoin d'apprendre un savoir qui est jeté là, collecté, connecté, collectif, accessible sur le Web. Il en déduit que ce jeune désormais n'a pas la mémoire embarrassée comme l'était celle de l'étudiant d'autrefois.

Au sujet de la société technicienne, ça n'est même pas une question de ne pas maîtriser les nouvelles technologies, mais d'aliénation idéologique. Ne vois-tu pas la différence ?

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
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Intéressante votre discussion. Pour y ajouter mon grain de sel, je voudrais souligner l'effet pervers de la multiplication des "savoirs" par le biais d'internet , et de leur accessibilité. Aujourd'hui le moindre questionnement peut trouver réponse en deux clic sur le web, et personne ne s'en prive, le web est devenu le support privilégié de la connaissance, de la vérification de l'information. L'avenement d'internet participerait à l'évolution du monde vers des "sociétés du savoir" (voir le rapport de l'unesco "Vers les sociétés du savoir"). Superbe projet, mais qui en réalité n'est qu'une belle illusion. Au contraire, la massification de la diffusion de l'information ne peut que conduire au royaume des croyances.

pourquoi, je m'explique : Internet et l'accès facilité à une multitude d'informations réunit toutes les conditions pour que le biais de confirmation nous détourne de la vérité. De tous les biais de raisonnement qui pèsent sur notre logique ordinaire, le biais de confirmation est le plus déterminant dans les processus qui pérennisent les croyances : C'est propre à notre entendement humain que de vérifier une information en procédant à la recherche de sa confirmation : on opte pour ce qui produit le plus d’effet cognitif possible mais pour le moindre effort mental (cf Peter Wason et sa "tâche de sélection"). Or le seul processus efficace a la recherche de la vérité est celui de l'infirmation. (voir ce topic. Je l'avais créé dans le but d'introduire ensuite une discussion "Internet: un multiplicateur de croyances" mais j'ai abandonné le projet)

Ce processus mental de la confirmation - celui que nous avons tous tendance à utiliser quand nous "vérifions" une information ou que nous cherchons à nous construire une opinion - a toutes les chances de pérenniser toutes sortes de stéréotypes et de fausses croyances.

A grande échelle, la triste conséquence inévitable de l'accès facilité à l'information et aux "savoirs" grâce à internet, cad sans effort cognitif : c'est la perpétuation exponentielle des croyances... au détriment de la vérité.

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Membre, Posté(e)
Petitpepin Membre 783 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Quant au "type" qui a pensé dès avant 68 les dysfonctionnements idéologiques de notre société technicienne, il ne peut s'agir que de Jacques Ellul. La technique est sacralisée par la masse parce que rassurante et confortable à court terme. Et, faut-il le rappeler, notre société technicienne et informatisée n'est pas un système destiné à produire des biens de consommation, ni du bien-être, ni une amélioration de la vie des gens, mais uniquement à produire du profit. L'information est synonyme de propagande de l'idéologie technicienne.

https://fr.wikipedia...i/Jacques_Ellul

Effectivement, "l'enjeu du siècle" était un indice puisqu'il s'agit du titre du premier de ses trois ouvrages consacrés exclusivement à la technique. (Enfin, dans de nombreux autres on retrouve ce thème, mais pour comprendre le cœur du problème il faut lire la Technique ou l'enjeu du siècle (en particulier pour ce qui concerne la relation "économie-technique" et pour voir se dessiner les prémisses historiques du système) puis Le système technicien (qui reste l’œuvre majeure, aboutie, mais où la relation économie/technique et l'origine du système technicien sont moins détaillées puisque déjà traitées auparavant d'une façon satisfaisante) - au moins !!).

Je suis réticent à prononcer son nom aujourd'hui parce que je tombe dans le prosélytisme et ça m'agace d'une part (mais c'est que, malgré mes recherches, je ne trouve pas mieux), et puis surtout ça n'encourage jamais personne à aller lire dans les textes alors que c'est indispensable pour débattre ensuite. La particularité de la technique en tant qu'objet d'étude ou de réflexion étant précisément qu'il s'agit dorénavant d'un phénomène global et même englobant, donc imperceptible à partir de sa seule expérience personnelle (il faut une synthèse, reprenant l'ensemble des études produites, ce qu'a précisément fait Ellul). Dès lors les débats d'opinion à ce sujet, et contrairement à d'autres sujets de discussion, ne donnent jamais rien de concluant, car on ne parvient pas à partir de soi-même à "dominer" l'ensemble mais seulement des portions qui n'ont aucun sens hors du système de leurs interrelations, où se situe le véritable objet d'étude - la spécialisation étant un effet du phénomène, qui nécessite d'autre part une totalisation.. Mais je déblatère seul (c'est triste).

Pour rebondir sur ce que tu en dis, je suis aussi réticent à ramener tout ceci à une question d'idéologie techniciste, comme déjà dit je crois. L'idéologie prend son sens relativement à une réalité "concrète", en quelque sorte (au sens que Marx donne à ce terme, pour être précis). Placer le débat d'abord sur le plan de l'idéologie risque de détourner du problème de fond (bien que ce soit une part importante du problème, sans aucun doute). Lorsque tu dis que la masse sacralise la technique par exemple, on ne voit pas d'une part que c'est parce que la technique est l'élément déterminant dans le milieu de vie (le "milieu technique", cf. aussi Friedmann) et en cela l'être humain répond à un réflexe naturel (on sacralisait la nature auparavant) et, d'autre part, on ne voit pas le côté négatif du phénomène, à savoir que la médiation technique en se développant détruit les médiations non techniques (et ceci devrait entrer en compte dans les "externalités négatives", mais ce n'est jamais le cas (ce n'est de toute façon pas quantifiable)). Le problème central, vraiment essentiel, étant l'absence de feedback dans le système que forme le phénomène technique et la progression technique. Là, il est vrai, l'idéologie intervient de façon décisive dans le sens où elle empêche une prise de conscience qui devrait justement permettre l'instauration d'un "feedback"; Enfin...

Pour revenir vers la question de l'enseignement et de l'éducation, les implications sont immenses. Ce que dis Théia m'intéresse énormément (c'est mon domaine de travail) et donc, quand j'aurai plus de temps, j'y reviendrai.

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
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Non seulement comme le souligne déjà Théia chacun peut se sentir soutenu dans sa façon de penser puisqu'en deux clics il peut trouver une communauté d'individus partageant ses opinions, aussi absurdes soient elles, mais sans parler d'éduquer les peuples à l'esprit critique, je m'interroge sur les conditions de possibilité de cet esprit critique et me demandant un peu comme le faisait Jean Baudrillard, si celles-ci ne viennent tout simplement pas à manquer. A l'ère du numérique nous avons dorénavant possibilité de faire croire à peu près n'importe quoi du moment que c'est prononcé par un journaliste au ton de voix sérieux sur une chaîne de grande écoute. Exactement comme un faux charnier de Timosoara (source).

Quand bien même le journaliste ferait un effort d'objectivité il ne se séparera jamais de l'outil qui permet son expression, à savoir la télévision qui est obligée de cadrer à un endroit ou à un autre au détriment de la réalité globale. Jamais ni lui ni les téléspectateurs ou les internautes ne peuvent s'assurer de maîtriser toutes les circonstances d'un fait énoncé comme un événement majeur. C'est pourquoi également nous sommes à l'ère des complotismes et des négationnistes de toutes sortes.

En une seule phrase donc je dirai pour résumer mon intervention que vouloir former les esprits critiques est trop optimiste à mon goût : dramatiquement nous avons plutôt affaire à la disparition des conditions de possibilité de son exercice, pour vous comme pour moi.

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Membre, 157ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
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Aujourd'hui le moindre questionnement peut trouver réponse en deux clic sur le web, et personne ne s'en prive, le web est devenu le support privilégié de la connaissance, de la vérification de l'information.

Oui enfin, sauf qu'on n'y trouve que les réponses aux questions qu'on est capable de formuler. On est donc dans un système de pseudo-savoirs qui ne répond qu'à nos propres questions, autrement dit qui en rien ne nous fait penser (pourtant les vraies questions ne sont pas "données").

Sauf que derrière ça le monde qui nous entoure génère ses propres problèmes qu'il traduit et répercute via les medias sous forme de questions. Il s'agit d'en apprécier la pertinence. Et quiconque n'est pas capable de formuler ses propres questions est entraîné à suivre le sillon de cette soi-disant information... et à la fin se posera ce qu'il croit être de vrais problèmes en fonction des seules informations qu'il aura ingurgité, c'est-dire strictement les mêmes que celles de son voisin.

Bref à la fin, on arrive à une uniformisation de la pensée dont la soi-disant "information" n'est que le reflet, et qui fait que tout le monde a un avis sur tout sans avoir la moindre expérience de quoi que ce soit... puisque l'information nous pré-mâche les réponses : il y a les "pour" il y a les "contre" et c'est à peu près tout.

C'est le règne de l'opinion (le contraire de la philo).

(on pourrait dire que l'information est une abstraction qui répond à un système d'abstractions... que l'opinion concrétise par la seule croyance qu'elle y met : on est sur un pur plan de représentation).

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Membre, Posté(e)
Petitpepin Membre 783 messages
Baby Forumeur‚
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Quand bien même le journaliste ferait un effort d'objectivité il ne se séparera jamais de l'outil qui permet son expression, à savoir la télévision qui est obligée de cadrer à un endroit ou à un autre au détriment de la réalité globale. Jamais ni lui ni les téléspectateurs ou les internautes ne peuvent s'assurer de maîtriser toutes les circonstances d'un fait énoncé comme un événement majeur. C'est pourquoi également nous sommes à l'ère des complotismes et des négationnistes de toutes sortes.

Plus que le problème de l'énonciation comme tu commences à l'indiquer ici c'est celui de la réception qui pose véritablement problème. Je prendrai un exemple que je connais assez bien : Wikipédia. La clef de l'ensemble des questions que soulève ce modèle encyclopédique est toujours supposée résider dans son mode de production (comment les articles sont édités, etc.) Que les critiques soient positives ou négatives, elles sont formulée à partir de ce mode de production. L'immense majorité des recherches effectuées en sciences sociales se concentrent sur ces modalités, qu'on commence effectivement à connaître. Or, il manque à mon avis l'essentiel : un travail de fond sur l'usage du système encyclopédique par ceux qu'on appelle parfois les "simples lecteurs" (par opposition aux contributeurs) et qui sont en fait 1) l'immense majorité des utilisateurs effectifs du dispositif et 2) ceux à qui, après tout, s'adresse le travail des contributeurs. Mais, d'eux, on ne sait rien ! Pas d'études, pas de problématiques, pas d'intérêt. En théorie, tout se comme si Wp n'était pas vraiment lu, comme si c'était un fait secondaire. Pourtant, le fait de son utilisation est proprement massif. Mais on préfère en faire abstraction. On relègue le lectorat dans un "toute choses égales par ailleurs" d'autant plus indéfini que Wikipédia paraît s'adresser virtuellement à tout le monde. Mais ce n'est pas vrai du tout ! Qui consulte effectivement Wikipédia ? Est-ce que les membres des tribus Nuer du Soudan rencontrés par Evans-Pritchard auraient eu l'intérêt de Wikipédia ? Je ne crois pas. Alors pourquoi aujourd'hui des centaines de millions de personnes ressentent-elles ce même "besoin", qui les conduit à consulter ces éférences là précisément ? Quelques recherches sommaires permettront de montrer que le besoin en question apparaît là où le milieu technique est installé... (on répondra : oui mais c'est tout simplement parce que là où il n'y a pas "milieu technique", les gens n'ont tout simplement pas les moyens concrets d'accéder à Wikipédia. Mais je suis convaincu que c'est l'inverse : là où il n'y a pas le milieu technique, les gens n'ont pas développé le "besoin de savoir" qui fonde l'usage de WP). C'est pourquoi aussi j'insistais sur la cause, dans le sens où les effets, on peut tous les constater et en donner diverses interprétations (avec souvent une dimension intuitive qui n'est pas fausse mais reste incomplète) mais en produire une explication, autant que ce soit possible, c'est encore autre chose, et c'est l'enjeu de fond à mon avis, où les débats devraient se concentrer.

Savez-vous comment L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert (dont Simondon disait qu'elle est une sorte de fête de fédération des techniques qui découvrent pour la première fois leur unité fondamentale) définit "technique" ?

Cette épithète s'applique ordinairement à une sorte de vers qui renferment les règles ou les préceptes de quelque art ou science, et que l'on compose dans la vue de soulager la mémoire. Voyez MEMOIRE.

On se sert de vers techniques pour la chronologie, etc. tels sont, par exemple, les vers qui expriment l'ordre et les mesures des calendes, nones, ides, etc. Voyez CALENDES. Ceux qui expriment les saisons, Voyez AOUST. Ceux qui expriment l'ordre des signes. Voyez SIGNE.

Le P. Labbé a composé une pièce de vers techniques latins, contenant les principales époques de la chronologie, et à son exemple le P. Buffier a mis en vers français la chronologie et l'histoire, et même la géographie.

Les vers techniques se font ordinairement en latin, ils sont généralement mauvais, et souvent barbares ; mais on fait abstraction de tous leurs défauts, en faveur de leur utilité : pour en donner ici une idée ; il suffira de rapporter ces deux vers, où les casuistes renferment toutes les circonstances qui peuvent nous rendre complices du vol, ou de quelqu'autre crime d'autrui.

Je trouve ça intéressant.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 728 messages
If you don't want, you Kant...,
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En effet. D'où la nécessité plus pressante que jamais de mettre l'accent sur la formation du jugement plutôt que sur l'acquisition de savoirs. Or, le jugement est une compétence comme une autre qui se forme. Certes, il y a certains accents du jugement qui dépendent avant tout de la personnalité de chacun mais il y en a aussi bien d'autres qui peuvent faire l'objet d'une formation.

À ce propos, je viens justement de terminer un cours sur la philosophie pour les enfants, où on exposait une méthode tout à fait crédible d'enseignement de la philosophie (basée sur l'oeuvre de Lipman), même pour des enfants d'à peine 6 ou 7 ans. C'est une méthode qui est d'ailleurs en application à bien des endroits du globe. Le principe de cet enseignement bouleverse évidemment le paradigme traditionnel de la classe, dans lequel l'enseignant est appelé à déverser un savoir dans l'esprit des enfants. En philosophie pour enfants, les enfants forment une communauté de recherche. Le travail se passe avant tout entre eux, et l'enseignant est appelé à guider le travail de la communauté. L'idée est que les enfants, en se répondant, en amenant toujours des points de vue différents, se trouvent à vivre en groupe le processus même de la réflexion, qu'ils pourront ensuite progressivement intérioriser. Car réfléchir, faire preuve de jugement, cela ne consiste-t-il pas justement en une sorte de dialogue intérieur, où chacune de nos voix apporte ses propres nuances ?

Les avantages d'un tel enseignement n'ont pas besoin d'être énumérés puisque, heureux philosophes que nous sommes, nous les connaissons bien.

Pour faire suite à ce que tu dis, j'aurais quand même quelques nuances à apporter, si tu veux bien, c'est à dire de modérer l'issue d'une telle entreprise.

Si le jugement peut dans une certaine mesure être modelé/influencé/amélioré, il ne faudrait pas oublier ce qui le motive, car le jugement ne restera toujours qu'un moyen, perfectionnable certes, mais il sera toujours conditionné aux motivations profondes ou premières de l'individu qui en fait montre. C'est à dire qu'il peut être perverti ou même délaissé à tout moment, voire mal utilisé, ce qui compte avant tout c'est la conviction personnelle de son emploi en chaque instant, y compris lorsque cela n'abonde pas nécessairement dans notre sens.

En ce qui concerne l'enfance, si effectivement on peut sensibiliser les plus jeunes, je doute fort que cela puisse être pérenne, une fois la curiosité de la nouveauté passée, d'autres intérêts ou sources de curiosité prendront le relai dans la majorité des cas, tôt ou tard. Ce qui importe, n'est pas tant de toucher du doigt le temps d'un instant à ce qui ressemble à de la réflexion, mais bien de le poursuivre continument toute son existence et ça, c'est une toute autre affaire. Nous sommes dans l'aire du touche-à-tout, on s'initie à toutes sortes de choses, mais chacune en reste à un stade superficiel, seul un esprit besogneux, persévérant et motivé continuera dans une voie, lui permettant de dépasser le niveau d'acquisition facile de première ligne, de la maximisation du rapport acquis/investissement, de ne pas se contenter de ramasser les premières paillettes d'or, jonchées sur le sable, étincelantes au soleil, qui ne lui apportera en fin de compte qu'une maigre récompense...

Pour trouver un moyen qui ne soit pas invasif, ni trop directif ou même déformateur, voire inapproprié au public, il me semble que l'approche quelque peu socratique, de l'écoute et du questionnement, pour une jeune équipe serait ce qui respecte le mieux des buts un tantinet contradictoires, d'un point de vue éthique, si l'on cherche à pousser à/provoquer la réflexion de jeunes enfants en âge d'en être encore dans une candide et heureuse naïveté.

Soyons honnête, quand on prend conscience du raffinement de la stupidité du comportement humain à quelque niveau que ce soit, dans chaque activité où il s'immisce, il est on ne peut plus délicat d'éprouver le moindre sentiment de joie, hormis d'abandonner, si tant est que ce soit possible, sa lucidité et les implications tentaculaires abyssales ! Avons-nous ce droit, de l'éveil d'autrui, envers un public encore crédule, connaissant le caractère irréversible de cette entreprise et de ses conséquences moroses ? Est-ce leur rendre réellement service ? Le bonheur n'est-il pas le souverain bien, pourtant incompatible avec la perte de naïveté bien souvent, puisqu'un problème ne laisse jamais de repos, de tranquillité à celui qui le pense, contrariant inévitablement ses aspirations au bienêtre, à la béatitude ?

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 728 messages
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Je crois qu'on ne peut pas discuter tous les deux, il n'y a pas de point de rencontre possible : on est en gros à l'opposé sur tout.

Et puis pour moi, tu reprends mon texte sans répondre à ce que je dis. Bon c'est ton droit, tu dis ta façon de voir les choses, ok.

Désolé c'est pas de la mauvaise volonté, il me faudrait reprendre chaque phrase pour dire : non c'est pas comme ça que je vois les choses...

Il faudrait ne discuter que d'un point ensemble, sinon on n'y arrivera pas.

Je n'ai pas eu ce sentiment d'une si grande opposition, entre nous, au contraire, j'y ai décelé des accords, ensuite les causes et les " remèdes " nous éloigneront sans doute. En effet, je n'ai pas repris tes propos, non pour je-ne-sais-quelle-raison, mais tout simplement parce que je n'avais, dans l'état, pas grand chose à y dire, j'ai donc préféré épiloguer sur ce que cela m'inspirait.

Par exemple, je suis en phase avec toi que l'expérimentation est primordiale, je ne l'ai donc pas repris, et encore moins critiquée, j'ai essayé d'aller plus loin.

J'entends bien l'effet que peut susciter d'aborder trop de thèmes en même temps en une seule et même réponse, disons que ce n'est que partie remise...

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 728 messages
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Pas mieux !

Intéressante votre discussion. Pour y ajouter mon grain de sel, je voudrais souligner l'effet pervers de la multiplication des "savoirs" par le biais d'internet , et de leur accessibilité. Aujourd'hui le moindre questionnement peut trouver réponse en deux clic sur le web, et personne ne s'en prive, le web est devenu le support privilégié de la connaissance, de la vérification de l'information. L'avenement d'internet participerait à l'évolution du monde vers des "sociétés du savoir" (voir le rapport de l'unesco "Vers les sociétés du savoir"). Superbe projet, mais qui en réalité n'est qu'une belle illusion. Au contraire, la massification de la diffusion de l'information ne peut que conduire au royaume des croyances.

pourquoi, je m'explique : Internet et l'accès facilité à une multitude d'informations réunit toutes les conditions pour que le biais de confirmation nous détourne de la vérité. De tous les biais de raisonnement qui pèsent sur notre logique ordinaire, le biais de confirmation est le plus déterminant dans les processus qui pérennisent les croyances : C'est propre à notre entendement humain que de vérifier une information en procédant à la recherche de sa confirmation : on opte pour ce qui produit le plus d’effet cognitif possible mais pour le moindre effort mental (cf Peter Wason et sa "tâche de sélection"). Or le seul processus efficace a la recherche de la vérité est celui de l'infirmation. (voir ce topic. Je l'avais créé dans le but d'introduire ensuite une discussion "Internet: un multiplicateur de croyances" mais j'ai abandonné le projet)

Ce processus mental de la confirmation - celui que nous avons tous tendance à utiliser quand nous "vérifions" une information ou que nous cherchons à nous construire une opinion - a toutes les chances de pérenniser toutes sortes de stéréotypes et de fausses croyances.

A grande échelle, la triste conséquence inévitable de l'accès facilité à l'information et aux "savoirs" grâce à internet, cad sans effort cognitif : c'est la perpétuation exponentielle des croyances... au détriment de la vérité.

Pareillement:

C'est là que c'est très fort, c'est que l'on croit que l'on comprend quelque chose, dans cette masse informative, mais rien qu'en économie, tout le monde est paumé, y compris les chefs d'États, les scientifiques sur qui tout repose ne sont pas exempts de contradictions ou d'erreurs, comme avec l'alimentaire, du genre le sucre ou le beurre, remplacé par des remèdes bien pires que le mal présumé, le réchauffement climatique qui stagne, les évènements exceptionnels, etc...

Croire que l'on sait, est le premier pas vers le fourvoiement, tout est imbriqué les uns dans les autres, interdépendant ou en interaction, nous nous illusionnons en pensant qu'avec des données aussi peu fiables nous sommes mieux armés qu'auparavant, c'est comme avec Internet, source inépuisable d'informations, où des chercheurs se sont rendus compte que cela introduisait un biais de perception, ceux qui y avait accès facilement, pensaient savoir ou avoir compris certaines choses, alors qu'il n'en était rien, c'est un leurre malheureusement... Être informé, ou savoir, et comprendre sont foncièrement distincts, c'est pourtant le deuxième aspect qui permet de faire des choix éclairés, pas le premier, falsifié ou falsifiable involontairement ou pas, comme avec la fameuse étude OGM montrant leur toxicité.

Internet avec son accès à l'information permanente nous donne l'illusion de la simplicité du monde, de son accessibilité, de sa compréhension, mais il n'en est rien, nous ne faisons dans ce cas que survoler chaque chose, nous nous arrêtons aux apparences, au superficiel, et donc nous passons à coté de la compréhension. Connaitre schématiquement le fonctionnement d'un ordinateur, ne me garantit absolument pas que je serai capable de le maitriser, ou de le réparer, voire de la perfectionner, tout ceci n'est qu'un leurre, que l'esprit se complait à prendre pour argent comptant, nous nous voyons toujours plus grands, plus héroïques que nous le sommes réellement.

Il n'y a bien qu'un ignorant qui pense pouvoir connaitre, s'approprier le savoir, ne pas douter de ses idées, alors que plus on apprend, plus on se rend compte de notre ignorance dans laquelle on baignait et qui est toujours d'actualité, vu l'immensité incommensurable des connaissances, pourtant que partielles et provisoires.

et pour finir:

À une époque où nous sommes engorgés par l'information, les données, où justement il n'est pas aisé de faire le tri entre bonne et mauvaise connaissance, voire fausse connaissance, nous avons besoin autant qu'avant, d'un guide, d'une personne qui ne se contente pas de se laisser porter par la barque entrainée par le courant, il nous faut un individu qui prend le temps de la réflexion, pas de faire un choix par convenance personnelle, par effet de mode ou sous la contrainte, mais bien de regarder ce qui se présente, en voir la malice, les dérives, et les absurdités, qui ne sautent pas aux yeux de ceux qui sont pris dans le mouvement.

Nous courrons après le temps, nous sommes connectés, nous sommes suractifs, nous sommes constamment occupés, cela donne une certaine consistance à nos vies, mais ce n'est pas à l'heure du constat, des comptes, qu'il faudra songer à la futilité de nos choix, de nos comportements, de nos motivations ou de nos idéologies éphémères.

La vie n'est pas qu'un problème d'optimisation, mais aussi de la qualité de notre chemin de vie, et en cela, la masse de connaissances n'est pas un gage de réussite, qu'elle soit plus conséquente qu'avant est secondaire, ce qui importe est la composante vertueuse ou vicieuse de ce savoir, cela ne s'apprend pas par Internet, ou dans des livres à connotation commerciale, elle se trouve par l'introspection, la méditation, la réflexion, et ça personne d'autre peut le faire que nous même, pas plus que quelqu'un ne peut manger ou se reposer à ma place, la lucidité, la critique la plus poussée n'apparait pas spontanément à un niveau important, elle se travaille, elle se nourrit d'un long labeur, qui n'a rien à voir avec la quantité d'informations que l'on détient sur telle ou telle chose. J'ai beau savoir qu'il existe des plantes comestibles ou toxiques, j'ai beau savoir que des hommes sont capables de faire du feu à partir d'aucun ustensile moderne, ce n'est que lorsque je suis cruellement confronté au besoin d'en jouir, que je comprend que ce savoir n'est que du vent, que ce n'est qu'une enveloppe qui abrite un vide stupéfiant, finalement savoir n'est que de la poudre aux yeux, ce qui importe vraiment, c'est de comprendre, il vaut infiniment mieux bien comprendre peu de choses, que d'uniquement savoir, d'être en possession d'une foultitude de coquilles vides.

Nous avons au contraire cruellement besoin, de quelques personnes plus sensibles que le commun des mortels, sur l'art de vivre vertueusement, au beau milieu de ce maelström de technicisme, de scienticité, de la big data, de la communication à outrance et qui passe à coté de son but premier, etc... Une critique de nos modes de vie complètement débridés, une sorte d'auto-emballement, une fuite en avant où le moyen est devenu le but à poursuivre, quelle hérésie !

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Membre, Posté(e)
Don Juan Matus Membre 147 messages
Forumeur Débutant‚
Posté(e)

Nous avons au contraire cruellement besoin, de quelques personnes plus sensibles que le commun des mortels, sur l'art de vivre vertueusement, au beau milieu de ce maelström de technicisme, de scienticité, de la big data, de la communication à outrance et qui passe à coté de son but premier, etc... Une critique de nos modes de vie complètement débridés, une sorte d'auto-emballement, une fuite en avant où le moyen est devenu le but à poursuivre, quelle hérésie !

C'est beau ! Merci !

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)

Oui enfin, sauf qu'on n'y trouve que les réponses aux questions qu'on est capable de formuler. On est donc dans un système de pseudo-savoirs qui ne répond qu'à nos propres questions, autrement dit qui en rien ne nous fait penser (pourtant les vraies questions ne sont pas "données").

Sauf que derrière ça le monde qui nous entoure génère ses propres problèmes qu'il traduit et répercute via les medias sous forme de questions. Il s'agit d'en apprécier la pertinence. Et quiconque n'est pas capable de formuler ses propres questions est entraîné à suivre le sillon de cette soi-disant information... et à la fin se posera ce qu'il croit être de vrais problèmes en fonction des seules informations qu'il aura ingurgité, c'est-dire strictement les mêmes que celles de son voisin.

Bref à la fin, on arrive à une uniformisation de la pensée dont la soi-disant "information" n'est que le reflet, et qui fait que tout le monde a un avis sur tout sans avoir la moindre expérience de quoi que ce soit... puisque l'information nous pré-mâche les réponses : il y a les "pour" il y a les "contre" et c'est à peu près tout.

C'est le règne de l'opinion (le contraire de la philo).

(on pourrait dire que l'information est une abstraction qui répond à un système d'abstractions... que l'opinion concrétise par la seule croyance qu'elle y met : on est sur un pur plan de représentation).

Si je peux me permettre de mettre les pieds dans le plat : n'est-ce pas là un travers tout à fait humain et ayant nécessairement traversé les âges? Certains penseurs tels un Schopenhauer auront même plutôt misé sur un pessimisme à cet égard concernant la nature humaine, faite de vanité et d'absence de remise en question véritable, jusqu'à développer la célèbre dialectique éristique. Penser contre soi-même, comme dirait Sartre, n'a jamais été donné à tout le monde, mais comme il l'identifie très bien, il s'agissait d'une sorte de folie dont il était emprunt et dont finalement si peu sont capables! Ne pourrait-on pas même supposer qu'il s'agit là d'une sorte d'illusion?

L'uniformisation de la pensée que tu sembles vouloir dénoncer n'est-elle pas le simple reflet de l'uniformisation de la doxa, de l'opinion commune, qui a toujours eu cours parmi les humains? Finalement quel est le fait nouveau qui pourrait donner corps à une critique aussi dure que celle que tu formules, et en quoi selon toi cela empêcherait de se poser les bonnes questions? Quelles sont les bonnes raisons supplémentaires pour le commun des mortels, qui lui permettent de moins se questionner? Quelles sont selon toi les "vraies" questions et ne néglige-t-on pas ici le fait que la technique fait partie et fera à jamais partie d'une facette de la nature humaine?

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 728 messages
If you don't want, you Kant...,
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C'est beau ! Merci !

Oh un compliment, comme c'est rare, doublement même, puisque c'est la première fois que l'on me dit que ce que j'ai pu écrire puisse être beau, ça me touche... humblement, considérant ma maitrise de la langue français, pourtant maternelle, exécrable !

Un grand merci également pour ce témoignage affectif !

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Membre, 157ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
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Si je peux me permettre de mettre les pieds dans le plat : n'est-ce pas là un travers tout à fait humain et ayant nécessairement traversé les âges? Certains penseurs tels un Schopenhauer auront même plutôt misé sur un pessimisme à cet égard concernant la nature humaine, faite de vanité et d'absence de remise en question véritable, jusqu'à développer la célèbre dialectique éristique. Penser contre soi-même, comme dirait Sartre, n'a jamais été donné à tout le monde, mais comme il l'identifie très bien, il s'agissait d'une sorte de folie dont il était emprunt et dont finalement si peu sont capables! Ne pourrait-on pas même supposer qu'il s'agit là d'une sorte d'illusion?

Je sais pas quel sens Sartre donne à "penser contre soi-même". Quand je dis qu'on est "dans un système de savoirs qui ne répond qu'à nos propres questions", je dis que les savoirs d'une culture spécifique nous incitent à poser tels types de questions et pas d'autres, toujours les mêmes, ce qui donc ne nous incite pas à penser. Et je rajoute que ces questions ne sont justement pas les nôtres (les tiennes, les miennes) mais bien celles que l'information nous jette en pâture, en nous soumettant à un nouveau conditionnement.

Donc déjà on nous balance une "matière à penser" qui n'est pas forcément la nôtre (la tienne la mienne), mais en plus sous forme de questions qui ne sont pas forcément "bonnes".

L'uniformisation de la pensée que tu sembles vouloir dénoncer n'est-elle pas le simple reflet de l'uniformisation de la doxa, de l'opinion commune, qui a toujours eu cours parmi les humains? Finalement quel est le fait nouveau qui pourrait donner corps à une critique aussi dure que celle que tu formules, et en quoi selon toi cela empêcherait de se poser les bonnes questions? Quelles sont les bonnes raisons supplémentaires pour le commun des mortels, qui lui permettent de moins se questionner? Quelles sont selon toi les "vraies" questions et ne néglige-t-on pas ici le fait que la technique fait partie et fera à jamais partie d'une facette de la nature humaine?

Le reflet de la doxa, c'est ce que je dis. Elle a toujours eu cours, c'est vrai.

Mais le fait nouveau c'est l'information, aujourd'hui universelle.

Qu'est-ce qui a changé ? Ben quelques révolutions arabes par exemple (je dis pas qu'elles soit bonnes ou mauvaises, je dis qu'elles ont eu lieu - et de concert - par le fait de l'universalisation de l'information et de la communication).

Bref, ça change !

Sinon pour le fond de ta question, ça empêche de se poser "nos questions" parce que, comme déjà dit, l'identité se façonne à travers les réponses qu'on donne à ces questions, questions donc "données" via les médias... et de l'autre parce qu'il y a un phénomène de foule (souligné par Théia) qui fait que chacun se sent conforté par sa propre vision dès qu'elle est partagée par une multitude, et quelle multitude : vingt millions de personnes sont "pour" (ou "contre") le mariage pour tous par exemple, et DONC j'ai raison d'être "pour/contre" (la preuve hein, j'ai suivi les débats et j'étais d'accord avec mon camp, pas avec l'autre).

C'est pas comme ça qu'on pense. Une pensée, je veux dire individuelle, concernée, une pensée qui nous implique, c'est un truc qui prend du temps, qui se mûrit, qui prend des chemins de traverse, hésite, doute, bifurque etc. C'est pas deux solutions et on est en position de juge ! Alors on juge quoi ? Autre chose... un problème relatif à la justice s'il est présenté comme tel, un autre relatif à la normalité si nos valeurs trouvent que la normalité est plus importante que la justice (je pense à ce mariage pour tous mais c'est pareil avec n'importe quoi). On juge valeur contre valeur, idéologie contre idéologie... pas étonnant qu'à la fin le clivage politique détermine deux camps séparé bien plus que de raison. Et on prends le pli. Dans le forum, tu dis un truc "qui ressemble" à ce qu'à dit Machin dans les médias... donc tu es Machin, machinophile... pensée binaire. A un moment j'ai émis que la mondialisation allait bouffer les traditions et que ça me déplaisait, hop j'étais aussitôt suspecté d'être d'extrême-droite parce que le borgne a du dire un truc avoisinant... ouais c'est dur de communiquer une pensée :D

Bref, à la fin, l'identité ou pensée n'est que le reflet du rejet de l'échelle de valeur d'un camp supposé adverse. On est français parce que pas musulman, de gauche parce que viscéralement attaché à la justice, féministe pour le même type de raison, ce qui n'a en gros strictement aucun sens !

Qu'est-ce qui "cloche" là-dedans ? C'est qu'on est dans la pure abstraction : idées contre idées... et vu le poids du conditionnement, y'a pas trop de risque que ça change (combien de gens changent radicalement en une vie ?). On est écrasés par le flux incessant d'informations qui nous injonctent de prendre parti. Pourquoi on le fait, parce que chacun a quelque chose à dire (et ça c'est pas de l'opinion c'est de la philo : moi j'ai à dire que chacun a quelque chose à dire... mais bref). Alors on s'engage sur n'importe quel type de questions... et les questions n'arrêtent jamais ! C'est pas que les choses ne soient pas dites, c''est qu'elles le sont dans un flux absolument insensé de verbiage en tout genre.

Sans compter que les questions deviennent de plus en plus connes au fur et à mesure que l'opinion nous fait part de ses passionnants centres d'intérêt, qu'ils sont répercutés etc. Les gens n'ont plus le temps de se construire, ils doivent décider, s'engager, avoir quelque chose à dire, savoir. A cinquante ans si t'as pas une Rolex t'a raté ta vie, mais à seize, si t'as pas un truc définitif à dire sur les printemps arabes ou l'affaire DSK, c'est cours de rattrapage chez le psychologue.

Sinon vite fait les vraies questions c'est celles qui reflètent de vrais problèmes... à déterminer donc (et pour chacun). Bergson dit que quand on a formulé correctement la question, c'est que le problème est déjà réglé.

Quant à la technique, c'est ce que j'essayais de dire à Petitpépin : on ne reviendra pas en arrière non. On peut réformer, bifurquer, faire des choses comme ça, mais revenir à il y a cinquante ans et reprendre un éventuel "bon bout", ça marche pas comme ça.

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Membre, 157ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
Posté(e)

Je n'ai pas eu ce sentiment d'une si grande opposition, entre nous, au contraire, j'y ai décelé des accords, ensuite les causes et les " remèdes " nous éloigneront sans doute. En effet, je n'ai pas repris tes propos, non pour je-ne-sais-quelle-raison, mais tout simplement parce que je n'avais, dans l'état, pas grand chose à y dire, j'ai donc préféré épiloguer sur ce que cela m'inspirait.

Par exemple, je suis en phase avec toi que l'expérimentation est primordiale, je ne l'ai donc pas repris, et encore moins critiquée, j'ai essayé d'aller plus loin.

J'entends bien l'effet que peut susciter d'aborder trop de thèmes en même temps en une seule et même réponse, disons que ce n'est que partie remise...

C’est-à-dire que dresser un constat de la folie de notre monde, c’est clair qu’on n’est pas toi et moi les seuls à le faire. Mais pour moi on est aux antipodes quant aux causes du diagnostic, et donc sur le traitement à donner.

Pour moi tu veux continuer dans la direction de ce qui s’est fait : plus de raison, plus de savoirs etc... ce qui pour toi nous amèneraient à la lucidité. Pour moi on est en overdose de raison, et ce depuis des siècles voire des millénaires (et je suis très dubitatif sur l’idée de "lucidité").

Je reprends quelques points (que les polémiques hein, courage :blush: ).

-Tu dis que développer l’esprit critique n’est pas une forme de conditionnement, je dis qu’apprendre EST un conditionnement.

-Tu prônes que raison et sensible doivent occuper leur juste place, mais tu ne vois pas la dictature de la raison sur le sensible.

-Tu dis que ne pas se retrouver dans le mimétisme donnerait un élan suffisant pour aller à l’encontre de nos conditionnements, pour moi ça ne suffit en rien.

-Tu parles d’effort, d’honnêteté, de bonne volonté etc, je ne crois pas à une quelconque "bonne volonté" de penser (qui suffirait à quoi que ce soit).

Bref tu crois à ce que moi j’appelle le "sujet-roi", et tu le démontres en minimisant l'effet de "l’extérieur".

Je suis aux antipodes de tout ça.

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Membre, Posté(e)
Petitpepin Membre 783 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Quant à la technique, c'est ce que j'essayais de dire à Petitpépin : on ne reviendra pas en arrière non. On peut réformer, bifurquer, faire des choses comme ça, mais revenir à il y a cinquante ans et reprendre un éventuel "bon bout", ça marche pas comme ça.

Qui a suggéré que revenir en arrière puisse être une solution ? Est-ce qu'on reviendrait un peu en arrière, par petits bouts, sur certaines choses, ou est-ce que tu pensais plutôt à un retour massif et complet ?

ne néglige-t-on pas ici le fait que la technique fait partie et fera à jamais partie d'une facette de la nature humaine?

Certes. Pour autant, ça ne change pas sa spécificité contemporaine.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 728 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

Excellent, et chapeau pour ton commentaire à Quasi-modo, non que je jubilerais à l'idée d'aller contre ce forumeur, pour qui j'ai un grand respect, mais uniquement l'originalité de tes réponses. Pour le moment, je me contente de répondre à ce qui s'adresse directement à moi.

C’est-à-dire que dresser un constat de la folie de notre monde, c’est clair qu’on n’est pas toi et moi les seuls à le faire. Mais pour moi on est aux antipodes quant aux causes du diagnostic, et donc sur le traitement à donner.

Pour moi tu veux continuer dans la direction de ce qui s’est fait : plus de raison, plus de savoirs etc... ce qui pour toi nous amèneraient à la lucidité. Pour moi on est en overdose de raison, et ce depuis des siècles voire des millénaires (et je suis très dubitatif sur l’idée de "lucidité").

Je dirai que ça dépend de comment tu me lis d'une part, et de comment également tu penses pouvoir me faire " entendre " ton point de vue, je m'explique... tu t'adresses à moi inévitablement, en " jouant " soit sur ma faculté de comprendre par la raison, soit sur ma sensibilité à tes propos, soit à partir de mon intuition selon des exemples bien choisis pourquoi pas.

En clair tu uses toi-même de ce que tu voudrais renverser, or ce n'est pas possible, pas plus que tu pourrais me transmettre un message avec un langage que j'ignore, ou sans mots, nous sommes obligés d'avoir un référentiel commun, un mode de fonctionnement partagé, quelque chose qui en dernier recours permettra de savoir où l'on est, et comment on y est arrivé, tu ne peux donc pas faire l'économie des habitudes des autres, tu es obligé de composer avec, ne serait-ce que pour te faire comprendre, avant même d'espérer faire changer les mentalités. On y va toujours par petites touches, c'est pour ça que les mentalités changent lentement.

Je n'ai pas dit qu'il fallait tout miser sur la raison, c'est un des maillons, un des pivots, mais certainement pas le seul...

1-Tu dis que développer l’esprit critique n’est pas une forme de conditionnement, je dis qu’apprendre EST un conditionnement.

2-Tu prônes que raison et sensible doivent occuper leur juste place, mais tu ne vois pas la dictature de la raison sur le sensible.

3-Tu dis que ne pas se retrouver dans le mimétisme donnerait un élan suffisant pour aller à l’encontre de nos conditionnements, pour moi ça ne suffit en rien.

4-Tu parles d’effort, d’honnêteté, de bonne volonté etc, je ne crois pas à une quelconque "bonne volonté" de penser (qui suffirait à quoi que ce soit).

1- C'est ce qui s'y oppose le plus, puisque dans l'absolu, la critique doit aussi finir par se retourner vers elle-même, et donc étudier sa propre genèse. Toute connaissance ne pouvant être que dans un cadre, ou conditionnelle, le mieux étant encore d'en être conscient et d'y être vigilant, il serait utopique de croire pouvoir y échapper, autant prendre le problème à bras-le-corps. Il est assez flagrant de voir le résultat chez l'animal non humain, pour ne pas avoir besoin de l'expérimenter sciemment.

2- Non, l'inverse est tout aussi vrai, c'est pour cela que j'ai parlé de compensation des faiblesses de l'un par l'autre, par exemple, on voit clairement que derrière l'utilisation froide de la raison, dans le Taylorisme, la dérive que cela peut engendrer sur la condition humaine des travailleurs, réciproquement s'en remettre à sa sensibilité, et donc à ses émotions ou sentiments intérieurs peut aussi se révéler catastrophique, et je pense que le nazisme ou les extrémistes sont de bons exemples.

Tout l'art consistera donc, à savoir comment conjuguer la rationalité, la sensibilité et l'intuition pour produire quelque chose d'acceptable, de manière la plus intemporelle possible.

3- Le non mimétisme, n'est pas un nouvel élan de mode, qui consisterait à être original coûte que coûte, mais bien le reflet d'un choix quand cela concerne un philosophe, et donc d'une réflexion, point de départ essentiel au changement, je ne peux pas promettre que ce soit porteur à chaque fois, mais sans cette amorce, j'ai peur que nous soyons comme des naufragés sur une barque à la dérive et à la merci des courants, au petit bonheur la chance, alors que d'improviser une rame sera toujours plus profitable pour diriger l'embarcation, la volonté me semble plus appropriée en général que de s'en remettre au hasard.

4- Il est difficilement concevable de construire quelque chose de durable, si la confiance ou la vérité ne sont pas de mises, envers soi-même ou dans un groupe, tout est altérable, périssable, et hormis une volonté qui s'y oppose, ou plus modestement la vie dans d'autres circonstances, nous irions de changements en changements, sans rien pouvoir bâtir, consolider, pérenniser. Et si rien ne dure, si tout est fugace, l'esprit ne pourra pas s'émanciper de son rôle d'adaptation pour la survie, nous ne ferions qu'en revenir à un mode instinctif, intuitif uniquement, animalesque.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 728 messages
If you don't want, you Kant...,
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Le problème central, vraiment essentiel, étant l'absence de feedback dans le système que forme le phénomène technique et la progression technique. Là, il est vrai, l'idéologie intervient de façon décisive dans le sens où elle empêche une prise de conscience qui devrait justement permettre l'instauration d'un "feedback"; Enfin...

Pour revenir vers la question de l'enseignement et de l'éducation, les implications sont immenses. Ce que dis Théia m'intéresse énormément (c'est mon domaine de travail) et donc, quand j'aurai plus de temps, j'y reviendrai.

Ne crois-tu pas justement, qu'il y a comme une prise de conscience, justement, quand les français refusent les OGM, vont vers la nourriture " bio ", rejettent certaines substances dans les produits alimentaires ou cosmétiques, doutes de l'intérêt de la vaccination ?

Le progrès technique est comme l'économie, libéral, soumis à le seule loi du marché de l'offre et de la demande, faut-il créer un comité de régulation ? Ou laisser les citoyens décider par eux-mêmes ce qui leur convient, à la condition de les informer sans les manipuler, ce que font de plus en plus d'émissions télévisuelles, de magazines ?

Peut-on empêcher les gens de vouloir, de rêver, de prendre plaisir à quelque chose, ou ce qu'ils croient qui va leur donner du plaisir, est-ce la faute à la technique, neutre par nature, ou aux publicitaires, aux investisseurs, aux hommes d'affaires qui veulent vendre leurs produits ?

Pourquoi tous les gamins sont devenus accro. à leur smartphone ou à leurs comptes sociaux, ont-ils envie de s'en détourner ? Qu'avons-nous à leur donner en échange, de plus reluisant, sexy ? Quels sont leurs buts existentiels ?

Finalement tout ce qui se passe au travers de la technologie, est-il réellement nouveau, ou a t-il toujours existé sous d'autres formes, moins visibles/spectaculaires ?

Tu veux m'en dire plus sur le biais de confirmation, à travers ton expérience professionnelle ?

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