Aller au contenu

Le sentimentalisme est-il un "bas instinct" ?


Savonarol

Messages recommandés

Membre, Soleil d'Hiver, 59ans Posté(e)
Cassandre 0101 Membre 9 857 messages
59ans‚ Soleil d'Hiver,
Posté(e)

Dompteur de mots: en quoi je te cite: " le sentimentalisme constitue une manière d'être qui porte à la rigidité et à l'invariabilité des comportements dans le temps."

pourquoi l'associer à la rigidité, ?

sinon merci pour ton développement de ta réponse précédente aussi.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

Dompteur de mots: en quoi je te cite: " le sentimentalisme constitue une manière d'être qui porte à la rigidité et à l'invariabilité des comportements dans le temps."

pourquoi l'associer à la rigidité, ?

Il faut revenir à l'intervention de départ de Savonarol. Celui-ci affirme que le sentimentalisme porte à agir d'une manière pavlovienne.

Il faut voir comment notre sympathique misanthrope définit le sentimentalisme. Il ne s'agit pas de l'attitude qui accorde de l'importance aux sentiments. Tout le monde, sauf peut-être quelques vieilles momies rationalistes pures et dures, accorde de l'importance aux sentiments. D'ailleurs, il n'est guère possible de vivre, de penser, de réfléchir sans sentiments. Le sentimentalisme serait plutôt la posture de celui qui considère que les sentiments sont porteurs d'une valeur éthique en tant que tels; autrement dit celui qui pense que ses sentiments peuvent légitimer des actes ou des comportements.

Il faut ajouter à cela que le sentimentaliste a une relation narcissique avec ses sentiments. Car après tout, ce qui fait délibérer rationnellement un homme à l'égard de ses actes, n'est-ce pas le fait qu'il est habité par des sentiments contraires ? Un homme peut par exemple désirer un objet quelconque et être envahi à la fois par le sentiment moral qui lui fait prendre conscience des conséquences qu'il y a pour les autres à acquérir cet objet. Seulement, le sentimentalisme accorde la préséance aux sentiments qui exaltent sa personne: je me sens comme ça donc j'agis comme ça.

***

Entre le rationalisme pur et dur et le sentimentalisme, il y a bien des théories qui tiennent compte de l'importance des sentiments, telle que la théorie du care. Grosso modo, la théorie du care est une théorie éthique qui se veut une réponse aux théories éthiques traditionnelles qui considèrent l'homme comme un agent rationnel purement autonome, qui fait des choix ex nihilo. Le care réplique que l'homme a des relations de dépendance - ne serait-ce que lorsqu'il est enfant par exemple, et qu'il a des sentiments, et que ces relations et ces sentiments participent à le définir et à construire son sens moral. Le care est intimement lié au mouvement féministe et aux mouvements politiques communautaristes par exemple.

Mon petit doigt me dit que c'est dans ces eaux-là que se situe ta critique en ce topic, Cassandre. Mais à la lumière des espaces conceptuels que je viens d'aménager, je pense que l'on voit que ta critique peut aisément cohabiter avec les récriminations de Savonarol.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Esprit de contradiction, 46ans Posté(e)
Savonarol Membre 10 346 messages
46ans‚ Esprit de contradiction,
Posté(e)

@Dompteur de mots

Si un jour tu nous écris un petit essai regroupant tout un tas de textes autour des diverses questions qu'on a pu aborder ici-même (genre un abécédaire) , tu auras un client :D

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

@Dompteur de mots

Si un jour tu nous écris un petit essai regroupant tout un tas de textes autour des diverses questions qu'on a pu aborder ici-même (genre un abécédaire) , tu auras un client :D

Merci Savonarol, c'est un beau compliment ! :)

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
nolibar Membre 1 194 messages
Forumeur survitaminé‚
Posté(e)

Le terme "bas instinct" fait référence en général à la bestialité, c'est à dire à ce que notre cerveau reptilien génère comme réponse à une agression directe, telle que la peur ou la tristesse.

Le bas instinct se définit ainsi comme une réaction qui ne passe pas par le cortex, par la case logique ou raison, mais qui découle d'un sentiment réactif pavlovien (on m'a fait mal / je veux tuer) .

Or, c'est exactement le même mécanisme que l'on retrouve dans le sentimentalisme.

L'appel à l'émotion, sans passer par la case raison ou logique, mobilise l'affect, non pas la raison, et pousse l'individu à agir en fonction de cet affect et non de sa raison.

Ainsi, peut-on en conclure que le sentimentalisme est un bas instinct ? Qu'il est flatté toute la journée par le monde dans lequel nous vivons ? Qu'il a remplacé l'appel au lynchage d'antan mais fonctionne exactement de la même manière ? Et peut-être de pire manière puisqu'il avance masqué, sans finalement avouer sa nature .... de bas instinct... ?

Selon moi, le sentimentalisme n’est pas forcément le produit d’un "bas instinct", il peut au contraire être parfois celui d’un esprit puissamment rationnel.

Cet esprit rationaliste pourrait considérer que le "moi" qui l’habite et qui lui procure la "conscience de soi" pourrait tout aussi bien habiter un tout autre corps plus mal loti que celui qu’il habite. Ce qui peut générer de l’empathie envers l’autre que l’on voit comme celui que l’on aurait pu être. Et lorsque l’on pense s’apitoyer sur le sort peu enviable de l’autre, c’est en réalité sur le sort de celui que l’on aurait pu être.

C’est ce que j’aurais tendance à appeler de "l’égoïsme positif" car il est bénéfique à l’autre.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Soleil d'Hiver, 59ans Posté(e)
Cassandre 0101 Membre 9 857 messages
59ans‚ Soleil d'Hiver,
Posté(e)

je rejoins nolibar dans son intervention, je ne suis certes pas aussi douée que vous tous dans cette section pour bien me faire comprendre avec mes mots mais en substance je vois le sentimentalisme dans le même sens que lui et non et définitivement non par rapport à Savonarol. et ce qu'il en pense.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
LouiseAragon Membre 14 351 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

9782081232402.jpg

http://www.philomag.com/les-livres/lessai-du-mois/eloge-de-lamour-4050

"Eloge de l'amour"

(...)

Alain Badiou en est intimement convaincu :

l’amour est aujourd’hui menacé par cette vision sécuritaire, droitière,

celle d’un amour-contrat à zéro risque, version à peine déguisée de

la propagande ubuesque pour la guerre « zéro mort ».

Mais, attention, l’amour n’est pas plus tranquille sur sa gauche,

où il se voit dévoyé en simple avatar de l’hédonisme sexuel.

Les affres et pulsations du cœur sont ainsi encerclées de toutes parts :

« Je crois en effet que libéral et libertaire convergent vers l’idée que

l’amour est un risque inutile. […] Il faut réinventer le risque et l’aventure,

contre la sécurité et le confort », programme le philosophe.

Comment comprendre alors qu’en lieu et place de l’aventure promise,

Badiou fasse de l’amour une « procédure de vérité », a priori peu exaltante ?

Là est toute l’originalité de sa position : le grand mystère de l’amour

consiste justement à convertir un hasard en épreuve de vérité :

« la vérité sur le Deux », « la vérité de la différence comme telle ».

L’amour me fait expérimenter l’univers autrement qu’en solitaire,

il me met en présence du monde, d’« un seul monde où se déchiffre

que nous sommes deux ».

Différence contre identité. Disjonction dont Roméo et Juliette,

qui appartiennent à deux mondes opposés, figurent l’allégorie.

Deux contre un.

Contre la mythologie de la rencontre qui consume l’amour, le foudroie,

et sépare les amants du monde, Badiou fait de l’amour une construction,

inscrite dans une durée.

http://www.philomag.com/les-livres/lessai-du-mois/eloge-de-lamour-4050

(...)

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

Selon moi, le sentimentalisme n’est pas forcément le produit d’un "bas instinct", il peut au contraire être parfois celui d’un esprit puissamment rationnel.

Cet esprit rationaliste pourrait considérer que le "moi" qui l’habite et qui lui procure la "conscience de soi" pourrait tout aussi bien habiter un tout autre corps plus mal loti que celui qu’il habite. Ce qui peut générer de l’empathie envers l’autre que l’on voit comme celui que l’on aurait pu être. Et lorsque l’on pense s’apitoyer sur le sort peu enviable de l’autre, c’est en réalité sur le sort de celui que l’on aurait pu être.

C’est ce que j’aurais tendance à appeler de "l’égoïsme positif" car il est bénéfique à l’autre.

Ce que tu dis rejoint tout à fait les positions de la philosophie du care. Cela ne constitue pas du sentimentalisme à mon sens et - il nous corrigera si je me trompe, je ne pense pas que Savonarol l'entendait en ce sens non plus.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Esprit de contradiction, 46ans Posté(e)
Savonarol Membre 10 346 messages
46ans‚ Esprit de contradiction,
Posté(e)

Merci Savonarol, c'est un beau compliment ! :)

J'en distribue rarement :hehe:

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Esprit de contradiction, 46ans Posté(e)
Savonarol Membre 10 346 messages
46ans‚ Esprit de contradiction,
Posté(e)

Selon moi, le sentimentalisme n’est pas forcément le produit d’un "bas instinct", il peut au contraire être parfois celui d’un esprit puissamment rationnel.

Cet esprit rationaliste pourrait considérer que le "moi" qui l’habite et qui lui procure la "conscience de soi" pourrait tout aussi bien habiter un tout autre corps plus mal loti que celui qu’il habite. Ce qui peut générer de l’empathie envers l’autre que l’on voit comme celui que l’on aurait pu être. Et lorsque l’on pense s’apitoyer sur le sort peu enviable de l’autre, c’est en réalité sur le sort de celui que l’on aurait pu être.

C’est ce que j’aurais tendance à appeler de "l’égoïsme positif" car il est bénéfique à l’autre.

Je pense que le bas instinct sentimentaliste peut se résumer par une volonté pour celui qui en est victime de voir le monde tel qu'il voudrait qu'il soit et non tel qu'il est, puis d'articuler son combat politique autour de cela, niant la réalité, la condamnant, lui jetant l'anathème.

La contestation de son utopie par une observation de la réalité déclenchera chez lui des réflexes de chien acculé. Nul place pour le dialogue, on sort les dents, on mord le monstre qui tente de briser nos rêves. (et c'est bien un monstre, puisque au sein du paradigme de celui qui entretient ce rêve, aucune nuance n'est possible et celui qui veut l'en sortir n'a pas la volonté de chercher le vrai, juste l'objectif sadique de le plonger dans un cauchemar)

A ce titre, on peut considérer qu'en plus de relever du bas instinct (aucun appel à la raison, et l'homme est un animal politique qui se distingue du reste du règne animal par sa faculté à raisonner) cela relève aussi d'une certaine forme de trouble mental, de déni de la réalité.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Je n'en ai aucun, 51ans Posté(e)
pep-psy Membre 23 493 messages
51ans‚ Je n'en ai aucun,
Posté(e)

Le terme "bas instinct" fait référence en général à la bestialité, c'est à dire à ce que notre cerveau reptilien génère comme réponse à une agression directe, telle que la peur ou la tristesse.

Le bas instinct se définit ainsi comme une réaction qui ne passe pas par le cortex, par la case logique ou raison, mais qui découle d'un sentiment réactif pavlovien (on m'a fait mal / je veux tuer) .

Or, c'est exactement le même mécanisme que l'on retrouve dans le sentimentalisme.

L'appel à l'émotion, sans passer par la case raison ou logique, mobilise l'affect, non pas la raison, et pousse l'individu à agir en fonction de cet affect et non de sa raison.

Ainsi, peut-on en conclure que le sentimentalisme est un bas instinct ? Qu'il est flatté toute la journée par le monde dans lequel nous vivons ? Qu'il a remplacé l'appel au lynchage d'antan mais fonctionne exactement de la même manière ? Et peut-être de pire manière puisqu'il avance masqué, sans finalement avouer sa nature .... de bas instinct... ?

Est-ce que j'ai le droit de préférer "instinct primaire" ?

Bas instinct, fait plutôt penser à quelqu'un de mauvais à la base, mû uniquement par de mauvaises intentions !

L'émotion, le sentiment de manière générale, peut nous faire faire de très vilaines choses, mais également de très belles !

L'être humain doit vivre des émotions, les émotions c'est vivre !!! Sans émotion, on ne serait que des être vivants programmés pour manger, dormir, etc...

Avec le temps, toute émotion peut être contrôlée, c'est à dire qu'on vit l'émotion mais que l'on va ensuite réflèchir avant d'agir !

Au tout début, on pleure, on casse, on s'énerve, on se bat, puis avec le temps et le "déjà" vécu, on se tempère, on prend du "recule" !

Donc j'irais dans le sens contraire qui dirait que le sentimentalisme est l'après émotions primaires,

c'est la partie où l'humain prend le contrôle de ses réactions et n'agît plus en contre réaction de ce qu'il ressent !

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)

A ce titre, on peut considérer qu'en plus de relever du bas instinct (aucun appel à la raison, et l'homme est un animal politique qui se distingue du reste du règne animal par sa faculté à raisonner) cela relève aussi d'une certaine forme de trouble mental, de déni de la réalité.

Le drame, fait remarquer Clément Rosset dans Le réel et son double, c'est que dans le cas de la bêtise absolue, le mal est résolument incurable, à la différence de la névrose qui pourrait à la limité être soignée (en cas de retour éventuel du refoulé) !

Pourquoi incurable ? "L'aveuglé est incurable non d'être aveugle mais bien d'être voyant : car il est impossible de lui "refaire voir" une chose qu'il a déjà vue et qu'il voit encore. Toute "remontrance" est vaine..."

Mais Rosset fait observer que cette bêtise crasse est intériorisée et réflexive. Ce sera le cas de certains intellectuels ou politiques particulièrement bornés qui auront admis un thème après mûre réflexion. C'est parce qu'il y a eu une prise de conscience intellectuelle que le mal est incurable, mais cette imbécillité est en quelque sorte incurable de trop bien raisonner.

Ce point de vue peut venir alimenter ton autre topic sur les idées arrêtées, Savonarol, puisque la bêtise peut soit résulter d'un excès se sensibilité/sentimentalisme, comme souligné par toi dans ce topic, soit être due à un biais de raisonnement consistant, pour celui qui pense, à se conforter d'avoir choisi une attitude intelligente, trop conscient qu'il faille éviter d'être bête (ce qui est au final la bêtise en personne). Pour Rosset, ce type de bêtise de second degré, intériorisée et réflexive, est beaucoup plus grave que la bêtise de premier degré, irréfléchie et spontanée.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 157ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
Posté(e)
Mais Rosset fait observer que cette bêtise crasse est intériorisée et réflexive. (...) C'est parce qu'il y a eu une prise de conscience intellectuelle que le mal est incurable, mais cette imbécillité est en quelque sorte incurable de trop bien raisonner

Pas exactement. De raisonner tout court suffirait.

Le problème, c'est la logique dont chacun se targue plus ou moins : c'est ca qui rend la bêtise incurable. Qu'elle (la logique) soit efficiente ou pas, ou peu, ca n'a pas la moindre importance. Mais c'est bien la logique qui fait que l'idiot raisonne à partir des conclusions de sa propre bêtise, qui fait qu'il ajoute à celle-ci et ainsi de suite, et qui fait que sa bêtise devient finalement exponentielle.

C'est ca le truc. La bêtise est exponentielle...

Exponentielle et donc délirante, incontrôlable, pouvant amener à strictement n'importe quel type de conclusion, d'affirmation.

Et dans ce sens, la bêtise est bien le principal vecteur de DANGER pour l'humanité,

C'est ca qu'il faut comprendre, dire, expliquer, répandre, clamer, crier, hurler, faire comprendre, oui :

Il est bien question de DANGER !

(Hitler était essentiellement un abruti quand on voit les choses comme ça)

C'est PARCE QUE l'idiot justifie sa croyance sur une certaine idée de logique que la bêtise devient exponentiel (un type complètement abruti, inconscient d'une quelconque logique serait beaucoup moins dangereux).

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Esprit de contradiction, 46ans Posté(e)
Savonarol Membre 10 346 messages
46ans‚ Esprit de contradiction,
Posté(e)

Le drame, fait remarquer Clément Rosset dans Le réel et son double, c'est que dans le cas de la bêtise absolue, le mal est résolument incurable, à la différence de la névrose qui pourrait à la limité être soignée (en cas de retour éventuel du refoulé) !

Pourquoi incurable ? "L'aveuglé est incurable non d'être aveugle mais bien d'être voyant : car il est impossible de lui "refaire voir" une chose qu'il a déjà vue et qu'il voit encore. Toute "remontrance" est vaine..."

Comme un CD gravé sur lequel on ne peut plus rien mettre.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×