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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)

Je te remercie de ce nouveau développement, Petitpépin.

En fait, je cherchais un terme permettant de décrire la tendance à privilégier la technique dans tous les domaines.

Un mot m'est venu à l'esprit hier : technicisme. Je croyais avoir créé un néologisme, mais ce terme figure dans le Petit Robert, après vérification !

Ce terme, à la différence de "scientisme", a l'avantage de concerner la technique et non pas la science (puisqu'il n'est pas question pour moi de critiquer la science).

Je prendrai le temps de te relire en détail. Il faudra que je mette la main sur l'ouvrage de Georges Friedmann (merci pour la référence).

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

On ( nous sur le forum ) débat souvent de ce qu'est faire de la philosophie, ou qui peut se clamer d'être un philosophe, et quels sont les critères, mais à ma connaissance, on ne se demande rarement ou jamais, une fois les deux premières questions mises de coté ou résolues, quel devrait être le comportement du philosophe d'un point de vue moral, lui qui est à même de porter un regard critique sur le monde, ne doit-on pas se demander comment sa pratique de la philosophie peut nuancer, influer, assoir ou discréditer ses espoirs, ses thèses, ses révélations écrites ou orales ?

Par exemples, gagner de l'argent ou d'obtenir une certaine notoriété par l'intermédiaire de ses livres ou de ses diplômes, ne contreviennent-ils pas à la noblesse même de l'art philosophique ?

Est-ce là le but du philosophe, d'avoir des rentrées pécuniaires ou d'avoir la célébrité, ou au contraire de se départir autant que possible de toute étiquette, de tout préjugé, de toute servitude, de toute dépendance, de toute gloire personnelle revendiquée/ostensible !?

Comment peut-on être le plus objectif, le plus sincère, le moins reprochable sur ses dires, si l'on est partie prenante du système que l'on critique en tout ou partie ?

Le philosophe en son âme et conscience, ne doit-il pas rester à l'écart/distance du monde commun, pour garder justement sa vision perçante, son indépendance, son impartialité, ce qui le conduit à une vie d'anonyme, de gagne-petit inexorablement ?

Peut-on être à la fois philosophe et activiste/partisan politique, sans se perdre soi-même, de jouer à un jeu de dupes ?

Et puis, notre philosophe pour être cohérent, n'a t-il pas pour tâche première de s'efforcer d'appliquer en premier lieu, toutes ses belles idées à lui-même, dans sa vie quotidienne, de mettre en pratique pour lui ce qu'il pense du monde et des ses semblables, à son échelle, d'éviter l'hypermétropie par tout moyen !?

Ne doit-il pas avoir clairement une éthique irréprochable pour que sa philosophie ait une valeur morale ?

Un philosophe ne doit rien du tout. Il ne doit surtout pas être un saint ni un modèle de vertu.

Qu'est-ce que j'exige d'un philosophe ? Qu'il soit intéressant. Quelles sont les conditions sous lesquels un philosophe devient intéressant ? J'ai beaucoup de difficulté à établir des lignes directrices claires parmi tous les exemples qui peuplent ma bibliothèque. Certains furent des ermites, d'autres étaient engagés dans le monde. Certains furent des rêveurs, d'autres des esprits pragmatiques qui ne faisaient qu'exprimer dans leurs livres les résolutions qu'ils prenaient pour eux-mêmes, dans leur vie de tous les jours. Certains demeurèrent de parfaits inconnus de leur vivant, d'autres récoltèrent les distinctions. Certains vécurent dans la pauvreté, d'autres dans l'abondance. Certains furent des personnes tout à fait gaies et heureuses, d'autres d'éternels souffrants. Certains voulurent rendre la société plus belle et plus vertueuse et d'autres ne voulurent qu'en dévoiler le visage réel, tant sous ses bons que ses mauvais aspects.

En fait, ce qui rassemble tous ces hommes, c'est qu'il avaient des visions quant à la nature du monde (à commencer par leur propre monde intérieur) et quant à son potentiel de transformation, et aussi qu'ils avaient une capacité hors du commun à transposer leurs visions en concepts. Ils étaient aussi tous habités par un tyran intérieur leur imposait de partager ces visions.

Modifié par Dompteur de mots
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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 738 messages
If you don't want, you Kant...,
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L'avantage que j'ai sur vos interrogations métaphysique, c'est que je ne suis pas philosophe, pour la bonne raison c'est que je n'ai fait aucune étude philosophique au cours de mon existence.

Par contre, ce qui m'a souvent surpris, lorsque je discutais de certains problèmes de société avec mes collègues de travail, c'est d'être catalogué par eux de philosophe ?

Bref, tout cela pour constater que chacun d'entre nous, ayant ou pas étudié la philosophie est susceptible d'en faire sans le savoir, n'est ce pas ?

Pour conclure, que l'on soit philosophe ou pas, personne n'est au dessus de la contingence humaine, l'on est pas le spectateur ou l'arbitre de notre existence, nous en sommes les acteurs, quoique on en dise ou on en pense.

Gagner de l'argent pour vivre, se nourrir, élever ses enfants, n'est aucunement critiquable ou immoral, c'est nécessaire tout simplement.

Je n'ai pas non plus un parcours à connotation philosophique, ce n'est pas une condition sine qua non à mon avis.

On peut facilement passer pour un philosophe à partir du moment que l'on parle de façon abstraite ou que l'on évoque la morale, à des personnes peu habituées à ce genre d'exercice, ce que je constate aussi, alors que je ne dis que des choses assez superficielles dans mon quotidien mais qui s'éloignent des conversations habituelles, populaires.

On peut effectivement avoir des questionnements philosophiques, comme tout un chacun, mais la manière d'y faire face, ainsi que le temps et l'énergie consacrés, détermineront si l'on est ou pas dans ce registre. Il ne suffit pas d'avoir à prendre des décisions plus ou moins importante de temps en temps, d'organiser des évènements ou de pouvoir donner des consignes à d'autres parfois, pour être qualifier de leader, de chef ou d'être président.

La profonde différence entre monsieur tout le monde qui barbote dans le pédiluve, et celui qui s'octroie l'étiquette de philosophe, c'est qu'il doit faire face aux engagements qui vont avec, comme ça l'est dans le grand bassin de la piscine, tout comme un chef a des engagements bien plus forts que n'importe lequel de ses sujets, ou plus simplement encore, la différence de responsabilités entre un enfant et son parent, l'un a décidé d'avoir une charge qui le transcende et de délimiter les possibilités, quand l'autre ne se soucie que de ce qui lui passe par la tête dans un cadre de contraintes extérieures, par exemple.

Pour le philosophe qui doit aussi subsister, il a une nuance de taille, c'est qu'il y a un feedback, une boucle de rétro-action, un auto-référencement, une interdépendance, entre ce qu'il crée et ce qu'il est concrètement, comme ce pourrait être le cas, si un arbitre de sport était aussi un joueur, ou un juge qui serait partie prenante de l'affaire plaidée, mais notre philosophe n'a pas la possibilité de s'extraire du monde qu'il embrasse de sa philosophie, il doit donc être extrêmement vigilant et prudent quand il s'exprime, sa tâche est on ne peut plus ardue, tant soit peu, qu'il s'en soit lui-même rendu compte.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 738 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

De manière générale, j'ai tendance à répondre que non parce que ça le regarde et, qu'au fond, on s'en tape assez. Même si ça permet de nourrir des discussions croustillantes par la suite en la pimentant de deux ou trois anecdotes. Mais je vais te répondre tout de même en mon âme et conscience.

J'avoue être assez surpris de ta réponse, surtout que je pense que tu n'ignores pas que le sujet est dans la continuité de ta propre interrogation !

Au contraire, certaines catégories de philosophes sont particulièrement concernés par ce que j'ai soulevé, les éthiciens en l'occurrence, il n'est pas possible d'entendre quelqu'un dire faite ce que je dis, mais pas ce que je fais, cela va à l'encontre de la logique moraliste et d'autre part, vu la place particulière de la philosophie, comme une des plus nobles de l'esprit humain, c'est tout bonnement choquant, pour ne pas dire une hérésie.

Si la philosophie est un métier à part entière, il n'est pas choquant de gagner de l'argent avec. De façon plus générale, toute personne écrivant un livre peut prétendre gagner sa part sur la vente d'un livre. De même pour un diplôme, que ce soit parce qu'il fait autre chose ou parce qu'il prétend l'enseigner. Il faut un point de départ, l'enseigner ne me choque pas.

Pour la notoriété, comme tu le sais, j'ai plus de mal sur certains points. Mais en soi, être reconnu pour son travail n'est pas un souci.

En tous les cas, si sa fin est de gloire ou d'or, il manque le but réel de la philosophie. D'autant plus s'il en vient à se montrer et s'affirmer comme philosophe à tout va.

Si l'économie est un métier à part en entière, il n'est pas choquant de gagner de l'argent avec. Soit, mais il nous faut regarder comment l'économiste s'y prend, comme on l'a vu ces derniers temps avec la finance et les placements presque frauduleux faits, ou les escrocs qui ont monté des pyramides de Ponzi, nous ne pouvons pas rester indifférents au contenu, et à qui gagne de l'argent, ni comment cela a été fait, et dans quel dessein. Pour le philosophe il en va de même, il n'y a pas de découplage possible entre ce qu'il écrit, et ce qu'il en attend ou en retire !

Ce n'est pas le diplôme qui est problématique, il ne fait que sanctionner un parcours initiatique, c'est l'usage que l'on peut en faire, ou l'argument d'autorité que l'on brandit face à un interlocuteur récalcitrant.

Une fois les cas les plus patents mis au jour, on peut ensuite descendre davantage, et se demander si par extension, il n'est pas aussi d'actualité de se questionner sur n'importe quel philosophe de sa pratique de la philosophie.

C'est là la vision classique du philosophe ermite (du poète albatros, curieusement aussi), laissant penser que la pensée véritable ne se trouve qu'à la marge du monde, comme s'il fallait s'y asseoir pour pouvoir enfin voir sans bornes. Si c'est une observation simple, cela convient parfaitement et permet en effet d'être objectif.

Mais cela me fait penser à la sociologie : face à la sociologie théorique, une autre est apparue, prétendant elle aller justement se mêler à l'univers qu'elle voulait décrire. Par mêler, j'entends expérimenter et participer véritablement à cette vie. On pourrait se dire que, de fait, on perd l'objectivité. Personnellement, c'est la seule sociologie qui permet d'attirer vraiment mon attention : elle ne prétend pas construire un système, elle témoigne par un oeil scientifique une situation. Elle reste dans le concret pour parler du concret, en somme.

C'est pareil pour la philosophie ici : si nous ne sommes pas capables de se mettre en retrait, le retrait du monde est l'unique solution. Mais si nous pouvons prendre du recul sur notre propre vécu, alors rester dans le monde est la meilleure solution.

Je me demande justement, si la philosophie ne conduit pas inexorablement à se détacher du monde, de se rendre observateur sans être partie prenante soi-même, tel l'aspirateur s'aspirant, n'y a t-il pas irréductiblement une contradiction à être juge et partie, sauf comme j'ai essayé de le dire, à appliquer sans retenu d'abord à soi et pour soi, sa vision du monde, n'être qu'une copie de ce que nous percevons, et dans ce cas, l'aspirateur que nous sommes aspire un autre pris comme nous même.

Quoique un philosophe des sciences par exemple n'est pas particulièrement concerné par ce que j'écris, car son sujet peut être extérieur à la condition humaine directement ou indirectement, dans ce cas, l'approche est déjà elle-même plus objective, indépendante.

Je crois que nous disons sensiblement la même chose, si je ne m'abuse pas.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 738 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

A trop avoir le nez dans une discipline, on en vient à en oublier le sens, et à ne même plus savoir comment l'utiliser pour sa propre existence.

C'est le fond du sujet, mais qui concerne aussi ce que les lecteurs soucieux peuvent en retirer, en juger.

L'exercice philosophique, dirais-je, consiste plutôt à entraîner son esprit de façon à le tenir toujours alerte, face à l'ignorance, la stupeur, et contre une vision bien trop immédiate des choses du monde. Cet exercice peut être vu comme un luxe. Car pour maîtriser les concepts, il faut un minimum, et de façon très basique, savoir ce que l'on dit : le sens des mots, leur histoire, leurs diverses utilisations. Sans compter qu'il faut aussi mener un raisonnement, avec méthode pour cheminer au mieux vers une solution. Or quand on sait bien combien déjà sont nombreux les hermétiques à la logique, ou aux mathématiques par exemple... comment espérer faire aboutir un raisonnement alors ?

Il y a indéniablement de ça, mais là n'est pas la problématique première Jean-Ghislain, ceci je ne le remets pas en cause.

Mais quant à la question de la bonne pratique, si elle existe, comme un médecin doit avoir sa déontologie dans son métier, je me permets d'en douter. C'est pour moi une fausse question, un présupposé mal posé en tous cas. Mais peut-être pensais-tu dans le fond, Deja-Utilise, à l'authenticité, ou pas, d'un savoir philosophique.

Non la question, n'est pas de reconnaitre le caractère authentique d'un savoir philosophique, mais bien ce que tu as toi-même soulevé dès le départ de ton commentaire et que j'ai sélectionné tout au-dessus.

Et c'est précisément à la déontologie du médecin que je rapproche celle du philosophe, tant qu'il n'engage que lui c'est déjà très discutable, si il est incohérent, mais si il cherche à toucher un public, à promouvoir ses idées, ses trouvailles, alors c'est on ne peut plus contestable !

Par comparaison, si mon père ivre me dit qu'il ne faut pas boire, en m'expliquant les raisons, et bien, quelque soit la force de son argumentaire, j'aurais bien du mal à faire miennes ces positions, dans la mesure où il me donne une autre image, comment adhérer à quelque chose que la personne qui le prononce ne semble pas mettre en application quel crédit lui accorder !? De même le médecin qui me dit qu'il faut faire du sport, d'arrêter de fumer ou de se laver les mains quand on est en contact avec des malades, alors que lui-même n'est pas très enclin à l'appliquer correctement, me laisse un goût amer dans la bouche.

Un philosophe comme Nietzsche qui nous parle de la condition humaine, et qui lui même était en souffrance à cause des autres, me laisse assez dubitatif sur la profondeur de ses écrits, en dehors d'un témoignage somme toute très personnel, introspectif, en tout cas sur les quelques oeuvres que j'ai lu.

L'autre question que tu poses, me semble-t-il, c'est une question morale, celle du mieux-vivre-avec, somme toute la question de l'altruisme.

Morale oui, mais pas pour mieux vivre, même si ce n'est pas à négliger, dans notre cas ici, de la légitimité du philosophe à nous enseigner quelque chose, si lui même dans sa vie propre, il n'a pas su s'y prendre convenablement.

Alors la philosophie reste un cheminement personnel, qui peut nous permettre d'éclairer au mieux nos parcours. Si elle n'est pas donnée sans efforts, elle permet néanmoins d'avoir à l'arrivée une plus-value intellectuelle. Spirituelle aussi, dans le sens où notre esprit y voit plus clair. C'est tout-bénef, donc, même si hélas, elle n'est pas accessible à tous, laissant la majorité en chemin, et loin derrière même.

C'est une autre question, et je peux d'ores et déjà te répondre que le mieux vivre, n'est pas une conséquence directe d'une maitrise plus grande de l'art philosophique, c'est une voie possible pour y arriver sans doute, elle peut servir à cela aussi, mais elle n'est pas la seule, et n'est pas infaillible non plus.

Personnellement, je subis la philosophie, elle s'impose à moi, je vis simplement avec, cherchant donc à la rendre utile, comme je suis doté de deux mains que j'utilise en certaines circonstances...

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 738 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

Le sujet abordé ici est encore très intéressant, je trouve.

Tout comme ton développement, qui sort de tes " tripes ".

D'abord, il n'y a plus réellement d'autre bataille philosophique que celle-là, actuellement, car il n'y en a plus d'autre du tout : le philosophe, à milles lieux d'appliquer un quelconque principe, tente déjà de déterminer, de "fixer" le sens de son existence dans le tout mondial et historique qui n'est plus du tout à sa mesure - autant dire tout de suite qu'il n'y parvient jamais, qu'il y épuise toutes ses forces (il faudrait être un surhomme), pour le plus souvent se rétracter, impuissant, sur des dogmes séniles. Il n'y a pas dans ce contexte de finalité possible et ouverte (la "mort des utopies"). Il ne peut y avoir que des faits, des causes et des effets dont l'enchaînement nous échappe mais nous soumet rigoureusement...

Je trouve que justement, le simple fait de constater toutes ces impossibilités, ramène, ou devrait ramener, notre philosophe à l'essentiel. Pourquoi dès lors perdre son temps dans les infinis détails qui ne changent pas les forces motrices en action depuis la nuit des temps, ce qui rejoint indirectement le fait que j'aille dans mes lectures qu'à l'essence du propos, il ne faut pas confondre la complexité toujours croissante de nos interactions, toujours plus subtiles, avec le ressort de nos actions. Le monde nous parait compliqué, pourtant les motivations primaires, sous-jacentes, sont les mêmes que par le passé, c'est un peu si tu veux, comme l'évolution entre le voleur et celui qui s'en prémunit, ou entre le hacker et les antivirus/anti-piratage ou encore entre percer les secret et la cryptographie, certes les méthodes, les moyens, les outils sont toujours plus complexes, nombreux, difficiles, étendus, etc... mais les intentions derrières sont identiques depuis les premières oppositions !

Il nous appartient encore de refuser au moins une partie de ces contingences, nous ne pouvons pas tout renier, sans perdre ce qui a permis ce que nous sommes aujourd'hui, mais nous pouvons si nous voulons vraiment nous abstenir, nous opposer physiquement ou idéellement, en acte ou en puissance, contre ce courant permanent, qui nous entraine inexorablement, ne pas nager à contre courant, c'est épuisant et inutile/inefficace, mais de biais pour atteindre une rive et se reposer, prendre le temps de la réflexion avant d'agir, ou encore prendre les commandes et pagayer plus vite que le courant pour diriger la barque comme on l'entend avec le risque de précipiter les évènements.

Si nous ne pouvons aucunement agir pour l'ensemble de l'humanité, l'humanité ou les sociétés ne peuvent nous forcer complètement à agir selon un modèle, si chacun agit individuellement, le mouvement deviendra collectif, et se fera entendre, et sera pris en considération, les petits ruisseaux font les grandes rivières, qui font les grands fleuves...

C'est pour cela que j'invite de mes voeux les philosophes à mieux définir et à oeuvrer en harmonie avec leur vision pointue du monde, ce sera un pas en avant constructif, même si ce ne sera pas suffisant, au moins que les modèles soient le plus irréprochables.

Je trouve que l'on se perd dans les méandres de la complexité apparente du monde, de son fonctionnement, alors que l'on ne se focalise pas sur les motivations, et donc les bonnes ou mauvaises intentions qui le régisse, que le philosophe ne doit déjà pas ignorer en ce qui le concerne.

En profondeur, l'être ne contient vraiment plus que des causes. Tout arrive par causes. Il n'y a plus d'intention. On ne parvient plus à se saisir de la totalité dans laquelle on existe, la volonté frappe et s'éparpille sur tous les reliefs qu'elle rencontre : les causes nous meuvent. Tous ordres de causes, physiques, matérielles, les "modes" aussi, et essentiellement les techniques. Nous existons poussés par derrière, nous procédons par réflexes. Tout notre art n'est que l'expression sublimée de cet état de fait radicalement nouveau dans l'histoire : l'être est un enchaînement absurde de causes. C'est là aussi que "le désir" devient un thème prépondérant, ou en tout cas change de place au sein de la philosophie (toute cette apologie un peu mielleuse et hystérique du désir). Au même moment se développent toutes les techniques du marketing et de la propagande, sans cesse plus raffinées, aujourd'hui totalement prises en main par la société civile elle-même (wikipédia par exemple), et la psychanalyse aussi bien entendu, et avec elle tout l'appareil qui a pour objet fondamental de lubrifier l'insertion de l'homme dans cette nouvelle réalité.

Je crois que personne en particulier ne décide de ce mouvement, de cette régression infinie, mais chacun y concoure. Que nous nous donnons l'illusion d'une contenance en procédant ainsi, que la peur de la vacuité nous pousse à agir, que l'occupation/distraction, même mauvaise est moins anxiogène que l'ennui, et c'est lorsque l'on se révolte contre ça, que l'on reconnait, sans pouvoir nécessairement l'accepter totalement, la vie est absurde, que l'on peut véritablement commencer à chercher une nouvelle voie pour son existence, mais cette façon de pratiquer, ne va pas sans difficulté, comme celle de devenir un marginal, et donc de s'exclure ou d'être exclu de ce monde, car la différence est toujours difficile à vivre, à supporter, à digérer tant pour celui qui est différent, que pour ceux qui sont en face.

Il faut se recentrer, non de manière narcissique, mais de trouver en nous, les clefs qui nous permettent de revenir à la véritable humanité qui sommeil en nous, enfouie par toutes ces couches toujours plus nombreuses et raffinées de la civilisation moderne, pour en fin de compte accueillir nos semblables sous un autre aspect, néanmoins tant que ce cheminement est unilatéral, ou unique/ponctuel, les choses n'évolueront pas dans ce sens, mais pire, elles continueront leur ascension hystérique, éloignant toujours plus les humains de leur nature animale la plus noble, et non celle détournée pour alimenter encore et encore cette machinerie despotique hors contrôle.

Modifié par deja-utilise
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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 738 messages
If you don't want, you Kant...,
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La philosophie intervient principalement à postériori plutôt qu'à priori de l'action. Non seulement la plupart des philosophes sont loin d'être irréprochables, sans compter que la plupart du temps ils théorisent ce qu'ils ne pratiquent pas ou ne maîtrisent pas eux-mêmes, comme pour conjurer le sort. Nous prendrons l'exemple de Rousseau théoricien de l'éducation, et de ses enfants abandonnés à l'assistance publique.

Non je pense que le domaine de l'action appartient aux sophistes, le monde de l'inaction (ou plutôt celui de la contemplation) est celui des philosophes. Car on ne manipule les concepts, la rhétorique et les idées comme des outils qu'en vue d'une fin pratique. Symétriquement, nous ne cherchons la vérité de façon authentique qu'au détriment de l'action concrète, dans le cadre d'une remise en question et d'une prise de recul.

Les investigations philosophiques sont les investigations d'un spectateur plutôt que celles d'un acteur.

Peut-être en est-il ainsi bien souvent, mais cela ne devrait pas, je ne parlerai qu'au nom d'un philosophe que je connais bien, moi. Je ne conçois nullement me présenter ici et agir en contradiction avec ce que je dis, pas plus que j'envisage un découplage entre l'action et la réflexion, juste un ordre chronologique en général, et au même titre que les gendarmes ou les politiciens, qui devraient être des exemples les moins reprochables, de montrer le non exemple, la bonne conduite, ne serait-ce que pour être crédible, mais aussi, ce qui est l'objet du topic, par " définition " même de leur fonction, par déontologie de leur pratique, et bien pour notre philosophe il en va de même, ou devrait en aller de même, lui plus que tout autre, devrait être en phase avec lui-même, cohérent, il en va tout bonnement de sa raison d'être étymologiquement.

La philosophie dépend du philosophe, et à mon sens tu renverses la cause et l'effet. Deux individus pourraient bien mériter le titre de philosophe mais néanmoins être d'avis différents, parce qu'ils ont des personnalités différentes. Il te faudrait comprendre les limites d'une vision simpliste du philosophe : car il y a différentes façons d'être philosophe et d'agir en philosophe.

Certes, comme un juge a affaire à des procès différents, mais sa déontologie est toujours la même, défendre en principe la justice, et dans le cas de notre philosophe d'agir toujours dans le sens de la sagesse, même si il ne peut y prétendre à 100% ou le garantir comme notre juge, mais il doit, il est impératif, qui y tende de toutes ses forces, puisque c'est inhérent à sa fonction.

Et même si on remplace sagesse par savoir, cela ne change pas notre histoire, au contraire cela la simplifie, puisque celui-ci est bien plus objectif et atteignable que la première notion, notre jugement se fera critique, comme les scandales scientifiques ou technologiques, nous ne pouvons pas passer outre si l'on sait certaines choses, nous sommes dès lors condamnables, si on agit contre l'ordre des choses.

Pourquoi devrait-il donc rester à l'écart? Penserais tu donc la solitude comme condition indispensable à la lucidité?

Crois tu par exemple qu'un physicien qui mettrait les mains dans son expérience en même temps qu'il fait sa mesure, serait objectif ?

Ne doit-il pas tout faire pour s'isoler de ce qu'il mesure, comme l'ethnologue, le sociologue ou le psychologue, pourquoi en serait-il autrement du philosophe qui partage nombre de pratiques avec le scientifique ?

De toute façon, si il ne fait pas dès le départ, il finira par l'être, et ce serait presque un moyen de savoir à quel point il a " révolutionné " notre vision, car plus elle s'éloignera de ce qui est admis, plus il a des chances d'être rejeté dans un premier temps, l'histoire nous montre que c'est toujours ainsi que les idées neuves sont accueillies, avec scepticisme et méfiance. La solitude guette n'importe quel penseur hors du commun, ce qui en retour le contraindra a exploiter encore plus assidument son potentiel, puisqu'il ne lui restera plus que ça, à quoi se raccrocher.

Pourquoi ne le pourrait-on pas? Partisan politique certes non car cela impliquerait que le parti dicte la pensée, mais activiste oui dans le sens où certaines conclusions personnelles peuvent entraîner à rejoindre certains mouvements.

Sénèque, philosophe politicien et stoïcien, ou encore Marc-Aurèle l'empereur romain auraient certainement des mots à te dire!

Parce que rien n'est jamais définitif, presque tout est relatif, que nos positions de vie dépendent aussi en tant que philosophe de notre savoir, imparfait, falsifiable, incomplet, et que notre compréhension est elle-même dépendante d'un enseignement, d'une culture, d'un mode de fonctionnement, de l'interaction avec les autres présents ou passés, etc...

Alors pourquoi vouloir activement imposer ses idées, qui seront remises en causes un jour, quand ce n'est pas impropre à la philosophie qui reste une quête ouverte vers toujours plus de compréhension, et donc de revirement de situation !? Pourquoi se battre contre le vent, changeant ?

Quelle idée mise en pratique demeure telle quelle à travers les âges ?

Si, mais la sagesse est comme les regrets : elle vient toujours trop tard, à postériori. Tout dépend à quoi tu fais allusion, mais nous pouvons parfois comprendre certaines errances (dans les cas de conscience).

J'en ai bien peur aussi.

Ce n'est pas un but réellement atteignable, ni une réalité tangible je pense, tout comme l'éternité ou la perfection, ce ne sont que des extensions/extrapolations de choses plus ordinaires, des concepts abstraits, ce qui n'empêche que l'on peut toujours s'en approcher concrètement, comme avec les miroirs sphériques des miroirs des télescopes, toujours plus précis, minimisant les défauts.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 738 messages
If you don't want, you Kant...,
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Un philosophe ne doit rien du tout. Il ne doit surtout pas être un saint ni un modèle de vertu.

Je ne te rejoins bien évidemment pas sur ce revers de main de ta part, j'en suis plutôt surpris venant de ta personne, moi qui croyais que l'éthique chez toi était placée au-dessus de tout le reste, t'aurais-je mal lu ?

Qu'est-ce que j'exige d'un philosophe ? Qu'il soit intéressant.

Ce critère n'est pas recevable en tant que tel ! Pourquoi ?

Car dans ce cas, des romans de science-fiction, policier ou un thriller peuvent être intéressants également, mais qu'est-ce que ça prouve, hormis notre propre intérêt pour ce genre de lecture ?

Je crois que toi aussi tu attends autre chose de tes lectures, personne n'agit sans raison, sans motivation, ceci étant mis de coté, il te faut chercher au-delà de l'attrait attendu, de l'émotion anticipée ou de tes bons souvenirs passés sur ces philosophes. Il te procure certes du plaisir, un intérêt, mais le plus important n'est pas là, et je crois que tu le sais, il t'apporte quelque chose de plus profond, de plus vital j'ai envie de dire, qu'est-ce donc ? Et en quoi, ce serait indépendant de la valeur que tu accordes à son auteur ?

En fait, ce qui rassemble tous ces hommes, c'est qu'il avaient des visions quant à la nature du monde (à commencer par leur propre monde intérieur) et quant à son potentiel de transformation, et aussi qu'ils avaient une capacité hors du commun à transposer leurs visions en concepts. Ils étaient aussi tous habités par un tyran intérieur leur imposait de partager ces visions.

D'accord, je n'en doute pas pour eux, mais en ce qui te concerne toi, en tant qu'individu, qu'est-ce que cela t'apporte véritablement dans ta vie, au-delà d'un passe-temps, d'un engouement ?

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 738 messages
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J'ai failli ne pas voir ton intervention,

Morale, issue de la nouvelle société technicienne et mondialiste, qui me dicte de plus en plus ce que je dois faire, comment je dois vivre, quel sens je dois donner à ma vie, etc. ?

Mais qui de l'oeuf ou de la poule ?:

N'est-ce pas les individus qui ont crée cette société qui nous modèle en retour ?

Le philosophe qui se contente d'impératifs moraux hypothétiques (éthiques) ne se fait-il pas le complice de cette nouvelle morale intégriste postmoderne ? Jusqu'à présent, le philosophe anti-dogmatique préférait rejeter tout principe moral universaliste, tels Montaigne ou Spinoza, qui se conformèrent à la morale toute relative de leur propre pays. Mais cette attitude n'est-elle pas plus difficile à soutenir désormais en raison de l'accroissement exponentiel, et non maîtrisé, des applications technologiques de la science ? D'autant que la vie elle-même peut désormais faire l'objet de manipulations génétiques, etc.

D'un autre coté, si nous développons pas une éthique différente de la morale en cours, il va être difficile d'en sortir, néanmoins celle-ci ne doit pas être complètement had hoc, ou arbitraire, et c'est toute la difficulté, d'où le demi-échec de Rousseau. Le mieux étant encore, puisque nous avons perdu tout repère interne, de regarder ce que le monde animal non humain a à nous enseigner, comme nous le faisons déjà depuis très longtemps pour nos développements scientifiques et techniques, qu'est-ce qui nous empêche alors à étudier leurs comportements sociétaux et prendre exemple !?

Si je devais opter entre le dictat de cette nouvelle morale issue de notre société technicienne et le dictat d'un nouveau principe moral universaliste tel que formulé par le philosophe Hans Jonas : « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre » ou dans une formulation négative « Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilité future d’une telle vie », je préfère malgré tout l'impératif catégorique(moral) du philosophe privilégiant le sens des responsabilités humaines.

La deuxième formulation est " meilleure ", puisque qu'elle évite le coté pernicieux de l'impératif, comme dans l'adage " fait aux autres ce qu'ils te font ", pris dans un sens mélioratif c'est très bien, mais cela peut conduire aussi à la vengeance, d'où sa formulation en négatif plus appropriée d'un point de vue des conséquences, " Ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse ", même si ce n'est pas la panacée non plus à tout point de vue, c'est déjà grandement mieux, tout comme le principe de Hans Jonas.

Aucun formulation en une phrase ne pourra embrasser/régir toute la complexité des relations d'individus vivant en société, ni même une collection de celles-ci, car le comportement animal n'est pas fixiste, ce qui peut être adapté un temps, ne le sera plus à un autre, rien n'est pérenne.

Par exemple, si un jour l'Homme s'affranchit de son environnement immédiat/naturel, il pourra donc en toute impunité, presque légitimement faire n'importe quoi autour de lui, c'est donc dangereux, pour un futur pas si lointain, sans parler que cette approche est encore trop anthropocentrique, par exemples.

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Petitpepin Membre 783 messages
Baby Forumeur‚
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Bonjour Tison,

En fait, je cherchais un terme permettant de décrire la tendance à privilégier la technique dans tous les domaines.Le risque ici est encore de passer à côté du problème je trouve. Ce que tu cherches à formuler c'est sans doute le "phénomène technicien" qu'a étudié Ellul. Mais il ne s'agit pas d'une tendance à privilégier la technique dans tous les domaines. Ce n'est pas comme si le moyen technique était en concurrence avec d'autres moyens, et nous de choisir en pleine conscience des finalités finales. Il serait vraiment bon de lire Ellul avec beaucoup d'attention. Le moyen technique est par définition le plus efficace que l'on connaisse, il existe suivant ce critère si on veut. Le choix de ce point de vue est nul ; il suffit d'enregistrer les effets d'un moyen, d'un autre, retenir le plus adapté, exclure l'autre. Ce choix en soi implique un ensemble de condition historiques mais après tout c'est bien la supériorité objective du moyen technique qui importe à un premier niveau. Il faut rester bloqué dans ce problème, vraiment, car il n'est pas simple.

Lorsque dans un domaine, par un effort personnel ou collectif, on a rationalisé l'organisation ou les outils, les autres n'ont pas d'autre choix que de constater la supériorité de cette forme sur toutes les autres, pour se mettre bientôt au pas. Ils peuvent s'y mettre joyeusement et pleins de cœur, il peut y avoir un mythe et un envoutement collectif, mais c'est d'abord la prise de conscience de la supériorité de ce que la raison est capable de produire, par rapport à ce qui a été laissé au hasard et à la spontanéité, qui importe. Car qu'en est-il alors si, par ailleurs, la technique ne peut pas ne pas avoir aussi ses effets pervers ? Il faut se heurter à ses propres limites. Le problème n'est pas vraiment, comme on dit sur wikipédia, que l'homme sacralise l'objet technique. Oui d'accord, mais ce n'est encore qu'en surface. Et à la limite il n'y aurait pas besoin d'Ellul si ce n'était que ça. Freidmann l'avait amplement posé.

Lorsqu'on revient à la question de la responsabilité et à la déontologie, et j'y reviens parce que Quasimodo ferraille dans un autre fil avec des arracheurs de mauvaise conscience.. qu'en est-il ?

C'est là encore très mystérieux. On perçoit bien le fond vrai des arguments de Quasimodo. Mais ils restent comme impuissants en regard du réel et du cynisme. Comment éduquer le petit d'homme sans lui inculquer la responsabilité ? Mais ceci d'abord ne dit rien quant au contenu de cette responsabilité, de cette moralité inculquée. Si l'on a trouvé la bonne morale, ne faut-il pas d'ailleurs tout mettre en œuvre pour la lui inculquer ? Et parlons nous bien, avec ce petit d'homme, d'une éducation prise en charge à partir de ses trois ans par l'éducation nationale, cinq jours sur sept, huit heures par jours ? La trajectoire du petit d'homme n'a-t-elle pas trop dévié au sortir de l'école ? Peut-il toujours trouver en lui cette impulsion naturelle et essentielle qui lui dit : "je suis maître de mes actes" - je suis libre !!

Il faut décaler le problème. De fait l'homme est responsable de ses actes - déterminisme ou non. La question porte plutôt sur les conditions d'une responsabilité "raisonnable", la possibilité donnée ou non à l'être humain d'être raisonnable dans ses choix, de fonder ses choix en "connaissance de cause".

Un mot m'est venu à l'esprit hier : technicisme. Je croyais avoir créé un néologisme, mais ce terme figure dans le Petit Robert, après vérification !

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
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Je me permets une petite incursion ici bas parce que je relève ce passage (je répondrai à déjà-utilisé plus loin mais le problème reste toujours le manque de temps):

Le risque ici est encore de passer à côté du problème je trouve. Ce que tu cherches à formuler c'est sans doute le "phénomène technicien" qu'a étudié Ellul. Mais il ne s'agit pas d'une tendance à privilégier la technique dans tous les domaines. Ce n'est pas comme si le moyen technique était en concurrence avec d'autres moyens, et nous de choisir en pleine conscience des finalités finales. Il serait vraiment bon de lire Ellul avec beaucoup d'attention. Le moyen technique est par définition le plus efficace que l'on connaisse, il existe suivant ce critère si on veut. Le choix de ce point de vue est nul ; il suffit d'enregistrer les effets d'un moyen, d'un autre, retenir le plus adapté, exclure l'autre. Ce choix en soi implique un ensemble de condition historiques mais après tout c'est bien la supériorité objective du moyen technique qui importe à un premier niveau. Il faut rester bloqué dans ce problème, vraiment, car il n'est pas simple.

Lorsque dans un domaine, par un effort personnel ou collectif, on a rationalisé l'organisation ou les outils, les autres n'ont pas d'autre choix que de constater la supériorité de cette forme sur toutes les autres, pour se mettre bientôt au pas. Ils peuvent s'y mettre joyeusement et pleins de cœur, il peut y avoir un mythe et un envoutement collectif, mais c'est d'abord la prise de conscience de la supériorité de ce que la raison est capable de produire, par rapport à ce qui a été laissé au hasard et à la spontanéité, qui importe. Car qu'en est-il alors si, par ailleurs, la technique ne peut pas ne pas avoir aussi ses effets pervers ? Il faut se heurter à ses propres limites. Le problème n'est pas vraiment, comme on dit sur wikipédia, que l'homme sacralise l'objet technique. Oui d'accord, mais ce n'est encore qu'en surface. Et à la limite il n'y aurait pas besoin d'Ellul si ce n'était que ça. Freidmann l'avait amplement posé.

Si je peux me permettre il existe des situations techniquement problématiques pour lesquelles des choix doivent être opérés, parce qu'il n'y a pas clairement une solution plus efficace qu'une autre. C'est parfois tout à fait discutable, comme le choix, à technologie égale, entre un grand disque-dur qui aura des temps d'accès plus lents ou un petit disque-dur qui aura des temps d'accès plus rapides : un choix doit être fait, à technologie égale, entre la taille du disque et la rapidité d'accès. De la même façon nous pouvons avoir le choix, toutes choses égales par ailleurs, entre une voiture plus puissante et un moteur qui consomme moins de combustible ; le choix doit se faire ici entre la puissance du moteur et la consommation de carburant. Quelle est la solution la plus efficace, celle pour laquelle nous consommons moins de carburant ou celle pour laquelle nous avons un moteur qui permet de rouler plus rapidement? Celle d'un grand disque-dur aux temps d'accès plus longs ou celle d'un disque aux accès rapides mais de taille inférieure?

Je concède que la technique ne nous permet pas de concevoir que toute solution technique est la conséquence d'un certain nombre de choix techniques totalement discutables, avec un pour et un contre : ce qui fait la différence c'est la loi de l'offre et la demande qui classe économiquement les possibilités selon un seul paramètre : le coût. Aucune solution technique n'est indiscutable.

C'est là encore très mystérieux. On perçoit bien le fond vrai des arguments de Quasimodo. Mais ils restent comme impuissants en regard du réel et du cynisme. Comment éduquer le petit d'homme sans lui inculquer la responsabilité ? Mais ceci d'abord ne dit rien quant au contenu de cette responsabilité, de cette moralité inculquée. Si l'on a trouvé la bonne morale, ne faut-il pas d'ailleurs tout mettre en œuvre pour la lui inculquer ? Et parlons nous bien, avec ce petit d'homme, d'une éducation prise en charge à partir de ses trois ans par l'éducation nationale, cinq jours sur sept, huit heures par jours ? La trajectoire du petit d'homme n'a-t-elle pas trop dévié au sortir de l'école ? Peut-il toujours trouver en lui cette impulsion naturelle et essentielle qui lui dit : "je suis maître de mes actes" - je suis libre !!

Il faut décaler le problème. De fait l'homme est responsable de ses actes - déterminisme ou non. La question porte plutôt sur les conditions d'une responsabilité "raisonnable", la possibilité donnée ou non à l'être humain d'être raisonnable dans ses choix, de fonder ses choix en "connaissance de cause".

En quoi la possibilité d'agir en connaissance de cause serait-elle entamée? Les conséquences de nos actes ne nous échappent-elles pas toujours, nécessairement?

Il est vrai pour le moins que le petit d'Homme a besoin de ce sentiment intérieur de liberté pour s'éduquer moralement : ce qui pousse l'Homme à réffréner ses instincts c'est précisément cette conscience inculquée dans la tendre enfance, selon laquelle mes actes peuvent m'être attribués sans ambiguïté aucune.

La morale n'aurait plus de sens dans une perspective totalement déterministe : heureusement cela reste un parti pris métaphysique plus qu'autre chose!

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
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Peut-être en est-il ainsi bien souvent, mais cela ne devrait pas, je ne parlerai qu'au nom d'un philosophe que je connais bien, moi. Je ne conçois nullement me présenter ici et agir en contradiction avec ce que je dis, pas plus que j'envisage un découplage entre l'action et la réflexion, juste un ordre chronologique en général, et au même titre que les gendarmes ou les politiciens, qui devraient être des exemples les moins reprochables, de montrer le non exemple, la bonne conduite, ne serait-ce que pour être crédible, mais aussi, ce qui est l'objet du topic, par " définition " même de leur fonction, par déontologie de leur pratique, et bien pour notre philosophe il en va de même, ou devrait en aller de même, lui plus que tout autre, devrait être en phase avec lui-même, cohérent, il en va tout bonnement de sa raison d'être étymologiquement.

Cela n'est valable que si on conçoit la philosophie comme un système. Ne sommes nous pas à une époque dans laquelle, pour paraphraser un auteur bien connu : "Si rien n'est vrai, tout est permis"? L'enjeu pour une philosophie actuelle serait effectivement bien plus de retrouver la trace de la vérité ou de la métaphysique, pour totalement se défier du nihilisme et la perte des valeurs. Démontrer sans ambiguïté que toutes les vérités ne se valent pas. Réussir à fixer les croyances dans les esprits à un niveau ou à un autre.

Certes, comme un juge a affaire à des procès différents, mais sa déontologie est toujours la même, défendre en principe la justice, et dans le cas de notre philosophe d'agir toujours dans le sens de la sagesse, même si il ne peut y prétendre à 100% ou le garantir comme notre juge, mais il doit, il est impératif, qui y tende de toutes ses forces, puisque c'est inhérent à sa fonction.

Et même si on remplace sagesse par savoir, cela ne change pas notre histoire, au contraire cela la simplifie, puisque celui-ci est bien plus objectif et atteignable que la première notion, notre jugement se fera critique, comme les scandales scientifiques ou technologiques, nous ne pouvons pas passer outre si l'on sait certaines choses, nous sommes dès lors condamnables, si on agit contre l'ordre des choses.

Tu proposes donc en quelque sorte d'en revenir à la sagesse des grecs anciens pour lesquels l'univers suivrait un certain ordre naturel indiscutable?

Il me semble toutefois que l'époque requiert un comportement plus pragmatique : il s'agit moins de connaître la direction à prendre que d'écoper le bateau pour éviter de sombrer corps et biens.

Crois tu par exemple qu'un physicien qui mettrait les mains dans son expérience en même temps qu'il fait sa mesure, serait objectif ?

Ne doit-il pas tout faire pour s'isoler de ce qu'il mesure, comme l'ethnologue, le sociologue ou le psychologue, pourquoi en serait-il autrement du philosophe qui partage nombre de pratiques avec le scientifique ?

De toute façon, si il ne fait pas dès le départ, il finira par l'être, et ce serait presque un moyen de savoir à quel point il a " révolutionné " notre vision, car plus elle s'éloignera de ce qui est admis, plus il a des chances d'être rejeté dans un premier temps, l'histoire nous montre que c'est toujours ainsi que les idées neuves sont accueillies, avec scepticisme et méfiance. La solitude guette n'importe quel penseur hors du commun, ce qui en retour le contraindra a exploiter encore plus assidument son potentiel, puisqu'il ne lui restera plus que ça, à quoi se raccrocher.

Je veux bien le concéder, mais penses-tu pouvoir te réclamer d'une quelconque méthode philosophique par laquelle il serait possible d'arriver à des résultats indiscutables?

Parce que rien n'est jamais définitif, presque tout est relatif, que nos positions de vie dépendent aussi en tant que philosophe de notre savoir, imparfait, falsifiable, incomplet, et que notre compréhension est elle-même dépendante d'un enseignement, d'une culture, d'un mode de fonctionnement, de l'interaction avec les autres présents ou passés, etc...

Alors pourquoi vouloir activement imposer ses idées, qui seront remises en causes un jour, quand ce n'est pas impropre à la philosophie qui reste une quête ouverte vers toujours plus de compréhension, et donc de revirement de situation !? Pourquoi se battre contre le vent, changeant ?

Quelle idée mise en pratique demeure telle quelle à travers les âges ?

Il faudrait réussir à reprendre un projet métaphysique, peut-être avec le recours aux sciences? Seules les croyances scientifiques peuvent aujourd'hui prétendre arbitrer entre deux propositions qui prétendent à la vérité. Le projet est celui-ci : fixer des valeurs, fixer les croyances.

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Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 31ans Posté(e)
Jedino Membre 47 968 messages
31ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
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J'avoue être assez surpris de ta réponse, surtout que je pense que tu n'ignores pas que le sujet est dans la continuité de ta propre interrogation !

Au contraire, certaines catégories de philosophes sont particulièrement concernés par ce que j'ai soulevé, les éthiciens en l'occurrence, il n'est pas possible d'entendre quelqu'un dire faite ce que je dis, mais pas ce que je fais, cela va à l'encontre de la logique moraliste et d'autre part, vu la place particulière de la philosophie, comme une des plus nobles de l'esprit humain, c'est tout bonnement choquant, pour ne pas dire une hérésie.

J'ai très bien compris en effet. Et la réflexion est intéressante, bien évidemment, mais elle part du présupposé qu'il existerait une bonne manière de faire, ce en quoi je doute. C'est bien pour cette raison que le fait d'affirmer posséder la bonne méthode me gêne, par le fait d'être philosophe. Et si chacun possède la sienne, alors nous le sommes tous, ce qui rend l'affirmation sans intérêt. Peu m'importe qu'il se pense ou non philosophe : ce qui m'intéresse, ce n'est pas lui, mais la pertinence de son discours. Et en effet, je ne comprends pas ce besoin de se mettre en avant.

La morale et l'éthique sont des questions importantes et de longue date, effectivement. Toutefois, philosopher peut se faire sans morale ou éthique, tout comme on peut faire de la science sans se préoccuper plus que ça des questions éthiques. Cela ne veut pas dire pour autant que ma manière de faire est immorale. Cela signifie simplement que je peux faire mon travail, quel qu'il soit, sans être un monstre et sans être un saint. Je me méfie autant de l'indifférence totale que de la réflexion constante sur la question, pour la simple raison qu'elle peut mener à des chemins qui ne sont pas forcément les meilleurs.

Si l'économie est un métier à part en entière, il n'est pas choquant de gagner de l'argent avec. Soit, mais il nous faut regarder comment l'économiste s'y prend, comme on l'a vu ces derniers temps avec la finance et les placements presque frauduleux faits, ou les escrocs qui ont monté des pyramides de Ponzi, nous ne pouvons pas rester indifférents au contenu, et à qui gagne de l'argent, ni comment cela a été fait, et dans quel dessein. Pour le philosophe il en va de même, il n'y a pas de découplage possible entre ce qu'il écrit, et ce qu'il en attend ou en retire !

Ce n'est pas le diplôme qui est problématique, il ne fait que sanctionner un parcours initiatique, c'est l'usage que l'on peut en faire, ou l'argument d'autorité que l'on brandit face à un interlocuteur récalcitrant.

Une fois les cas les plus patents mis au jour, on peut ensuite descendre davantage, et se demander si par extension, il n'est pas aussi d'actualité de se questionner sur n'importe quel philosophe de sa pratique de la philosophie.

Voilà, tu as tout dit dans la dernière phrase de ton premier paragraphe : s'affirmer, dans un débat, "je suis un philosophe", c'est une façon de chercher un argument d'autorité (injustifié selon moi) face à son interlocuteur, comme si le fait même de faire la philosophie rendait nos raisonnements parfaits en chaque instant. Grave erreur que de ne pas considérer l'erreur. C'est aussi dangereux que de brandir des concepts, certes très beaux et très dignes, comme ligne de vie. Il faut de la nuance, toujours, y compris en éthique et morale.

Je me demande justement, si la philosophie ne conduit pas inexorablement à se détacher du monde, de se rendre observateur sans être partie prenante soi-même, tel l'aspirateur s'aspirant, n'y a t-il pas irréductiblement une contradiction à être juge et partie, sauf comme j'ai essayé de le dire, à appliquer sans retenu d'abord à soi et pour soi, sa vision du monde, n'être qu'une copie de ce que nous percevons, et dans ce cas, l'aspirateur que nous sommes aspire un autre pris comme nous même.

Quoique un philosophe des sciences par exemple n'est pas particulièrement concerné par ce que j'écris, car son sujet peut être extérieur à la condition humaine directement ou indirectement, dans ce cas, l'approche est déjà elle-même plus objective, indépendante.

Je crois que nous disons sensiblement la même chose, si je ne m'abuse pas.

Ce qui est intéressant, c'est que ta première réflexion pourrait très bien s'accorder aussi avec ce que certains poètes ont pu écrire ou penser. Typiquement, c'est l'Albatros baudelairien.

Notre discours n'est pas bien différent, en effet. On pourrait discuter sur le détail et vérifier que c'est le cas, ce serait un travail normal en philosophie. Mais je préfère répondre à ta surprise de départ en essayant d'être plus clair :

Quelqu'un faisant de la philosophie publiquement ne me gêne pas. C'est là très intéressant, un peu dans les habitudes grecques. En revanche, son rôle n'est pas, tôt ou tard, de brandir la pancarte du "Je suis un philosophe", et comprenez par là que vous non. Qu'il soit philosophe ou non, on s'en fout, ce n'est pas la question. Qu'il soit ingénieur, mathématicien, ceci ou cela, dans un débat philosophique, ça n'a strictement aucun intérêt. Le débat est un échange fondé sur des idées/opinions, et quand bien même notre profession en détermine certaines, l'objectif n'est pas de savoir à quelle profession ses lieux communs mais de faire progresser chacun. Si quelqu'un ne progresse pas, le débat n'est qu'un semblant de mauvais monologues.

Bref, c'est pour ces raisons-là que je considère comme sans intérêt l'affirmation de son appartenance (réelle ou non) à un groupe qui serait plus apte à. Et si j'étais d'humeur méchante, j'irais jusqu'à dire que le faire démontre au moins que nous en sommes un mauvais, dans la mesure où il tombe précisément dans les mêmes travers que quiconque, à savoir se penser expert, donc infaillible ou meilleur.

Pour terminer, je prendrai l'idée (qui n'est pas mienne, elle vient de Kip Thorne) que contrairement aux vieux physiciens rodés sur les concepts et théories existantes, c'est bien souvent les plus jeunes, les "nouveaux", ceux-là même qui ne maîtrisent pas encore profondément les concepts en jeu, qui apportent la nouveauté permettant de faire avancer la science (ici, la physique), en particulier quand elle devient contre-intuitive ou contraire à ce qui se manipule depuis cent ans.

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Membre, Posté(e)
Petitpepin Membre 783 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Si je peux me permettre il existe des situations techniquement problématiques pour lesquelles des choix doivent être opérés, parce qu'il n'y a pas clairement une solution plus efficace qu'une autre.Les moyens dans la vie réelle cessent-ils à un moment d'absorber la volonté ? Ne sommes-nous pas en train de réfléchir aux conditions dans lesquelles une déontologie va pouvoir être formulée et s'appliquer ? Cela ne suppose-t-il pas que nous ayons auparavant fixé les finalités en fonction desquelles un ensemble cohérent de principes d'action puisse être dégagé ?

Aucune solution technique n'est indiscutable. Lorsqu'à l'intérieur du cercle technique on a opéré un choix qui s'avère d'expérience avoir été mauvais, l'idéal alors est de faire marche arrière : le critère économique intervient beaucoup. Mais le fait aussi est qu'on reste relativement peu de temps à technologies égales. Du point de vue de l'agent social, tout est normal. C'est son contexte qui est différent.

En quoi la possibilité d'agir en connaissance de cause serait-elle entamée? Les conséquences de nos actes ne nous échappent-elles pas toujours, nécessairement? Pas toujours dans les mêmes proportions. Si le principe peut rester le même, son application est plus ou moins problématique.

La morale n'aurait plus de sens dans une perspective totalement déterministe : heureusement cela reste un parti pris métaphysique plus qu'autre chose!

La morale est une chose, le déterminisme une théorie ?

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 738 messages
If you don't want, you Kant...,
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Cela n'est valable que si on conçoit la philosophie comme un système.

Ne sommes nous pas à une époque dans laquelle, pour paraphraser un auteur bien connu : "Si rien n'est vrai, tout est permis"? L'enjeu pour une philosophie actuelle serait effectivement bien plus de retrouver la trace de la vérité ou de la métaphysique, pour totalement se défier du nihilisme et la perte des valeurs. Démontrer sans ambiguïté que toutes les vérités ne se valent pas. Réussir à fixer les croyances dans les esprits à un niveau ou à un autre.

Non je ne pense pas, l'idée que je défends est grossièrement celle parallèle d'un joueur de football, on attend de lui lorsqu'il veut jouer, qu'il fasse ce qui ressemble à du football, avec ses méthodes, ses règles, dans une circonscription donnée, etc...

Si la philosophie dans son sens le plus large, est l'amour ou la passion pour l'augmentation de sagesse ou du savoir/compréhension, alors le pratiquant ne peut pas faire autrement que d'être cohérent avec lui-même, si il est devenu effectivement plus sage ou plus savant, il ne peut pas en parallèle se laisser aller à sa condition la plus primaire/primitive, sinon ce serait une forme de régression, il doit donc aussi prendre conscience que dans sa progression, il est contraint d'agir mieux, pour ne pas que ce soit incompatible ou en contradiction avec sa quête.

Si l'on se rend compte des méfaits de trop d'argent, par lui-même ( avarice ) ou par ce qu'il permet ( cupidité ), notre philosophe ne peut pas l'ignorer et faire une philosophie digne si il l'occulte ou en fait fi, il se doit d'en tenir compte pour sa propre existence, sinon il devient un escroc ou un charlatan, comme disait Coluche, y'a des types qui vendent de l'intelligence et ils n'ont pas un échantillon sur eux ! Ou faites ce que je dis mais pas ce que je fais ! Quel crédit accorder à ce genre d'individus ?

Projet ambitieux, qui demande inévitablement de la modestie et de l'humilité, pas certain que ce soit ce qu'il y a de plus répandu sur Terre, sans compter le peu de motivation à découvrir la vérité, surtout si elle n'abonde pas dans notre sens, mais pas uniquement, ce dont j'en dirai mots un peu plus bas...

Tu proposes donc en quelque sorte d'en revenir à la sagesse des grecs anciens pour lesquels l'univers suivrait un certain ordre naturel indiscutable?

Il me semble toutefois que l'époque requiert un comportement plus pragmatique : il s'agit moins de connaître la direction à prendre que d'écoper le bateau pour éviter de sombrer corps et biens.

Je ne crois pas rechercher une telle chose, je dis que si l'on est un vrai philosophe, c'est en permanence et avec intégrité, et non de temps à autres sans corrélation avec la vie que l'on consomme, on se fait un devoir envers soi-même, et également les autres si l'on est connu, sinon on est un clown ou un singe savant au mieux.

L'ordre des choses dont je faisais allusion, était dans le sens d'un savoir, d'une connaissance, d'une pratique savante, et non plus la subjectivité de la sagesse, par exemple si l'on sait que l'amiante de part sa constitution de fibre micrométrique est aspirée puis se plante dans les alvéoles pulmonaires, pouvant créer à terme des avaries biologiques, pourquoi que diable autoriser les fibres minérales de laines de verre ou de roches, qui partagent les mêmes caractères physiques ? N'est-ce pas agir contre l'ordre des choses ? Autre exemple, si l'on cherche à guérir des gens d'une maladie sans traitement, pourquoi faire en sorte que des animaux aient cette maladie, puis s'en servir de cobaye pour des traitements et suivre l'évolution de ceux-ci en les sacrifiant, ne serait-il pas plus judicieux de tenter notre chance directement sur les personnes concernées, cela éviterait en même temps les risques de non validité dus à la barrière de l'espèce d'une part, et qui ne garantit finalement en rien les résultats de guérison sur l'homme, et puis comme il n'existe aucun traitement au moment où l'on en a besoin, pourquoi partir dans une recherche qui durera des années, où des tas de malades seront morts entre temps, de toute façon si il n'existe aucune solution pour le malade, de son point de vue, il est sans doute préférable de tenter quelque chose maintenant que d'attendre de mourir, du moins pour les plus courageux, qui feront progresser comme jamais la médecine, sans recourir aux animaux de laboratoire qui eux n'ont rien demandés, c'est gagnant-gagnant.

Je veux bien le concéder, mais penses-tu pouvoir te réclamer d'une quelconque méthode philosophique par laquelle il serait possible d'arriver à des résultats indiscutables?

Les résultats ne peuvent pas être indiscutables, pour plusieurs raisons plus d'ordre psychologique, d'une part, l'être humain cherche en permanence, tout et n'importe quoi, même ce qui est convenu, de plus il n'y a pas deux humains identiques, avec des vécus similaires, une éducation homologue et un caractère/tempérament égaux, ce qui fait que la compréhension de l'un, et je m'en rends compte de plus en plus, n'est pas transposable chez l'autre, car il y a tout un bagage et une historique derrière une idée acquise, dont on oublie souvent le cheminement, le parcours tortueux sur plusieurs années, que l'autre n'a pas en sa possession, ce qui nous semble évident ou limpide ne le sera pas pour autrui, puisque ses référentiels seront différents, s'ensuit des conversations stériles parfois, ensuite vient également se greffer des croyances plus ou moins bien à l'esprit, ou des endoctrinements, association d'idées ou autres processus plus ou moins inconscients qui viennent encore complexifier notre affaire, ce qui fait que lorsque l'on est d'accord, cela ressemble plus souvent à des opinions communes antérieures qu'à un partage véritablement, sauf si il y a une ouverture d'esprit suffisante, et des arguments recevables pour la partie les recevant, ce qui à ma connaissance est très rare.

Le tout mis bout à bout me laisse entendre qu'il est presque illusoire de s'attendre à ce que des résultats soient indiscutables pour deux protagonistes, à moins qu'ils étaient d'accord avant même de le savoir.

Ma seule philosophie qui n'est pas dépendante d'une méthode fixée d'avance, même si elle repose sur des ingrédients qui perdurent, est la recherche de la vérité, qui elle est normalement indépendante des individus qui la voient, ou la professent !

Comme je l'ai dit à une forumeuse il y a peu, mon savoir est par défaut, plus que " positiviste ", c'est à dire que je sais ce que certaines choses ne sont pas, mais très rarement ce qu'elles sont, j'approche la vérité en faisant reculer mon ignorance, comme le sculpteur qui s'approche toujours plus de sa statue avec son ciseau, et non comme un mécanicien par assemblage de pièces standards/modelées/usinées/normalisées, par construction, en ce sens je me distingue du scientifique par endroit qui postule des lois universelles.

Il faudrait réussir à reprendre un projet métaphysique, peut-être avec le recours aux sciences? Seules les croyances scientifiques peuvent aujourd'hui prétendre arbitrer entre deux propositions qui prétendent à la vérité. Le projet est celui-ci : fixer des valeurs, fixer les croyances.

Oh mais, même les sciences sont dans une sorte d'impasse aujourd'hui, il suffit de voir les difficultés pour recoller les deux piliers de la physique que sont la MQ et la RG, ou encore l'adjonction had hoc, de la matière noire ou l'énergie sombre dans les modèles pour qu'ils tournent au plus juste des observations, mais personne ne sait ce que sont ces choses, uniquement pour l'heure des artefacts dans les modèles mathématiques.

Ou encore les scandales présents ou à venir en médecine ou en génétique avec la manipulation du génome humain pour le transhumanisme abouti, qui a t-il de vrai en biologie, qui est pourtant une science !? Toutes les sciences humaines sont dépendantes de nos moeurs du moment ou de nos psychologies.

Ce qui va rejoindre mon renvoi plus haut.

Pour les croyances, on n'y peut rien, la science a joué le rôle succédané de la religion, mais comme elle a déçu, les gens se tournent de plus en plus vers des alternatives, qui peuvent être à nouveau la religion, mais aussi d'autres types de croyances, car je le rappelle, la première fonction d'une croyance est d'être anxiolytique, et comme notre ère va mal, les personnes ont besoin de soutien psychologique, trouvé dans les croyances au sens large, comme depuis la nuit des temps, ou depuis que l'homme est homme.

Je crois que les valeurs, hormis en temps de guerre, ont toujours été les mêmes, elles sont travesties par notre époque individualiste en apparence, mais au fond chacun aspire à l'approbation des autres, ce qui nécessite un certain nombre de règles de vie implicitement, des valeurs communes.

Modifié par deja-utilise
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Membre, 48ans Posté(e)
Frelser Membre 5 478 messages
Forumeur balbutiant‚ 48ans‚
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@deja-utilise. C'est là une question hautement délicate. Idéalement, le philosophe devrait semble-t-il être parfaitement indifférent des conséquences de ses développements intellectuels, à la seule et unique condition que ceux-ci ne sont point influencées par une finalité a priori ? Or, en tant qu'ami de la sagesse, il semble néanmoins qu'il soit parfois contraint au silence si les conséquence de ses conclusions sont telles à conduire à des répercutions qu'il jugera non propices à l'humanité. C'est peut-être là que tout le poids des sagesses ancestrales ressortent en avant. Ne dit-on pas : "La parole est d'argent, mais le silence est d'or" ? Amitié.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 738 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

C'est là une question hautement délicate. Idéalement, le philosophe devrait semble-t-il être parfaitement indifférent des conséquences de ses développements intellectuels, à la seule et unique condition que ceux-ci ne sont point influencées par une finalité a priori ?

Or, en tant qu'ami de la sagesse, il semble néanmoins qu'il soit parfois contraint au silence si les conséquence de ses conclusions sont telles à conduire à des répercutions qu'il jugera non propices à l'humanité. C'est peut-être là que tout le poids des sagesses ancestrales ressortent en avant. Ne dit-on pas : "La parole est d'argent, mais le silence est d'or" ? Amitié.

Il n'était pas question du développement de ses idées, par la suite, mais de leur adéquation avec la propre vie du philosophe.

Toutefois, ce que tu soulèves n'est pas inintéressant, je crois qu'il sera difficile pour n'importe qui d'envisager l'évolution que prendra une philosophie, y compris pour son auteur.

Si l'on se rappelle l'école pythagoricienne, je crois, où il ne fallait surtout pas révéler au monde l'irrationalité des nombres, je pense qu'aujourd'hui on interpréterait ça, bien plus comme une secte, que comme une école philosophique. Et dans cette perspective, aucun secret ne doit être gardé, tout doit être dévoilé, le plus clairement possible, seule la vérité, dans sa plus simple expression, est unique et consensuelle, alors que le fourvoiement est strictement opposé, il est universel et subjectif, ce qui peut engendrer moult dérives bien plus facilement. Pis, si les intentions sont clairement de dissimuler la vérité, alors nous avons affaire à une personne malhonnête, incompatible avec la recherche de sagesse inhérente à la philosophie, non, nous devons absolument tout dévoiler ! Ce qui n'est pas incompatible avec une certaine retenue, vis à vis de certaines personnes que l'on sait sensibles à telle ou telle chose, alors nous dérogeons parce que nos propos pourraient être source d'ennuis plus fâcheux que de ne rien dire, il faut au préalable, en quelque sorte, s'assurer que la personne désire connaitre la vérité, et non lui imposer.

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  • 3 semaines après...
Membre, 44ans Posté(e)
Seiyar Membre 39 messages
Forumeur Débutant‚ 44ans‚
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Salut deja-utilisee,

Désolé d'essayer de revenir à la définition de philosophe, mais on est obligé de partir de là pour répondre à la question. Selon moi, un philosophe est une personne qui a envie de comprendre et représenter des concepts de la même manière qu'un dessinateur pourrait représenter des paysages.

Le dessinateur va représenter un paysage en mettant en valeur les traits qu'il trouve pertinents, souvent les traits qui l'émeuvent le plus. Le philosophe, lui, cherchera non pas à transcrire une émotion mais une réalité qu'il a réussi à percevoir. Il cherche ainsi à représenter un concept de la manière la plus pertinente et la plus juste possible.

N'importe qui peut être philosophe dès lors qu'il a un peu de recul, de lucidité et d'honnêteté. Un philosophe n'est pas nécessairement un "sachant", de la même manière qu'un dessinateur n'est pas nécessairement un technicien du dessin.

Un bon philosophe est celui qui a assez de recul pour adopter plusieurs points de vue, assez de lucidité pour distinguer le vrai du faux, et assez d’honnêteté pour reconnaître qu'il fait fausse piste.

De la même manière qu'on fait appel au talent d'un dessinateur pour représenter une caricature, une fresque ou un tableau, on fait appel au talent du philosophe pour clarifier certains concepts, notamment lors des débats de société.

Il n'y a, selon moi, aucun lien avec la déontologie, du moins pas plus qu'avec n'importe quelle autre activité. Qu'en penses-tu?

Merci en tout cas pour cet échange d'idées.

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Membre, Posté(e)
nolibar Membre 1 194 messages
Forumeur survitaminé‚
Posté(e)

« La déontologie du philosophe »

C’est, tout simplement me semble-t-il, de mettre à la disposition de tous, les concepts qui lui semblent être vrais produits par sa pensée.

Par exemple : je suis un amas de cellules eucaryotes animé par des réactions chimiques qui me permettent d’interagir avec mon environnement pour m’en protéger, me reproduire et y puiser les éléments nutritifs et gazeux nécessaires au maintien des réactions chimiques qui m’animent.

Comme quoi, on est peu de chose finalement, non ?

Mais, bien sûr, ce n’est que l’opinion d’un non philosophe et donc oubliez ces billevesées.

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Membre, 44ans Posté(e)
Seiyar Membre 39 messages
Forumeur Débutant‚ 44ans‚
Posté(e)

Salut Nolibar,

Tu te dis non-philosophe, et tu viens pourtant de faire de la philosophie en "mettant à la disposition de tous un concept qui te semble vrai", pour reprendre tes termes.

Je trouve personnellement que c'est une bonne approche de repartir de zéro comme tu fais pour trouver la vérité car la science trouve sans cesse de nouvelles explications que n'avaient pas nos anciens philosophes. Donc il vaut mieux selon moi se baser sur notre propre avis plutôt que de nous référer sans cesse aux anciens philosophes qui n'avaient que peu de matière scientifique pour philosopher comparé à nous.

Pour étendre ton idée: De la même manière que nous vivons en symbiose avec des milliers de bactéries dans notre corps, ne serions-nous pas nous même des "bactéries" utiles à la Terre, qui elle serait un organisme vivant? Cette thèse (qui s'appelle l'hypothèse Gaïa) est celle qui aurait le plus de sens au vu des avancées scientifiques, et pourtant, on continue à avoir cette vision étriquée encore trop "anthropocentrique" (l'homme au centre de tout) en limitant notre vision a notre environnement immédiat et aux thèses religieuses.

Pour revenir au sujet, je persiste à penser que le philosophe n'a pas plus de déontologie à avoir qu'un caricaturiste (pour reprendre ma métaphore du post précédent), ou que tout autre personne ayant un impact médiatique.

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