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L'Inde et le Mahabharata

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Maroudiji

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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Le point de vue d’un moniste: "tout est Un mais différent à la fois".

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Pourquoi doit-il exister plusieurs religions en même temps? Parce que tout le monde ne peut

pas s’engager adéquatement sur la voie de la de libération suprême, la moksha. Mais par la

grâce de notre acharya (Sankara), la vérité suprême est perpétuellement disponible ; elle ne

disparaît jamais. Chez nous, par exemple, dans notre maison, nous avons accès à de l'eau à

plusieurs endroits mais elle n’est pas potable partout. Seulement au puits elle le sera ; seulement

au puits elle est pure. Ailleurs, non. Il y a aura toujours de l’eau impure. C’est comme ça. Ça

toujours été comme ça, sinon toute l’eau deviendrait impure. Il en va de même pour les mouvements

religieux. Par ces différentes manières d’adorer Dieu, on peut également atteindre à la libération,

mais cela prendra plus de temps, le progrès est lent. Le chemin enseigné par notre maître Sankara

acarya n’est pas sinueux, il va droit au but. C’est la différence majeure et cruciale qu’il y a avec

les autres religions. Car elles ne sont pas sans poser problèmes et difficultés, toutes choses

inhibantes dont l’individu peut se passer lorsqu’il est sérieux dans sa quête spirituelle.

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Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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vc8h.jpg

J'ai passé quelque temps avec ces deux personnes à Pushkar. Le jeune était un érudit et il voulait que

j'aille avec lui rencontrer son guru qui vivait quelque part au Kashmir. Ce que je n'ai jamais fait malgré ma promesse.

Les deux personnes sur la photo sont des shivaistes, adorateurs de Shiva, et des tenants du monisme de Sankara acharya.

Selon cette tradition, Sankara est un avatar de Shiva. Ce que j'ai écrit plus haut, c'est sa prêche. Ce jeune m'a

appris beaucoup de choses sur cette tradition. Voici une autre de ses envolées que je transpose partiellement ici.

« Prends l'exemple de l'ampoule, me dit-il, c'est pratique pour voir dans la pénombre, n'est-ce pas? Mais toutes les

ampoules réunies seront inutiles s'il n'y a pas l’œil pour voir. Seule la noirceur persistera. Allons plus loin, l’œil

peut être sain mais s'il n'y a pas le mental, les yeux ne verront rien, même s'ils sont ouverts. N'est-ce pas? C'est tout

à fait logique, continua-t-il dans le même souffle. De la même manière, le mental restera insensible à la lumière de

l'ampoule si la lumière de l'âme, du Soi, ne se reflète pas en lui. C'est seulement par l'effet de la lumière intérieure

que le mental est capable de penser. Si le mental pense, alors les yeux verront. Alors seulement les yeux verront la

lumière produite par les ampoules. Grâce au mental les yeux peuvent voir les objets inertes. Et c'est cette lumière

intérieure qui le permet et que l'on nomme la conscience. »

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Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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Là, je fais une parenthèse pour ceux qui nous lisent et se disent que notre exotique indien fait de la discrimination

religieuse : il considère les autres religions avec condescendance, pour dire le moins. Mais n’est-ce pas là le propre

des religions de penser que la sienne est la meilleure ou la seule qui puisse nous amener à Dieu? En d’autres mots,

a-t-il tort de croire ainsi ? Ne faudrait-il pas, au contraire, voir toutes les religions sur un même pied d’égalité au lieu

de les considérer comme des voies qui conduisent à Dieu, plus ou moins vite ou directement?

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Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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I_1206.jpg

« Cordonnier pas plus haut que la chaussure. »

C’est un concept matérialiste que de supprimer la hiérarchie et de déclarer que tout ce qui existe urbi et orbi

est égal. La science n’affirme-t-elle pas que les mouches seraient nos égaux? Que l’homme n’est nullement supérieur

aux animaux ou aux plantes ? Et si l’on pousse plus loin le raisonnement, ces matérialistes diront que les dieux ne

sont pas supérieurs aux hommes. Et plus loin encore, que Dieu n’est pas plus grand que les dieux en charge des éléments

matériels tels le vent, le feu, l’eau ou la terre. Donc, il n’y a pas une espèce animale meilleure qu’une autre ; il

n’y a pas d’hommes ou de maîtres meilleurs que d’autres ; il n’y a surtout pas d'hommes qui disent aux femmes comment

se comporter; (on fait cependant une exception pour les enfants, mais ce paradigme social est battu en brèche par l'enfant

roi); mariage homosexuel ou hétéro, c’est pareil. Aujourd’hui, il n’y a plus de civilisation meilleure qu’une autre; il

n’y a pas de religion préférable à une autre. Bref, tout est pareil; tout est Un; Dieu ou moi c’est kif-kif; la tribu qui

vit dans la forêt, toute nue, avec des arcs, et le peuple français, c’est kif-kif, il n’y a pas de différence réelle, sauf

un contexte, autre. C’est tout ! (La banquise dans le Nord et les plages ensoleillées dans le Sud, c’est pareil au fond,

ce n’est qu’une question d’adaptation. Qu'on s'adapte comme-ci ou qu'on s'adapte comme-ça, c'est du pareil au même ; d'une

façon ou d'une autre, c'est une adaptation. Ne pas s'adapter, c’est là que gît le lièvre ; on ne donne pas cher du résultat.

L’expression « cordonnier pas plus haut que la chaussure » est tout à fait en phase avec l’esprit de nos contemporains qui

appellent cette vision moderne de l’existence une pensée philosophique.

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Vitality Membre 46 messages
Baby Forumeur‚
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Merci pour toute la belle ampleur de ce dialogue qui a intensifié l'idée, chez moi, de vouloir me lancer dans la lecture du MBh. Par contre j'aurais bien souhaité avoir quelques renseignements sur les versions à privilégier dans un premier temps et en langue française (histoire de bien pouvoir saisir le sens, sans trop de difficultés et en y gardant la richesse et l'authenticité de la tradition initiale) ?

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Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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Bonjour Vitality. Je suis bien content que tu es pris plaisir à me lire. Je suis désolé de n'avoir pas pu te répondre plus tôt car je suis en voyage et ce n'est pas évident de venir sur le forum.

Je connais une version intéressante en Français de Madeleine Biardeau qui devrait faire ton affaire si tu es prêt à la lecture :-) Les deux tomes font 1000 pages chacun. Mais tu ne devrais pas le regretter. Quoi qu'il en soit, je suis disponible pour répondre à d'éventuelles questions.

Cela tombe bien parce que je suis en train de lire et d'écrire à ce sujet. Je n'ai pas beaucoup de temps et je colle sous peu mes réflexions là-dessus telles quelles de ce matin. Au plaisir de te lire.

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De retour comme promis:

Les Clés pour le Mahabharata

« Le Mahabharata, la grande épopée de l’Inde, est un monument littéraire pour le moins

déroutant : par ses dimensions d’abord... » Vous lisez là les premières lignes de ce nouveau

livre (2015) écrit par un auteur suisse. « Déroutant » pour signifier -je le cite- que ses

« qualités exceptionnelles et redoutables le desservent pourtant. Pratiquement nul "honnête

homme" de l’époque contemporaine, si féru soit-il de culture classique, si curieux soit-il

de découvrir des chef-d’œuvres littéraires, si avide de sagesse orientale, n’en a lu plus que

de brefs résumés. » Voilà, tout est dit. Malgré cela, le préjugé positif qui veut que l’homme

ou la femme intelligent cherche à savoir à tout prix de quoi sont fait l’histoire, la vérité

et les grandes civilisations demeure une force obscure bien ancrée dans nos esprits. La réalité,

cependant, est en train de nous rattraper car de rares personnes comme Dominique Wohlschlag

défrichent ce « monument » pour que son contenu soit accessible non seulement à « l’honnête homme »

mais à tous; ce qui rend l’ignorance presque délibérée de ce must du savoir, le Mahabharata, plus

difficile à justifier.

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  • 3 semaines après...
Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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Voici ce que j’ai écrit hier, dans le train, alors que je traversais la France pour me rendre

en Allemagne en passant par la Lorraine.

Je rajouterai certainement d'autres informations à ce texte...

Je rappelle que j’écris mes textes du mieux que je peux et que je choisis un site et un forum particulier pour le publier.

Ensuite je le relis et l’édite pour mon blog et ma page Facebook. Ces explications pour ceux qui n’ont rien d’autre à faire

que d’aboyer pendant que la caravane passe.

646i.jpg

Dieu, en chair et en os

« Dès que l’on veut s’instruire sur la vie humaine, ce qu’on dit, absurde ou non, doit être premièrement laissé dans son état naïf, qui vaut cent fois mieux qu’un arrangement vraisemblable, dont vous ne tirerez que des lieus communs. Alain, Les Dieux

Je suis arrivé vers la fin du livre de Dominique Wohlschlag, au chapitre 12 : « La ruse dans le Mahabharata, marque de l’âge de Kali ». Avant de lire ma réaction à ce propos, je voudrais signaler que j’ai bien aimé ce livre, malgré que, paradoxalement, ce ne soit pas de mon goût. Je vous en donne la raison par cet extrait tiré de la page 137.

« Dans de nombreuses occasions, surtout lors de la bataille décisive, Krsna, (sic) c’est-à-dire l’avatar, la divinité suprême incarnée, exhorte ses compagnons à employer des moyens que la morale, et notamment le code de conduite des ksatriyas, réprouve. »

Vous avez là une des pierres d’achoppement qui nuit à la compréhension du Mahabharata et, bien sûr, à celle de Krishna en tant que Dieu, la personne suprême. (Je ne tiens pas compte de l’aspect moral posé ici, à tort ou à raison.)

Ce passage met en évidence l’erreur de l’auteur qui ne perçoit pas l’ampleur et la profondeur de l’œuvre qu’il a étudiée. Les raisons de cette difficulté, je les imagine : il doit ou être athée ou, à l’instar de Georges Dumézil, amoureux éperdu de la Grèce, il n’éprouve pas d’attraction pour l’Inde et sa culture millénaire. Ou il est chrétien, ce qui le limite dans ses recherches vu la distance, pour user d’un euphémisme, que les trois monothéismes ont entretenue avec assiduité envers les idolâtres et les païens, termes avilissant et rejetable qu’emploient ces traditions religieuses avec aplomb pour désigner les croyants hindous. Ou serait-ce dû à la grille de lecture à partir de laquelle il interprète symboliquement les faits ? Ce faisant, il a recours à des spéculations réductrices au lieu de se restreindre avant tout à une lecture littérale, telle que présentée par Vyasa. Ce dernier a donné au Mahabharata une dimension littéraire exceptionnelle qui lui a permis de traverser les âges jusqu’à nous (5000 ans, n’en déplaise aux spécialistes).

Krishna, Dieu, ne s’incarne pas. Dieu l’explique lui-même dans la Bhagavad-gita : seuls les envieux, les athées ou ceux dont l’intelligence est altérée par les désirs matériels pensent ainsi. La Bhagavad-gita constitue la clé principale du Mahabharata. Pourquoi Dominique Wohlschlag n’a-t-il pas pris en compte cette révélation essentielle ? Comment un sanskritiste et indianiste de sa trempe -et il n’est pas le seul à se fourvoyer de la sorte-2 ne sait-il pas que la naissance de Krishna, telle que décrite abondement dans les Puranas et autres textes notoires3, est extraordinaire, spirituelle, que sa descente en ce monde n’est pas prosaïque ? Qu’il n’est pas dépendant d’un père et d’une mère pour se manifester ici-bas ? Que ses divertissements sont des lilas ?4 Le sanscritiste qu’il est, sait-il faire la différence entre des avatars tels que Vyasa, Gautama Bouddha ou, disons, Jésus-Christ et Krishna ? Que faut-il donc penser de ce qu’il écrit : « Krsna, c’est-à-dire l’avatar, la divinité suprême » ? Que signifie pour lui, Dieu ou le vocable suprême ? Un pur symbole transcendantal qui tombe sous les influences de la nature matérielle dès qu’il arrive sur Terre sous les traits d’un être humain ? Pense-t-il vraiment, après s’être imprégné des enseignements du Mahabharata que Dieu est contraint de s’incarner dans un corps de chair et d’os, de sang et de pus, s’il désire agir personnellement parmi les hommes ? C’est exactement le contraire que le Mahabharata s’efforce de nous transmettre comme réalité ! Cette dernière n’a rien à voir avec nos conceptions matérielles et grossières. Mais il est si difficile pour les spécialistes de se fier avant tout aux explications des écritures védiques –de leur laisser le dernier mot, alors même que Wohlschlag s’engageait à le faire comme annoncé dans en introduction. Ils préfèrent les interpréter et faire concorder leurs données avec leur propre savoir. Les écritures védiques ont beau expliquer en long et en large que Krishna est le Rusé suprême, ils n’y voient que du feu et s’imaginent qu’il est un homme ordinaire. En réalité, ils n’ont qu’une piètre qualification pour commenter le Mahabharata. Que dire d’en fournir les clés !

« Mais ici, j’exagère un peu. Toute la clef des religions, c’est ce vide effrayant qui se trouve derrière les métaphores ; et la crainte de ce vide s’explique premièrement par les vues naturelles à l’enfance, qui toute notre vie, nous poussent à animer la nature. L’invisible, considéré physiologiquement, est le Dieu des Dieux. » Alain

PS. La photo provient d'un dictionnaire Larousse des années 80

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Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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Ça tombe bien, je viens tout juste de répondre à un message à propos de l'intelligence sur l'autre fil

"L'athéisme n'est que du bluff".* Et durant cet exercice démonstratif, lorsque Michel Onfray écrivait

sur les poètes qui aiment le vin, j'avais mentionné que je retrouverai un passage tiré du livre des "Clés

du Mahabharata". Le voici, il permet de prendre la mesure du problème, au lieu de tourner en rond, comme je

l'écrivais (après ça, je vous publie, à la suite, le passage en question).

Des poètes du vin, bien évidemment, et non des poètes sobres et clairs à la recherche du temps védique,

celui qui nous permet de sortir de notre paradigme ringard, sanglant et usé jusqu’à la corde. Là, on y tourne

en rond : des Grecs, aux Romains, de la Mésopotamie aux Juifs, des chrétiens aux musulmans, en marchant fièrement

sur le ventre de la civilisation hindoue.

Il importe de ne pas confondre les notions de buddhi et de manas, que l’on pourrait traduire par intelligence et raison.

« La première de ces facultés est transcendante par rapport à la seconde [---] On peut aussi dire que l’intelligence a

son siège dans le cœur et la raison dans le front. La buddhi, l’intelligence ou l’intellect, est le lieu du choix, c’est-à-dire

du libre arbitre qui permet à l’homme de participer au divin et de donner sa pleine valeur à la condition humaine. Le manas, la

raison, agit, par contre, sur le plan mental, en liaison avec les informations que fournissent les cinq sens… Ainsi, il ne manque

pas d’hommes fort habiles à raisonner, mais dont l’intelligence cardiaque reste atrophiée, tandis que d’autres, certains saints

notamment, sont suprêmement « intelligents » tout en restant très limités sur le plan du raisonnement combinatoire. » page 99

* J'en demande beaucoup parce que cet axiome, que j'ai lancé comme un pavé dans la mare, est une pierre

d'achoppement grande comme une montagne pour les athées sur ce site. Ils ne comprennent pas, ou font

semblant de ne pas comprendre (accordons-leur ce défaut pour les tirer de l'embarras) et cela malgré

le sous-titre -Réflexion sur Dieu (qui n'existe pas, selon eux)-, la parenthèse et les explications

que j'en ai donnés. Par conséquent,souhaiter la définition de l'intelligence de leur part, cela me paraît

beaucoup leur demander.

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  • 3 semaines après...
Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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ob_51d442_livre-philosophes-arabes-benmakhlouf.jpg

Je mentionnai récemment ce livre ici sur un autre fil de discussion, celui du marocain Benmakhlouf.

Je voudrais en parlais davantage ici. D'abord, pour expliquer que si je dis que c'est un bon livre,

je peux avec la même encre déclarer que l'auteur n'est pas objectif dans sa façon de décrire

l'histoire des idées. Il reproche aux Européens de ne pas avoir pris en compte l'apport des

philosophes arabes dans le développement des idées mais je peux l'accuser du même défaut pour sa

manière d'avoir occulté une réalité incontournable, celle par exemple Al-Biruni, un savant des plus

important dans la galaxie des philosophes et des scientifiques du Moyen-Ages arabo-musulmans. Peut-

être parce qu'il s'était opposé beaucoup au grand Avicenne, son contemporain, et à Aristote, deux personnages

dont Benmakhlouf vantent au plus haut point les mérites. En fait, je considère Al-Biruni supérieur

en connaissance et bien plus pragmatique que les philosophes qui suivront. Je vous en dirai plus à son

sujet plus tard. Pour l'instant je voudrais simplement souligner qu'il est le premier intellectuel du

monde "arabe" à avoir traduit le Mahabharata. Ce qui en dit long sur l'esprit et l'intelligence d'Al-Biruni.

Al-Biruni_5.jpeg

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Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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« La vie de l’homme et la vie du monde, écrivait Jacques Berque dans son livre Arabies, serait pour ainsi dire placées

sous une cloche pneumatique où Dieu, à tous les instants, devrait insuffler l’actuel. Oui, l’histoire serait placée sous

un poumon d’acier. » Il y a de tout cela, certes, mais Berque « suspecte les théologiens de n’exprimer qu’une part des

réalités. […] Il est vrai que les penseurs arabes n’ont pas encore trouvé de Michel Foucault. »

À cela, Benmakhlouf lui répond : il « semble avoir oublié la figure d’Ibn Khaldûn. Celui-ci a bien su explorer les

rationalités discursives et historiques, loin de la pratique des théologiens. » Michel Foucault, voilà quelqu’un

d’important dans ce livre et dont le nom courre tout au long des chapitres. Il est un maître à penser pour Benmakhlouf,

en tout cas une référence importante comparable à ce philosophe arabe qu’était Ibn Khaldûn. Si je me trompe, qu’on

me le dise. P. 180

mar456.jpg

Timbre marocain

Tout d’abord une explication sur ce philosophe, puis nous reviendrons sur tous les problèmes que causent ces énoncés.

« Épistémiquement, écrit l’auteur, page 174, Ibn Khaldûn est un fin lecteur des commentaires sur la logique d’Aristote.

[…] Ibn Khaldûn connaissait par ailleurs les commentaires auxquels La République de Platon a donné lieu. » Et j’extrais

une citation attribuée à ce philosophe maghrébin de Tunis : « L’histoire est un art où les savants et les ignorants se

retrouvent au même niveau. » (178)

Ce qui ressort donc de tout cela, c’est que les philosophes arabes du Moyen-Âge étaient persuadés que les Grecs savaient

mieux que quiconque en quoi consistait l’Univers. Nous leur pardonnons cette ignorance vu l’époque, mais cette naïveté

est loin d’avoir disparu avec Ali Benmakhlouf, nous le démontrerons. Car il ne s’agit pas de connaissance, en vérité,

mais de dogme. Car la connaissance a toujours été disponible pour le penseur honnête à sa recherche. Voire l'historien perse

al-Biruni qui connaissait bien l'Inde et sa civilisation.

Tout le long de son livre, Ali Benmakhlouf évite soigneusement de parler de l’Inde, comme si cette culture millénaire

n’avait pas débattu de cosmogonie... Il fait comme si l’Inde n’avait jamais produit de philosophe, de poète, de

science, d’écriture, de Révélation, de religion, de saint, de logicien, de théoricien, d’athée, d’astrologue, de magicien,

de sorcier, d’écrivain ; il ignore délibérément les créations de ce peuple intelligent qui s’est distingué en matière de

médecine, de chirurgie, d’agriculture, d’habillement, d’art, de musique, de danse, de théâtre, de sculpture, de cuisine,

d’architecture, de sport, de politique ; il fait comme si la dévotion à Dieu, le bouddhisme, le monisme, l’érotisme, l’hédonisme,

les drogues, le yoga, les Universités, la démocratie, l’homosexualité, etc., etc., n’avait jamais existé durant l’antiquité

ou que leurs importances étaient telles, si insignifiantes, qu’elles ne méritent pas d’être reconnues, mentionnées, qu’elles

n’ont jamais pesées sur le poids de l’histoire. Et il donne comme sous-titre à son livre : L’héritage oublié !

ob_6a316e_livre-philosophes-arabes-benmakhlouf-2.jpg

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Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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La logique de l’enfant appelé Padma-Locan (fleur de lotus).

Plus sérieusement, les Bengalis ont un proverbe qui met en lumière ce leurre sémantique et qu’on nomme en

sanskrit vimukta maninah; ils appellent ça la logique de l’enfant aveugle du nom de Padma-Locan. Le proverbe

décrit l’amour d’une mère pour son enfant aveugle; elle l’appelle « celui qui a des yeux pareils au lotus »

comme la forme des pétales de fleur de lotus. En fait, ce sont les yeux de Krishna que l’on désigne ainsi. On

pardonne tout naturellement une mère, pour cette manière d’appeler son enfant, cette affection qu’elle lui manifeste.

Les Bengalis usent de ce proverbe pour critiquer les philosophes (mayavadis) qui pensent pouvoir, par leur jeu de

mots, tromper la réalité, Maya, l’énergie de Dieu, cette l’illusion qui les gardent emprisonnés ici bas. Ainsi ces

spiritualistes font l’économie de la soumission à Dieu. Ce faisant, ils sautent artificiellement les étapes. Par

exemple, on veut donner de l’importance à une personnalité politique comme Gandhi, alors on colle à son nom le

titre honorifique de Mahatma, qui signifie "grande âme" et que l’on attribue habituellement à des saints qui ont

voué leur vie à Dieu, et non à un politicien, aussi populaire soit-il.

39-radha-krishna-a.jpg

Radha et Krishna, celui qui a des yeux pareils au lotus

L'homme absurde

« Un jour vient et l'homme constate qu'il a trente ans. Mais du même coup, il appartient au temps

et, à cette horreur qui le saisit, il y reconnaît son pire ennemi.» A. Camus

Je vous ai parlé des jeux de mots que les positivistes (matérialistes) utilisent pour impressionner et qui sont en

fait des coquilles vides, ils n’ont aucune puissance intrinsèque et ne servent qu’à faire du bruit, pour le dire

de manière ludique, comme le crapaud qui croasse pour appeler sa belle mais qui donne au serpent un signe pour le

localiser et le manger tout cru. Ils suent sang et eau pour faire de ce monde un paradis, sans se rendre compte qu’ils

vivent en enfer, à l’instar du canari qui siffle dans sa cage dorée ; même si on lui ouvre la porte, il y reviendrait.

Par contre, dans le domaine spirituel, il en va tout autrement. On part a fortiori du principe qu’avec une foi indéfectible

un cul-de-jatte peut traverser des montagnes, un aveugle voir des étoiles dans le ciel et un illettré composer des poèmes.

On n’est plus dans le registre du matérialisme. Quand on dit pomme, ce n’est qu’un mot. Le fruit, la pomme, en est distincte.

Dans la dimension spirituelle, telle que l’entendent les Védas, un mot n’est pas différent de son objet. En outre, le propos

dont je vais me servir pour illustrer mon exemple est tiré du Ramayana. L’histoire se passe donc il y a des centaines de milliers

d’années. Alors, il n’y a pas photo. Mais nous verrons cela plus tard, je veux d’abord continuer avec ma critique du livre d’Ali

Benmakhlouf.

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Claire 12 Membre 650 messages
Baby Forumeur‚
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Bonjour, je suis nouveau et c'est mon premier message.

Comme vous allez le constater je suis un passionné de l'Inde antique et de ses religions.

En Inde on voit pauvreté, abominations en tout genre ...

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Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
Posté(e)

Le hasard et l’accident

Le grand historien Ibn Khaldûn : « La connaissance de l’invisible et les pouvoirs que peuvent avoir les

soufis sont purement fortuits. » Et vlan, dans la tranche des soufis !

soufis.jpg

Ou quand Benmakhlouf écrit sur le travail de cet historien : « Mention est faite, aussi des ascètes comme yogi

et soufis : les uns font mourir en eux les puissances corporelles par exercice continu, les autres visent à goûter

la connaissance et l’unicité mais c’est purement par accident s’ils parviennent à connaître l’invisible. » (C’est

moi qui souligne.)

Préjugés, préjugés, encore des préjugés. La philosophie vous ronge les ailes d’un ange.* Conséquence d’une mauvaise

foi ou serait-ce simplement de l’ignorance ? Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. Où en est aujourd’hui

la philosophie arabe ? Il faut savoir que les yogis ne font pas mourir les puissances corporelles, ils les réduisent

au silence, ce qui est fort différent. Si l’on veut noyer le poisson, c’est-à-dire embrouiller les choses pour faire

l’économie d’une explication, on met tout dans le même panier, on ne discerne aucune distinction ou nuance : ni dans

le temps, ni dans l’espace géographique, ni dans l’histoire, ni dans les traditions, ni dans les enseignements.

Youngnityananda.jpg

Souvent un yogi pratique des ascèses temporairement. Il peut décider par la suite de les interrompre pour retourner

à la vie sociale et de se marier. Alors ses « puissances corporelles » sont à sa disposition, ces désirs ne sont pas

morts. Il ne s’est pas transformé en zombi. En outre, cette idée de « pur accident » qui permettrait de connaître

« l’invisible » est une conception franchement naïve. Je me demande qui peut croire à cette loterie métaphysique sinon

les athées ? Pour un vrai croyant, Dieu ne joue pas aux dés et l’Univers ne s’est pas construit par accident ou par

hasard. Encore moins une rencontre avec Dieu. De telles idées sont des enfantillages. Dieu sait ce qu’il fait. Pas un

brin d’herbe ne bouge sans sa volonté. Reste à définir cet invisible. Mais les poètes et les philosophes ont compris

que plus leur message est opaque et mystérieux, plus il sera pris au sérieux.

*John Keats

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vesto Membre 1 578 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Combien de personnes ,grâce aux milliers de pages des livres dit "sacrés" ,ont trouvé le chemin de la réalisation du soi ? Un alpiniste gravit les pentes d'une montagne pour atteindre son sommet. Ayant atteint son but, il voit qu'il pourrait encore aller plus haut ,malheureusement ,il n'y a plus de chemin ni de pente pour continuer.

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Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
Posté(e)

Vous posez les questions et vous y répondez.

Vous ne savez pas mais vous avez la réponse.

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Membre, Posté(e)
vesto Membre 1 578 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Je ne réponds pas, j'attends avec impatience et surtout curiosité ,les réponses de ceux qui se sont plongée dans les écrits dits "sacrés" . Des millions de gens ont lu la Bible, le Coran, la Thora et j'en passe

…est-ce que ses écrits ont permis à beaucoup de se libérer du mental et à faire émerger la ,pleine conscience ? Des dizaines de siècles de ces lectures n'ont pas fait évoluer le mental collectif ,on se tue allègrement au nom de ces écrits ,car ils formatent les esprits ,divisent les hommes .

Comme disait Krishnamurti "comment à t'on fait pour en arriver là ?" Le mental veut donner une explication à l'inexplicable ,alors il brode, met en scène des histoires censées ouvrir la conscience , le résultat est faible et la récolte insignifiante, pire… même parfois improductive ,lorsque des esprits prennent pour argent comptant des paroles couchées sur papier qui promettent des récompenses célestes à ceux qui appliqueront les préceptes , issue de l'imagination de personnes ,qui se veulent des porte- paroles divins et qui parfois ne sont que des psychotiques .

Modifié par vesto
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Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
Posté(e)

Je ne réponds pas, j'attends avec impatience et surtout curiosité ,les réponses de ceux qui se sont plongée dans les écrits dits "sacrés" . Des millions de gens ont lu la Bible, le Coran, la Thora et j'en passe

…est-ce que ses écrits ont permis à beaucoup de se libérer du mental et à faire émerger la ,pleine conscience ?

On ne parle pas de monothéisme mais de Védas, en l'occurrence du Mahabharata.

Tu dis attendre... Que les autres, ceux qui ont lu, te réponde.

As-tu lu un de ces livres qui offre une libération ?

Crois-tu réellement qu'il suffit de lire pour obtenir un tel résultat ?

À part Krishnamurti, connais-tu d'autres spiritualistes hindous ?

Que penses-tu de Krishnamurti, a-t-il bénéficié de ce savoir ou non ?

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vesto Membre 1 578 messages
Baby Forumeur‚
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On ne parle pas de monothéisme mais de Védas, en l'occurrence du Mahabharata.

Tu dis attendre... Que les autres, ceux qui ont lu, te réponde.

As-tu lu un de ces livres qui offre une libération ?

Crois-tu réellement qu'il suffit de lire pour obtenir un tel résultat ?

À part Krishnamurti, connais-tu d'autres spiritualistes hindous ?

Que penses-tu de Krishnamurti, a-t-il bénéficié de ce savoir ou non ?

Page 49 du livre de la méditation et de la vie de Krishnamurti :

« La séparation entre dieu ou la réalité et vous-même,vient de vous, de l’esprit qui se raccroche au connu, aux certitudes, à la sécurité .cette séparation est un abîme infranchissable qu’aucun rituel, aucune discipline, aucun sacrifice ne peut vous permettre de franchir ; il n’y apas de maître, de sauveur de gourou qui puisse vous conduire au réel ou faire disparaître cette séparation.la division n’est pas entre le réel est vous ; elle est en vous-même. »

Vivekananda dit que le silence était la forme de prière la plus sonore.

Le Maharshi aussi l’annonce : le silence intérieur avec la recherche du « Je » est le plus grand moyen d’atteindre la libération.

Ne soyons pas comme Origène qui s’émascule devant ses élèves pour montrer qu’il ne voulait pas qu’on le considère comme un pécheur, suite à des accusations de fornications.

Le danger de tous ces livres, c’est que n’importe qui peut les lire et les interpréter à la lettre et cela conduit a des horreurs comme lorsqu'on crevait les yeux des impie ; puisque il était dit que si les yeux était sources de péchés il valait mieux les crever et si la main en était la source il fallait la couper, du pain bénit pour justifier l’inquisition.

Dalida à pourtant reçu l’enseignement de Prajnanpad, le gourou D’Arnauld Desjardins, cela ne l’a pas empêché de se suicider .Les lamas refusent de manger de la viande, alors que la grande Ma ananda Mayi en rigole et annonce qu’on peut manger n’importe quoi du moment qu’on le consacre à Dieu.

Dans le grand super marché de la spiritualité on peut tout y trouver et pourquoi pas tout justifier n’est-pas les Daechiens ?

Ceci étant dit on peut faire des recherches sur ces fameux écrits, mais penser que l’on va découvrir la vérité et l’illumination en les apprenants par cœur est illusoire.

Judy a annoncé qu’il fallait se libérer de toutes les autorités religieuses, politiques ,athéistes, car elles ne font que renforcer le conditionnement, obstacle majeur pour la naissance du nouvelle homme

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