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Quand le président des riches s'invente candidat du peuple


pascalin

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Membre, le corps sur Terre, l'esprit ailleurs , 54ans Posté(e)
pascalin Membre 15 340 messages
54ans‚ le corps sur Terre, l'esprit ailleurs ,
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Quand le président des riches s'invente candidat du peuple.

Nicolas Sarkozy, dans une ultime rouerie de camelot doué, enfile les habits du candidat du peuple, qu'il avait remisés depuis sa croisière sur le yacht de Vincent Bolloré, sur lequel il embarqua le 7 mai 2007, dès le lendemain de son élection à la présidence de la République.

La détermination avec laquelle la métamorphose est menée est à la mesure du nombre de voix à

récolter : les ouvriers et les employés représentent encore 52 % de la population active ayant un emploi. Or, ils ne votent plus guère. Ils se sentent exclus du jeu politique, l'absence de députés issus de leurs rangs étant totale. Ainsi 79 % des ouvriers n'ont pas voté aux élections régionales de 2010. Il y a là des réserves de voix à exploiter.

Le président Sarkozy étant omniprésent sur les écrans de la télévision, où sont diffusés à foison ses messages fumigènes, une annonce chassant l'autre, la saturation est permanente. Une surabondance qui ne facilite guère la réflexion, d'autant que les scandales touchant son entourage et ses vicissitudes familiales ont ajouté à la diversion.

Les électeurs se souviendront-ils seulement du slogan de la campagne de 2007, qui promettait de

gagner plus à ceux qui travailleraient plus ? Aujourd'hui beaucoup ne travaillent plus du tout et fréquentent assidûment Pôle emploi. Ce qui n'empêche pas l'ancien maire de Neuilly de brandir l'étendard du mérite, du travail, contre une finance vilipendée pour ses dérives spéculatives.

Curieuses charges, qui rappellent les paradis fiscaux voués aux gémonies, l'annonce de leur quasi-disparition ayant été faite juste avant la réunion du G20 à Pittsburgh, sur TF1 et France 2, en septembre 2009. "Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c'est terminé. Et je me battrai à Pittsburgh, demain, pour qu'il y ait des sanctions." Sans doute y avait-il un énorme travail à

faire puisque ses amis du Fouquet's disposent encore, comme Bernard Arnault avec son groupe LVMH, de plusieurs dizaines de filiales dans les paradis fiscaux.

Le mépris du président-candidat vis-à-vis du peuple de France est tel qu'il n'hésite pas à

dire, pensé ou mimé, ce qu'il pense susceptible de lui faire gagner des voix populaires. La supposée naïveté du peuple contribue encore à sa disqualification sociale et à sa stigmatisation. La volte-face lexicale du chef de l'Etat, soudain métamorphosé en candidat du peuple, ajoute de la souffrance psychologique aux difficultés de la vie quotidienne.

Le brouillard idéologique diffusé depuis le sommet de l'Etat crée une violence symbolique bien difficile à

mettre en mots pour ceux qui la subissent. Le temps de cerveau disponible, grâce à l'intrusion à domicile des chaînes de télévision, est désormais conçu pour que le peuple capte la communication publicitaire des responsables politiques asservis aux financiers et aux marchés spéculatifs à travers un mot, un slogan à consommer, mais qui ne seront jamais contestés parce que repris sans en prendre conscience par le spectateur annihilé par la boîte à images.

Des consommateurs, oui, mais des citoyens responsables et critiques, certainement pas. Une démocratie sans doute, mais sans représentants du peuple, issus des milieux populaires, dans les assemblées parlementaires. Le droit de vote, oui, mais sans la reconnaissance du vote blanc dans les suffrages exprimés. Le référendum, oui, mais à condition de

pouvoir ne pas en respecter les résultats s'ils ne sont pas ceux souhaités.

Qui d'autre que

Nicolas Sarkozy a renié le non massif du référendum de 2005 sur la Constitution néolibérale pour l'Europe ? Pourquoi n'a-t-il pas soumis le traité de Lisbonne à référendum ? Pourquoi n'a-t-il pas eu recours au peuple souverain sur la prétendue "règle d'or" budgétaire qu'il a lui-même gravement bafouée ?

Un référendum sur l'indemnisation et la formation des chômeurs, c'est du pain bénit pour son machiavélisme politique. Après

avoir asséné que les chômeurs et les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) ne sont que des assistés, voire des fraudeurs, pour mieux dissimuler que les véritables assistés et les véritables fraudeurs sont dans les beaux quartiers, le résultat risque de sonner le glas des protections sociales.

Bien sûr, il y a la fausse colère, pour la galerie, contre les retraites chapeaux et les parachutes dorés des dirigeants déjà gavés. Comment

faire confiance à un revirement aussi spectaculaire ? Les visites aux ouvriers menacés dans leurs emplois, on les a déjà vues il y a cinq ans. Cette politique spectacle n'est que fantasmagorie, et le peuple français, échaudé, devrait ne pas s'y laisser reprendre. D'autant qu'un second mandat de Nicolas Sarkozy serait lourd de menaces pour les services publics. Les profits de ses amis du Fouquet's qui se cachent derrière les mots du comptable en chef, compétitivité, croissance et investissement, balaieront le smic et les droits des travailleurs. Le candidat (autoproclamé) du peuple, élu ou pas, n'aura vécu que le temps d'une campagne électorale.

Source : Le Monde

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