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chirona

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Invité Etaine
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Invité Etaine
Invité Etaine Invités 0 message
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Chopin

Chopin, mer de soupirs, de larmes, de sanglots

Qu’un vol de papillons sans se poser traverse

Jouant sur la tristesse ou dansant sur les flots.

Rêve, aime, souffre, crie, apaise, charme ou berce,

Toujours tu fais courir entre chaque douleur

L’oubli vertigineux et doux de ton caprice

Comme les papillons volent de fleur en fleur ;

De ton chagrin alors ta joie est la complice :

L’ardeur du tourbillon accroit la soif des pleurs.

De la lune et des eaux pale et doux camarade,

Prince du désespoir ou grand seigneur trahi,

Tu t’exaltes encore, plus beau d’être pali,

Du soleil inondant ta chambre de malade

Qui pleure à lui sourire et souffre de le voir…

Sourire du regret et larmes de l’Espoir !

Marcel Proust

 

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Membre, 52ans Posté(e)
Globure Membre 5 858 messages
Maitre des forums‚ 52ans‚
Posté(e)

Un à un
les rêves viennent mourir sur la page
Ils se sont donné le mot
ils viennent de partout
pour mourir sur la page
comme les éléphants dans leur cimetière
J’assiste à leurs convulsions
ne peux tendre un verre d’eau
je les regarde pour la première fois
pour la dernière fois
avant de les envelopper dans le suaire de mes mots
et les déposer sur la barque menue
qui fut jadis leur berceau
Le courant les emporte
et bien vite me les ramène
comme si le large n’était pas là-bas
mais ici sur la page

 

Abdellatif Laâbi

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

 

La beauté

Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,

Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,

Est fait pour inspirer au poète un amour

Éternel et muet ainsi que la matière.

 

Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris ;

J'unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes ;

Je hais le mouvement qui déplace les lignes,

Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

 

Les poètes, devant mes grandes attitudes,

Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,

Consumeront leurs jours en d'austères études ;

 

Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,

De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :

Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !

Charles BAUDELAIRE

 

 

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Invité Etaine
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Invité Etaine
Invité Etaine Invités 0 message
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Quand le ciel étoilé couvre notre demeure

Quand le ciel étoilé couvre notre demeure

Nous nous taisons durant des heures

Devant son feu intense et doux

Pour nous sentir, plus fervemment, émus de nous.

Les grands astres d'argent tracent là-haut leur route ;

Sous les flammes et les lueurs

La nuit étend ses profondeurs

Et le calme est si grand que l'océan l'écoute !

Mais qu'importe que se taise même la mer,

Si dans l'espace immense et clair

Plein d'invisible violence

Nos cœurs battent si fort qu'ils font tout le silence !

Émile Verhaeren

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

L’Offrande à la nature

 

Nature au cœur profond sur qui les cieux reposent,
Nul n’aura comme moi si chaudement aimé
La lumière des jours et la douceur des choses,
L’eau luisante et la terre où la vie a germé.

La forêt, les étangs et les plaines fécondes
Ont plus touché mes yeux que les regards humains,
Je me suis appuyée à la beauté du monde
Et j’ai tenu l’odeur des saisons dans mes mains.

J’ai porté vos soleils ainsi qu’une couronne
Sur mon front plein d’orgueil et de simplicité,
Mes jeux ont égalé les travaux de l’automne
Et j’ai pleuré d’amour aux bras de vos étés.

Je suis venue à vous sans peur et sans prudence
Vous donnant ma raison pour le bien et le mal,
Ayant pour toute joie et toute connaissance
Votre âme impétueuse aux ruses d’animal.

Comme une fleur ouverte où logent des abeilles
Ma vie a répandu des parfums et des chants,
Et mon cœur matineux est comme une corbeille
Qui vous offre du lierre et des rameaux penchants.

Soumise ainsi que l’onde où l’arbre se reflète,
J’ai connu les désirs qui brûlent dans vos soirs
Et qui font naître au cœur des hommes et des bêtes
La belle impatience et le divin vouloir.

Je vous tiens toute vive entre mes bras, Nature.
Ah ! faut-il que mes yeux s’emplissent d’ombre un jour,
Et que j’aille au pays sans vent et sans verdure
Que ne visitent pas la lumière et l’amour…

Anna de Noailles, Le Cœur innombrable, 1901

d4yd.jpg

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Membre, 52ans Posté(e)
Globure Membre 5 858 messages
Maitre des forums‚ 52ans‚
Posté(e)

La nuit me mord
de son croc
et mon cou saigne.

Dessous les pierres
le scorpion
danse et redanse.

Lente, la pluie
s'achemine
jusqu'à la chambre.

L'escalier sombre
du désir
n'a pas de rampe.

 

Maria Mercè Marçal

 

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
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Posté(e)

Pourquoi je bois ?

 

Pourquoi je bois ?
Pour pouvoir écrire de la poésie.

Parfois lorsque tout est diffus
et que toute laideur s’efface
en un profond sommeil
Il y a un éveil
et tout ce qui demeure est vrai.
Tandis que le cœur est ravagé
l’esprit se fortifie.

Pardonne-moi mon père car je sais
ce que je fais.
Je veux entendre le dernier poème
du dernier Poète.

 

Jim Morrison

The End

 

Voici la fin, mon bel ami,
Voici la fin, mon seul ami, la fin
de nos plans élaborés, la fin
de tout ce qui a un sens, la fin,
ni salut, ni surprise, la fin.
Je ne te regarderai plus dans les yeux, jamais.
Peux-tu imaginer ce que nous deviendrons,
sans limite, ni entrave,
désespérément avides de quelques mains étrangères
dans une contrée désespérée ?

Perdus dans un désert romain de souffrance,
et tous les enfants sont devenus fous,
tous les enfants sont devenus fous,
dans l’attente de la pluie d’été.

Les abords de la ville sont dangereux,
prends la grande route royale.
Scènes étranges au fond de la mine d’or ;
prends la grande route vers l’Ouest, baby.
Chevauche le serpent, chevauche le serpent
vers le lac, le lac antique.
Le serpent est long, sept miles ;
chevauche le serpent, il est vieux
et sa peau est froide.
L’Ouest est ce qu’il y a de mieux,
L’Ouest est ce qu’il y a de mieux,
Viens ici et nous ferons le reste.
L’autobus bleu nous appelle,
L’autobus bleu nous appelle.
Chauffeur, où nous emmènes-tu ?

Le meurtrier s’éveilla avant l’aube,
il chaussa ses bottes,
il emprunta un visage à la galerie antique,
et il marcha le long du vestibule.
Il alla dans la chambre où vivait sa sœur,
et puis il rendit visite à son frère,
et puis il marcha le long du vestibule.
Et il parvint à une porte,
et il regarda à l’intérieur,
« Mon père ? »
« - Oui, mon fils ? »
« Je veux te tuer »
« Ma mère, je veux te ‘… baiser’

Viens, baby, tente ta chance avec nous,
Viens, baby, tente ta chance avec nous,
Viens, baby, tente ta chance avec nous,
et retrouve-moi à l’arrière de l’autobus bleu …

Voici la fin, mon bel ami,
Voici la fin, mon seul ami, la fin.
Cela me peine de te laisser partir mais
tu ne me suivra jamais.
la fin du rire et des doux mensonges,
la fin des nuits où nous avons voulu mourir,
voici la fin.

 

Jim Morrison

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Membre, 52ans Posté(e)
Globure Membre 5 858 messages
Maitre des forums‚ 52ans‚
Posté(e)

Et toi ne dis pas
que je perds le sens et le temps
de ma vie –
si je cherche dans le sable
le soleil et les pleurs
des mondes –
si je jette dans les choses mon âme
la plus grande –
et crois à d’immenses magies.

 

Antonia Pozzi

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Membre, 52ans Posté(e)
Globure Membre 5 858 messages
Maitre des forums‚ 52ans‚
Posté(e)

@Yemaia
@Lowy..

 

Debout encore

dans la lumière commune
des jours sans grain

les poèmes aimés viennent
comme une autre lumière
plus vraie et trouant le désordre
révélant plus loin l’air
possible

cela suffit pour tenir

 

Antoine Emaz

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
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Posté(e)

VOUS NE CONNAISSEZ PAS

PAR JOYCE MANSOUR

Vous ne connaissez pas mon visage de nuit
Mes yeux tels des chevaux fous d’espace
Ma bouche bariolée de sang inconnu
Ma peau
Mes doigts poteaux indicateurs perlés de plaisir
Guideront vos cils vers mes oreilles mes omoplates
Vers la campagne ouverte de ma chair
Les gradins de mes côtes se resserrent à l’idée
Que votre voix pourrait remplir ma gorge
Que vos yeux pourraient sourire
Vous ne connaissez pas la pâleur de mes épaules
La nuit
Quand les flammes hallucinantes des cauchemars réclament
le silence
et que les murs mous de la réalité s’étreignent
Vous ne savez pas que les parfums de mes journées meurent
sur ma langue
Quand viennent les malins aux couteaux flottants
Que seul reste mon amour hautain
Quand je m’enfonce dans la boue de la nuit.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
il y a 40 minutes, Yemaia a dit :

VOUS NE CONNAISSEZ PAS

PAR JOYCE MANSOUR

Vous ne connaissez pas mon visage de nuit
Mes yeux tels des chevaux fous d’espace
Ma bouche bariolée de sang inconnu
Ma peau
Mes doigts poteaux indicateurs perlés de plaisir
Guideront vos cils vers mes oreilles mes omoplates
Vers la campagne ouverte de ma chair
Les gradins de mes côtes se resserrent à l’idée
Que votre voix pourrait remplir ma gorge
Que vos yeux pourraient sourire
Vous ne connaissez pas la pâleur de mes épaules
La nuit
Quand les flammes hallucinantes des cauchemars réclament
le silence
et que les murs mous de la réalité s’étreignent
Vous ne savez pas que les parfums de mes journées meurent
sur ma langue
Quand viennent les malins aux couteaux flottants
Que seul reste mon amour hautain
Quand je m’enfonce dans la boue de la nuit.

J'y ai rien compris, mais c'est beau !

Ça résonne... ça raisonne dans tous les sens ! :)

Ça me paradoxe ! Ça m'oxymore !

Ça me vit, ça me tue

Ça m'aide et ça m'empêche

Ça m'éclaire et m'obscure

Ça m'écure et m'obsclaire...

Modifié par Blaquière
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Membre, Grégairophobe..., Posté(e)
Mite_Railleuse Membre 35 940 messages
Grégairophobe...,
Posté(e)

Élévation

Charles Baudelaire

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
– Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
il y a 57 minutes, Mite_Railleuse a dit :

Élévation

Charles Baudelaire

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
– Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !

 

Enfoncement

Au-dessous des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
En deçà du soleil, en deçà des éthers,
En deçà des confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meurs et sans agilité,
Comme un piètre nageur qui rame dessus l’onde,
Tu sillonnes égaré l’immensité profonde
Avec une incertaine et faible volonté.

Je patauge ici bas dans de ces miasmes morbides ;
Et je me putréfies sans air supérieur,
Ne bois aucune pure et divine liqueur,
Du feu qui obscurcit les espaces livides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Inconscient lui qui croit d’une aile besogneuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont la pensée, comme d'une amulette,
Vers les cieux du matin prend un faux libre essor,
– Ma vie ne plane pas et comprend dans l'effort :
Les fleurs ne parlent pas, toute  chose est muette !

:smile2:

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

 

Spleen
 
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
 
Charles Baudelaire
 
85w7.jpg
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Membre, 52ans Posté(e)
Globure Membre 5 858 messages
Maitre des forums‚ 52ans‚
Posté(e)

On n’enterre pas le sang décharné de la servitude
ni le sang désarmé de l’amour inutilisé ;
on ne retire pas le cri de la bouche comme une clef,
on ne suture pas la pierre fissurée d’une soif.
La chaux vive du sang qui n’a point dormi,
tu l’entendras liquéfier la dalle des morts,
traverser ses étapes de neige étouffée
et siffler en remarchant tout son hiver.
On n’enterre pas le talon poudreux de la foudre
ni la fureur tendre du fruit piétiné ;
le sang retourné sur sa racine comme un décombre
s’est armé tout droit d’une moisson fruste de couteaux…

 

Irina Lasnier

 

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

Chanson

 

J’ai pris de la pluie dans mes mains tendues

— De la pluie chaude comme des larmes —

Je l’ai bue comme un philtre, défendu

À cause d’un charme ;

Afin que mon âme en ton âme dorme.

J’ai pris du blé dans la grange obscure

— Du blé qui choit comme la grêle aux dalles —

Et je l’ai semé sur le labour dur

À cause du givre matinal ;

Afin que tu goûtes à la moisson sûre.

J’ai pris des herbes et des feuilles rousses

— Des feuilles et des herbes longtemps mortes —

J’en ai fait une flamme haute et douce

À cause de l’essence des sèves fortes ;

Afin que ton attente d’aube fût douce. 

Et j’ai pris la pudeur de tes joues et ta bouche

Et tes gais cheveux et tes yeux de rire,

Et je m’en suis fait une aurore farouche

Et des rayons de joie et des cordes de lyre

— Et le jour est sonore comme un chant de ruche !

 

Francis Vielé-Griffin, « Chanson », Poèmes et poésie : joies, Paris, Mercure de France, 1895.

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  • 2 semaines après...
Membre, 52ans Posté(e)
Globure Membre 5 858 messages
Maitre des forums‚ 52ans‚
Posté(e)

Je suis un nid de cendre
où viennent les oiseaux
pour chercher la manne de l’ombre
la flèche clouée dans le poème
le baiser de l’insecte.

 

Léopold María Panero

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Invité Etaine
Invités, Posté(e)
Invité Etaine
Invité Etaine Invités 0 message
Posté(e)

Les saisons humaines

Quatre saisons comblent la mesure de l'année ;

Quatre saisons se partagent l'esprit de l'homme ;

Il a son vigoureux printemps, lorsque sa pure fantaisie

Saisit en tout la Beauté, simplement en étendant la main.

Il a son été, lorsque voluptueusement

Récoltant le miel des jeunes pensées printanières, il se plait

A ruminer, et, en s'élevant dans ces hauteurs de rêve,

Il se rapproche le plus du ciel ; de paisibles baies

Abritent son âme en Automne, alors que, les ailes

Etroitement repliées, il se contente de regarder

Les brumes, dans l'oisiveté – de laisser les belles choses

Le côtoyer sans les utiliser plus qu'un ruisseau à sa source.

Il a son hiver, aussi, de pâle déformation,

Autrement il abdiquerait sa nature mortelle.

John Keats

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Membre, paradoxe sur pattes, 54ans Posté(e)
koadeg Membre 4 167 messages
54ans‚ paradoxe sur pattes,
Posté(e)

J'aime tellement cet auteur que j'ai du mal à choisir une poésie

J’ai ardemment souhaité partir

J’ai ardemment souhaité partir
Loin des sifflements du monde usé
Et du cri incessant des vieilles terreurs,
Plus terribles à mesure que le jour
Passe la colline et plonge dans la mer profonde.
J’ai ardemment souhaité partir
Loin de la répétition des saluts
Car il y a des âmes dans l’air
Et des échos d’âme sur ma page
Et le tonnerre des appels et des notes.

J’ai ardemment souhaité partir mais j’ai peur.
Une vie, encore neuve, pourrait fuser
Hors du vieux mensonge en feu sur le sol
Et, crépitant dans l’air, me laisser à demi aveugle.
Et dans la vieille peur de la nuit,
Le couvre-chef que l’on ôte,
Les lèvres pincées devant le récepteur,
Je ne tomberai pas sous la plume de la mort.
Peu importe si je meurs de tout ceci qui est
À moitié convention et à moitié mensonge..

Dylan Thomas

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

 

Les Djinns

q9wr.jpg

Murs, ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.

Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit !

La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.

La rumeur approche.
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,

Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.

C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.

Ils sont tout près ! - Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
Tremble, à déraciner ses gonds !

Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure !
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon !

Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !

Ils sont passés ! - Leur cohorte
S'envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !

De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.

D'étranges syllabes
Nous viennent encor ;
Ainsi, des arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.

Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde :
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.

Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.

On doute
La nuit...
J'écoute : -
Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit.

Victor HUGO
 

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