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L'induction ne prouve rien.


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des exemples particuliers, et un concept général inventé par le chercheur.

C'est bien parce que le concept est inventé par le chercheur qu'il n'est pas obtenu par induction

(il y a bien deux modes de pensée subsumés sous le concept courant d'induction ; d'un point de vue logique le concept est bien tiré de l'imagination du chercheur et l'expérimentation est bien une tentative de réfutation: la démarche est hypothético déductive)

Ce que je te dis là n'est jamais que ce que disent les Einstein, Popper, Duhem, etc...

Le mieux est de revenir à Hume

Tu connais sans doute...

Hume s'étonnait qu'après avoir observé un certain nombre de fois une boule rencontrant une autre se mettant ensuite en mouvement, on puisse ensuite affirmer que l'une est cause du mouvement de l'autre.

En simple:

1) j'observe n fois que la boule blanche rencontre la rouge et que cette dernière se met en mouvement.

2) J'affirme: la boule blanche est cause du mouvement de la rouge.

Ce qui relève proprement de l'induction est l'affirmation selon laquelle ce qui s'est produit n fois se produira toujours, à savoir: le mouvement de la première boule, et le mouvment de la seconde suite à la rencontre avec la première.

En revanche, la causalité elle même n'est pas observée...: d'où vient que je dise qu'il y a relation causale ?

Cette relation causale est purement et simplement inobservable: elle découle de l'imagination de l'homme (Kant estimait que la causalité était un concept pur a priori de l'entendement).

DONC:

Il y a induction : ce que j'ai vu n fois se reproduira

mais aussi intervention directe de l'esprit humain : j'affirme un rapport causal.

L'abduction n'est pas de l'induction améliorée, elle est qualitativement distincte.

La question qui tranche est la suivante:

Est-ce que c'est le même processus mental qui me conduit

1) à affirmer que tous les cobeaux sont noirs parce que j'ai toujours vu des corbeaux noirs et seulement ça ?

2) A supposer qu'un homme est passé par une île déserte suite à la découverte d'une montre abandonnée ?

La distinction terminologique est essentielle si nous voulons éviter de douteux glissements de sens.

Dans "physique de croyant", Pierre Duhem (un des pères de la thermodynamique) dit qu'aucune découverte n'a jamais été faite à l'aide l'induction telle que Newton l'a définie.

C'est tout de même un grand physicien/historien des sciences/epistémologue qui nous le dit...

Je discute souvent avec des physiciens et des chercheurs : mon constat est toujours le même... même le plus acharné des inductivistes reconnaît qu'un phénomène est toujours considéré à partir d'une théorie ou d'une hypothèse.

Dis moi, chère Grenouille Verte, est-ce la même chose :

1) de dire que "tous les x sont y" parce que chaque x que j'ai vu était y

et de dire :

2) tel phénomène est l'effet d'une cause que je suppose être Z

La différence est très profonde

dans le cas 1), l'esprit est purement passif... dans le 2) il est la source même de la théorisation...

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Membre, Tu n'auras d'autre batracien devant ma face, 108ans Posté(e)
Grenouille Verte Membre 32 822 messages
108ans‚ Tu n'auras d'autre batracien devant ma face,
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Un concept obtenu par induction est forcément "imaginé par le chercheur".

L'induction permet de trouver un "principe général". Ce principe général ne découle pas uniquement de l'observation, puisqu'un principe général est, par définition, inobservable (seul des cas particuliers le sont).

Le principe de l'induction est :

  • d'observer de nombreux cas concrets
  • d'imaginer/d'en déduire un principe général qui explique tous ces cas concrets.

Il y a induction : ce que j'ai vu n fois se reproduira

En réalité, tu n'observe pas plus la causalité que la répétition. Tu n'as pas observé les deux boules faire n fois la même chose, mais les deux boules faire n fois des mouvements différents.

Tu as abstrait ces mouvements pour dire qu'en fait ils étaient "pareils". Tu as donc déjà, à ce stade, affirmé un principe général non-observable. Rajouter la causalité c'est là encore affirmer un autre concept inobservable (et encore plus abstrait).

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Membre, Tu n'auras d'autre batracien devant ma face, 108ans Posté(e)
Grenouille Verte Membre 32 822 messages
108ans‚ Tu n'auras d'autre batracien devant ma face,
Posté(e)

Dis moi, chère Grenouille Verte, est-ce la même chose :

1) de dire que "tous les x sont y" parce que chaque x que j'ai vu était y

et de dire :

2) tel phénomène est l'effet d'une cause que je suppose être Z

La différence est très profonde

dans le cas 1), l'esprit est purement passif... dans le 2) il est la source même de la théorisation...

L'exemple est faussé, car dans le cas 1), tu as définis deux concepts abstraits (que tu a appelé, "x" et "y" dans ton exemple).

En réalité, tu as regroupés de nombreux objets différents sous le nom de "x". Ce regroupement est déjà une théorisation.

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Invités, Posté(e)
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Invité Gallium Invités 0 message
Posté(e)
Un concept obtenu par induction est forcément "imaginé par le chercheur".

L'induction permet de trouver un "principe général". Ce principe général ne découle pas uniquement de l'observation, puisqu'un principe général est, par définition, inobservable (seul des cas particuliers le sont).

Le principe de l'induction est :

- 1) d'observer de nombreux cas concrets

- 2) d'imaginer/d'en déduire un principe général qui explique tous ces cas concrets.

Le 1) est parfaitement juste

Le 2) est ambigu - pas seulement à cause du lapsus ("déduire"): si le contenu de ton principe général n'est que l'universalisation du contenu de chaque énoncé correspondant à chaque cas concret, alors oui c'est de l'induction.

Si ce principe général est fondamentalement mathématique et surtout s'il ne se contente pas de cette universalisation, c'est à dire s'il va supposer une règle (mathématique) au delà des apparences sensibles, alors il s'agit d'abduction.

Le statut épistémologique des deux types d'énoncés est très différent.

Il y a induction : ce que j'ai vu n fois se reproduira

En réalité, tu n'observe pas plus la causalité que la répétition. Tu n'as pas observé les deux boules faire n fois la même chose, mais les deux boules faire n fois des mouvements différents.

Tu as abstrait ces mouvements pour dire qu'en fait ils étaient "pareils". Tu as donc déjà, à ce stade, affirmé un principe général non-observable. Rajouter la causalité c'est là encore affirmer un autre concept inobservable (et encore plus abstrait).

Je suis absolument d'accord avec ça !

Et toi-même indiques qu'il y a bien deux niveaux :

- le premier degré d'abstraction qui consiste à identifier/unifier la diversités phénomènale (niveau de l'induction).

- Supposé une causalité (éventuellement complexe) régissant le divers et présupposant cette "identité" (niveau de l'abduction).

Dis moi, est-ce la même chose :

1) de dire que "tous les x sont y" parce que chaque x que j'ai vu était y

et de dire :

2) tel phénomène est l'effet d'une cause que je suppose être Z

La différence est très profonde

dans le cas 1), l'esprit est purement passif... dans le 2) il est la source même de la théorisation...

L'exemple est faussé, car dans le cas 1), tu as définis deux concepts abstraits (que tu a appelé, "x" et "y" dans ton exemple).

En réalité, tu as regroupés de nombreux objets différents sous le nom de "x". Ce regroupement est déjà une théorisation.

Je suis d'accord: même l'induction (ce que j'appelle restrictivement tel ici) présuppose déjà des capacités d'abstraction. Mais la moindre "observation" présuppose celles ci.

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Membre, Tu n'auras d'autre batracien devant ma face, 108ans Posté(e)
Grenouille Verte Membre 32 822 messages
108ans‚ Tu n'auras d'autre batracien devant ma face,
Posté(e)

Et toi-même indiques qu'il y a bien deux niveaux :

- le premier degré d'abstraction qui consiste à identifier/unifier la diversités phénomènale (niveau de l'induction).

- Supposé une causalité (éventuellement complexe) régissant le divers et présupposant cette "identité" (niveau de l'abduction).

Sauf qu'une différence de niveau signifie qu'il n'y a pas de différence de nature.

C'est le même raisonnement qui est utilisé, dans un cas, on va moins loin, on prend moins de "risques" de se tromper (quand on dit que les boules ont fait n fois la même chose). Dans l'autre cas, on prend une position plus risquée, qui a plus de chances de se révéler fausse, en parlant de causalité.

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Invités, Posté(e)
Invité Gallium
Invité Gallium Invités 0 message
Posté(e)

Et toi-même indiques qu'il y a bien deux niveaux :

- le premier degré d'abstraction qui consiste à identifier/unifier la diversités phénomènale (niveau de l'induction).

- Supposé une causalité (éventuellement complexe) régissant le divers et présupposant cette "identité" (niveau de l'abduction).

Sauf qu'une différence de niveau signifie qu'il n'y a pas de différence de nature.

C'est le même raisonnement qui est utilisé, dans un cas, on va moins loin, on prend moins de "risques" de se tromper (quand on dit que les boules ont fait n fois la même chose). Dans l'autre cas, on prend une position plus risquée, qui a plus de chances de se révéler fausse, en parlant de causalité.

Je suis d'accord pour dire qu'un changement de niveau n'implique pas nécessairement un changement de nature. Mais en l'occurence ce n'est pas du tout le même type de raisonnement.

L'induction

Je vois un cygne blanc, j'en infère l'énoncé "il existe un cygne et ce cygne est blanc".

Je réitère l'expérience n fois.

Premier problème: à partir de combien d'expériences puis je généraliser ?

Ensuite je prétend induire un énoncé universel à partir des énoncés particuliers.

Dans cette opération je substitue le quantificateur universel aux quantificateurs existentiels et je substitue l'implication à la conjonction

J'obtiens: "pour tout x, si x est un cygne, alors x est blanc" = "tout cygne est blanc"

Le contenu de l'énoncé universel est identique à celui de chacun des énoncés existentiel.

L'abduction

Je vois une horloge dont le cadran est fermé. Je vois le mouvement des aiguilles et j'entends le tic tac.

Le mécanisme est invisible.

Abduire = imaginer le mécanisme.

Il n'y a absolument aucun rapport entre ces deux inférences.

La première consiste en une généralisation illégitime qui n'apprend rien du tout: si tu considères l'exemple appliqué au cas de la gravitation, l'induction m'amènerait tout simplement à conclure que les pommes tombent !!!

La seconde suppose un mécanisme inobservable qu'elle tente de modéliser avant de le soumettre à l'expérience.

PS: j'ai parlé de causalité pour ne pas trop compliquer les choses. En réalité dans l'abduction on en vient à concevoir des relations qui sont largement plus complexes que la causalité et, n'en déplaise à Kant, qui ne collent pas toujours avec une représentation causale (cf "effet tunnel" en mécanique quantique).

Je suis en train de repenser à une référence qui t'es peut-être plus "proche".

Livre 7 de la Republique: Platon oppose la façon de penser des sophistes (ceux qui sont restés dans la caverne) des philosophes.

Il décrit ainsi la démarche des sophistes : ils repèrent les ombres qui passent le plus souvent, lesquelles ensembles, lesquelles avant ou après es autres et ensuite, ayant repréré ces "régularités", sont capables de deviner en voyant telle ombre, quelle autre fera suite.

On a là une belle description et critique de l'induction. La connaissance requiert la rupture d'avec le sensible: c'est bien le cas avec l'abduction, puisqu'il ne s'agit pas de généraliser ce que l'on voit, mais d'aller audelà des apprences pour en déterminer le mécanisme.

Pourquoi d'après toi est-ce que les physiciens actuels sont platoniciens dans leur très large majorité (Penrose, Witten) et qu'on ne rencontre plus de grand nom de l'inductivisme ?... c'est un argument d'autorité, je sais... mais Penrose et Witten méritent peut être notre attention (leurs arguments en tous cas)

Comment concevoir une physique en 11 dimensions ? Il y a nécessairement rupture avec l'observable... ce n'est pas le cas avec l'induction, où, au contraire, il y a généralisation de l'observé.

En définitive, confondre l'induction et l'abduction revient à mettre sur le même plan:

- la généralisation de l'observé.

- l'imagination de l'invisible mécanisme qui régit l'observable.

Sommes nous d'accord au moins sur ce dernier point ?

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Membre, 59ans Posté(e)
alexandreW Membre 314 messages
Baby Forumeur‚ 59ans‚
Posté(e)

Super interressant!

Moi personnellement je pense qu on doit utliser tous ces mecanismes!

Amities :bo:

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Membre, Tu n'auras d'autre batracien devant ma face, 108ans Posté(e)
Grenouille Verte Membre 32 822 messages
108ans‚ Tu n'auras d'autre batracien devant ma face,
Posté(e)

L'abduction

Je vois une horloge dont le cadran est fermé. Je vois le mouvement des aiguilles et j'entends le tic tac.

Le mécanisme est invisible.

Abduire = imaginer le mécanisme.

C'est vraiment pas fiable comme méthode de raisonner. :dev:

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Invité Gallium
Invités, Posté(e)
Invité Gallium
Invité Gallium Invités 0 message
Posté(e)

Je viens pourtant de te donner là un résumé de la métaphore que Einstein et Infeld produisent pour illustrer le travail du physicien.

Einstein en conclut en effet qu'on ne saura JAMAIS si un modèle est "vrai".

Un modèle physique ne peut être que falsifié, jamais vérifié.

Ceci étant dit l'induction au sens restreint est tout aussi peu fiable (le fait d'avoir toujours vu la même chose n'est pas une preuve que cela se reproduira toujours... depuis Hume n'importe quel inductiviste le reconnaît).

Ne reste que la déduction ??... ... elle même devant s'appuyer sur des prémisses induites ou abduites...

[-> scepticisme (modéré toutefois).]

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Membre, Tu n'auras d'autre batracien devant ma face, 108ans Posté(e)
Grenouille Verte Membre 32 822 messages
108ans‚ Tu n'auras d'autre batracien devant ma face,
Posté(e)
Ceci étant dit l'induction au sens restreint est tout aussi peu fiable

Que l'induction ne soit pas fiable à 100% est une chose bien admise. Mais que ce soit "aussi peu fiable" que le raisonnement alternatif que tu proposes est largement plus discutable.

Il ne faut pas confondre :

  • pas fiable à 100%
  • de même fiabilité que l'abduction

Deux raisonnements différents qui ne sont pas fiables à 100% ne sont pas forcément "aussi peu fiables".

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