Aller au contenu

Les violences faites aux femmes n'ont pas été considérées comme une grande cause nationale


Aaltar

Messages recommandés

Membre, Con de Sysiphe, 47ans Posté(e)
Aaltar Membre 11 523 messages
47ans‚ Con de Sysiphe,
Posté(e)
Les violences faites aux femmes n'ont pas été considérées comme une grande cause nationale

Ernestine Ronai, responsable de l'Observatoire des violences faites aux femmes en Seine-Saint-Denis, dresse un premier bilan, un an après le vote de la loi instaurant notamment l'ordonnance de protection.

En France, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint. Déclarée «grande cause nationale» pour 2010 par François Fillon, la lutte contre les violences faites aux femmes a donné lieu au vote d'une loi le 9 juillet 2010. Responsable de l'Observatoire des violences faites aux femmes en Seine-Saint-Denis - département précurseur en la matière -, Ernestine Ronai dresse le bilan de cette loi et de l'action menée en France contre les violences conjugales.

Le 9 juillet 2010 était voté la loi contre les violences conjugales, instaurant entre autres une nouveauté: l'ordonnance de protection. Un an après, peut-on dire que cette mesure est correctement appliquée?

Je parle à l'échelle de la Seine-Saint-Denis, mais selon moi, oui, l'ordonnance de protection est appliquée de manière efficace. Dès octobre 2010 - moment de l'application de la loi - il y a eu un vrai partenariat entre tribunaux de police, associations et services du département (services sociaux, services de protection maternelle et infantile). En novembre, l'Observatoire a proposé que soit signé un protocole pour une mise en application de cette ordonnance. Nous avons rendu visible cette idée auprès des professionnels. Ainsi, dès les cinq premiers mois d'application, 80 ordonnances de protection ont été délivrées, sur 85 demandes. En Val-de-Marne, seules trois ont été données, sur 29 demandes.

Il faut dire qu'on voit depuis longtemps une sensibilisation à cette cause dans le département. En 2009, quand l'on recensait la mort de 24 femmes en quatre ans en Seine-Saint-Denis, du fait de violences conjugales, nous avons demandé cette ordonnance de protection et décidé de mettre en place un téléphone portable d'alerte, que seul le Bas-Rhin applique par ailleurs. Nous ne cherchons pas à être les meilleurs sur le sujet. Ce que nous voulons, c'est une généralisation de ces mesures. Mettre correctement en place cette loi demande une mobilisation de l'ensemble des acteurs.

Une autre mesure prise par cette loi est la création du «délit de harcèlement psychologique». Aujourd'hui, n'y a t-il pas des difficultés à son application?

Si cette mesure est en effet difficile à mettre en oeuvre. Le problème qui règne est celui de la présentation d'une preuve pour confirmer le délit: comment, en effet, prouver qu'il y a bien eu violence psychologique? Mais ce qui est très important, c'est que l'on sait désormais que souvent, les violences commencent par des violences psychologiques.

Le conjoint insulte la personne, la dévalorise pour mieux la casser. Cette fragilité laisse ensuite la porte ouverte aux violences physiques. Avec l'instauration de ce délit, on peut enfin dire aux femmes: "Quand il te dit que tu es nulle, que tu es conne, oui, c'est du harcèlement psychologique." Cela va aussi aider les gendarmes, la police et les travailleurs sociaux à comprendre cette violence-là. Un rapport devait être rendu fin juin sur la formation de ces professionnels aux réalités de ces violences. Cela n'a pas été fait, c'est un point crucial à améliorer.

Aujourd'hui, peut-on dire que la loi a ouvert la voie à une généralisation des mesures déjà implantées en Seine-Saint-Denis? Voit-on déjà un certain recul de ces violences conjugales?

La prise de conscience, nous y arrivons. On comprend que c'est réellement un problème social. Ce qui marche et peut être exportable partout, c'est l'efficacité du partenariat, notamment entre collectivités territoriales. Mais il n'est pas possible de constater un recul des violences aujourd'hui, il est encore trop tôt pour cela.

Il faut d'abord encourager les femmes à porter plainte, à demander des ordonnances de protection. A l'heure actuelle, nous n'observons même pas d'augmentation du nombre de plaintes pour violences conjugales. D'où l'importance d'un travail d'information, reproductible au niveau de l'Etat. Mais il faudra attendre fin novembre pour les premiers résultats chiffrés sur l'efficacité de la loi. Il faut lui laisser le temps de faire ses preuves.

Cette loi a t-elle permis une allocation de budgets supplémentaires à la lutte contre les violences faites aux femmes?

Il manque d'abord des moyens humains. Rien qu'en Seine Saint-Denis, il nous manque trois postes de juges aux affaires familiales, sur neufs actuels. Du côté du gouvernement, le relevé des besoins est excellent, c'est l'allocation des budgets qui est mauvaise. Roselyne Bachelot (ministre des Solidarités et de la cohésion sociale) nous dit qu'il faut un centre d'accueil par département, c'est très bien. Mais décider d'y allouer un budget annuel de 40.000 euros est ridicule, cela revient uniquement à un salaire. Les ressources manquent, alors que le coût social des violences faites aux femmes est très important.

Le gouvernement a déclaré la lutte contre les violences conjugales «grande cause nationale» en 2010. Avez-vous le sentiment que cela a vraiment été considéré comme tel par les pouvoirs publics?

A mon sens non, cela n'a pas vraiment été considéré comme grande cause nationale. Mais le fait qu'on en ait parlé en 2010 est positif. Une loi a été votée, le projecteur a été mis sur les femmes victimes de violences. On voit que les choses avancent, et chaque pas que l'on fait est important.

Aujourd'hui, sur quelles mesures les pouvoirs publics doivent-ils s'attarder en priorité dans cette lutte?

Premièrement, faire appliquer la loi. C'est déjà très important, une évaluation sur l'application de ces mesures doit d'ailleurs avoir lieu en septembre. Deuxièmement, élargir le droit à l'ordonnance de protection: elle ne concerne aujourd'hui que les femmes victimes de viols dans leur couple, et non les femmes victimes de viols tout court.

Nous plaidons ensuite pour la création d'un observatoire national des violences envers les femmes, comme émanation d'observatoires départementaux. Il ne s'agit pas seulement de faire de cette lutte une cause nationale, le travail doit se faire sur le long terme. Il faut plus de volonté politique, plus de moyens, et une meilleure formation professionnelle sur le repérage de ces violences. Mais je suis optimiste, je pense qu'il y a quelque chose d'entendu de la part des responsables.

Comment peut-on expliquer, neuf ans après la création du premier observatoire des violences faites aux femmes en Seine-Saint-Denis, qu'il y ait un blocage au sein des autres départements?

Je ne sais pas comment l'expliquer. Peut-être y a t-il une peur de l'observation ailleurs? Créer l'observatoire ici a demandé un véritable courage politique, et démontre une lucidité: on aurait pu stigmatiser le département pour cela, il est au contraire devenu un vrai laboratoire d'innovations. Il y a une vraie dynamique départementale sur la question.

Source : Libération

Quand la démagogie politicienne ne passe pas aux actes on obtient ce terrible manquement aux responsabilités pourtant nécessaire.

Pire que de ne pas honoré leur parole, c'est bien berné qu'on aura été au final. Dans une cause qui reste pourtant d'une grave importance, c'est absolument intolérable.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Invité Grenadine33
Invités, Posté(e)
Invité Grenadine33
Invité Grenadine33 Invités 0 message
Posté(e)

C'est comme l'année 2003 année du handicap. Presque 10 ans après, rien n'a changé...

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
rejanou Membre 3 925 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

toutes les grandes causes concernant le respect et la dignité humaine font couler beaucoup d'encre et valorisent momentanément ceux qui les promeuvent !

mais les effets suivent rarement - après tout que leurs importent-ils ? une femme battue à mort, des handicapés qui n'ont quasiment aucun accès aux lieux importants, l'enfance bafouées, la pauvreté et tutti quanti - ça fait vendre - point

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Animatrice, Dindasse prête à servir !!! V.I.Pintade, 45ans Posté(e)
titenath Animatrice 43 013 messages
45ans‚ Dindasse prête à servir !!! V.I.Pintade,
Posté(e)

Puis surtout ça ne rapporte pas. La priorité est aux actions lucratives :sleep:

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Grenadine33
Invités, Posté(e)
Invité Grenadine33
Invité Grenadine33 Invités 0 message
Posté(e)

Ouais les femmes elles ont qu'à fermer leur gueule, et les handicapés dans le trou ! :mouai:

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité nietzsche.junior
Invités, Posté(e)
Invité nietzsche.junior
Invité nietzsche.junior Invités 0 message
Posté(e)

alors une femme handicapée je vous raconte pas , et une femme handicapée et immigrée , ben là c est la total

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Caminde
Invités, Posté(e)
Invité Caminde
Invité Caminde Invités 0 message
Posté(e)

Quand la démagogie politicienne ne passe pas aux actes on obtient ce terrible manquement aux responsabilités pourtant nécessaire.

Pire que de ne pas honoré leur parole, c'est bien berné qu'on aura été au final. Dans une cause qui reste pourtant d'une grave importance, c'est absolument intolérable.

Mais si c'est tolérable

La cause?

Elle est très simple: elle s'appelle "indifférence "

Elle n'est pas politique, elle est absolument très courante

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Con de Sysiphe, 47ans Posté(e)
Aaltar Membre 11 523 messages
47ans‚ Con de Sysiphe,
Posté(e)
660 000 femmes victimes de violences conjugales

663 000 femmes et 280 000 hommes ont été victimes de violences physiques ou sexuelles au sein de leur ménage sur deux ans, selon une étude 'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP).

Supposé synonyme de protection, le ménage est parfois lieu de violences, physiques ou sexuelles. 663 000 femmes et 280 000 hommes ont été victimes de violences physiques ou sexuelles au sein de leur ménage sur deux ans, selon une étude auprès de plus de 40 000 personnes de 18 à 75 ans, de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publiée mardi soir.

Parmi les femmes, 90% ont subi des violences physiques, et près de 19% des violences sexuelles. L'étude estime que 80 000 femmes "ont été victimes d'au moins un viol ou une tentative de viol au sein du ménage" sur deux ans. Quasiment la moitié de ces femmes (soit 300 000) désignent leur conjoint comme l'auteur de ces agressions.

La loi du silence

Hommes et femmes confondus, seulement 18,7% des victimes ont vu un médecin à la suite de ces violences. Et le chiffre tombe à moins de 11% pour les femmes ayant subi des violences sexuelles. "Les professionnels de santé sont aussi les médecins de la famille et du mari, et les femmes craignent souvent qu'ils en parlent à leur conjoint", explique Françoise Brié, vice-présidente de la Fédération nationale Solidarité Femmes.

Tout aussi inquiétant, une large majorité des victimes (80%) ne se déplacent pas au commissariat ou à la gendarmerie, et seulement "près de la moitié" de celles qui se sont déplacées portent plainte. Le taux de signalements et de plaintes déposées est encore plus faible pour les femmes dont le conjoint est l'auteur des violences et lorsqu'elles sont victimes de viol ou tentative (2% de plaintes) au sein du ménage.

"En matière de violences sexuelles, les femmes ont énormément de difficultés à en parler. Même dans nos centres d'hébergements, la parole se libère très très tard", explique Françoise Brié, précisant que "pour beaucoup de femmes, le viol conjugal est encore associé dans les mentalités au devoir conjugal".

Déni et peur des représailles

Pour expliquer leur silence, les victimes disent le plus fréquemment que "ce n'était pas grave", qu'elles préféraient "trouver une autre solution" ou que "cela n'aurait servi à rien". Mais environ un quart des femmes qui ne sont pas allées au commissariat ont aussi eu "peur de représailles", et celles victimes de viols y ajoutent "la crainte que cela se sache".

Le docteur Geneviève Reichert-Pagnard, psychiatre et victimologue, résume leurs sentiments: "Honte, culpabilité, peur de ne pas être crues", et "menaces possibles du conjoint". De plus, "souvent elles ne souhaitent pas que le père de leurs enfants aille en prison", précise la psychiatre, qui dénonce "la machine judiciaire": "La victime doit faire la preuve qu'elle a été agressée", alors que son "état traumatique (...) fait qu'elle peut avoir des troubles de mémoire et se tromper".

"Le nombre de plaintes classées sans suite est effrayant et beaucoup de victimes le savent", ajoute Geneviève Reichert-Pagnard. "Faire reconnaître les violences conjugales a posteriori, lorsqu'il n'y a plus de traces, c'est déjà compliqué. Alors parler de violences sexuelles est encore plus difficile", analyse Mme Brié.

"Il faut vraiment que les officiers de police soient formés pour entendre cette parole. Cela arrive mais ce n'est pas toujours le cas", insiste-t-elle, regrettant que soient souvent confondus "conflit de couple et violence conjugale, en renvoyant la victime vers un médiateur conjugal par exemple".

Source : l'express

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×