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konvicted

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Billets posté(e)s par konvicted

  1. konvicted
    Quand Rat vit Souris, ravi, il lui sourit,
    Rêvant de partager avec elle un gruyère
    En son trou — haras futur si Souris s'y erre.
    Ce n'est pas ainsi qu'on attire amie Souris
    Donc elle, plus fromage à tiramisu, rit.
    Mascarpone elle veut, mascarpone elle aura,
    Alors Rat, gaillard, dit à la belle chafouine,
    Mais d'une voix suraiguë car Rat qui dragu'couine :
    « Tu manqueras de rien avec ton lascar Rat »,
    Sur ce, Souris sans sourciller démasqua Rat.
    Car enfin Souris a l'nez fin et Rat vit sans
    Le sou mais Souris, sans le souci d'être aisée,
    Pour peu d'être estimée, bien aimée et baisée,
    Eût aimé un rat bougre, irascible, indigent,
    Mais pas un bas rat inheureux concupiscent.
    Merci à @Ines Presso pour l'invitation au calembour : voir le topic Les rats.
  2. konvicted
    Je n' sais pas où j' suis tombé, on dirait un puits sans fond
    Je n' sais pas si mes parents le savent, s'ils s'en font
    Je n' sais pas si j'en sortirai un jour, donc dans le fond,
    Ce n'est pas mon plus gros problème ; le fond m'attire
    Et je ne peux m'accrocher à rien, je me sens impuissant,
    J'ai mal au coeur ; ça pourrait cependant être pire,
    Il n' fait pas noir, il y a du rose, du bleu, du blanc.
    Je m' demande si j' peux faire quelque chose pour pas que ça empire.
    Les parois sont trop glissantes pour que je m'y accroche
    Mais des roches pointues me tranchent et m'accrochent.
    Je ne sais pas où je suis tombé, mais une chose est sûre:
    Je suis tombé amoureux et j'ai besoin de points de suture.

  3. konvicted
    Il était une fois une princesse prénommée Chance. Sa marraine, une fée que l'on appelait Espérance, lui présenta, lors d'un bal, un prince bon, un homme d'honneur. Son prénom, envié par beaucoup, était Bonheur. Chance reçut de sa marraine, pour cet exceptionnel soir, une magnifique robe qui ne pouvait qu'à merveille lui seoir. Les yeux dans les yeux, les deux jeunes dansèrent des heures durant.
    Quelques jours plus tard, le sage Amour les unit. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Enfin... non, il semble que le destin les eut puni.
    Des filles: Joie et Confiance naquirent de leur union. Défi et Epreuve eurent pourtant, malgré leurs liens, raison de leurs engagements. Ils devinrent adultères. Naquirent de leurs tromperies d'autres enfants: Regret, Déception, Jalousie, Haine et Amertume. Amour, qui fut leur entremetteur prit ses jambes à son cou et disparut sans crier gare. Ils pensèrent subséquemment qu'il était trop tard et que leur relation devait alors cesser. Ils refirent la même erreur, encore et encore, jusqu'à leurs décès.
    "Conte de faits", c'est juste pour le jeu de mots et la parodie, c'est une poésie en prose en réalité.
  4. konvicted
    Pour certains, il rime avec souffrance. Pour d'autres, il rime avec bonheur. Mais quand il est absence, on attend tous son heure. Il rassemble, jamais ne disperse, ceux qui se ressemblent ou dont les origines sont diverses. Il fait couler bien des larmes, tantôt de joie, tantôt de tristesse. On a besoin de bien des armes pour fendre sa carapace épaisse ; à moins qu'il ait fui et qu'on lui court toujours après. Il faut assurément être sourd pour ne jamais en avoir entendu parler, de lui, de ses conquêtes, de ses défaites. Il caractérise des divinités ; un jour de l'année lui sert de fête. Mais il se voit chaque jour dans les foyers, on trouve des preuves de son existence dans la rue, dans les hôpitaux, dans les parcs, et pas seulement en France. Je ne pense pas être né trop tôt pour pouvoir affirmer aujourd'hui que l'Amour n'est pas qu'un fleuve qui coule en extrême Orient, mais aussi un virus qui, chaque jour, nos veines parcourt, et qu'il est cependant notre vie, notre sang.
    A force d'écouter des chansons d'amour, j'ai eu envie d'écrire n'importe quoi ; alors, au risque d'être ridicule, j'ai sorti ma plume, enfin mon clavier. Je suis désolé pour les quelques bonnes âmes qui auront peut-être eu le courage de lire. La maison ne paie pas les frais de médecin si vous vous sentez nauséeux.
  5. konvicted
    Demain ne naît jamais
    J'ai jamais su conjuguer plus d'un verbe au futur
    Et je compte pas m'y mettre, à quoi bon gamberger ?
    Infoutu de projeter ne serait c'que mon ombre
    Dans cette nuit noir artère encore bien trop sombre
    Pour tirer des plans décents sur l'étoil' du berger.

    Je ne trouve plus de sens dans les épistémès
    Qu'ont su me persuader que le ciel s'allumait ;
    Si je sais où j'mets les pieds, c'est à force d'ampoules,
    L'oiseau de nuit le plus sûr se couche avec les poules
    Et le coq ulule car demain ne naît jamais.

    Je me suis sûrement mis un titan grec à dos,
    Genre Hypérion ou Cronos, un qui fait pas d'cadeau,
    Je vois la terre tourner plurielle et résolue
    Or j'en suis au même point quand elle est révolue,
    Des tours et des tours plus tard, je suis le mêm' qu'ado.

    Mais c'est quand je crois que l'temps qui s'écoule est bénin
    Que l'aiguille quoiqu'au trot distille son venin,
    Irresponsable fini, le choix me tétanise,
    J'finis la tête sous l'eau que par ailleurs j'anise
    Aussi sûr que bébé qu'on abandonne à son bain.

    Si t'attends, avec le temps tout ne fait qu'empirer,
    Je mentirais prétendant que j'entends m'en tirer
    Quand j'observe le silence entre quatre murmures
    De lamentation manquant d'iodure et de bromure
    Et pourtant je sais bien que demain je mourirai.
     
  6. konvicted
    La lune est d'astreinte et il pleut des cordes,
    Personne ne bat le pavé pluvieux
    Sinon des joggeurs qui courent en hordes
    Et des clébards qui promènent des vieux.
    Sous le reflet dansant des réverbères
    La rivière donne l'air de pétiller,
    Un couple de cygnes pour tous cerbères,
    Qui le veut y entre sans s'habiller.
    Un quignon de pain sème la discorde
    Chez des palmipèdes plus belliqueux,
    Des corbeaux en ayant scruté l'exorde
    Entendent bien ne l'être pas moins qu'eux.
    Un vieux manque finir le cul par terre
    Comme en cette saison les peupliers
    Jettent sur l'allée où le passant erre
    Feuille après feuille leurs calendriers.
    Le vent menace d'un ton monocorde
    Les troncs à l'équilibre périlleux
    Et pour que le cours d'eau bientôt déborde
    Comptez sur un Jupiter sourcilleux.
    Tous alors, coureurs, cabots, grabataires,
    Pressent le pas pour s'en faire oublier,
    Sauf un jeune galvaudeux solitaire,
    Trouve-t-on meilleur temps pour se noyer ?
  7. konvicted
    
Le tour du lac




    
Rester cloîtré des mois à rien branler


    Contre toute attente n'est pas si chouette,


    Ça soumet l'amour-propre et la silhouette


    À des ennuis qu'on n'a pas calculés.




    Mes fringues ont l'air d'avoir rétréci,


    Je suis même à l'étroit dans mes godasses


    Donc soit mon moral y prend trop de place,


    Soit mes pieds ont dû enfler eux aussi.




    Fini de manger comme quatre porcs,


    Surveiller sa ligne, ce n'est pas digne


    Que des pêcheurs et des juges de ligne,


    Et dorénavant je me mets au sport.




    À l'aurore, je mets un placard à sac


    Pour en extraire un survêt' et des grolles


    Que j'enfile sûr de tenir parole


    Et d'enquiller pénard les tours du lac.




    Mais c'est à peine si je sais courir


    Et, le cœur en avance sur son âge,


    Après un quart de tour je suis en nage,


    Je halète, j'ai mal, je veux mourir,




    Je suis même sur le point de coter


    Cette résolution « échec ultime »


    Au moment où je crois être victime


    D'une attaque, en cardiaque patenté.




    La faute à une joggeuse au minois


    Transpirant l'effort dans une grimace


    Qui peine à en dénaturer la grâce


    Cependant qu'elle galope vers moi.




    Soudain gonflé d'allégresse, je feins


    De ne pas avoir les jambes en mousse,


    Persévère pour revoir sa frimousse


    Et de nouveau respirer son parfum ;




    La recroise trois quarts de tour après,


    Et le jour d'après, et les jours qui suivent,


    Elle est pour moi comme une coach sportive,


    Mais sans m'engueuler et sans faire exprès.




    Aujourd'hui, presque un mois s'est écoulé


    Depuis que j'ai quitté mes pantoufles,


    J'espère avoir bientôt assez de souffle


    Pour ne stopper qu'afin de lui parler.


  8. konvicted
    Dans l'esprit de That look you give that guy de l'excellent groupe Eels :

    Faute de bons sentiments




    Je n’ai pas la volonté de raconter des foutaises,


    Encore moins la bonté de prétendre être tout aise


    Du fait de te deviner heureuse avec ce gars-là.


    Je pourrais couper, coller sur ma face son visage


    Pour rien qu’une fois me voir destiné cet apanage


    De tendresse dans tes yeux, comme un regard de gala.




    Mais tout en le maudissant du haut de ma suffisance,


    Tout en croyant valoir mieux, me carre ma médisance


    Et espère seulement qu’il sait la chance qu’il a


    De ne pas être celui qui se ruine et qui se vautre


    Dans la fange de la honte à fantasmer être un autre


    En venant de se piquer la ruche à la tequila.




    J’aimerais être capable à la fois d’être sincère


    Et de vous souhaiter qu’aucun gravier jamais ne s’insère


    Dans l’horlogerie au quartz des vibrations de vos cœurs,


    Te reléguer au passé, au moins en avoir envie,


    Au lieu d’espérer un sort d’un illusionnisme obvie,


    Celui où je prends sa place avec un plaisir moqueur.




    S’il en fallait, c’est sans doute une preuve qu’il mérite


    Bien plus que moi d’effeuiller avec toi les marguerites,


    S’il a même un minimum conscience de son bonheur


    D’être celui dont les bras seuls disputent à Morphée


    La chance de t’y tenir quand fébrile ou dégrafée,


    Puisse-t-il toujours chérir le privilège, l’honneur.


  9. konvicted
    36 nuances d’aigri




    Ce grison renfrogné de cinquante ans


    N’a pas toujours été loup solitaire,


    Ni eu le caractère aussi austère,


    Mais est devenu dur du palpitant.


    Ce n’est pas la bonté qui le menace


    De l’étouffer en mâchant son mépris


    Quand il débat avec son mistigri


    De ces femmes qu’il appelle connasses,


    Passé par trent’-six nuances d’aigri.




    Ce taciturne âgé de quarante ans


    Accepte sans relent contestataire


    D’avoir son chat pour seul colocataire,


    À priori le seul y consentant.


    Quand la voix de la raison est loquace,


    On saisit que pour se mettre à l’abri


    De se faire avoir et des cheveux gris,


    Renoncer, c’est le remède efficace


    Contre la loi des nuances d’aigri.




    Ce jeune actif abordant les trente ans,


    Pour la deuxième fois célibataire,


    Se languit de retourner à la terre,


    La première ayant duré vingt-huit ans.


    Son amour a tourné les talons, lasse


    Qu’il ait peur, obsédé par son nombril,


    Qu’elle le laisse seul, amer et gris


    À penser que son destin dégueulasse


    Lui en fait voir des nuances d’aigri.




    Cet étudiant impatient de vingt ans


    Désespérant de visiter Cythère


    Se complaît dans l’attente velléitaire


    Quitte à calancher sans voir le printemps,


    Mais craint à mesure que le temps passe


    De finir, comme si c’était écrit,


    Misogyne, le cheveu rare et gris,


    Ayant traversé dans sa carapace


    Toutes sortes de nuances d’aigri.


  10. konvicted
    Parait que t’es morte




    Ça fait du bien d’être rentré, on en est à peine au lundi,


    Je suis déjà fin fatigué malgré ma sieste entre midi.


    Tu ne devineras jamais le dernier ragot qu’on colporte


    Au taf, je n’en revenais pas, tiens-toi bien : parait que t’es morte.




    J’arrive en tombant sur mon chef qui a l’air de voir un fantôme,


    Bouche bée, yeux écarquillés, figé jusqu’au dernier atome,


    Il est dix heures mais se dit surpris de me « revoir si tôt »,


    Je ne comprends pas bien, je tente : « ah, le week-end, ça va presto ».




    Tous mes collègues, t’aurais vu, des tronches de six pieds de long ;


    Je venais de perdre un contrat jeudi et là, tu sais, le blond,


    Christophe, vient me présenter ses « sincères condoléances »,


    « Je vais trouver mieux », je lui dis, « finalement c’est une chance ».




    J’ai dû passer pour un connard, j’ai compris mon égarement


    Et pourquoi tout le monde avait une tête d’enterrement


    Quand l’un d’eux m’a parlé du tien ; je n’ai pas trouvé l’origine


    Du ragot mais j’étais gêné pour eux, tout penauds, t’imagines.




    J’aurais été un profiteur, là, c’était l’occasion rêvée


    Pour demander des RTT… Ça va, toi ? tu m’as l’air crevée.




    [Édité le 24/03/15 pour y ôter deux pieds surnuméraires.]


  11. konvicted
    Les vrais maîtres de l'horreur




    Je ne ressens plus rien devant les films d'horreur,


    Wes Craven ne me fait absolument plus peur,


    Heureusement pour moi, il reste le JT,


    Le plus flippant, c'est que c'est la réalité,


    Enfin, presque.




    Frisson devant l'écran, on me vante l'effroi,


    L'info glace le sang, les faits divers sont froids,


    Un morts, deux morts, trois morts ou une infinité,


    Même en poussant au max la luminosité,


    Sur mon écran plasma, elle est bien laid', la vie,


    Si j'en crois les horreurs de l'actualité,


    Un casse, un meurtre, un viol, ça donne pas envie


    De mettre un pied dehors pour se faire buter.




    Un', deux, trois dépouill's dans les bois,


    Quatre, cinq, six coups de tournevis,


    Sept, huit, neuf suspects chez les keufs,


    Dix, onze, douze unes dans les news.




    Je ne ressens plus rien dans les romans d'horreur,


    Stephen King ne me fait absolument plus peur,


    Heureusement pour moi, il reste les journaux,


    C'est à peu près réel, et c'est ça le plus beau !


  12. konvicted
    Vieux maux en rires (On n’apprend qu’en saignant)




    Sans vouloir offenser Newton et Galilée,


    La gravité n’avait rien de secret pour nous


    Quand hauts de trois Golden on s’niquait les genoux


    À vélo après cette indignation gonflée :


    Marr’ des p’tit’ roues, des p’tit’ roues, toujours des p’tit’ roues !




    À force de s’casser la gueule, on sait qu’il faut


    Que jaunasse se fasse avant qu’un bleu s’efface,


    Qu’une croûte grattée aime à laisser des traces,


    Qu’on n’est pas loin d’ouïr siffler la grande faux


    En s’cognant le tibia contre la table basse.




    Qu’on soit grand ou enfant, on n’apprend qu’en saignant,


    Des bobos, des râteaux, des couteaux dans le dos,


    Qui donnent quand vécus vite envie d’en mourir ;


    Mais le temps important qu’on attend impotent


    Et pataud en pataugeant en eau louche a tôt


    Fait d’œuvrer à transformer les vieux maux en rires.




    Laissant jadis la porte ouverte à l’inconnue


    Cheminant alentour par dépit, par hasard,


    Mon cœur allait servir de repère aux lézards,


    La première venue ayant sans retenue


    Percé dans les cloisons, quel chantier, quel bazar !




    Pour tout remettre en ordre, il fallut bien du temps


    Et une bricoleuse avec des mains expertes,


    L’expérience, pourtant, ne fut pas pure perte,


    Car les erreurs de bleu, c’est en les répétant


    Qu’on finit par avoir la méprise parfaite.




    Qu’on soit grand ou enfant, on n’apprend qu’en saignant,


    Des bobos, des râteaux, des couteaux dans le dos,


    Qui donnent quand vécus vite envie d’en mourir ;


    Mais le temps important qu’on attend impotent


    Et pataud en pataugeant en eau trouble a tôt


    Fait d’œuvrer à transformer ces vieux maux en rires.


  13. konvicted
    Les pages blanches ont leurs aléas,


    Si j’y ai trouvé le bon patronyme,


    J’ai pu avoir pioché une homonyme


    En envoyant cette lettre…




    À Léa,




    Cela fait plus d’un lustre montre en main


    Qu’au hasard d’un carrefour nos chemins


    Se sont dit un ciao sans doute ultime.




    Ce serait joindre deux mots mensongers


    De dire que, hors de moments songés,


    Nous fûmes alors des amis intimes.




    Et le temps semant l’oubli sous ses pas,


    Cela ne m’étonnerait certes pas


    D’être au mieux un souvenir anonyme.




    Heureusement, j’ai la débilité


    De croire à sa réversibilité


    Même si tous les physiciens la briment.





    C’est pourquoi je bafouille ce courrier,


    Un peu périmé sinon avarié,


    Caressant l’espoir de revoir ta frime.




    Et tant pis s’il est tout à fait abscons,


    Que je sois oublié ou bien un con


    L’ayant envoyé à une homonyme.





    [Édité le 23/02/15 pour ajouter des sauts de ligne entre les tercets.]


  14. konvicted
    Je t'aime, connasse




    « Je n'ai d'yeux que pour toi. » Tristes fadaises !


    Y a pas plus con comme banalité,


    Comme il n'y a pas de courage à l'aise,


    Sans tentation, pas de fidélité.


    Je laisse les œillères aux chevaux


    Et aux Casanova des caniveaux,


    Si aucune rivale te menace,


    C'est simplement que je t'aime, connasse.




    Tu te fais du souci pour des loucheries,


    Jalousant des regards superficiels,


    Fantasmant des vaines coucheries,


    De tout petits plaisirs sacrificiels.


    C'est une preuve d'amour, ah, tu crois ?


    Plutôt d'un manque de confiance, en toi,


    Je peux pas t'en vouloir mais ça m'agace,


    Tu sais pas combien je t'aime, connasse ?


  15. konvicted
    Saint putain de Valentin




    Au diable le radin qui se découvre


    Anti société de consommation


    Tous les ans le jour où Cupidon couvre


    Sa gueuse de roses rouge-passion.




    Bonjour bouquets, bijoux et ballotins,


    On fait fi des comptes d’apothicaire,


    Fume simplement la carte bancaire


    Et se ruine pour la Saint-Valentin.




    Exit l’adepte aigri de la branlette


    Fustigeant cet étalage indécent,


    Qui, sitôt sa solitude obsolète,


    Suivra le comportement qu’il descend.




    Nom d’une pipe on n’est pas calotins,


    On s’embrasse en public toute l’année


    Sans que cette engeance en soit chiffonnée,


    Pourquoi râler à la Saint-Valentin ?




    J’emmerde le snobinard romantique


    Qui ayant tant pensé plus que vécu


    Baise deux étages plus haut qu’son cul


    Pour obtenir un frisson authentique.




    Merde, on n’est pas des trous de balle hautains,


    On se prend le cul plutôt que la tête,


    On sait saisir l’occasion d’une fête


    Pour jouir à fond de la Saint-Valentin.


  16. konvicted
    Saint-Valentin d'enfer




    En un tapis rouge, les pétales de roses


    Allongés sur le sol de la chambre au palier,


    La table du salon ornée d'un chandelier,


    De flûtes attendant qu'un mousseux les arrose ;




    Tout est exactement comme l'année dernière,


    Comme l'image dont ma mémoire a fait prêt,


    Soirée déjà vécue, au petit détail près


    Que tu ne rentreras pas de toute manière.




    Alors, cette année-ci, je mange et bois pour deux,


    Mais je ne viendrai pas à bout du ballotin,


    J'aime les chocolats mais pas les liquoreux.




    À peine un mois après que ton cœur s'est éteint,


    Je sais on ne peut mieux et en suis malheureux


    Ce que c'est d'être seul pour la Saint-Valentin.




    Poème inspiré de Valentine's Day de Linkin Park, et en particulier du passage suivant :




    And the clouds above move closer
    Looking so dissatisfied,
    And the ground below grew colder
    As they put you down inside;
    But the heartless wind kept blowing, blowing.
    So now you're gone, and I was wrong,
    I never knew what is was like, to be alone
    On a Valentine's Day, on a Valentine's Day.


  17. konvicted
    Comment je n'ai pas rencontré votre mère




    Du temps où je piquais du nez dans les études,


    Je me réalisai pris par la solitude


    Le jour où je le levai sur


    Une nymphe excentrique aux longs cheveux framboise


    Qu’elle teignait parfois en plus noir qu’une ardoise,


    Ou l'inverse, comment, c’est sûr ?


    Les cours de portugais pour seul lieu de rencontre,


    Je n’y eus d’attention que pour elle à l’encontre


    De Pessoa, et cetera.


    Je disais en mon for : exit la bagatelle,


    La cote, le statut, ce que je veux c’est elle,


    Mais um sol de primavera*.




    Mais sans aucun culot, sans grande volonté,


    Je sus que mon dessein n’était qu’une chimère


    Que je cédai à plus vaillant dans ma bonté ;


    En ce temps je n’ai pas rencontré votre mère.




    Dehors par un matin austère de décembre,


    Un vent à vous geler extrémités et membres


    Me porta jusqu’à un café.


    Je me pris un instant, une chaise, une tasse,


    Il n’en fallait pas plus pour que je me hâtasse


    Tout réchauffé d’aller taffer.


    Par chance ou par malheur cependant une plante


    Plus que belle entravait de sa gorge opulente


    Le chemin menant au grand air.


    Tournant au cramoisi, je pensai en moi-même :


    Il lui faut moissonner le trouble qu’elle sème


    À la façon de Déméter.




    Mais par ma lâcheté soudain trop débordé


    Pour me préoccuper d’une obsession mammaire,


    J’en fis fi et filai sans oser l’aborder ;


    Ce jour-là je n’ai pas rencontré votre mère.




    Il n’est guère besoin d’illustrations plus amples,


    Mais le temps s’accumule, ainsi que les exemples


    D’un interminable gâchis.


    Intraitable, Chronos emporte les passantes


    En laissant pour mémo la vue embarrassante


    De ma courbure du rachis.


    Je serai bientôt vieux, tout espoir s’amenuise,


    Je marche sur mes pas et, bien que ça me nuise,


    Repense en boucle à mes regrets.


    Je m’imagine alors ce que serait ma vie


    Si ma passivité ne me l’avait ravie,


    Si j’avais connu le progrès.




    Mais c’est là le destin du poltron inactif,


    Inapte à établir un lien même éphémère,


    C’est pourquoi je m’adresse à des enfants fictifs,


    C’est pourquoi je n’ai pas rencontré votre mère.




    * Littéralement "plus (+) un soleil de printemps", extrait de
    , titre phare de la reine du fado, Amália Rodrigues.

  18. konvicted
    Page blanche
    On tourne la page et puis on commence
    Une nouvelle, d'accord mais comment ?
    J'étais parti pour écrire un roman,
    Mais tout ce que j'ai c'est une romance
    Et le syndrome de la page blanche.
    On croit dans la vie avoir le contrôle,
    C'est un film dont on écrit le scénar,
    Mais qu'il soit un chef d'œuvre ou un nanar,
    Les acteurs ne voudront pas jouer leur rôle.
    Disons, tant qu'à pointer un responsable,
    Que c'est une erreur de distribution,
    Que j'ai lésiné sur les auditions
    En craignant de chercher l'insaisissable.
    T'as arraché la page, j'en commence
    Une nouvelle, mais dans un moment,
    En notre histoire je croyais vraiment
    Et en attendant de reperdre mes sens,
    J'ai le syndrome de la page blanche.
    Éros n'aura pas fait de vieux fémurs,
    Alors de retour à la solitude,
    Je retrouve mes vieilles habitudes,
    Demande de leurs nouvelles aux murs.
    Et des tiennes aux photos que j'y vois,
    Mais en vain, selon toute vraisemblance
    Elles préfèrent garder le silence ;
    Je voudrais au moins entendre ta voix.
    Faut tourner la page... vas-y, commence,
    Et je te suivrai, mais pas instamment,
    Juste le temps de semer le tourment,
    Ou bien d'expérimenter la démence
    Dans le syndrome de la page blanche.


  19. konvicted
    Premier volet d'une éventuelle suite de chroniques mensuelles comme le titre le suggère. J'ose penser que cette précision sera inutile mais mieux vaut prévenir que guérir : il ne faut pas tout prendre ce qui suit au premier degré. Seulement les trucs méchants. Chroniques hebdomadaires, merci, je vois qu'y en a qui suivent.
  20. konvicted
    La course aux petites culottes




    Nous venons juste d’entrer au lycée,


    Un camarade un petit peu vantard


    Nous raconte sa récente odyssée


    Dans l’incroyable univers des queutards,


    Nous faisant passer, nous autres puceaux,


    Pour des incultes à la candeur crasse,


    Nous encourage à faire le grand saut


    Avec la première fille qui passe ;




    Par une démo de première classe


    Convainc bien vite ma bande d’ados


    À grand renfort de mimes dégueulasses


    Que la virginité est un fardeau,


    Lance un pari pour que les plus flemmards


    S’attellent sans tarder à la corvée :


    Cent balles pour le premier au plumard,


    Voilà toute la bande motivée.




    Pas le temps de s’arrêter à Cythère,


    On n’a guère besoin de s’enticher,


    Pour trouver la première volontaire,


    Nous sommes prêts à mentir, à tricher ;


    Fermes, déterminés, nous nous mettons


    En quête d’une Vénus de Panurge*


    Le cœur suspendu au bout des tétons


    Qui aura compris que la besogne urge.




    Au prix de gros mots, au prix d’une murge,


    Chacun de nous espère avoir raison


    Des fichus botanistes dramaturges


    Vantant les vertus de la floraison ;


    Et comme on commence à se rapprocher


    De celle qu’on croit la plus débonnaire,


    On a peur de devoir se reprocher


    De n’être qu’un piètre décisionnaire.




    Mais je mise gros sur la gratitude


    De l’heureux objet de mon dévolu


    Pour qui j’aurai réduit la solitude


    À un sentiment lointain, révolu ;


    Pris de doutes, pense aux détails omis,


    Aux mensonges et aux inconsistances…


    Je la lourderai en douceur, promis,


    Allez ! je partage la récompense.




    Toujours puceau au retour des vacances,


    Loin d’avoir décroché le premier prix,


    Je suis dernier mais c’est sans importance,


    J’ai fini par être vraiment épris ;


    Mais, les résultats tout juste connus,


    Mon amour se montre soudain peu prude,


    Puis alors que nous sommes encor nus,


    Me dit texto : « bon, je te quitte »… rude !




    * Expression-valise de Brassens dans Chansonnette à celle qui reste pucelle.


  21. konvicted
    Malheureuse qui comme Pénélope




    Malheureuse qui comme Pénélope


    Se fait chier comme un diable au Vatican


    Après que son mec a levé le camp


    Sous prétexte de tâter du cyclope.




    Malheureuse qui comme Pénélope


    Repousse pléthore de prétendants,


    Se tuant à la tâche en attendant


    L’homme à l’absence pourtant interlope.




    Malheureuse qui comme Pénélope


    Douanière au contrôle des va-et-vient


    Ne veut d’autres coups de main que les siens


    Pour entret’nir ses trompes de Fallope*.




    Malheureuse qui comme Pénélope


    Aussi bêtement fidèle qu’un chien


    Ne conçoit pas quitter son bon à rien


    Avant qu’un blanc linceul ne l’enveloppe.




    * Merci d'y voir une hyperbole ou une métonymie, plutôt qu'une méconnaissance de l'anatomie. Voir
    Mélanie de Brassens.



    Le titre est évidemment une allusion à
    Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage de Du Bellay, mais le fond tient plus de Pénélope de Brassens.

  22. konvicted
    Bernard




    Il n’était pas volubile à la façon d’un Renard,


    Disait à peine bonjour, au revoir à la limite


    Et comme il avait toujours vécu seul tel un ermite,


    À l’usine automobile, on le surnommait Bernard.




    Nul n’aurait pu le surprendre à conter dans le détail


    Les périples anodins d’une existence rangée,


    Ce n’est pas que ce gredin en eût eu l’humeur changée,


    Mais il n’avait su apprendre à se confondre au bétail.




    Les quelques soirs de virée au bar après le boulot,


    Il n’était pas invité ou seulement pour la forme,


    Personne n’eut suspecté qu’il déviât de sa norme


    Pour le temps d’une soirée aller tâter du goulot.




    Lorsqu’il roula sous la table, il fut réduit à chasser


    Quelques rumeurs le disant du rang des fous ou des bègues,


    Joignant le peu reluisant babil creux de ses collègues


    Qu’il eût trouvé lamentable avant de se fracasser.




    Depuis cette renaissance, oubliant son sobriquet


    On l’appelait par son nom de descendance allemande,


    Chaque fois, crénom de nom, on en faisait la demande


    Et non sans reconnaissance il venait au bistroquet.




    Il mourut, triste ironie, au moment même du pot


    De son départ mis sur pied avec grande minutie ;


    Avec la Camarde il sied d’apprécier la facétie


    Mais nous l’avons bien honnie en ralliant seuls le tripot.


  23. konvicted
    Drogues dures




    Chais pas si le dernier a déjà fait effet


    Ni s’il fera effet, étant devenu norme,


    Mais je me sens si loin du top de ma forme,


    J’en suis pas à un près, je reprends un café.




    Je m’en voudrai ce soir, trouvant manquer d’espace


    Dans les bras de Morphée, écœuré de compter


    Des moutons par milliers, pensif et agité,


    Ne pouvant pas fermer les yeux sur cette tasse.




    Mais la caféine est une drogue si douce…




    Paraît qu’avec le sucre, il faut y’aller mollo


    Alors je mets un peu d’eau dans ma grenadine


    Mais qu’on ne touche pas au miel de mes tartines,


    À mes trois chocolats et à mes marshmallows.




    Je m’en voudrai bientôt, quand j’aurai le diabète,


    Faisant une croix sur les gâteaux, les bonbecs,


    En repentir forcé à l’eau et au pain sec,


    On n’regrette jamais à l’avance, c’est bête.




    Mais le saccharose est une drogue si douce…




    Les dégâts de l’alcool ne sont pas folichons


    Alors je mets un peu d’eau dans mon verre de jaune,


    Mais pas touche à mon vin, comptez pas sur la faune


    Médicale pour me monter le bourrichon.




    Je m’en voudrai plus tard, contraint par la cirrhose


    À bien vouloir baisser les coudes pour de bon,


    Gratifiant l’ancien moi de jurons furibonds ;


    En l’attendant pénard, la santé, ça s’arrose !




    Car l’apéritif est une drogue si douce…




    Et le moment venu de payer l’addiction,


    Pour ne pas trop souffrir des effets du sevrage,


    Je voudrai une amour dans la force de l’âge


    Pour ultime intoxication.


  24. konvicted
    Le traître




    Nous étions trois jeunes jobards


    Unis comme cul et chemise,


    Les copains d’abord pour devise ;


    Soir après soir, bar après bar,


    Tissions un lien indémodable


    Trinquant autour d’un formidable.




    Mais le plus faible d’entre nous,


    Brisant la promesse que onques


    Ne viendrait s’intrure quiconque,


    Chut stricto sensu à genoux


    Pour une femme des plus bêtes


    Dont seuls s’éprennent les esthètes.




    La diablesse mit le grappin


    À très courte longueur de chaîne


    Si profondément dans sa couenne


    Qu’au rendez-vous des bons copains,


    Nous n’étions souvent qu’une paire


    Maudissant ladite vipère.




    Quand il se pointait, foutredieu !,


    Ce bougre d’ami infidèle


    Ne savait plus parler que d’elle ;


    Nous deux peu miséricordieux,


    Vexés, amers, jaloux peut-être,


    Le rebaptisâmes le traître.




    Le traître, le félon, Judas,


    Horreur, comble de l’indécence,


    Après quelques longs mois d’absence,


    Sans en rougir nous demanda


    Au moment de nos retrouvailles


    Pour témoins de ses épousailles.




    Ayant dit à grand-peine amen,


    J’eus la hardiesse de me croire


    Enfin à l’abri des déboires


    Mais venu le jour de l’hymen


    Mon dernier ami en pensée


    Se trouva une fiancée…




    Nous étions trois jeunes amis


    Unis comme cul et chemise


    Avant que l’amour nous divise ;


    Moi qui ne suis pas bien remis


    M’octroie un réconfort ultime


    En besognant leurs légitimes.


  25. konvicted
    Verglas




    Ce jour-là, je marchais contre grands vents et froid


    Me pressant pour rentrer au plus vite chez moi


    Puissamment animé par une humeur fougueuse


    Dont un bête accident voulut sonner le glas


    Quand par inattention, glissant sur le verglas,


    Je me suis rétamé la gueule,


    Je me suis rétamé la gueule.




    Une passante me surprenant sur le cul


    Me tendit une main que j’acceptai vaincu


    Par ce temps où Goldman n’oserait marcher seul,


    Et me recommanda des chaussures de ski


    En me toisant du haut de talons rikiki


    Comme pour se payer ma gueule,


    Comme pour se payer ma gueule.




    Quand elle eut demandé : ça va, rien de cassé ?


    Je ne pouvais laisser cette occasion passer,


    Je lui dis : rien pour l’instant mais comme l’avenue


    Est à n’en plus finir, je conserve l’espoir


    De ne pas tarder à tutoyer son trottoir,


    À moins que quelqu’un m’offre une aide bienvenue.


    Elle me prit le bras, appelez-ça magie,


    Pour m’assurer bon pied, bon œil jusqu’au logis


    Et je suis de nouveau tombé, oui, mais des nues,


    Quand après lui avoir proposé un kawa,


    Un verre d’eau, un thé, un kir, n’importe quoi,


    J’en fis faire le tour à la belle inconnue.


    Je ne puis tolérer aucune indiscrétion,


    Ne me demandez pas dans quelle position


    La nuit-même elle n’eût pu se trouver plus nue.




    Je ne suis plus jamais tombé sur le verglas,


    C’est simple, je ne sors plus depuis ce jour-là


    Sans mes chaussures de montagne.


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