Les invisibles

[querida13 20 928]

Le thème: menacées par la fermeture de leur centre  social d'accueil aux femmes SDF , l'envol, quatre assistantes sociales décident de leur propre chef d'en faire un centre d'hébergement et de réinsertion.

Critique: vous n'irez pas voir ce film pour vous divertir, bien qu'il soit divertissant par bien des côtés, ne vous fiez donc pas à l' intitulé comédie qu'il affiche. Ceux qui veulent du spectacle hollywoodien qui vend du rêve américain pour tous sur fond de bons sentiments et de musique sirupeuse et belles pépées à gogo, passez votre chemin, il est aux antipodes de ce type de spectacle. Ce film est aride, réalisé avec peu de moyens, cru, nu comme la pauvreté. Surfant sur la mode ch'ti les entrepôts et maisons ouvrières du Nord lui campent un décor urbain gris triste et sans beauté.

Vous allez descendre à la cour des miracles, où des femmes frustes   ( de véritables SDF recrutées pour l'occasion) vivent dehors sur des terrains vagues sous des tentes, les flics les expulsent, elles vivent de mendicité et n'ont qu'un seul ilôt de chaleur où conserver un peu de dignité humaine, l'envol où on les douche , où elles lavent leurs hardes, où on leur offre un soutien psychologique , où on les oriente sur de pistes de travail, où on les suit.

Mais ces femmes là, mal lookées, d'un physique ingrat et souvent usé, parfois sans papiers, sans formation convenable, au chômage, parfois étrangères, parfois reprises de justice, parfois agressées et traitées en parias par les SDF elles- mêmes,  souvent en rupture familiale, coachées par des assistantes, un peu plus averties qu'elles en matière de codes sociaux mais qui risquent leur place en prenant des initiatives désespérées,  parviennent à recouvrer un peu de dignité, un peu d'argent et quelques CDD et  donnent vie , l'instant d'un film à une micro société qui tente de  fonctionner péniblement et tant bien que mal.

 Ce film est une victoire à la Pyrrhus, une victoire qui a tout l'air d'un défaite, où l'individu n'a que sa dignité, sa solidarité,ses repères sociaux  et ses quelques compétences  pour se sortir   de ses  problèmes existentiels lorsqu'il vit au sein  d'une société vécue comme une machine bureaucratique aveugle et procédurière taraudée par des impératifs de rentabilité qui  bride  toute initiative constructive et  où règne l'exclusion et le désamour.

 Il y a quelques scènes comiques bien réussies certes, ( scène avec les enfants et tôlarde, scène de l'agence d'intérim, scène de la déchetterie, scène de l'employé de la déchetterie amoureux…) mais l'on sort de ce film  réaliste qui  brosse une véritable peinture sociale à la Zola, singulièrement remué et ému.

On notera le travail d'artiste des quatre actrices principales filmées crûment sans artifice , ramant dans la galère avec les damnées de cet enfer humain, avec parfois de grandes crises de foi.

Audrey Lamy est convaincante lorsqu'elle campe  un personnage énergique , volontaire, impliqué mais cependant fragile et doutant de soi,  à mille lieues du personnage évaporé et superficiel de Marion dans scènes de ménages. Corinne Masiero, nous offre un extrait de la palette de son talent lorsqu'elle incarne un chef de service à la main de velours sous son gant de fer . Lvovsky nous brosse un personnage de psychologue   en rupture sentimentale très attachant, tandis que la jeune Lukumuena nous dépeint une Angélique enthousiaste à la bonne humeur communicative.

 

[Boubakar 75]

Bonjour tout le monde
Je ne suis pas encore allé voir le film au cinéma, mais rien qu’en regardant sa bande-annonce, je l’ai beaucoup aimé. Ce qui m’a le plus plu, c’est le fait que malgré la décision de fermer le centre d’accueil pour femmes SDF, les travailleuses sociales font tout en leur possible afin de remettre le sourire sur les lèvres de ces femmes.

[querida13 20 928]

Elles récupèrent surtout  de la dignité!

[Invité sera-angel]

Le 16/01/2019 à 11:12, querida13 a dit :

Le thème: menacées par la fermeture de leur centre  social d'accueil aux femmes SDF , l'envol, quatre assistantes sociales décident de leur propre chef d'en faire un centre d'hébergement et de réinsertion.

Critique: vous n'irez pas voir ce film pour vous divertir, bien qu'il soit divertissant par bien des côtés, ne vous fiez donc pas à l' intitulé comédie qu'il affiche. Ceux qui veulent du spectacle hollywoodien qui vend du rêve américain pour tous sur fond de bons sentiments et de musique sirupeuse et belles pépées à gogo, passez votre chemin, il est aux antipodes de ce type de spectacle. Ce film est aride, réalisé avec peu de moyens, cru, nu comme la pauvreté. Surfant sur la mode ch'ti les entrepôts et maisons ouvrières du Nord lui campent un décor urbain gris triste et sans beauté.

Vous allez descendre à la cour des miracles, où des femmes frustes   ( de véritables SDF recrutées pour l'occasion) vivent dehors sur des terrains vagues sous des tentes, les flics les expulsent, elles vivent de mendicité et n'ont qu'un seul ilôt de chaleur où conserver un peu de dignité humaine, l'envol où on les douche , où elles lavent leurs hardes, où on leur offre un soutien psychologique , où on les oriente sur de pistes de travail, où on les suit.

Mais ces femmes là, mal lookées, d'un physique ingrat et souvent usé, parfois sans papiers, sans formation convenable, au chômage, parfois étrangères, parfois reprises de justice, parfois agressées et traitées en parias par les SDF elles- mêmes,  souvent en rupture familiale, coachées par des assistantes, un peu plus averties qu'elles en matière de codes sociaux mais qui risquent leur place en prenant des initiatives désespérées,  parviennent à recouvrer un peu de dignité, un peu d'argent et quelques CDD et  donnent vie , l'instant d'un film à une micro société qui tente de  fonctionner péniblement et tant bien que mal.

 Ce film est une victoire à la Pyrrhus, une victoire qui a tout l'air d'un défaite, où l'individu n'a que sa dignité, sa solidarité,ses repères sociaux  et ses quelques compétences  pour se sortir   de ses  problèmes existentiels lorsqu'il vit au sein  d'une société vécue comme une machine bureaucratique aveugle et procédurière taraudée par des impératifs de rentabilité qui  bride  toute initiative constructive et  où règne l'exclusion et le désamour.

 Il y a quelques scènes comiques bien réussies certes, ( scène avec les enfants et tôlarde, scène de l'agence d'intérim, scène de la déchetterie, scène de l'employé de la déchetterie amoureux…) mais l'on sort de ce film  réaliste qui  brosse une véritable peinture sociale à la Zola, singulièrement remué et ému.

On notera le travail d'artiste des quatre actrices principales filmées crûment sans artifice , ramant dans la galère avec les damnées de cet enfer humain, avec parfois de grandes crises de foi.

Audrey Lamy est convaincante lorsqu'elle campe  un personnage énergique , volontaire, impliqué mais cependant fragile et doutant de soi,  à mille lieues du personnage évaporé et superficiel de Marion dans scènes de ménages. Corinne Masiero, nous offre un extrait de la palette de son talent lorsqu'elle incarne un chef de service à la main de velours sous son gant de fer . Lvovsky nous brosse un personnage de psychologue   en rupture sentimentale très attachant, tandis que la jeune Lukumuena nous dépeint une Angélique enthousiaste à la bonne humeur communicative.

 

Mon ami m'a "intimé l'ordre" (bon gentiment quand même) d'aller voir ce film, c'est donc bien que tu me le rappelles .. j'avoue que j'ai plus louché sur l'affiche et la bande annonce de "Colette" mais je crois que je vais y aller au final aussi.. peut être un signe, qu'il faut que j'y aille, le fait de retomber sur l'annonce de ce film ici  

[querida13 20 928]

La personne qui joue l'ex-détenue, c'est un personnage, elle crève l'écran!