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Jean-Claude Veillard, ­ancien directeur sûreté , ses déclarations sur Lafarge.


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http://www.liberation.fr/france/2018/04/22/syrie-comment-lafarge-informait-l-etat-francais_1645131

Syrie: comment Lafarge informait l'Etat français

Par Willy Le Devin et Ismaël Halissat 22 avril 2018 à 17:36
Le 23 décembre 2016, l'ancienne usine Lafarge en Syrie, sur la route vers Raqqa, dans le Nord syrien. Le 23 décembre 2016, l'ancienne usine Lafarge en Syrie, sur la route vers Raqqa, dans le Nord syrien. Photo Chris Huby. Le Pictorium.
 

Dans l’affaire du financement de l’Etat islamique par l’entreprise de matériaux de construction, «Libération» révèle que les renseignements français étaient informés de façon précise et régulière par le directeur sûreté. L’Elysée et le Quai d’Orsay participaient à des discussions stratégiques sur l’envoi de soldats dans l’usine.

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    Syrie: comment Lafarge informait l'Etat français

La révélation est sulfureuse, et ouvre un nouveau front dans l’enquête judiciaire sur les agissements de Lafarge en Syrie. Ce 12 avril, Jean-Claude Veillard, ­ancien directeur sûreté de la multinationale française (qui a fusionné en 2015 avec le suisse Holcim), passe la journée dans le bureau de la juge d’instruction parisienne, Charlotte Bilger. Il fait partie des six dirigeants du cimentier mis en examen pour avoir versé d’importantes sommes d’argent, entre 2012 et 2014, à plusieurs groupes armés, dont l’Etat islamique, dans le but de poursuivre l’activité de la cimenterie syrienne en zone de guerre. Lors de ce troisième interrogatoire, révélé par ­Libération, la juge questionne Jean-Claude Veillard sur un point crucial : les services de renseignements français étaient-ils informés de la «réalité du financement» de l’EI par ­Lafarge ? La réponse est limpide : «Je ne faisais aucun tri dans les informations que je donnais aux services des renseignements.» Et d’enfoncer le clou : «Au cours des réunions, j’ai donné toutes les informations.» Selon l’agenda fourni par Jean-Claude Veillard aux enquêteurs, le directeur sûreté a rencontré à 33 reprises les différents services de renseignement extérieurs (DRM, DGSE) et intérieur (DGSI) entre 2012 et 2014. Un canal fructueux, qui a pu permettre au plus haut niveau de l’Etat d’être avisé en temps réel des équilibres militaires dans le nord de la Syrie, mais aussi de la réalité des agissements de Lafarge. Jusqu’ici, le scandale dépeignait surtout l’entêtement d’une multinationale pour engranger des profits au risque d’exposer ses salariés aux enlèvements et de contribuer au financement d’une organisation terroriste. Désormais, c’est l’Etat qui apparaît au cœur de l’affaire.

Fibre patriotique

Ancien commando marine, en poste dans l’entreprise depuis 2008, Jean-Claude Veillard, 64 ans, est un familier des cercles de la défense nationale. A la juge Bilger, il tient à préciser qu’il a «passé [sa] vie à combattre le terrorisme, en Afghanistan, en Bosnie, en Somalie». Décrit comme un homme à la fibre patriotique chevillée au corps, il noue au fil du temps une relation de confiance avec différents services secrets. Lors d’une première audition le 3 avril, Veillard détaille la proximité qu’il dit avoir entretenue avec le renseignement français : «Mon point d’entrée pour la DGSE était le point d’entrée pour toutes les entreprises, qui n’était pas spécialement dédié pour Lafarge en Syrie. J’avais des échanges très réguliers avec lui [son contact à la DGSE, ndlr], au cours desquels je lui transmettais les informations dont je disposais. Il arrivait que des personnes en charge de la situation syrienne demandent à me rencontrer, ce que j’acceptais.» La juge tente alors de sonder l’importance de ses renseignements pour les services : «Etiez-vous la seule source d’information pour la DGSE ?» «Dans cette partie de la ­Syrie, j’aurais la prétention de le croire», rétorque le directeur sûreté.

Lire aussi Lafarge en Syrie : le Quai d'Orsay retrouve doucement la mémoire

De nombreux mails saisis lors d’une perquisition au siège de Lafarge documentent également la relation entre l’agence du boulevard Mortier et Jean-Claude Veillard. Pour ­converser avec le directeur ­sûreté, la DGSE opte pour la création d’une adresse mail dont l’intitulé est ­surprenant : grosmarmotte@gmail.com. Plusieurs fois, Veillard l’utilisera pour informer le service de la destinée de l’usine. Ainsi, le 13 septembre 2014, il avise la DGSE de sa future rencontre avec deux dirigeants kurdes en France. L’EI attaque l’usine et en prend possession quelques jours plus tard, le 19 septembre. Dans un autre mail adressé à la DGSE, daté du 22 septembre, Veillard fait ouvertement part de son inquiétude : «L’usine est maintenant occupée par Daech qui bénéficie de notre cantine, clinique et base vie. […] Le contact a été établi pour la libération de nos collègues chrétiens. Nous recherchons maintenant une voie pour payer la “taxe” car leur jugement est simple : la conversion, la taxe ou la vie…»

Deux mois plus tard, le 17 novembre, nouveau bilan d’étape dressé par Jean-Claude Veillard. Il révèle alors à la DGSE qu’Amro Taleb – que l’on connaît aujourd’hui comme l’un des principaux intermédiaires entre Lafarge et l’EI – propose de «relancer l’usine sous le contrôle d’hommes “d’affaires” de Daech.» Le 23 décembre, enfin, Veillard écrit : «La situation évolue. Des représentants de Daech, par le biais de distributeurs locaux, ont commencé à établir des contacts avec certains de nos employés. Ils ont besoin de soutien technique pour remettre en route le générateur électrique. Nous résistons pour l’instant en arguant du fait que l’usine est pilotée depuis la France et qu’il est impossible de remettre en route localement. L’argument ne tiendra pas longtemps.» Le lendemain, l’agent de la DGSE répond de façon étonnante. Depuis l’adresse mail avec l’alias «grosmarmotte», il demande à Jean-Claude Veillard d’envoyer «les plans de l’usine et les éléments de localisation GPS» sur une autre adresse, cette fois-ci sur @defense.gouv.fr. Puis poursuit : «Sinon nous sommes intéressés par tout élément sur les représentants de Daech en contact avec vos employés… Tel, mails, pseudos, descriptions, etc. bon courage.»

«Fond de carte»

Outre la DGSE, Jean-Claude Veillard fait également état de liens étroits avec les autres services français : «Nous fonctionnions de la même manière, j’avais un point de contact particulier avec la DGSI ainsi qu’à la direction du renseignement militaire (DRM)», relate celui qui a par ailleurs été candidat sur la liste Front national aux municipales à Paris en 2014. Loquace, le directeur sûreté précise aussi le travail de terrain qu’effectuaient les deux «gestionnaires de risques» de Lafarge en Syrie, le Norvégien Jacob Waerness, puis le Jordanien Ahmad Jaloudi, vétérans des services secrets de leurs pays respectifs. Ces derniers collectaient «des informations auprès des conducteurs, des clients, des fournisseurs et parfois des employés», se souvient Veillard. Le sexagénaire récupère alors «tous les mois ou tous les deux mois […] un fond de carte qu’il travaillait sur Google» avant de le transmettre en direct «à la DGSE, à la DGSI et à la DRM». La juge Bilger relance : «Devaient-ils rencontrer les responsables de groupes armés ?» «Leur première mission, c’est l’acquisition du renseignement. Si ces rencontres pouvaient leur permettre d’obtenir des informations, ils pouvaient le faire», assure Jean-Claude Veillard.

En avril 2017, lors de la première phase des investigations, les enquêteurs ont tenté en vain de rencontrer l’ancien «gestionnaire des risques» norvégien de Lafarge. Jacob Waerness a officiellement quitté le cimentier à la fin de l’année 2013, et travaille désormais à Zurich en Suisse. «Jacob Waerness nous a indiqué qu’il n’avait pas de déplacement prévu à Paris dans les prochains mois. A la proposition de se voir à la frontière franco-suisse, […] Monsieur Waerness a décliné la proposition et nous a indiqué qu’il préférait que nous fassions le déplacement en Suisse», écrivent les douaniers sur procès-verbal. L’homme, qui a mis en scène une partie de son aventure syrienne dans un livre, n’a donc pour l’heure jamais répondu aux questions des trois juges d’instruction Charlotte Bilger, Renaud Van Ruymbeke et David de Pas. Son rôle semble pourtant primordial dans les relations avec les groupes armés en Syrie et la mise en place du système de versements d’argent.

La porosité entre le service sûreté de Lafarge et les services de renseignement est renforcée par deux recrutements effectués par Jean-Claude Veillard. Une contractuelle de la DCRI (future DGSI) travaille près d’un an et demi pour Lafarge, entre 2010 et 2011. Pour la remplacer, le directeur sûreté recrute cette fois-ci un agent de la DGSE. Veillard fait également valoir ses relations avec les patrons de ces deux services : «Je connaissais le directeur du renseignement militaire, le patron de la DGSI.» Selon nos informations, un déjeuner avec Patrick Calvar, alors à la tête du renseignement intérieur, a eu lieu mi-2016, à l’époque des premières informations du journal le Monde sur l’affaire.

Lire aussi L’affaire Lafarge fait les affaires de Holcim

Ce n’est qu’après plusieurs heures d’audition que Jean-Claude Veillard en arrive au point le plus sensible de ses déclarations. Les services de renseignement pouvaient-ils ignorer les remises d’argent aux nombreux groupes armés, parmi lesquels, à partir de novembre 2013, l’Etat islamique ? Le 12 avril, Jean-Claude Veillard se livre : «En 2013, j’ai compris l’économie générale au profit des groupes armés», puis en 2014, les «liens avec Isis [l’EI, ndlr]». La magistrate insiste : «Vous avez déclaré avoir appris la réalité du financement en 2014. Avez-vous informé les services de renseignement avec lesquels vous déclariez être en contact régulier des informations dont vous disposiez sur ce point ?» Jean-Claude Veillard réitère alors avoir «donné toutes les informations». «Quelle était leur réaction ?» enfonce la juge Bilger. «Ils engrangent les informations, c’est leur métier.» Une réponse sibylline, qui ouvre une suite logique : que savait le sommet de l’Etat de cette situation explosive ?

«Déploiement»

Les derniers éléments de l’enquête que nous révélons permettent d’obtenir une première indication du rôle joué par la diplomatie française et l’Elysée dès 2014, alors que l’usine syrienne venait d’être investie par l’EI. «En octobre ou novembre», Jean-Claude Veillard fait état de contacts avec le cabinet militaire du président François Hollande. «Mon simple objectif était de faire comprendre que cette usine pouvait être utilisée comme base dans le cadre de déploiement des forces militaires françaises», explique le directeur sûreté de Lafarge dans le bureau du juge. A la fin de l’année 2015, ce sont dans un premier temps les forces spéciales américaines qui prendront pied dans l’usine. Le 28 décembre 2015, Jean-Claude Veillard contacte par mail l’ambassadeur français pour la Syrie, basé à Paris, Franck Gellet, afin de le rencontrer : «J’ai informé le directeur de la DRM et le CEMP [état-major personnel] du PR [président de la République] de cette évolution de situation. […] Je sollicite un rendez-vous dès que possible afin que nous puissions partager avec vous les informations à notre disposition et que vous nous proposiez une stratégie pour garder le contact avec ce site.» Le commandement militaire retient finalement la proposition de Lafarge, et positionne des forces spéciales françaises dans l’usine, aux côtés des Américains, quelques semaines plus tard.•

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Lafarge en Syrie : le Quai d'Orsay retrouve doucement la mémoire

Par Ismaël Halissat 28 février 2018 à 13:21
La cimenterie Lafarge en Syrie. La cimenterie Lafarge en Syrie. Photo Daniel Riffet.Photononstop

Dans une lettre envoyée aux juges d’instruction par l’ancien ambassadeur de France à Damas, Eric Chevallier, le Quai d’Orsay reconnait pour la première fois qu'un entretien a eu lieu à l’été 2012 avec les dirigeants de Lafarge.

  • Lafarge en Syrie : le Quai d'Orsay retrouve doucement la mémoire

Depuis près d’un an, les diplomates étaient catégoriques et affirmaient face aux enquêteurs que le Quai d’Orsay n’avait pas rencontré les dirigeants de Lafarge entre le mois de septembre 2011 et septembre 2014 pour évoquer la situation du groupe en Syrie. Cette période est au cœur des investigations de la justice française concernant l’activité de Lafarge et de son usine de ciment de Jalabiya dans le nord-est du pays, après des révélations du journal le Monde sur le financement par Lafarge – qui a fusionné en 2015 avec le suisse Holcim – de plusieurs groupes armés, dont l’Etat islamique. Ces déclarations de la diplomatie française étaient contredites par l’ancien directeur adjoint de la multinationale, Christian Herrault, qui affirme que plusieurs réunions avaient été organisées. Dans une lettre envoyée aux juges d’instruction par l’ancien ambassadeur de France à Damas, Eric Chevallier, et consultée par Libération, le Quai d’Orsay retrouve pour la première fois la mémoire. Oui, une réunion a bien eu lieu à l’été 2012 avec les dirigeants de Lafarge.

«Je pensais que les responsables de Lafarge qui évoquaient l’existence d’entretiens se trompaient d’autant plus que les propos qui m’étaient attribués ne correspondaient en rien à ce que j’aurais pu dire», écrit le diplomate dans un courrier daté du 15 janvier 2018, reconnaissant pour la première fois qu’un «entretien a bien eu lieu, à l’été 2012». Cet envoi fait suite à la confrontation judiciaire organisée quelques jours auparavant entre Christian Herrault et Eric Chevallier. A ce moment, le diplomate était toujours catégorique, affirmant qu’il n’avait aucun «souvenir de ces rencontres» et que «le ministère a mené un travail de recherche dans ses archives et [qu']il ne trouve pas trace de ces rencontres».

Versement à des groupes armés terroristes

L’acharnement de la multinationale à poursuivre son activité dans ce pays en pleine guerre civile entre 2011 et 2014 est au cœur de l’enquête judiciaire ouverte en octobre 2016 après des révélations du Monde. Début décembre 2017, les deux directeurs successifs de la filiale syrienne –  Bruno Pescheux et Frédéric Jolibois  –, ainsi que Bruno Lafont, ancien PDG du groupe, Christian Herrault, ex-directeur général adjoint, Eric Olsen, ancien DRH, et Jean-Claude Veillard, ancien directeur sûreté du groupe, ont été mis en examen pour «financement d’entreprise terroriste» et «mise en danger de la vie d’autrui». Des versements à des groupes armés terroristes, dont l’Etat islamique, ont effectivement été établis par un rapport d’expertise interne, confirmé depuis par les recherches des magistrats.

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Christian Herrault, l’ancien directeur adjoint de Lafarge notamment en charge de la Syrie, avait allumé la mèche dès l’enquête préliminaire en déclarant aux enquêteurs que la diplomatie française les avait incités à rester en Syrie – restituant la position supposée de l’époque : «Le Quai d’Orsay dit qu’il faut tenir, que ça va se régler.» Lors de la confrontation, Christian Herrault précisait ses propos et faisait état d’une discussion à l’été 2012 en présence «d’une jeune femme du bureau du Moyen-Orient» du ministère des Affaires étrangères. Il attribuait des propos à l’ambassadeur de l’époque : «Vous devriez rester, les troubles ne vont pas durer.» De son côté, le diplomate Eric Chevallier campait sur sa position : «Il ne résulte absolument aucune trace de ces réunions.»

Recherches complémentaires

Après cette confrontation, Eric Chevallier explique finalement dans sa lettre, qu’il a fait des recherches complémentaires et a contacté la «jeune femme du bureau du Moyen-Orient». Désormais en poste à l’ambassade de France en Egypte, elle se souvient bien de cet entretien, selon la lettre adressée aux juges d’instruction. «Elle m’a indiqué que personne au ministère ne lui avait jusqu’à ce jour posé la question, mais qu’effectivement elle avait le souvenir de cette réunion», écrit Eric Chevallier. Et précise qu’il «confirme ne pas avoir conseillé́ le maintien de l’usine Lafarge en Syrie». Contactée par Libération, la diplomate indique simplement qu’elle ne souhaite «pas commenter».

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Si ce nouvel élément n’est pas déterminant pour comprendre la responsabilité de la diplomatie française dans la situation de l’usine de Lafarge en Syrie, il interroge sur sa bonne volonté pour retrouver les traces de ces réunions. Comment est-il possible qu’aucune note, aucun compte rendu, aucune mention dans un agenda, aucun mail à ce propos n’aient été communiqués par le ministère des Affaires étrangères aux juges chargés de l’enquête ? Contacté par Libération, le Quai d’Orsay indique pourtant avoir transmis «à la justice les informations ou les documents qu’elle […] demande». Sans plus de précision.

Lors de la confrontation judiciaire, l’ancien directeur adjoint de Lafarge avait également fait état d’une autre réunion avec le ministère «au cours de l’hiver 2012-2013». Selon lui, Eric Chevallier, était alors «au courant de la situation de l’usine et il comprenait parfaitement l’intérêt de maintenir l’usine pour le développement de la région». Christian Herrault assurait l’avoir revu au moins une fois ensuite et avoir eu un «long échange téléphonique» avec le diplomate, début 2014. L’audition de Laurent Fabius alors à la tête du Quai d’Orsay, demandée par l'association Sherpa, partie civile dans l'enquête, pourrait permettre d’en savoir plus.

Ismaël Halissat
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https://francais.rt.com/entretiens/50162-bassam-tahhan-sur-affaire-lafarge-letat-francais-organisait-toutDénonçant une implication de l'Etat français dans l'affaire des tractations financières entre l'usine Lafarge en Syrie et Daesh, le politologue Bassam Tahhan pointe la responsabilité des politiciens de l'époque, avec à leur tête François Hollande.

RT France a reçu le 24 avril Bassam Tahhan, géopolitologue d'origine syrienne pour parler de l'affaire Lafarge en Syrie. De nouvelles révélations publiées par Libération le 22 avril soulignent que l'Etat français aurait été informé des tractations, notamment financières, entre le cimentier français basé dans le nord de la Syrie et les terroristes de l'Etat islamique.

Pour Bassam Tahhan, il ne fait aucun doute que la France était au cœur de ces échanges : «Je crois que l'Etat français était non seulement au courant mais qu'il organisait tout cela» a-t-il notamment déclaré. Il a rappelé que Lafarge avait non seulement payé des taxes à Daesh pour que ses ouvriers puissent aller et venir sur le site industriel, mais avait aussi acheté du pétrole à l'organisation terroriste pour continuer à faire tourner son usine. Bassam Tahhan a également détaillé la teneur des matériaux auxquels auraient eu accès les terroristes à travers l'usine Lafarge en Syrie, parmi lesquels des matières chimiques. De quoi permettre à Daesh, selon lui, de «faire un combustible d'obus et de missiles».

Pour le géopolitologue, les responsables de Lafarge mis en examen dans cette affaire ne sont que des «fusibles». Bassam Tahhan n'hésite pas à pointer la responsabilité des représentants politiques français. Pour lui, les dirigeants de Lafarge «étaient des marionnettes dans les mains des hommes politiques de l'époque c'est à dire Fabius, Valls, même le président de la République François Hollande». «Ils étaient au courant», estime-t-il encore, ajoutant : «Le programme était de renverser Assad.»

 

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