L'escalade
J’ai grandi près d’un trou, c’est inhabituel
Je tombais dedans poussée par d’autres enfants
Mes larmes séchaient en peu de temps
Et d’un bond j’en sortais sous leurs rires cruels
Pauvre casse-cou, j’y retournais sans cesse
Pied de nez à ceux qui m’y poussaient
De leurs rires qui me frappaient
Par défi, j’y sautais avec hardiesse.
Mais le temps a passé, les parois sont érodées et le trou s’est creusé
Y tomber n’est plus amusant, je manque d’entrain
J’ai essayé de le quitter, de m’éloigner, en vain
Désormais un bond ne suffit plus, il me faut grimper.
Je continue de tomber, ma peau se déchire, mes os sont brisés
Je m’assoie et laissent mes plaies se refermer.
J’entends en haut les voix qui m’exhortent à escalader
Mais l’ascension est douloureuse sur les parois aiguisées.
Je glisse, me blesse et regarde le sang s’écoulé
Je reste couchée, dans le froid de ce cachot
Leurs voix ne sont plus que le murmure d’un écho
Le trou est si profond que la lumière éteinte est muselée.
Parfois je rêve d’un autre qui descendrait s’asseoir
Il attendrait qu’une étincelle de courage vienne m’animer
Mais aucun fou ne vient sauver le monstre méprisé
Alors je ferme les yeux, car un jour, le trou m’engloutira.