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2036. Chapitre Six : Avant la mission (13).


Gouderien

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-          Certains grognèrent que ce n’était pas leur job, qu’ils n’étaient pas des sauveteurs – que ce soit à l’armée ou ailleurs, il y a toujours des râleurs -, mais on ne leur demandait pas leur avis. Gérald réclama son portable – qu’on lui avait confisqué à son arrivé au fort -, afin de pouvoir faire des photos – après tout, c’était son métier -, et à sa grande surprise, on le lui rendit. Après un déjeuner rapide, ils embarquèrent dans les camions à 11 heures juste, suivant en cela leurs camarades qui les avaient déjà précédés. Ils refirent en quelques minutes le trajet qu’ils avaient parcouru à pied dans la matinée. A mesure qu’ils progressaient vers le nord-est, les signes de désastre se précisaient : arbres déracinés, pylônes abattus, avec des fils électriques qui se tordaient sur la route, maisons endommagées, toits envolés, voitures renversées ou abandonnées en plein champ… Plusieurs fois, ils durent s’arrêter pour dégager des troncs d’arbre renversés en travers de la chaussée. Mais ce n’était rien en comparaison de ce qui les attendait dès les faubourgs d’Auray. La ville semblait avoir subi un bombardement. Tout un quartier avait été réduit à l’état de ruines.

Naturellement, étant donné son métier, Gérald avait déjà contemplé ce genre de spectacle de désolation, qu’il soit causé par la guerre ou par une catastrophe naturelle. Mais jamais en France. Tout le monde a vu des images de tornades ; la plupart du temp, cela se passe aux États-Unis. Certains États du centre et du sud du pays (par exemple l’Oklahoma, le Kansas, l’Arkansas, l’Iowa, le Missouri) sont tellement souvent frappés par ces phénomènes météorologiques que l’on parle de la « Tornado Alley », ou « allée des tornades ». De tels événements sont bien plus rares en Europe, même si, avec le réchauffement climatique, ils ont tendance à se multiplier.  Dans l’ensemble, les immeubles de pierre n’avaient pas trop mal résisté à la tornade, même si la plupart des toits s’étaient envolés et si on ne trouvait plus une vitre intacte dans un rayon d’un kilomètre. Mais c’est surtout le vaste centre commercial, situé à l’ouest de la ville, qui avait souffert. Deux hypermarchés avaient été dévastés, mais un troisième s’était complètement écroulé, ensevelissant sous ses décombres plusieurs dizaines de clients et de membres du personnel. Les gens avaient cru pouvoir se mettre à l’abri du vent et de la pluie dans cette grande surface, mais ce refuge s’était transformé en un piège mortel. Du grand mais fragile bâtiment, il ne restait plus qu’un amas de murs écroulés et de tôles écrasées, le tout ne mesurant pas plus d’un mètre et demi de haut ; le toit s’était écrasé là-dessus, broyant implacablement tout ce qui se trouvait en-dessous.

Au cours des trente heures suivantes (soit la fin de la journée de vendredi et la plupart de celle de samedi), sous la pluie battante qui continuait à tomber, Gérald et ses camarades se muèrent en sauveteurs, dégageant les blessés et leur apportant les premiers soins, déblayant les gravats, apportant de l’eau, du café, de la nourriture, des médicaments, des tentes et des couvertures de survie à des malheureux qui avaient tout perdu. Pendant tout ce temps, ils ne dormirent que quelques heures, sur des lits de camps abrités sous un bâtiment préfabriqué hâtivement monté, et ils se nourrirent de rations. Bien que très occupé, Gérald trouva quand même le temps de faire une quarantaine de photos, dont certaines étaient vraiment très bonnes. Et puis, progressivement, les troufions furent remplacés par des pompiers et des sauveteurs professionnels, assistés d’équipes cynophiles. Samedi matin, le ministre de l’Intérieur débarqua en hélicoptère et visita les lieux de la catastrophe. Il passa en revue les sauveteurs, serra des mains, tenta de consoler les victimes. En fin d’après-midi, Gérald et les autres regagnèrent le fort de la Pointe aux Lièvres. Après avoir pris une douche et un casse-croute au mess, ils furent rassemblés dans la cour et passés en revue par la colonelle, qui les félicita pour leur conduite pendant leur séjour à la caserne, ainsi que pour leur participation aux opérations de secours à Auray. Pour les stagiaires, la semaine au fort se terminait, même si ce n’était pas tout à fait dans les conditions prévues…Néanmoins, en raison de la catastrophe d’Auray – dont le bilan était pour l’instant chiffré à 35 morts, une centaine de blessés et plusieurs dizaines de disparus -, ceux qui voulaient rester au fort quelques jours de plus afin de renforcer les équipes de sauveteurs étaient les bienvenus.

Ce ne fut pas le cas de Gérald. On était déjà le 23 août, et il n’avait pas oublié qu’il devait être à Paris le 25. D’ailleurs, s’il l’avait oublié, on se serait chargé de le lui rappeler. La colonelle Le Goff le fit appeler dans son bureau, et lui apprit qu’elle avait reçu un message de sa hiérarchie lui recommandant, malgré les circonstances exceptionnelles, de ne pas manquer de libérer le sergent-chef Gérald Jacquet au plus tard le 24 au matin.

-          Ça n’a pas été trop pénible ? demanda-t-elle au journaliste.

-          Non. Ça m’a rappelé ma jeunesse, hélas enfuie.

-          Pour votre âge, vous avez l’air encore assez en forme !

Comme il s’inquiétait de savoir comment il allait regagner Paris, on lui apprit qu’on viendrait le chercher.

Il fêta son départ au mess en compagnie de Marion, de Leduc et de ses compagnons de chambrée. Mais il prit garde quand même de ne pas trop boire, car il avait un article à écrire. A peine avait-il regagné ses pénates, après un dîner assez arrosé, qu’il se rua sur son portable, et en deux heures écrivit un papier sur son expérience au fort et sur la catastrophe d’Auray. Il envoya ça vers une heure du matin à Ghislaine, avec une dizaine de photos ; comme « le Figaro » ne paraissait pas le dimanche, cela serait d’abord mis en ligne sur le site du journal, avant d’être repris dans l’édition du lundi matin.

 

Dimanche 24 août 2036.

 

Le lendemain matin, il fut réveillé à l’heure habituelle. Il prit sa douche, s’habilla – en civil, cela faisait du bien – puis assista au lever des couleurs. Après ça il alla prendre son petit-déjeuner, et dit aurevoir à Leduc et à Marion. Il eut à peine le temps de rendre ses effets militaires au fourrier, que la voiture qui devait le ramener dans la capitale se rangeait dans la cour du fort.  Et là, il eut une belle surprise. On lui avait dit qu’on viendrait le chercher, sans préciser l’identité de ce « on » ; il n’aurait pas été autrement surpris de voir réapparaître le capitaine Servant, qui l’avait conduit ici. Aussi, quand il vit descendre d’une somptueuse Rolls-Royce « Phantom VII » rouge fuchsia Sophia Wenger, la femme qu’il devait accompagner dans quelques jours en Russie, il en resta abasourdi. Il ne fut pas le seul d’ailleurs, car en voyant surgir cette créature de rêve, vêtue d’un chemisier rose, d’une jupe rouge s’arrêtant à mi-cuisses et chaussée de bottines noires, tous les militaires – quel que soit leur grade - qui se trouvaient dans la cour en demeurèrent bouche-bée, puis se ruèrent vers elle pour lui demander des autographes, exercice auquel elle se plia de bonne grâce. Il attendit que le calme revienne pour s’approcher d’elle à son tour. Ils se firent la bise.

-          Comment allez-vous ? demanda-t-elle. Ça n’a pas été trop dur ?

-          Non, ça va. Mais enfin, c’est pas le Club Med. Qu’est-ce que vous avez fait de votre chauffeur et de la Mercedes ?

-          Oh, Cindy est en vacances. Quant aux voitures, j’en possède un certain nombre. Il faut bien changer, de temps en temps.

Elle démarra, et se dirigea immédiatement vers le nord. Il ne fut pas fâché de laisser derrière lui le fort de la Pointe aux Lièvres, cette fois définitivement – enfin il le supposait.

-          J’ai été très impressionnée par les images des dégâts à Auray, dit-elle. Vous avez participé aux secours, je crois ?

-          Effectivement.

-          Vous pouvez me montrer ?

-          Pas de problème, c’est tout près d’ici.

Il ne leur fallut que quelques minutes pour gagner la ville martyrisée, d’autant plus qu’elle conduisait pied au plancher. Ce jour-là le soleil brillait, mais cela ne rendait pas le spectacle plus joyeux pour autant. Ce qui était autrefois une riante cité bretonne était réduit à des tas de ruines auprès desquels se pressaient encore des engins de chantier ainsi que de dizaines de pompiers, de sauveteurs et d’équipes médicales.

-          C’est étonnant, commenta la diva. Ça ne vous dérange pas qu’on fasse quelques pas ?

-          Comme vous voulez.

Ils se garèrent à proximité. Un cordon de gendarmes contrôlait la route, pour éviter les pillages. Un hôpital de campagne et un vaste camp de réfugiés avaient été installés dans des prés au sud-ouest de la ville. Reconnaissant la virtuose, les gendarmes les laissèrent passer. Ils approchèrent de l’hypermarché Leclerc qui s’était complètement écroulé, et qui ressemblait à un vaste mille-feuilles de béton, de métal et de plastique. Sophia alla saluer les sauveteurs, les pompiers et les médecins, disant un mot d’encouragement à chacun et révélant un aspect de sa personnalité que Gérald ne connaissait pas encore. Elle évitait cependant les équipes cynophiles, acharnées à retrouver des survivants parmi les ruines, car apparemment elle n’était toujours pas populaire auprès de la gent canine. Naturellement, il ne se priva pas de la photographier et de la filmer durant ses déambulations au milieu de la cité dévastée.

Ils passèrent une quarantaine de minutes à Auray, puis regagnèrent leur véhicule et reprirent la route de Paris.

 

Et c’est là que je me rends compte que j’ai complètement oublié – suis-je distrait ! – de vous raconter la fin de l’histoire de l’adjudant Ramirez. Or donc, le brigadier-chef Delphine Di Méo, le bras cassé, avait regagné son unité, non sans leur avoir fait promettre de la venger. Mounir Djedoui, quant à lui, était encore là, et il servait toujours de souffre-douleur au sous-officier sadique. Gérald et Bokanofski employèrent les deux jours suivants à chercher des renseignements à propos de l’adjudant Ramirez. Ce n’était pas très difficile, car il n’était guère aimé au sein de la caserne. Ils finirent par apprendre que tous les samedis soir, Ramirez prenait sa voiture pour aller boire un verre – en fait, plusieurs - dans un troquet situé à la sortie du village voisin de Sainte-Barbe. Il revenait vers une ou deux heures du matin, généralement largement imbibé. Il recommençait parfois la même opération le dimanche soir, mais rentrait plus tôt, le lendemain, étant un jour de travail. Ils avaient d’abord songé à piéger le sous-off à la sortie de son abreuvoir habituel, mais en y réfléchissant c’était bien trop compliqué. Ils auraient certes pu sortir du fort (le samedi soir, les stagiaires bénéficiaient d’une brève permission de sortie), mais il leur aurait fallu rentrer bien avant le retour de Ramirez. Bien sûr, ils pouvaient faire le mur, ce qui n’était pas très difficile pour quelqu’un de suffisamment agile, puis gagner Sainte-Barbe à pied, et guetter la sortie de l’adjudant. Mais en y réfléchissant, ils avaient trouvé une solution bien plus simple et moins risquée. Il suffisait de se planquer dans le parking, en attendant que Ramirez revienne ; l’endroit où l’on garait les véhicules se situait assez loin de l’entrée, et en temps normal il n’y avait pas de sentinelle, ni de caméra de surveillance. Autre avantage, il était proche du terrain de manœuvre et de celui où se pratiquait le parcours du combattant. Le soir venu, ils attendirent donc que minuit soit passé – à ce moment un gradé faisait le tour des chambrées pour vérifier que tout le monde était bien là -, puis se rhabillèrent discrètement, ressortirent chacun de son côté – en effet, ils couchaient dans des dortoirs séparés - et gagnèrent le parking, où ils se retrouvèrent. Bien sûr leurs camarades avaient dû remarquer leur manège, mais personne ne souffla mot. Ils avaient noué un foulard autour de leur visage, ce qui était plus symbolique qu’autre chose car naturellement leur victime pourrait les reconnaître à leur voix – ou, en ce qui concerne Bokanofski, à sa carrure. Ils attendirent plus d’une heure dans le froid, avant que Ramirez ne daigne revenir. Le serveur du mess, qui semblait bien renseigné, leur avait raconté que certains samedis, l’adjudant poussait jusqu’à Quimper, où il avait ses habitudes dans une « maison » ; il paraît qu’il appréciait les très jeunes filles – y compris parfois des mineures -, sur lesquelles il aimait assouvir ses pulsions sadiques. Heureusement, ce n’était pas le cas cette nuit-là. La chance était d’ailleurs avec eux, car il était totalement bourré, à se demander comment il avait réussi à regagner le fort.

Quand il y réfléchit par la suite, Gérald dut bien admettre que cette expédition punitive était totalement insensée. S’ils avaient été pris, non seulement cela aurait compromis leur carrière militaire, mais ils auraient pu se retrouver en prison pour des années : agresser un sous-officier, c’est le genre de chose avec laquelle l’armée ne plaisante pas. Mais tout se déroula comme prévu. Quand l’adjudant, titubant, sortit de son SUV Nissan gris – il était vêtu en civil, d’un jeans, d’un blouson et d’un pull noir, et ainsi habillé il ne ressemblait guère au personnage détestable qu’ils connaissaient -, ils se glissèrent discrètement derrière lui, puis Bokanofski lui attrapa la tête et lui plaqua sa main sur la bouche – s’il avait crié, ils étaient fichus. L'homme, surpris et apeuré, émit une sorte de borborygme, et ils crurent un instant qu'il allait vomir. Puis ils l’entraînèrent vers le terrain de manœuvre. Ils avaient bien pensé à emporter une lampe électrique, mais finalement ils y avaient renoncé, de peur d’être repérés. Heureusement, la lune brillait dans le ciel, ce qui leur permettait de voir où ils marchaient. Ils attendirent d’être assez loin pour lui attacher une écharpe autour de la figure en guise de bâillon et lui lier les mains devant lui avec un bout de corde. A moitié dégrisé, l’homme les regardait tour à tour, ne comprenant pas ce qui lui arrivait et se débattant mollement. Ils continuèrent leur chemin, traînant leur proie, et finirent par aboutir là sur le terrain où se déroulait le parcours du combattant. Ils adossèrent Ramirez contre un obstacle, et c’est là que les choses sérieuses commencèrent. Bokanofski fut le principal protagoniste de ce qui se passa ensuite, c’est lui qui parla et qui agit – Gérald le regardant faire dans un état de semi-sidération.

Bokanofski gifla l’adjudant plusieurs fois, jusqu’à ce qu’il ait recouvré totalement sa lucidité ; c’était indispensable, pour qu’il puisse pleinement « profiter » de la suite. Il lui prit la main droite, saisit l’index et le replia brusquement vers le dessus de la main. L’adjudant poussa un cri, étouffé par le bâillon, et dévisagea son tortionnaire avec des yeux terrifiés.

-          Ça, c’est pour Mounir Djedoui, commenta Bokanofski d’un ton neutre.

Il prit le majeur et lui fit subir le même sort ; même cri étouffé de l’adjudant, qui se tordait de douleur et mordait l’écharpe qui lui fermait la bouche. Il regardait à présent les deux stagiaires avec des yeux de fou.

-          Ça, déclara Bokanofski, c’est pour tous les jeunes que tu as emmerdés au fil des années.

Il lui délia les mains et lui prit le bras, tout en faisant signe à Gérald de lui tenir le bras droit. Il replia le membre en arrière. Leur victime, comprenant ce qui se préparait, s’agitait et poussait des grognements assourdis par le bâillon. De façon assez analogue à celle dont Ramirez avait traité la malheureuse Di Méo, Bokanofski lui tordit le bras dans le dos. Comme sa victime grimaçait de douleur, « Boka » susurra :

-          Et ça, c’est pour Di Méo. C’est sûr que c’est moins marrant quand on le subit que quand on le fait à quelqu’un d’autre !

Il accentua encore un peu sa pression… et, avec un craquement sec, un os cassa. A travers son bâillon, l’adjudant réussit à pousser un gémissement de douleur très expressif, tandis que tout son visage exprimait l’intensité de son tourment. Bokanofski ramena ses deux bras devant lui. L’homme, l’air terrorisé les dévisageait tour à tour d’un air égaré, se demandant manifestement ce qu’on allait lui faire subir à présent.

Bokanofski le rassura… d’une certaine manière.

-          Bon, on a fini. Maintenant, mettons les choses au point. Tu diras que tu étais bourré – et d’ailleurs c’était vrai -, que tu t’es trompé de direction en sortant du parking, et que tu es tombé. OK ?

Comme l’autre demeurait amorphe, il le secoua :

-          OK ?

Enfin l’adjudant hocha la tête.

-          Bien, je vois que nous nous comprenons. Dans deux ou trois jours, tu donneras ta démission de l’armée. Nous pensons que tu as fait assez de mal ici. Après, tu feras ce que tu veux, à condition que ça ne soit pas dans l’armée. Compris ?

Ramirez fit oui de la tête.

-          Tu vois quand tu veux ! continua Bokanofski. Une dernière chose. Nous sommes deux ici, mais tous nos camarades nous soutiennent. Si jamais tu nous dénonces, il se passera une des deux choses suivantes – ou peut-être même les deux : quelqu’un, un jour, dans un coin discret, te fera la peau ; ou bien on informera ta hiérarchie, et aussi la police, que tu vas te taper des mineures à Quimper ! Comprendo ?

L’adjudant hocha la tête frénétiquement. En fait il semblait tellement effrayé qu’il en avait presque oublié sa douleur.

-          Tu as bien compris ce que t’as dit mon pote ? répéta Gérald – et ce fut sa seule intervention de toute la scène.

Ramirez approuva avec autant de bonne volonté qu’il en était capable.

-          OK, dit Bokanofski. Donc nous on va s’en aller, et dans 5 minutes tu pourras sortir de là et aller à l’infirmerie. Et si jamais tu dis un mot à propos de ce qui vient de se passer, tu es un homme mort. Ah oui ! Et surtout n’oublie pas : dans quelques jours, tu donneras ta démission de l’armée. D’accord ?

Il lui retira son bâillon pour qu’il puisse parler, et le rangea dans sa poche. Il en fit autant des liens défaits. Pas la peine de laisser des preuves ici.

-          D’accord ! fit l’homme d’une voix étranglée.

-          C’est fini ! dit Boka en lui tapotant presque amicalement l’épaule, ce qui arracha un gémissement de douleur à l’adjudant.

Ils s’éloignèrent dans la nuit, laissant leur victime prostrée, toujours adossée à l’obstacle. Plutôt contents d’eux, ils regagnèrent leurs chambrées respectives. Mais par la suite, Gérald se remémora souvent à cet épisode. En fait, avec le recul, il n’était pas très fier de lui. Il repensa même plus souvent à l’adjudant Ramirez qu’à tous les talibans et autres terroristes qu’il lui arriva de tuer plus tard, dans le cadre des missions qu’il effectua avec les Forces spéciales. Et quand il lui arriva, des années plus tard, de le croiser dans une rue de Paris, cela lui fit une drôle d’impression. Pas au point, bien sûr, de lui présenter des excuses – faut pas rêver…

 

 

 

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