L'humaine condition.
Une porte s'ouvre. Un monde glauque, empli de moribonds qui vagabondent,
D'où les âmes vacillent, le coeur ralentit et les yeux blancs qui tourbillonnent.
La couleur des morts suinte sur la chair comme une visqueuse fondue.
Des cris ahuris s'élèvent d'entre les viscères, tréfonds du bonheur perdu.
Il y a là des hommes et des femmes au sang mêlé que rien ne distingue,
Parce que les torsions de douleur les ont façonnés androgynes et dingues.
Agités, ils courent entre l'eau bouillante et les fruits amers que l'horizon,
Promet avec mensonge et dont la distance n'est jamais atteinte par la raison.
Un va-et-vient de grands chiens lugubres veillent à la valse des morts.
Ils assurent le maintien de la folie et l'absence de répit, tel un sort.
Je cours au milieu des âmes cueillant des fleurs au couleur de la cendre,
Et je compte les pétales vénéneux en déclamant une élégie tendre.
Au milieu du vacarme, je suis là avec mon bouquet de pivoine,
Joyeuse dans ma robe rouge et blanche, faite dans le couaille,
Je ris follement en voyant ce marasme osseux, cette pénitence
Au milieu d'une broussaille en feu, ferrée et dure comme la rocaille.
Et je saute à cloche pied, en belle demoiselle qui se conte fleurette,
Frôlée par ces morts qui me supplient, tirent ma robe et me griffe,
Victime de la sauvagerie qui n'a de frontière que celle de la vie,
Bientôt, ils se repaîtront de ma chair, dans la violence de la haine.
Les mains pleines de sang et les bouches pleines d'insultes.
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