J'aimerais introduire ce poème que j'aurais dû écrire il y a six ans par une citation de circonstance :
« C'est à ce moment-là de ma vie que je me suis dit : quel bel appareil que la mémoire ! Quel mystère aussi ! Je veux dire, la mémoire en tant que... Marie, tu vois bien que papa est occupé ! Commence toute seule, j'arrive dans dix minutes. Pardon, où en étais-je ? Ah oui, je disais, une pepperoni et une quatre fromages, s'il vous plaît. »
Pascal Zeimer, Enregistrements des mémoires d'un historien amnésique
Léa,
Ce n'est pas faute de vocabulaire,
Je l'ai vérifié dans le dictionnaire,
J'ai pas plus original en trois lettres.
Z'êtes pas nombreux sur cette planète,
J'imagine, à sortir la bicyclette
Pour aller au lycée à deux cents mètres.
Je comprends, moi non plus je n'aime guère
Le sentiment d'avoir les pieds sur terre,
C'est pourquoi quand la gravité me guette
Je m'apesantis* sur un coup de tête.
J'imagine mes doigts se gemeller
Avec les tiens dans un avenir hâtif,
Dans des gestes langoureux s'emmêler
En boucle dans les boucles de tes tifs
Et, maladroits, avoir des démêlés
Avec les agrafes de tes soutifs.
Léa,
J'ai beau avoir épluché tous les vocables
Et y en a un nombre considérable,
J'ai pas plus envoûtant en deux syllabes.
Tu es tellement plus qu'originale,
L'humanité ne m'est point cardinale
Sauf toi qui déroutes mon astrolabe.
*Du verbe apesantir qui, n'existant pas, est à ne pas confondre avec appesantir qui est son antonyme. Voir
Premier pas sur la Lune et Entre R et L.
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