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chris- Blog

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Qu’est l’homme ?


Invité

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Qu’est l’homme ?

Vaste question ! Cet être paradoxal qui aspire sans cesse au changement tout en restant ancré dans ses certitudes et son immobilisme. Un être plutôt instable assurément qui manque considérablement de sagesse. Et de recul. Son incapacité à savoir tirer les enseignements du passé est flagrante. Cette constante de comportement aberrant qui fait en sorte que celui-ci persiste à toujours agir comme s’il venait de naitre. Du style : « Je casse ce que mes aînés ou moi-même viennent de construire car j'adore détruire et reconstruire. Sinon je ne saurais pas trop quoi faire de ma vie ! » Comportement qui du coup, rend immuable ce cycle trop connu de l’histoire : Anarchie-Fascisme et Guerre-et-Paix-sans-lendemain. Pourquoi ? Peut–être à cause de sa relative jeunesse !

Car il est vrai que ce pauvre humanoïde vient tout juste de sortir de l'âge de pierre. En tout cas par rapport à l'échelle de l'évolution et de l'âge de la planète.

Jugez plutôt : « Si l’on ramène les 4,5 milliards d’années de notre planète à une seule journée terrestre, en supposant que celle–ci soit apparue à 0 heure, alors la vie naît vers 5 heures du matin et se développe pendant toute la journée. Vers 20 heures seulement viennent les premiers mollusques. Puis à 23 heures arrivent les dinosaures qui disparaîtront à 23h40. Quant à nos ancêtres, ils ne débarquent enfin que dans les 5 dernières minutes avant 24 heures et ne voient leur cerveau doubler de volume que dans la toute dernière minute. La révolution industrielle n’a commencé que depuis un centième de seconde *. »

Pour une race qui s’imagine, en tout cas les croyants, qu’un créateur divin n’a créé le monde que pour eux, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce monde ne s’est en tout cas pas fait en un jour. Ni d’ailleurs en sept ! Où alors çà doit être l’échelle de temps qui m’échappe !

N’oublions pas non plus que l’homme ne peut faire abstraction

d’ une évolution progressive de son cerveau dont à la base un puissant cerveau reptilien. Celui ci est responsable de nos comportements primitifs car assure nos besoins fondamentaux pour mieux assumer la survie de l'individu et de l'espèce, aux dépend des autres. Son second cerveau , le paléo-mammalien (merci Wikipédia) dit système limbique permet les émotions et déclenche les réactions d'alarmes du stress. Le troisième, le néocortex , serait seulement le résultat de la dernière phase de l'évolution de notre cerveau. Il permet notamment le raisonnement logique et le langage, l'anticipation des actes.

Mais, mettons à part cette excuse de relative immaturité et cherchons plus avant les sources d'un mal qui l'empêche de tirer les leçons du passé pour profiter des joies de l'existence !

Qu'est ce qui peut bien le pousser à s'enfermer dans des quêtes idéalistes par le sang cent fois versé de révolutions ? Idéal qu'il s'empressera de renier une fois atteint, au profit d'autres quêtes, conquêtes ou idéaux toujours plus inaccessibles. Ce qui implique naturellement qu'il n'est du coup, jamais satisfait ! Car l’homme c’est bien connu a sans cesse besoin d'avoir plus, et d'être plus .

Est ce le coté éphémère de son existence qui le rend si peu responsable ?

Qui le traumatise au point de le persuader que sur cette terre il a toujours raison ? Qui fait en sorte qu’il se soucie fort peu de ce que peut penser " l’autre " l’un de ses deux meilleurs ennemis, (le second étant lui-même) ? (le second étant lui-même) ? Or en ignorant délibérément cet autre lui aussi mû par les mêmes instincts, il ne peut que réciproquement devenir son adversaire.

Est-ce là, ce qui l'incite à tenir, pour n'importe quelle cause bien fomentée, des conduites et propos, fous et suicidaires ? Enfin est-il utopique de penser qu'un beau jour un modèle plus juste et stable de société puisse lui convenir afin qu'il s'y épanouisse ? Et si cela s’avère impossible, que faire, s’enfuir ? Mais pour aller où ?

Bon restons calme et positif sinon tous mes lecteurs vont s’enfuir..

Tiens , tout ceci me rappelle une de mes lectures " Eloge de la fuite " d'Henri Laborit, neurobiologiste (le "père" de nos tranquillisants), spécialiste du comportement humain et philosophe.

Pour résumer la pensée, de cet éminent professeur-philosophe : « Tant qu'on n'aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l'utilisent et tant que l'on n'aura pas dit que cela a toujours été pour dominer l'autre, il y a peu de chance qu'il y ait quoi que ce soit qui change »

Prenons donc quelque libertés avec l’écoulement du temps en le remontant pour réaliser cette première interview-fiction, car l’homme est hélas mort en 1995. Le ton utilisé ici sera branché et cocasse pour contrebalancer un certain pessimisme de ses propos et être plus en phase avec l’ époque des années 80. En effet ces années là, grâce sans doute à un vent de renouveau politique, l’on se fichait bien du "qu’en dira t’on " et il y avait du coup davantage de liberté de langage. Cependant les lois de l’audimat, marketing oblige, y étaient déjà tenaces, comme nous allons le voir.

– Professeur, Pourriez -vous nous donner une définition rapide du "sens" de l'existence pour vous ?

– Le sujet est bien vaste, mais pour résumer ma pensée, tout tient en ces mots : La seule raison d'être d'un être, c'est d'être !

– Heum... oui ! Nous n’ignorons pas non plus qu’être ou ne pas naitre telle est la question. Méééé plus précisément, qu'est ce qui peut bien pousser l'homme à agir perpétuellement de façon aussi ...disons "irraisonnée" ?

– Et bien la raison source qui le pousse à agir c'est la recherche d'une valorisation de lui-même. A ses yeux, et à ceux de ses contemporains. Dans la quête de ce but, dans la société, il lui faudra gravir un à un tous les échelons de la hiérarchie sociale, afin de satisfaire son goût pour la dominance. Si son environnement social fait en sorte qu'il ne puisse plus agir d'une façon ou d'une autre, il se trouvera alors plongé en situation "d'inhibition de l'action". Il devient dés lors violent, soit envers lui–même en agissant sur son propre organisme, sous forme par exemple de dépression, d'ulcère à l'estomac, ou d'impuissance sexuelle. Ou bien alors, en agissant "physiquement" violemment envers les autres. Dans la mesure ou la société le lui permet, évidemment !

– Evidemment. Mais dans ce cas pourquoi l'homme ne peut il trouver d’autres moyens plus pacifiques pour se valoriser sans bousill… heu … annihiler les autres ?

– Non. Tout simplement parce que s'il est vrai que nous ne sommes que le reflet du regard des autres, ces autres sont néanmoins nos ennemis, des envahisseurs de notre territoire gratifiant, des compétiteurs dans l'appropriation des objets et des êtres, que nous désirons.

C’est simple ! Dés que l'on met deux hommes ensemble sur le même territoire, il y aura toujours forcément un exploiteur et un exploité, un maître et un esclave, un heureux et un malheureux. Alors moi je dis qu'il y en a marre des autres ! De cet ennemi sournois au visage hypocrite qui sans même nous faire crier nous tue à petit feu, nous envahi, nous exploite, nous viole, nous pille, nous bouffe, nous ...

– Calmez-vous! Calmez-vous Professeur! Elevons plutôt le débat vers le domaine de la spiritualité. Par exemple avec le secours de la religion, croyez-vous...

– La religion !!! La religion Monsieur c'est une idéologie de la souffrance. Une idéologie qui à permis tout au long des siècles aux dominants de s'abreuver aux sources du plaisir, en persuadant les dominés qu'ils avaient bien de la chance dans leur souffrance car elle leur sera remboursée au centuple dans l'autre vie !

– Sans doute, sans doute ! Mais il reste indéniable que toute religion contient des facteurs positifs pour l’homme. Par exemple l'amour de son proch...

– Quel amour ? L'amour c'est le mot de passe qui permet d'ouvrir les cœurs, les sexes, les sacristies et les communautés humaines. C'est un mot qui ment à longueur de journée, et qui a toujours laissé libre cours à la violence. La violence des justes et des bien pensants.

– Oui, oui ! Il est vrai que c’est l'utilisation qu'en font tous les pouvoirs. Mais quoi de plus merveilleux que l'amour entre deux êtres, par exem ...

– Tut tut tut ! L’amour ce n'est que désir et inter-gratification ! Je m'explique. Dans notre relation avec l'objet du désir, l’être aimé, ou celui en tout cas que l'on considère comme tel, lorsque survient une rapport amoureux nous sommes forcément deux.

– Et même quelquefois plus !

– ...

– Pardon. Veuillez poursuivre, je vous prie.

– Dans ce rapport disais-je, si l'autre vous aime, c'est afin de se trouver lui-même ! Quant à ce que Vous, vous cherchez chez l'autre, c'est aussi vous ! Tant qu'il y a gratification et échange de l'un vers l'autre l'histoire dure, mais jamais pour bien longtemps.

– Bin pourquoi ?

– Déjà parce qu'il n'existe pas d'espace suffisamment étroit pour enfermer deux êtres à l'intérieur d'eux-mêmes. Dés que cet ensemble s'ouvre sur le monde, celui-ci va en se refermant sur eux, s'infiltrer entre leur relation privilégiée. Alors l'espace d'un être ne se limitera plus à l'espace de l'autre. Jamais plus! Il y aura sans doute parfois des recoupements mais ils ne se superposeront plus. Et puis, de toute façon, croyez moi. Le véritable amour humain, le seul, c'est un amour imaginaire. Celui après lequel on court toute sa vie, mais que l'on atteint jamais ! Alors il ne faut surtout pas essayer de faire coïncider cette image avec l'être qui a donné naissance à cette pulsion d’amour ! Avec ce pauvre homme ou cette malheureuse qui a déjà fort à faire avec les pulsions que lui dicte son inconscient !

– Mouais ! Finalement votre vision du monde n'est pas bien joasse !

– Pardon ?

– Heuu... Je me disais que le parcours que suit le débat n'est guère gratifiant pour nos egos .

– Votre ego n’est jamais que la représentation et la conscience que vous avez de vous même.

– Certes, Mais peu importe... Où en étais-je ? … Heuu… Oui ! Il reste toutefois indéniable que l’homme demeure néanmoins un être magnifiquement doué. Ne serait-ce que par ses fantastiques possibilités dans le domaine créatif. Parlons de l’art par exemple. N'y a t-il pas là matière à trouver une solution, pour chercher remède à ses souffrances existentielles ? Yes ! Là j'assure. Mais pourvu qu’il me sorte pas encore tous ses trucs négatifs sinon mes lecteurs vont zapper...)

– Il est certain que c'est dans l'imaginaire, bien plus que dans la société qui l'entoure, que l'homme peut atteindre sinon le bonheur du moins un mieux-être certain

(Ouf!)

– ... car l'imaginaire est cette fonction spécifiquement humaine qui permet à l'homme, contrairement à l'animal, d'ajouter de l'information. De transformer le monde qui l'entoure afin de prendre la fuite, et ainsi échapper à l'aliénation vers laquelle la société l'encu... pardon... l'accule !

(Ouaarff ce lapsus ! ) Certainement méééé, dans ce domaine précis, l'imaginaire ! N’y a t’il ici matière à trouver heuu... une source afin de mettre fin, enfin à nos angoisses Docteur ?

– Non ! Et là je suis formel ! Car toute activité créatrice, si elle ne débouche pas sur un processus de production de marchandises a peu de chances d'assurer à celui qui l'exprime, une situation dans le système hiérarchique des dominances

.

– Encore ! Mais la société pour vous ne se résume donc qu'a une course effrénée de ses constituants vers le haut de la hiérarchie. Course dans laquelle l'individu n’aurait finalement aucun libre arbitre ? Aucun choix, sinon peut être celui de s ‘assumer en tant que maillon purement passif ? (Trop noir, trop noir tout ça ! Putain, mon audimat !)

– Tout à fait ! Vous en doutez ? Hé bien prenez la peine de jeter un regard objectif vers cette société dans laquelle l’homme vit. Dans cet environnement, c’est déjà très rarement lui qui choisit le travail qu'il effectuera toute sa vie. Et même si c’est le cas, il sera condamné inévitablement par l'impossibilité dans laquelle il se trouve d’échapper à l'engrenage de la machine sociale. Résultat ? L'absence de spontanéité ! De créativité dans ses actes professionnels et en définitive l'ennui, voire la maladie.

– Sans doute, mais tout le monde doit bien travailler pour vivre. Et cela n’a pas que des inconvénients. Karl Marx, je crois ne disait il pas que le travail c’est la liberté.

– Qu’elle liberté ? Celle d’aller consommer ? Mais c'est bien pour pallier à ses chaines que l'on essaie de compenser cette insatisfaction narcissique par l’accumulation de biens, dans les pays capitalistes. Car c’est bien ainsi que vivent les hommes : Prisonniers de la machine qu’il ont eux mêmes bâtis .... Du moins tant que l'engrenage fonctionne bien ! Et l’engrenage, c’est bien sûr l’homme, infime pièce d'une machine appelée société extrêmement bien huilée.

– Sans doute, mais l’homme n’est pas en permanence prisonnier de la machine. La société nous offre la retraite par exemple. Période où l’homme peut enfin profiter de sa vie.

– Vous croyez que la retraite est un cadeau que nous fait la société à des fins philanthropiques ? Vous êtes très naïf ! En réalité, lorsque l'engrenage de la machine est usé, la société s’en débarrasse. Ainsi l'homme, arrivé à l'âge de la retraite, coupé de ses automatismes dans un processus infini de production, se trouve alors réduit a un rôle d'être sans objet ! Ce qui nous explique le nombre de vieillards agressifs et rancuniers votant sans arrières pensées pour des partis violents racistes et xénophobes !

– Aïïï ! Heuuu... Sans doute mais dans l’immédiat nous allons tenter d’éviter de le devenir, agressif et rancunier ! Mais revenons un peu sur ce malaise social généralisé. Personne n’ignore plus que la mondialisation que l’on nous présentait jadis comme un progrès est visiblement en train de conduire la planète à une ruine prochaine. Ce qui génère bien sûr un malaise croissant au sein de la population. Faut-il y voir un signe d'essoufflement de cette sotte machine ? Et si oui, cet essoufflement ne pourrait il être lié à l’absence d’idéologies nouvelles de nos sociétés. Désabusées, sans doute mais conscientes du problème et prêtes à mieux rebondir ? (Et s'il me ressort encore ses échelles de dominances hiérarchiques je me flingue !)

– A mieux rebondir sur leur voisin ? Pour cela je ne fais aucun souci pour l’homme ! Quant à ce qui concerne la catastrophe économique mondiale prophétisée , là dessus je n’ai aucun doute ! Les disparités économiques étant l'un des éléments essentiels permettant de maintenir les différences entre individus !

– … Cela se concrétise depuis toujours par une recherche exaltée et démesurée du profit menée par une poignée d’individus : les capitaines d’industrie. Heureusement de moins en moins nombreux et pour cause… Cet hyper-profit est, à contre cœur redistribué, afin par effet boule de neige d’en accumuler davantage. Ce qui permet d’élever le niveau général de vie d’une autre tranche privilégiée d’individus, tout en maintenant les différences de classe et même de races à présent avec le mondialisme. Le tout bien sûr alimenté par une recherche exaltée de nouveaux besoins de consommation. Besoins permettant de maintenir le profit afin d’ entretenir le système d’échelles hiérarchiques de dominan...

– Aaaaargh ! Non rien ! Poursuivez. Poursuivez !

– Or maintenir le profit, c'est mettre à sac la planète sans se soucier de ceux qui ne possèdent pas l'information technique et les multiples moyens du faire-savoir. C'est aboutir à la création de monstres économiques multinationaux, dont la seule règle est leur propre survie, survie qui n'est réalisable que par leur dominance planétaire.

– Gasp ! (son de déglutition) Et pour conclure ce débat sur une note optimiste, subsiste t ‘il un espoir d’évolution positive pour la planète et pour l'homme subséquemment ? (Tu peux toujours rêver, après tout ce qu’il vient de te sortir ! )

– Très franchement je n'en vois point poindre ... Il me semble cependant, du point de vue économique, qui est rappelons le, un domaine important, sinon primordial pour la survie physique et morale de l'espèce que... les marchands se sont installés sur le parvis de nos cathédrales et que ce sont eux qui occupent l'espace jusqu'à l'horizon des terres émergées.

– ??? ... Oui, charmante parabole bibli… heuu… très habile métaphore professeur mais pourriez-vous développer un tout petit peu votre idée ? Pour le commun des mortels, que cela signifie- ce ?

– Hé bien, il me semble qu'aussi longtemps que la propriété privée ou étatique des matières premières, de l'énergie, et de l'information technique n'aura pas été supprimée, aussi longtemps qu'une gestion planétaire de ces trois éléments n'aura pas été organisée et établie sous la forme d'une "démocratie planétaire", subsisteront des disparités internationales qui ne peuvent que favoriser les disparités intra-nationales.

– Aaah enfin du positif ! Sur ce souhait de démocratie planétaire, je vous rejoins totalem...

– Mais, à supposer même que cette propriété privée ou étatique soit supprimée, il restera à résoudre le système hiérarchique de dominance planétaire qui ne manquera pas alors de s'instituer.

– Oui oui ne vous inquiétez pas pour çà Professeur ! Je suis persuadé qu’un jour vos démons seront terrassés, jetés au bas de leurs échelles dominantes et que la révol... heuu la démocratie vaincra ! Merci en tout cas pour cette réconfortante analyse des hommes et de la société.

Tu parles je suis certain qu’il m’a encore fait perdre trois points d’audimat. La semaine prochaine si je ne suis pas viré, j’inviterais un chanteur ou une chanteuse plutôt qu’un penseur. Ce sera beaucoup plus positif car ces gens là sont là pour nous communiquer leur joie de vivre. Bonne idée ! Je vais voir si Dalida ou Mike Brant sont disponibles.

Si je me suis permis de " vulgariser " aussi longuement les idées-clés de feu ce cher professeur Laborit, c'est parce que la plupart de ses idées, me semblent d'un réalisme peu optimiste certes, mais en tout cas non dénuées d'intérêt . Dommage qu’elles ne soient guère plus médiatisées car elles demeurent toujours gravement d’actualité.

Ceci dit s'il a certainement raison sur le fond, il n'y allait pas par quatre chemins avec la forme. Ce qui expliquait le manque de " popularité " de ce personnage et de son discours pourtant universel, mais ayant fâcheuse tendance à nous éloigner de nos rêves avec sa réalité. Mais entre nous, éprouvons-nous du plaisir à entendre les balivernes et billevesées des discours politiques ou de produits publicitaires (c’est la même chose) sur un ton niais et mielleux à longueur de journée ?

En 1976 déjà dans " L’éloge de la fuite " il développait l'impératif d'une gestion planétaire qui ne soit pas " à l'Américaine " .

Ce choix de lecture m’avait été inspiré après avoir vu cet excellent film d’Alain Resnais " Mon oncle d’Amérique " qui y développe ses idées. Film sous forme de documentaire–fiction captivant et original sur l’étude sociologique humaine. Les corollaires faits entre les hommes et les rats dans des situations similaires sont plutôt troublants. Mais nous reviendrons plus loin sur une de ses expériences des plus connues.

Connais toi toi-même

Un peu de philo s’impose pour débroussailler les méandres du fonctionnement de la psyché humaine. Si vous n’aimez pas çà pour cause de mauvais souvenirs scolaires vous pouvez passer directement au paragraphe "Sommes-nous d'ailleurs nous-mêmes ?". Donc disais-je, pour mieux comprendre l'homme , il me semble essentiel de commencer par se connaître soi-même.

Socrate disait : « Connais-toi toi-même ! Essaie de te connaître toi-même, et un jour tu découvriras que c’est impossible. Et quand tu en viens à un point où toute connaissance disparaît et où tu restes face à toi-même, dans une profonde ignorance… c’est la plus belle expérience qui soit, la plus grande extase !

Réfléchis seulement : si tu pouvais te connaître, cette connaissance te limiterait. Tu deviendrais un objet. Te connaître toi-même ne te rendrait pas heureux ; tu deviendrais quelque chose de très ordinaire. Une fois connu, tu en aurais fini avec toi. Alors que ferais-tu de cette connaissance ? La recherche une fois terminée, tu ne serais plus qu’ennui pour toi-même.

Ton être est un mystère : plus tu connais de choses sur lui, moins tu le connais ! Plus tu vas profond, plus tu en perçois l’infinitude. La profondeur en est telle qu’il est impossible d’en toucher le fond . Jamais ! Les gens qui croient se connaître sont très superficiels. Ceux qui sont capables d’aller dans leur profondeur sont constamment conscients de quelque chose d’inconnu. Et c’est très bien, car l’inconnu est toujours plein de vie, l’inconnu est toujours infini. L’inconnu est éternel. »

Bon certes, pas très optimiste comme doctrine qui prêche que rien ne sert de se connaître car la quête de l'inconnu et du mystère est plus intéressante .

Il est à noter que la phrase originelle qui inspira Socrate était « Connais-toi toi même, et tu connaîtras l'Univers et les dieux » Cette phrase était gravée au fronton du temple de Delphes, et inspira Socrate du moins dans sa première partie car en ce qui con- cerne le connaissance de l'univers et des Dieux , il est clair qu'il y a renoncé pour leur conserver leur aura de mystère. Nous reviendrons sur le sens de cette citation dans le chapitre 3 en démontrant qu'elle n'était pas si sotte mais au contraire pleine de sagesse.

Après la disparition de Socrate, un empereur Romain et philosophe stoïcien, Marc Aurèle, a dit : "Sois toi-même !" C’est effectivement plus sympa que Socrate. Se connaître soi-même paraissant impossible, être soi-même semble théoriquement plus accessible. Mais laissons la parole à notre empereur philosophe : « Il n’est pas nécessaire de se connaître. Juste être. Aucune connaissance n’a le moindre sens. Être suffit. Sois… juste toi-même. En résumé n’essaie pas de trouver une définition pour ton être. C’est impossible. Le vivre, tu le peux. Le connaître, tu ne le peux pas. Mais pourquoi se soucier de le connaître ? N’est-il pas suffisant ?

Il y a une envie, une envie irrésistible, une curiosité, qui pousse à dévoiler tout mystère. Mais cette envie ne peut qu’échouer lorsque tu vas à l’intérieur de toi. Si tu t’en tiens aux choses extérieures, cette curiosité peut être satisfaite . Et encore… en partie seulement ! La science peut satisfaire ta curiosité parce que des choses peuvent être découvertes en ce qui concerne la matière. Mais si tu veux aller un peu plus loin, tu vas à nouveau rencontrer l’inconnu Plus tu vas profond, plus la connaissance est incertaine. Plus on va profond, plus ça devient flou. »

Bon décidément les deux ont des rapports bizarres avec l'inconnu. Pour Socrate se connaître c'est pas terrible car demeurer dans l'infini de l'inconnu c'est l'idéal, et pour Aurèle, ce n'est pas mieux car il nous somme de rester nous même et de ne pas approcher l'inconnu sinon tout devient flou. Bon il est vrai que ce dernier est un stoïcien, doctrine philosophique de la Grèce antique qui exhorte à atteindre le bonheur et la tranquillité de l'âme par une absence de passions, ce qui conduit logiquement à une absence de souffrance. Mais bon, vivre sans passions est-ce vraiment vivre ?

Etre soi-même ?

Cependant développons plus avant cette faculté d’être soi-même, notion qui implique que l’on dispose de son libre arbitre, d’une liberté d’action pour choisir de voguer sur les flots de la vie.

Spinoza (philosophe néerlandais du 17eme) pensait que « Les hommes se trompent quand il se croient libre . Cette opinion con- siste en cela seul qu'ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles il sont déterminés .../... En clair, le libre arbitre n'est que l'illusion de choisir en ignorant les causes qui déterminent mes choix. ».

En Français cela signifie que notre libre arbitre, c’est à dire le fait de choisir notre vie est illusoire car dicté par notre environnement (parental, niveau social, contexte historique etc…)

On retrouve cette idée dans le béhaviourisme (ou comportementalisme) où l ’environnement externe est l’élément clé de la détermination et de l’explication des conduites humaines.

L’environnement est un ensemble de données drainées depuis notre prime enfance, d’abord par copie ou réaction au modèle parental (ainsi celui qui a été frappé dans sa jeunesse par ses parents a de fortes chances de reproduire ce comportement violent, sur lui-même et sa famille.) Par la suite le modèle culturel, le cadre de vie, l’éducation, le modèle sociétal finirons la construction de ce carcan, qui nous fera devenir petit à petit des éléments hautement conditionnés par le moule de la société. Société qui nous laisse l’illusion de penser que notre libre arbitre est total, alors même qu’il n’est qu’illusoire.

Dans ce modèle sociétal nous nous imaginons libre de penser et de faire ce que nous voulons, car le "système" a bien saisi que lorsque les gens pensent qu’ils font ce qu’ils veulent , ils croient qu’ils sont libres.

Si vous n’en n’êtes pas persuadés, posez-vous la question d’avoir réalisé les rêves d’avenir que vous faisiez encore enfant, dans un monde qui est théoriquement étudié pour que chacun ait une chance d’y parvenir.

Sommes- nous d'ailleurs nous-mêmes ?

Un dernier point qui me semble important à souligner concernant le (dys)fonctionnement de la psychè humaine est que l’homme sur terre n’est que le " locataire " temporel de son propre corps.

D'un corps d'une complexité telle, qu'il demeure bien incapable d’en faire simplement une copie, sauf en trichant par l’intermédiaire du clonage, mais là il se contente d’utiliser le travail et matériau de base fourni par la nature. D’un corps qu'il n'à bien sûr pas créé sciemment, c’est à dire de par lui même, ni même selon toute apparence, choisit. Le Locataire d'une superstructure qui travaille pour lui en toute autonomie, sans qu'il en soit même aucunement conscient.

La preuve ? Avez-vous la sensation de commander à vos cellules de croître, se multiplier et mourir, à vos cheveux et ongles de pousser, à vos anticorps de livrer perpétuellement bataille ?

Ok, m’objecterez-vous, le locataire d’un corps emprunté le temps d’une vie. Mais par contre il est évident que mes pensées, elles au moins m’appartiennent !

Hé bien même de cela, le doute est permis ! (Horreur mon identité fout le camp!)

La pensée est-elle réellement le propre de l’être vivant, comme le déclame le vieil adage Pascalien « Je pense donc je suis » ? (Moi je dirais plutôt : Je pense donc je suis et pense surtout à me demander qui je suis ! ) Hé bien non car cet adage est faux . Si l’on admet que le contrôle de sa pensée constitue notre identité, que se passe t-il chaque nuit à l'instant T de notre sommeil profond, dés lors que nous cessons totalement de penser et que nous n’avons même plus accès au royaume des rêves. Rêves que l’on peut considérer comme un substitut de la pensée inconsciente. A cet instant de pur néant, de mise en veilleuse totale de l’intellect, nous ne pensons plus, donc nous n’existons plus ?

Pas encore convaincus que l’homme n’est pas maître de ses pensées ? Hé bien soit, ceci va vous démontrer le contraire. Faites ce petit test dit de Dostoïevski : Fermez les yeux et essayez de ne PAS penser pendant les 30 prochaines secondes, à un ours blanc aux yeux bleus.

Alors ?

Bien, après avoir à peu prés disséqué l'homme, ce locataire provisoire sur cette planète et révélé son aspect "prédateur universel perpétuel" même pas foutu de se connaître, je vous propose à présent de nous pencher sur quelque chose de plus optimiste .

Une des définition-clé de la philosophie stipulant que « Philosopher c'est chercher le chemin du bonheur » , nous interrogerons à ce sujet le Dalaï Lama qui a beaucoup à nous apprendre sur sa vision philosophique du sens de la vie. Ce qui nous permettra de débroussailler un nouveau chemin de la pensée afin d’ouvrir une nouvelle porte cruciale vers notre raison d’être.

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