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Le deuxième^^ pas super bien écrit mais il me tient à coeur, à l'époque j'avais l'impression de pouvoir tout écrire mdr.


lalibulle

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LE COMBAT

-M. Kogan, c'est l'heure!

Peur. Jamais un mot n'avait pris autant de sens. Léonid le sentait résonner en lui, impuissant. Il était seul au milieu d'un océan de rugissements et de hurlements.

-M. Kogan ? Julie regarda ce héros, l'air anxieux. Ils s'impatientent...

-Ne vous en faites pas, je vais y aller, souffla Léonid.

Julie sortit discrètement. Elle aussi transpirait à grosses gouttes. Après son maudit échec à Vienne, M. Kogan devait se reprendre! Tout le monde comptait sur lui!

Léonid resta seul, assis au milieu de sa loge. Il serra doucement contre lui son arme fatale, autrefois si puissante, si redoutable! Depuis sa fenêtre, il apercevait les toits enneigés de Moscou. Il voulait fuir loin, très loin de ce monde qui l'appelait à lui.

Et pourtant, cela n'avait pas toujours été ainsi. Doué dès son plus jeune âge, il avait été le brillant élève d'un professeur des plus illustres de sa catégorie. Sa longue carrière avait été couronnée de succès, faisant de lui un redoutable guerrier. Sa patience, son travail acharné et sa détermination l'avaient élevé au rang d'élite. Et c'est au sommet de sa force, lorsqu'il était le roi d'un monde hors du commun, qu'était arrivée cette tragédie à Vienne. Il avait fauté, raté, trébuché. Une fois, puis deux, puis trois... et ne se pardonna pas. La terreur prit le dessus. Le goût amer de la défaite emplis la bouche du guerrier, pour la toute première fois. Le corps de Léonid Kogan s'écroula sur le sol, l'esprit sali, à jamais.

Retrouvant ses esprits, Léonid décida d'agir. La petite Julie n'était pas là, la voie était libre. Malgré sa tenue peu adéquate, il s'empara de son arme et sauta de la fenêtre ouverte pour s'étendre dans la neige. Elle était froide, Léonid se sentit mieux. Le ciel bleu, lumineux au-dessus de lui, faisait presque oublier au fugitif les clameurs qui se faisaient entendre, encore et toujours, en cris déchirants dans Moscou. Le magnifique paysage russe, ses toits colorés et ses lumières rassurantes le détendaient. Il serra un peu plus contre lui l'objet de ses combats, de sa vie, qui lui venait de son père. L'étui de cuire répandait dans tout son corps une douce chaleur glacée. Léonid ferma les yeux. La honte et les larmes ne changeraient rien. L'homme était anéanti à jamais.

-Léonid! Hurla Pierre. Le guerrier ouvrit les yeux. Pierre son compagnon de toujours, son allié de tout les temps se tenait au-dessus de lui, le visage tordu par la douleur. Le regard perdu, Léonid ne bougea pas, ne parla pas. Avec un sourire lointain referma les yeux. Comme on dit au-revoir à un ami, à la vie. Pierre le regarda fixement et soudain s'écria:

-Est-ce ainsi que tu veux honorer ton père, ton maître! Veux-tu mourir en lâche sur notre sainte terre russe? Abandonner tes amis, tes proches... Parce-que tu préfères te cacher? N'as-tu donc aucun courage? Pierre avait rugit se dernière phrase. Elle résonna quelques secondes, puis un lourd silence revint, faisant entendre les appels déchirants du monstre.

Pierre et Léonid déboulèrent en trombe dans la salle. Ils avaient les cheveux en batailles, les habits trempés. Mais ils s'en fichaient. Leurs regards brillaient d'une étrange lueur. Pierre saisit sa baguette, d'un geste de la main, les regards de son monde furent sur lui. Léonid sortit son instrument de l'étui de cuire. Les appels de monstre devinrent des ronronnements ravis. Léonid échangea un dernier regard avec Pierre avant de donner le la. Les applaudissements vinrent de toutes parts. Et c'est au milieu de la flaque d'eau qui se formait autour de lui, mêlant boue et neige, que Léonid entendit les premiers accords. Pierre était à la tête de son orchestre, puissant. Il préparait l'entrée de son ami, gigantesque vague, bondissante, pleine de remous qui emplissait les oreilles de Léonid. Enfin, la mer se fit plus calme. Tous avaient les yeux rivés sur le héros. Lentement, celui-ci porta son violon à l'épaule. La première note s'éleva dans un silence ému, bientôt suivit d'une deuxième, puis d'un arpège, d'un trait, de plus en plus vite, de plus en plus fort, toujours plus beau, plus intense. Puis la tension retomba d'un coup, laissant le temps de reprendre son souffle. Tchaïkovski avait éclaté de puissance et de beauté. Le monstre était maté, écrasé, aux pieds de la musique, comme toujours. Léonid Kogan, violoniste de son état, allait revivre !

Prenez le temps d'écouter quelques minutes au moins maintenant... =)

https://www.youtube.com/watch?v=lgMVep8I2ko

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Invité
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