Appelons "obéissance compulsive" le phénomène par lequel on se soumet de façon compulsive à une autorité. Et si on ne trouve pas d'autorité, on en recherchera une. Cela va donc avec un besoin d'autorité.
Il en résulte qu'au lieu de nous demander ce qui nous semble juste et de nous tenir à cela, souvent nous allons chercher des autorités qui nous plaisent pour les suivre. Ou bien nous allons nous demander ce qui nous semble juste, et chercher des autorités qui peuvent confirmer nos dires, afin d'avoir une validation de notre pensée. Ainsi on cherchera à citer un philosophe, un écrivain, suffisamment connu pour générer l'approbation.
Cette compulsion nous amène à associer la notion de bien avec la notion d'autorité. Comme elle est répandue, il y a une valorisation sociale de cette soumission. Ainsi, le croyant soumis à sa religion sera un "bon croyant". L'enfant soumis à ses parents sera un "bon fils" ou une "gentille fille".
Il s'agit d'un phénomène en grande partie inconscient. Nous avons emmagasiné au cours de notre enfance des expériences, associées à des sentiments positifs ou négatifs. C'est notamment le cas avec les récompenses et les punitions. Quand nous étions enfants, nos parents, puis nos éducateurs ont cherché mille façons de nous faire agir d'une certaine façon. Il est donc très répandu d'avoir associé dans son esprit la notion d'autorité avec la récompense en cas d'obéissance et la punition en cas de désobéissance. Plus tard, à l'âge adulte, les autorités cherchent à avoir l'image du bien pour obtenir le consentement des gens qu'elles veulent diriger. Nous sommes donc conditionnés à cette association entre autorité et bien. La Bible érige cela en principe métaphysique avec Dieu qui est censé être l'Autorité et le Bien par essence.
On comprend aisément pourquoi les parents ont cherché notre obéissance. Et même, quand on est tout petit, on n'a pas de volonté, on est comme une éponge et on obéit sans se poser de question. Quand apparait notre volonté et notre capacité à nous déplacer par nos propres moyens, nos parents peuvent avoir peur pour nous. En effet, nous ne sommes pas conscients de la plupart des dangers. Les parents ont donc une raison de chercher à cadrer notre comportement. Et ils peuvent s'habituer à cela, il peut y avoir un certain confort au contrôle d'autrui (qui va aussi avec un inconfort puisque l'on doit être là pour dire ce qu'il faut faire). Les parents peuvent donc s'attacher au contrôle de leur enfant, et ne jamais sortir d'une vision du monde où ils ont tous les pouvoirs "sous leur toit". Et même pour les parents qui prennent soin d'expliquer à leur enfant que leur avis n'est que leur avis, il reste de toutes façons une ensemble de conditionnements. Il faut aussi tenir compte du fait que souvent les gens extérieurs à notre famille vont aussi valoriser l'obéissance aux parents, ou au moins la respecter pour ne pas avoir de problèmes avec les parents en question. Voilà pourquoi le principal facteur déterminant notre religion est celle de nos parents. Quelque soit l'ouverture d'esprit de nos parents, nous sommes formatés par notre enfance, et nous commençons dans la vie avec un certain point de vue au sujet du bien et du mal, et de l'autorité.
Il y a donc différents facteurs qui concourent à la formation de l'obéissance compulsive, l'éducation par les parents et les professeurs, les expériences emmagasinées de façon inconscientes, globalement la valorisation par autrui de l'obéissance aux parents, puis aux supérieurs hiérarchiques et la menace de licenciement.
De plus, la flatterie de notre ego et de notre sentiment de toute puissance peut nous amener à désirer le principe de la soumission, et nous faire participer activement à cette obéissance compulsive. En effet, à partir du moment où l'on affirme qu'autrui doit être soumis, il est difficile de s'opposer à notre propre soumission du fait du principe de cohérence.
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