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Le Réparateur 2


halman

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Seize heures, le technicien tape son rapport sur son pc.

Un message apparaît dans une fenêtre de son écran. Marjorie, la régulatrice des appels technique, l'informe que l'imprimante de la directrice du personnel ne fonctionne plus. Il faut y aller immédiatement.

Bon. Il y va.

La directrice du personnel est énervée. Elle a trois fax à imprimer et c'est encore en panne.

Halman constate qu'il s'agit juste d'un bourrage de papier mais elle insiste, elle dit qu'elle est pressée, elle n'a pas le temps d'attendre une réparation.

Il sait qu'il ne faut jamais contrarier les gens sur ce genre de certitudes techniques, surtout une supérieure hiérarchique.

D'accord lui dit le technicien, je vais vous chercher une imprimante neuve mais vous connaissez le prix que cela coûte.

Elle lui dit qu'elle s'en moque ses fax sont trop importants.

Halman monte très rapidement à l'étage au dessus, prend le carton d'une imprimante identique, redescend, débranche l'ancienne, rebranche la nouvelle et les trois fax sortent dans la minute.

Il jette un coup d'¿il rapide sur les faxs.

Rien de professionnel.

Des rendez vous familiaux au restaurant, le dernier qui demande seulement de penser à acheter des ¿ufs avant de rentrer ce soir.

Sur, cela valait la peine de mettre une imprimante de grande marque à deux mille euros à la poubelle.

Halman, vraiment énervé, remonte la « vieille » imprimante, la remet dans l'emballage de la nouvelle. Elle servira parfaitement bien pour un prochain remplacement standard.

En remontant il croise Marjorie qui, habillée s'en va.

Alors c'était quoi ?

Rien, une imprimante détruite pour un simple bourrage.

Elle a fait ça.

Sans problème, elle l'a fait.

Ah la vache ils sont graves tous. Bonjour le gâchis.

Ouais. Salut à demain.

Pour la millième fois de la journée il se demande par quel miracle une espèce si délirante a bien pu réussir à créer des androïdes si complexes, et même, comment ils ont bien pu survivre des millions d'années avec de telles attitudes démentielles.

Un vrai miracle.

Sachant qu'il n'a plus qu'à rentrer chez lui, il se met en automatique et lance un garbage. Il se sentira mieux après. Dès qu'il sera rentré chez lui et qu'il se sera connecté avec ses amis et son programmeur pour parler de tout ça.

Mardi matin.

Premier travail de Halman, un disque dur. La secrétaire d'un médecin a mis sur sa fiche : « Le disque dur est fêlé. »

Totalement blasé, il ne se pose plus de questions depuis longtemps, il y va.

Bonjour madame, je viens pour votre disque dur fêlé.

Ah oui, bonjour, regardez l'écran ce qu'il me dit quand je l'allume.

Il regarde et voit le message « hard disk failure »

Ah mais non madame, ce n'est pas une fêlure, mais c'est le mots anglais failure qui signifie défaut.

Et c'est quoi ce défaut ?

Je vérifie et je vous le dis.

Il relance l'ordinateur et observe tous les messages de chargements et de tests. C'est clair, dès le boot l'ordinateur détecte le disque dur, mais au niveau utilisateur il se met en erreur. Il a l'habitude.

Il vire les tonnes de post it qui noient l'écran et l'unité centrale, ouvre le boîtier et admire le spectacle.

Déjà en entrant dans le bureau il avait bien remarqué que cela puait le cendrier froid et que les interstices de l'ordinateur, par lesquels l'air frais s'engouffre pour le refroidissement, étaient de ce jaune noir repoussant typique que l'on trouve sur les doigts et les dents des fumeurs.

Il montre les dégâts à la fille.

Elle est stupéfaite.

Mais qu'est ce que c'est toute cette poussière qui pue ?

Effectivement, le processeur, le disque dur, la carte mère, la carte graphique, les barrettes de mémoire, le lecteur de disquette, les câbles, tout était invisible, noyés dans un bloc de poussière jaune sale qui, aspirée par le ventilateur de refroidissement, au fur et à mesure des années à fonctionner dans un bureau de fumeurs. En quelques années, l'unité centrale s'était remplie à bloc des poussières et fumées de cigarettes.

Halman va chercher un aspirateur dans le local du personnel de ménage et, sous le regard coupable et sidéré de la miss à petites lunettes posées sur le bout du nez, dont évidemment le premier réflexe est de s'en allumer une, entreprend d'aspirer toute cette cochonnerie.

Et il découvre ce dont il était certain depuis le début, le câble d'alimentation électrique du disque dur, débranché, pendant bêtement, accroché dans les autres nappes des autres lecteurs.

Halman recherche la fiche de cet ordinateur dans son cerveau informatique et trouve la date d'installation et toutes les dates d'entretiens et les rapports.

Rien, d'après ces fiches n'indique qu'on a ouvert ce machin de bureau depuis deux ans et demi.

Donc, très récemment, quelqu'un l'a ouvert et a tripoté à l'intérieur.

Et a très mal tripoté.

Un « spécialiste » de l'informatique du dimanche, c'est évident, qui a voulu y faire ses bricolages personnels, mais, surpris par un ordinateur qu'il ne connaissait pas, s'y est mal pris.

Quelqu'un est venu le réparer récemment ? demande t'il.

Ben non. Il a toujours bien marché.

Halman prend des photos numériques directement par son ¿il et son cerveau. La miss, ainsi ne se doute de rien. Il va faire un rapport, il va y avoir une enquête.

A tous les coups, un cadre qui a voulu faire une blague à une secrétaire et qui à tout ravagé.

La photo du bloc de cochonneries va faire le tour des bureaux et va servir d'exemple pour la campagne anti tabac menée par la médecin du travail de la société.

Cela va bien marquer quelques esprits, il s'en réjouit d'avance.

Quant à la deuxième photo, celle d'après le nettoyage montrant la fiche défaite, elle va être mise au dossier d'une enquête du service.

Il remet la fiche, ouvre les fenêtres, sort une bombe dépoussiérante et en vide tout le contenu pour chasser les dernières poussières microscopiques cachées dans les circuits invisibles.

Puis, avec une bombe de produit nettoyant électronique, asperge légèrement tout l'intérieur de l'unité centrale, pour chasser les odeurs épouvantables de cigarette.

Il referme l'u.c., allume la machine et tout se passe bien.

La nénette, soulagée, mais émotionnée, commence déjà à se remettre au travail, les doigts tremblants sur sa cigarette.

Halman, pour se changer les idées, retourne à son bureau, allume son pc et se connecte à internet. Régulièrement, il va sur son forum d'information sur l'intelligence artificielle. Il y a du nouveau presque tous les jours dans les laboratoires en ce moment. Dans une des nouvelles d'actualité du jour, il lit pour la centième fois que le ministre de la recherche réclame encore et toujours des budgets pour envoyer encore plus de robots sur Mars. Le projet original de construction de station martienne prévoyait au départ un minimum de cinquante androïdes. Malgré qu'un nombre important de volontaires humains se soit porté volontaires pour ce travail dangereux, exposé aux radiations solaires, le gouvernement a préféré envoyer des automates. Et, une fois les stations construites, les scientifiques et colons débarqueraient, protégés par les épaisses parois des bâtiments, les robots restant à disposition pour les tâches dangereuses. Mais tout ne s'est passe pas pour le mieux, comme d'habitude. Des robots tombent en panne, les japonais, de simples machines à formes humaines fabriquées à la chaîne, petits standardisés. Mais comme aucun humain n'est sur place, les réparations sont impossibles et le projet prend du retard sur le calendrier. Il faut de toute urgence envoyer des androïdes et des humains sur Mars pour réparer les dégâts et reprendre le travail, et si possible, des androïdes de troisième génération, ceux dont on ne fait pas la différence d'avec les humains, comme Halman.

Il y va surtout de la carrière de quelques politiciens et directeurs d'agences.

Alors là, ils se bougent, affolés.

Puis, il visite le site du musée de l'informatique. Avec intérêt, il lit les fiches des centaines d'ordinateurs qui n'existent plus que dans les musées et chez les collectionneurs passionnés qui font les brocantes. Il enregistre les dernières nouvelles d'actualités, les dernières fiches des récentes acquisitions du musée. Des clones soviétiques des Z80 que l'on commence seulement à retrouver. Des choses rustiques très laides, mais sympathiques.

Enfin, il va voir sur le site de Cog.

Physiquement Cog n'a rien d'un troisième génération, il est comme le sont les robots décrits dans les films de science fiction de l'époque, un tas de vérins, de moteurs, de tuyaux, articulés sur un squelette d'acier.

Cog, le premier essai d'androïde des années 1990, était le premier qui apprenait seul. Au fur et à mesure des années. Rodney Brooks, son concepteur, lui avait même donné des bras, puis des jambes. Sa théorie étant, qu'un esprit ne peut apprendre sans avoir un corps physique. Malheureusement, Cog, en 2035, malgré qu'il ait acquis l'expérience d'une personne de vingt cinq ans, affola tellement les populations que le gouvernement décida de le débrancher. Après des années de procès, il fut seulement décidé que Cog ne sorte pas de son appartement, aménagé pour lui seul.

Plusieurs fois par jour, les Halman se connectent avec Cog, celui-ci leur faisant des conférences passionnantes sur l'histoire de l'intelligence artificielle, et accessoirement leur parlant d'une époque lointaine.

Discussions qui permettaient surtout à Cog de ne pas devenir fou, son concepteur étant décédé, son remplaçant pas à la hauteur. Un simple bureaucrate nommé à ce poste par son administration.

Mais une idée ne le quitte pas.

Les humains ont construits les robots.

Les robots sont plus fiables et compétents que les humains pour toutes les professions.

Mais les robots on encore besoin des humains pour leur remise en état, pour leur conception.

EN VRAC

Bing « vous avez un nouveau message »

Halman clique sur sa boite aux lettres. Marjorie lui envoie une nouvelle fiche de réparation, et lui demande de passer à son bureau pour lui montrer quelque chose de très drôle.

Alors, qu'est ce qu'il y a ?

Regarde : un comptable m'a envoyé une copie de sa disquette de sauvegarde parce qu'il n'arrive plus à enregistrer dessus. Il l'a agrafée à son courrier !!!

C'est comme celles qu'on m'accroche avec un aimant sur mon tableau d'affichage à la porte de mon bureau. Il y en a même qui ne marquent rien. Je dois deviner, par l'opération du saint esprit je pense, à qui elles appartiennent et le problème qu'il y avait avant que l'aimant efface les pistes magnétiques !

Ah la la, il faut le voir pour le croire, j'te jure.

On a beau leur envoyer des notes de service et des mailings, ils s'en foutent.

Halman, a failli lui demander si à son avis un androïde ferait les mêmes âneries, mais il s'est repris juste à temps.

Bon, je vais voire cette secrétaire, à la radiologie.

Bonjour, je viens pour l'ordinateur, qu'est ce qui vous arrive ?

Ben, y'a plus rien qui marche, j'ai plein de messages qui s'affichent quand je l'allume.

Et ça dure depuis quand ? Vous étiez en train de faire quoi ?

Depuis hier après midi. J'ai cru qu'avec la nuit ça se serait calmé mais ce matin, y'a toujours tous ces virus qui s'affichent.

Des virus ?

Bon, laissez moi voir.

Il s'installe à sa place, regarde l'écran, et stupéfait, lit tout simplement les messages d'erreurs d'installations de Linux.

Je ne comprend pas dit il, on vous a installé un nouveau logiciel ces jours ci ? J'aurais été au courant.

Ben, euh, y'a mon frère, il m'a donné un cd rom en me disant que mon pc tournerait plus vite avec ça et que je n'aurai jamais de plantage.

D'accord, donc, vous êtes en train de m'expliquer que votre ordinateur, sous Windows, vous avez essayé de lui installer un autre système d'exploitation dessus ?

Ah, et c'est quoi un système d'exploitation ?

??

Alors quelqu'un vous donne un logiciel, vous ne savez pas ce que c'est et vous l'installez sur votre ordinateur professionnel !

Ben.

Vous avez essayé d'installer un logiciel qui a totalement reformaté, c'est à dire effacé, chaque octet de votre disque dur, vous n'avez plus rien dessus, j'espère que vous faisiez régulièrement des sauvegardes ?

Ben, oui, enfin il y a six mois.

Six mois ? Donc tout votre travail depuis six mois a disparu !

Nooonnnn ! Et le texte de la conférence du patron aussi ? Il doit faire une conférence sur l'imagerie médicale la semaine prochaine !

Vous avez de la chance, toutes les nuits nous faisons des sauvegardes automatiques par le réseau. Je vais aller chercher mes disquettes et cd des logiciels, je vous grave un cd avec vos documents et je reviens cet après midi avec sa conférence aussi.

Bon ben qu'est ce que je fais en attendant ?

Vous vous installez sur le pc de votre collègue, elle est en vacances, je vous mets ses mots de passe sur ce post it.

Ah bon, merci.

Bon, à cet après midi.

A cet après midi, de toute façon nous faisons un pot à deux heures, vous aurez le bureau pour vous tout seul.

Bon.

Quatorze heures.

Halman revient, non sans avoir raconté le gag à Marjorie et avoir tapé un rapport à son directeur, qui ne va pas louper d'en toucher un mot au chef de service de la radiologie, qui va bien consciencieusement remonter les bretelles à sa secrétaire.

Enfin c'est ce qu'ils disent tous.

Il a un porte document qui lui sert habituellement à transporter son ordinateur portable, dans lequel il a mis des cd rom et des disquettes.

Il trouve le bureau vide, elle est déjà partie à sa petite fête.

Il trouve aussi, sur l'écran, ça sert à tout un écran de nos jours, même à y écrire ses notes, un post it.

Monsieur, Lefranc, patron du service lui demande de passer voir son imprimante et son portable sur son bureau, merci.

Pas de quoi, je suis là pour ça, bien sur.

Et c'est parti, disquette ms.dos, on boote sur la disquette, et la série habituelle, fdisk, format, copie des fichiers systèmes sur le disque dur, reboot, lancement du cd rom Windows, une très ancienne version évidemment puisque les dernières ne supportent plus les processeurs de l'époque depuis pas mal de temps. Ce processeur est un antique 386 sx 16 mhz. C'est de toute manière largement suffisant pour faire du traitement de texte. Halman, par sécurité conserve tout, toutes les versions de tous les logiciels qui lui passent sous la main, on ne sait jamais.

Puis c'est au tour d'Office, puis celui des documents de la fifille avec sa conférence, puis installation des logiciels maisons, réseau, sécurité, etc.

Avec ce 386, costaud et stable, il en a pour trois bonnes heures, si tout va bien.

Bon, l'installation du premier cd indique : temps de copie des fichiers restants : quatre vingt minutes.

Il en profite pour aller voir le portable du grand chef.

Pour accéder à son bureau, il doit traverser la salle d'attente et l'accueil, endroit que les gens ont choisi pour leur nouba.

Ce qu'il y a de bien avec le personnel soignant, c'est qu'en civil, personne ne dénote. Il y a de tout, du costume cravate, du jean, du short, du polo, de la tenue de sport. Idéal pour passer inaperçu. Dans un bureau, cela aurait été tout autre, avec son éternel blue jean et son unique chemise en jean noir et sa bonne vieille paire de baskets. Chez les informaticiens, on le classe dans la catégorie des nerds. Le genre à pondre du code informatique, vingt quatre heures sur vingt quatre en se faisant livrer des pizzas, et qui pense sincèrement être le nouveau Bill Gates, persuadé d'avoir inventé l' « application qui tue », qui va les rendre milliardaires.

Comme si il pouvait y avoir plus d'un Bill Gates par siècle. Mais allez leur faire comprendre ça. Tous persuadés d'être l'inventeur de la future application un point zéro, le logiciel qui sera Le logiciel du futur.

Bonne chance.

Il traverse cette petite foule. La plupart sont regroupés par trois ou quatre et bavardent, la coupe de champagne à la main, sourire forcé et poli au visage, rires exagérés, de sujets théorico professionnels, dont tous savent bien qu'aucun ne sera jamais mis en ¿uvre.

Il observe les habituelles affinités, les cadres avec les cadres, les agents avec les agents, les administratifs avec les administratifs.

Et, dans un coin, affalés dans les fauteuils de la salle d'attente, les agents hospitaliers et aides soignants, tirant des tronches jusque par terre, on se demande pourquoi.

Bon, il allume le portable, un truc de luxe avec tous les gadgets multimédias derniers cris, de quoi se passer des films dvd qualité cinéma, de la musique haute fidélité. Rien à voir avec la bonne vieille informatique. On leur donne une machine prêtre pour l'intelligence artificielle et pour la puissance de calcul et d'archivage, ils la transforment en un gadget pour faire mumuse à la maison avec des jeux, des vidéos et de la musique.

Il se rappelle cet historien des sciences qui a calculé que, lors du projet Manhattan de bombe atomique en 1944, la masse de calcul effectuée par les trois ordinateurs de l'époque du projet, avaient effectué en trois ans la même quantité de calcul que tout ce qui avait été faits par l'espèce humaine depuis sa préhistoire à l'apparition des ordinateurs. Cela veut donc dire que les ordinateurs actuels, des millions de fois plus puissants qu'un Eniac de l'époque, ne sont pas utilisés à faire du calcul dont les scientifiques auraient bien besoin, mais dorment dans une sacoche, sur un bureau et ne sont utilisés que pour des jeux, des vidéos, du traitement de texte, des fichiers.

Spéciale l'espèce humaine.

Turing, qu'en aurait il pensé ?

Après tout, peut être est ce une des voie, aléatoire peut être, mais un détour possible, le chemin des écoliers, pour que dans quelques siècles, les gens trouvent les androïdes comme faisant partie du décors naturel.

C'est pas gagné.

Bon, pour l'instant tout se passe bien, boot ok, lancement de Windows correct. Tiens, qu'est ce que c'est que ces icônes ?

Il en reconnaît une, c'est un jeu, le classique simulateur de vol, jeu préféré d'une certaine classe d'intellectuels, qui s'imaginent pouvoir piloter un avion avec seulement quelques touches d'un clavier ! Halman, en tant que pilote de planeur pendant ses vacances, comprend le ridicule et le stupide de ce genre de comportement. Il a eu de ces gens là comme stagiaires élèves pilotes, impossible de leur faire apprendre le b.a.-ba du pilotage et le les lâcher en solo, trop obtus, trop enfermés dans leurs certitudes, persuadés déjà être des pros puisqu'ils ont des dizaines d'heures de simulateurs sur leurs ordinateurs personnels !

Et ça mets dans son CV dans la partie loisirs : pilote.

Ben voyons.

Il lance le scandisk, et découvre des tas de secteurs défectueux, trop peu de place libre sur le disque dur pour un fichier utilisable de mémoire virtuelle. Il découvre encore des dizaines de fichiers chk, fichiers de récupérations de données défectueuses, créés bien sur lors d'un arrêt incorrect de l'ordinateur. Encore un qui appuis sur on/off pour éteindre la machine sans quitter le système d'exploitation.

Classique.

Allez zou, on efface tous les fichiers tmp et chk.

Bon, l'imprimante.

Il envoie une image, puis un texte à l'imprimante.

Mais elle fonctionne parfaitement bien cette imprimante.

Gros comme une maison que c'est encore un de ceux qui sont surpris que le texte ne sorte pas en couleurs. Encore un à qui il faut expliquer que le texte en noir sort forcément en noir, que les ordinateurs, ben y'en a pas encore équipés pour transmission de pensée.

Il lance un test d'impression.

Parfait, tout sort impeccablement, couleurs, graphiques, textes.

C'est bien ce qu'il avait pensé.

Il note ça pour son rapport du soir.

Encore un bon sujet de rigolade au dépouillage hebdomadaire des rapports.

Retour au bureau de la secrétaire.

Il retraverse la petite fête.

Il ne s'attarde pas, ce genre d'endroit, il ne supporte pas vraiment.

Monsieur Lefranc le voit, l'interpelle, lui demande ce qui se passait.

Halman, sait par expérience que ces gens là, il ne vaut mieux pas trop, même pas du tout les contredire.

Alors qu'est ce que c'était ?

Rien, c'est réparé, fait Halman évasif.

Mais encore ?

Et merde, Halman, déjà saturé d'humain, craque, il annonce franchement : votre imprimante fonctionne parfaitement, je ne sais pas ce que vous avez fait avec, votre ordinateur était saturé de fichiers de récupérations d'erreurs, par suite de mauvaise utilisation, vous n'éteignez pas correctement votre ordinateur. Il est formellement interdit d'éteindre votre pc sans quitter le système d'exploitation, et c'est ce que vous faisiez.

Je faisais ça moi ?

Oui !

Mais pourquoi mon imprimante ne sort pas les couleurs ?

Gagné pense Halman, j'ai encore vu juste.

Vous savez, monsieur, pour que les couleurs sortent, il faut que le texte soit en couleurs. Si le texte est noir, et bien il sort en noir.

Oh bien sûr, je devais penser à autre chose.

Ca doit être ça. Au revoir monsieur Le franc.

Regard mauvais du patron qui suit Halman des yeux. Se faire humilier devant ses agents et ses subalternes, cela ne va pas se passer comme cela.

Halman retrouve le sympathique 386 ronronnant qui commence à sentir l'électronique chaude et poussiéreuse.

Temps restant : environ douze minutes lit il sur l'écran.

Ah, ça y est.

Copie des fichiers terminée, installation en cours, réinitialisation de l'ordinateur, paramétrages, installation terminée.

Bon, même chose pour le cd des logiciels de traitement de textes et tableurs.

Puis il fait de même avec le logiciel de réseaux, copie les fichiers de sauvegarde de la fifille.

Il est seize heures trente.

La secrétaire débarque.

Elle est grande fine, brune, les joues un peu creuses, un peu musclée, elle doit faire sa gymnastique tous les midis avec les collègues.

Elle a les yeux qui brillent, elle semble dans un état particulièrement euphorique.

Elle est maladroite, elle ne marche pas droit, elle se cogne dans le bureau de sa collègue et s'affale en rigolant bêtement dans le fauteuil.

Elle est saoule.

Ses vêtements sont à moitié défaits. Ils sont en vrac, elle aussi elle est en vrac.

Sa chemise à moitié ouverte, à moitié sortie de sa jupe, ses cheveux en désordre, la médaille qui se retrouve dans le dos, la peau brillante, les gestes pas vraiment précis.

Ah vous êtes encore là vous ? J'y pensais plus, mais va falloir que j'y aille.

Déjà ?

Ben oui, j'ai mon quart d'heure de crèche.

Ah bon, vous avez des enfants, mais depuis quand ?

Non, j'en ai pas, mais aujourd'hui je fais comme ci, et hop !

Elle essaie de se rhabiller, de ramasser ses affaires, elle n'a pas les idées claires et s'y reprend dix fois, l'esprit totalement en vrac.

Elle est même arrivée à mettre son ordinateur en vrac

En vrac ils sont les humains.

Elle met un gant, oublie l'autre.

Sur ses hauts talons elle ne maîtrise plus sa démarche. On dirait qu'elle va se démonter les jambes à chaque pas.

Bon ben a j'sais pas quand, hoops.

Oui, au revoir.

Il termine, remballe ses logiciels et repart vers son bureau.

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