J’ai mes idées, mes idées folles. Souvent elles me persécutent la nuit.
Dans ma solitude, dans mes rêves comme dans mon sommeil elles me poursuivent.
Je ferme les yeux. Mais ces idées folles, tapageuses tournent et valsent dans mon cerveau !
Elles réclament tout. Elle brodent et tissent cent mille rêves.
J’ouvre les yeux… Il n’y a que fantôme et fumée.
Mes idées folles ne sont que fantômes et fumées, et je suis une incorrigible chasseresse de fantômes et de fumées .
« La Dernière Rose »
Battue par le vent, la pluie monotone,
Dans le jardin plein d’ombre une rose d’automne
S’effeuille lentement. Les gouttes sur son cœur
Ruissellent comme autant de larmes de douleur.
Oh ! Fleur éphémère, toi si fière et si belle,
Ton destin t’a soumise à une mort cruelle.
De ta frêle beauté dont s’ornait le jardin
Plus rien ne restera à l’aube demain.
Tu es la dernière rose et tu vas mourir,
Mais je veux à jamais garder ton souvenir,
Car
Je suis sortie du Royaume des Ombres, dans la nuit éternelle, au sein des ténèbres profondes, entourée de mânes aux lueurs tremblotantes.
Je viens de surgir dans le monde de la Lumière.
J’ai aperçu l’éclair, j’ai vu la lueur, diadème scintillant dans la nuit.
Je suis revenue aux sources de la Vie, je viens m’y désaltérer.
********
« Crépuscule »
Le couchant est ce soir comme un champ de blé mur ;
Dans l’heure de cristal large et poudrée d’azur,
Les arbres chuchotants embaument de leurs fleurs,
Les aubépins vêtus de neige et de candeur,
Voluptueux, frémissants au baiser d’un vent
Plus doux dans le soir bleu que le parfum des champs.
C’est l’heure doucement mélancolique et tendre,
L’heure méditative ou pleut comme une cendre
Le crépuscule cher aux cœurs vibrants d’amour.
Tout chante l’allégr
Parfois le soir toute la tristesse du monde entre dans mon âme.
La vie se traîne comme une lente agonie.
L’espoir, la joie me quittent, m’abandonnent.
Dans ma chair s’allument d’inguérissables nostalgies.
Dans mon cœur brûlent de vastes incendies.
Comme l’onde limpide, la vie, entre mes mains, s’échappe.
Je vis et me nourris d’ombres et de fantômes.
J’aime, et mes bras étreignent le vide et l’absence.
Illusions ! Je ne veux plus de vos présences trompeuses.
Mais soudain l
Lorsque les ténèbres grandissent
Et s’obscurcissent les étoiles
Quand les hiboux sur les branches
Crient de frayeur
Déterminés nous bravons
Ensemble les interdits
Nous nous enfonçons
Dans la douceur de la nuit
Sans désir d’aurore
La nuit n’a ni accusateur
Ni censeur.
********
Mon corps, souviens-toi...
Mon corps,
« Rêve »
Vois, les étoiles pleurent leurs larmes citrines
Dans l’azur lilial ... Et sur leurs tiges fines
Les roses, mollement, se bercent dans le soir
Avec des mouvements cadencés d’encensoir
Oh ! Le ciel est divin, et la lune opaline
Caresse de ses reflets la fleur incarnadine.
Sur la côte esseulée où la mer qui se brise
D’un long feston d’argent brode la plage grise,
Veux-tu que nous fassions de ces rêves sans fin,
Veux-tu que nous sentions palpiter dans nos âmes
Je marche en un désert de pierre et de fer
Que le soleil consume en des fusions d’enfer
Je marche en une rue qu’un soleil évapore
Sous un ciel lourd de bleu, un ciel indifférent
Je peine de chercher et de chercher encore
Le port où aborder à l’abri du néant.
Je plane en un cosmos épris de lassitude
Où le soleil m’aveugle de ma solitude
Je flotte en des lueurs qui vident ma pensée
En des rayons hantés par des rayons d’absence
Je me perds et ne peux en elle m’évader
Tant sont
Toi le vent, le doux vent, allège mon tourment
Puisses-tu compatir aux larmes qui m’oppressent.
Les vantaux de ma nuit sont aveugles et clos,
Le désir, chaque nuit, vient partager mon lit
Et me farder les yeux à grands coups d’insomnie :
Désir je ne connais que toi, toi ma détresse.
Sur mon cœur écorché pousse un arbre, ô tristesse,
Où fleurit le délire, ou pleuvent les sanglots.
Je ne vois nul matin à ma nuit sans lueurs.
********