C'est parce que la vie semblait belle qu'il la haïssait. Et c'est par ce qu'elle ne pouvait pas avoir de sens qu'il en cherchait un. On ne peut pas dire qu'il était malheureux, tandis qu'il n'était pas plus heureux que la moyenne. Il était, tout simplement, et cela constituait pour lui un postulat dissociable de tout sentiment; en ceci, fatal, et même, grotesque. Déshumanisé pour vouloir trop l'être. Porté par l'ultime sentiment de ne pas en avoir, il brûlait de vie et croyait la posséder.
C'é
Il marchait. Seul, le pas vif, et l’air pressé. De loin on ne voyait qu’une ombre mangée par le noir. De près, on distinguait une silhouette bouillonnante, et tremblante, qu’on n’osait trop approcher. Lui, on ne le voyait pas. Ce n’était que sa présence qui fendait la nuit ; son corps était décharné et absent, mais l’obscurité le protégeait, comme une amante. Comme ces filles contre qui il avait laissé sa tête aller, ces poitrines qu’il avait baisées, ces corps nus qu’il avait possédés. Mainte
Pierre, Nicolas, et Ambre. Une cave sombre, presque vide, éclairée par de rares rayons de soleil venus de dehors. Nicolas et Ambre se font face, assis à une table. Ils se scrutent, impassibles. Pierre fait les cent pas.
Pierre, soudainement: Ils devraient être là.
Nicolas : Ils n’ont rien promis.
Ambre: Ils ne savent pas.
P. : Non, mais ils devinent. C’est le genre de chose que l’on devine.
A. : On ne devine que ce que l’on veut. Ils ne veulent pas. Ils ne viendront pas.
P.
La pluie tombe et ruisselle sur les contours flous du paysage. Une aquarelle mouillée de larmes. Dans des tons gris, bleus, presque irréels, si présents. La violence des couleurs qui ne laisse pas de doutes.
La réalité qui s'impose, nichée au creux de la nuit. Enfermée. Cernée. Qui disparaît.
Elle se pense, et s'admire. Les lieux lui revoient l'image froide et rassurante de l'impassible, profonde noirceur des ténèbres. Le temps est coupé, ceci n'est pas une figure de style, non ! La ré
Le regard si doux de ceux qui aiment encore
Ravivant l'éclat sombre et peureux des noirs soirs
Bruissement insaisissable de ce trésor
Qui perce son torse, s'empare de la caresse
Qu'il aime
Des lèvres fraîches coulent sur des feux trop vifs,
Les éteignent - l'étreinte fatiguée, calme,
Folle et cruelle, elle couvre son cou naïf
Comme fantomatique, fuis, crie et clame,
L'amour
Alors elle se couche,
Sur l'exil forcé, lourd.
Sous les larmes se cachent,
Le décompte des jours.
J'ai peur. Ce n'est pas de la gueule, ce n'est pas du style, je ne fais même pas semblant de savoir écrire. Là j'ai peur pour de vrai. J'ai peur du monde, j'ai peur de moi, j'ai peur de vivre. Ou plutôt j'ai peur de ma vie dans le monde. Je sens mon estomac se tordre, je sens mes yeux fatigués restant ouverts dans le noir, je sens ce désespoir morne qui me prend chaque jour. J'ai peur de vivre, j'ai peur de la vie dans le monde et j'ai peur d monde agissant sur moi. J'ai peur de manger. Vous sav
L’aube entrecroisée de fils d’ors les regardaient d’un œil lumineux, et les remous de l’eau allaient et venaient, comme le souffle d’un dormeur. Clo clop clop… saccadait le doux fracas de la mer sur le rivage. Ils fermaient les yeux et n’écoutaient pas cette douce complainte funèbre, aux notes encore ensommeillées. L’air frai, coulait sur leur corps insensibles, et leurs yeux perdus dans le bleu de l’eau et du ciel ne renvoyaient qu’une ombre pâle et morne. Autour, les oiseaux chantaient, la vi
Ce soir-là, comme chaque soir, une foule dense et compacte se pressait sur la petite place. Tous les genres, tous les styles se confondaient, noyés dans l'habitude, perdus dans le quotidien.Un homme d'affaire speede téléphonait en regardant sa montre, une mamie emmenait pisser son chien, un lycéen au regard morne attendait son bus. Le classique de la ville, soporifique ou émerveillant, c'est selon.
Ce soir-là, comme tous les soirs, un homme, assis sur un vieux banc tagué, observait la cohue
L’aube entrecroisée de fils d’ors les regardaient d’un œil lumineux, et les remous de l’eau allaient et venaient, comme le souffle d’un dormeur. Clo clop clop… saccadait le doux fracas de la mer sur le rivage. Ils fermaient les yeux et n’écoutaient pas cette douce complainte funèbre, aux notes encore ensommeillées. L’air frai, coulait sur leur corps insensibles, et leurs yeux perdus dans le bleu de l’eau et du ciel ne renvoyaient qu’une ombre pâle et morne. Autour, les oiseaux chantaient, la vie
LE COMBAT
-M. Kogan, c'est l'heure!
Peur. Jamais un mot n'avait pris autant de sens. Léonid le sentait résonner en lui, impuissant. Il était seul au milieu d'un océan de rugissements et de hurlements.
-M. Kogan ? Julie regarda ce héros, l'air anxieux. Ils s'impatientent...
-Ne vous en faites pas, je vais y aller, souffla Léonid.
Julie sortit discrètement. Elle aussi transpirait à grosses gouttes. Après son maudit échec à Vienne, M. Kogan devait se reprendre! Tout le monde comptait sur
Un mot, c’est quoi ? Des lettres. Les unes à côté des autres, insolentes. Elles n’y peuvent rien, et le mot existe. Il n’y peut rien non plus, qui lui a demandé son avis ? Il est là con un con, et il porte tout. Tout dans son encre et dans son sens. On va le haïr ou le choyer. On va le croire ou on va le dénigrer.
C’est ça, exister ?
Un mot ça se trace et ça se commande. Il n’a de sens que si on lui en donne, et il ne le supporte que si on lui ordonne. On peut écrire des mots et s’en fout
Le monde se meurt, tous le savent. L’humanité entière regarde, autour d'elle, se briser les dernières illusions du sujet victorieux. Le sujet présent à lui-même et au monde qui l'entoure contemple désormais le chaos qui le nargue. Le "moi" existentiel devient pour tous théâtre du doute.
L'homme qui croyait s'être trouvé pleure, bouche amère, regard perdu, agenouillé dans la terre sale et noire. Des questions l’oppressent. Le cognent., le blessent., le transpercent ! S'envolent de toutes par