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Membre, Posté(e)
angelique5 Membre 69 messages
Baby Forumeur‚
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chapitre 1 sur octobre 2013 et décembre 2015

chapitre 2 sur novembre 2013

Le Code

Chapitre III

J’ouvris la porte du laboratoire, je n’arrivai pas à entrer.

Léo était là. Physiquement, il n’avait pas tant changé, mais son répertoire musical ne correspondait pas à sa personnalité, ou tout du moins pas à la personnalité qu’il avait quatre ans plus tôt.

- Le duc de Bordeaux ressemble à son frère, Son frère à son père, et son père à mon cuuul ;

De là je conclus qu' le duc de Bordeaux ressemble à mon cuuul comme deux gouttes d'eau.

Taïaut Taïaut Taïaut! Ferm' ta gueule, répondit l'écho.

Nous étions bien loin de Mozart !

Ses longs cheveux blonds étaient crépus, d’un blond brûlés comme la crinière des lions.

- Margot, où est le manuel sur la numérotation et le fonctionnement des gènes ?

Margot était concentrée, l’œil emboîté sur un microscope.

Elle allait avoir 17 ans.

- Je ne sais pas et ça peut attendre, lui répondit-elle.

- Tu ne sais pas, et cela peut attendre ? dit l’offusqué. Tu es la dernière personne à t’en être servi.

- Je sais.

Léo s’emballa :

- Tu as juste la flemme d’aller le chercher.

- Oui, et alors ?

- La flemme engendre la dispersion d’erreurs ! Par la copie flemmarde d‘un support non certifié, nous répandons l’erreur d’un seul homme. Le savoir de l’humanité est ainsi contaminé ! Il faut toujours vérifier à sa source une information, et si l’on ne peut le faire, c’est que l’information source est à tout jamais perdue ! Quand les vérités sont perdues, il ne reste que des légendes incertaines.

Calmement, l’œil toujours fixé au microscope, Margot signala :

- Ce n’est pas moi qui vais faire une erreur si je ne vais pas chercher ce manuel, c’est toi. Et arrête de dramatiser. Il est rangé à la bibliothèque, révéla-t-elle.

- Mais je ne dramatise pas, je constate.

- Et bien moi, je constate que c’est toi qui a la flemme de descendre chercher ce manuel et qui va contaminer notre savoir.

Léo leva les yeux au plafond et reprit sa chanson.

S’il avait songé descendre à la bibliothèque, il m’aurait vu les observer.

- Le duc de Chevreuse ayant déclaré que tous les cocus devraient être noyés,

Madam' de Chevreuse lui a demandé s'il était certain de savoir bien nager.

Taïaut Taïaut Taïaut! Ferm' ta gueule, répondit l'écho.

Il s’interrompit pour répliquer ceci :

- Si tu arrêtais de voir les multiples problèmes d’une solution et que tu te concentrais sur les multiples solutions du problème, tu enverrais une mouche ou un canard cherche ce livre.

- Une mouche ou un canard ne seraient jamais capable de nous remonter ton livre ! Même avec mon âme à l’intérieur ! Et celui qui multiplie les problèmes et ne veut pas voir les solutions c’est toi, le demi troll ! Va chercher toi-même ce livre. Moi, je l’ai rangé !

- Mais il était très bien ici ce livre !

Léo soupira.

Il se résigna à aller à la bibliothèque.

- Madam' la duchesse de la Trémouille,

Malgré sa pudeur et sa grande piété, a patiné plus de paires de cou…

- Ouille, ouille, ouille, dit-il en se retournant sur moi. Dites-moi pas, que ce n’est pas, qui je pense que c’est.

Léo me sourit.

- Nell !

Marguerite enleva son œil ébloui du microscope mais ne se retourna pas.

- Mon pauvre Léo, tu débloques vraiment. Nell est dans le lac depuis …

Léo lui fit signe de se retourner. Il se dirigea vers moi avec un visage soulagé.

- Tu n’es pas morte toi ? me demanda-t-il en me serrant dans ses bras.

Il avait pris de la force, beaucoup de force pour un ancien gringalet.

- J’ai des ressources, dis-je simplement.

- Enfin, tu es là ! J’ai tellement de choses à te dire. On a su pour… Mat, dit-il rapidement. Nell, je suis content que tu sois rentrée.

- Je n’étais pas très loin.

- Tu étais trop loin.

Alors que Léo ne voulait plus me lâcher, Marguerite se dirigea vers la porte et sortit. Elle ne s’était pas retournée vers voir, je n’appartenais plus à sa vie.

Léo regarda Marguerite partir.

- Tu lui as manquée longtemps, me dit-il.

- Elle me déteste ?

- Non, bien au contraire, mais elle se préserve. Comme une certaine personne la fait il y a plus de 3 ans en se cachant dans un lac, dit-il le regard astucieux. Tu vas prendre le temps de te faire pardonner, mais avant, tu vas venir voir les avancées de mon travail depuis que tu nous as lâchés.

- Merci Léo, tu as toujours le mot juste.

En grand expert, il commença son développement :

- Quand Morgane est morte, Merlin a étudié son corps. De cette manière on a pu savoir qu’elle avait été empoisonnée à l’arsenic mais cela tu le savais déjà.

Milo, le voyageur du futur, s’était vengé à leur manière : celle des poisons.

Il sortit plusieurs petites boites.

- J’en ai profité pour lui prélever des mèches de cheveux et de la peau, dit le scientifique en ouvrant les boites. Je les ai utilisés dans le cadre d’analyses.

Il sortit une feuille avec quarante-six croix classées par taille et par paire, couvertes de petites barres horizontales.

- J’ai étudié le caryotype de Morgane et j’ai observé plus particulièrement deux groupes de gènes situés sur deux chromosomes complémentaires.

Apparemment les croix représentaient des chromosomes, les barres des gènes.

- Ils sont récessifs et ils ne s’activent que si les deux groupes sont présents. De plus, ces gènes sont uniques, ils n‘ont été répertoriés par aucuns scientifiques du temps de Milo.

- Qu’est-ce qu’il faut comprendre ?

- Morgane est la première de son genre. Elle avait beaucoup de caractéristiques particulières : un pouvoir unique, la capacité de pouvoir utiliser ses pouvoirs en dehors de Ten, pas de perte de coloration de la peau après privation de pouvoir, l’aucune nécessité du sort de don pour utiliser les pouvoirs volés, énuméra Léo. Cela confirme qu’elle pouvait être la fille du diable.

- La légende rejoint la réalité.

- Oui, posa le scientifique. Par chance, poursuivit-il. À cause de cette récessivité, l’héritier de Morgane ne peut avoir son pouvoir.

- L’héritier n’est pas un guide des damnés ?

- Non, certifia Léo. Cette combinaison génétique est unique et non reproductible sur une branche première, c’est-à-dire sur une descendance de mère à enfants.

- Morgane ne pouvait avoir un enfant avec son pouvoir, réalisai-je.

- Sauf, présenta Léo, si elle avait pu trouver un père comme elle pour son enfant… mais j‘en doute.

- Et en plus clair, professeur Léo ?

- Disons que Morgane a reçu un gâteau entier. Elle n’a pu, à cause des lois de la génétique, n’en transmettre qu’une moitié à son enfant héritier. Et partagé, le gâteau n‘a plus de goût, révéla Léo. L’information qui nous construit, qui construit les êtres vivants, fonctionne en général par deux. Quand le mâle et la femelle ont un petit, chacun d’eux donne à celui-ci une moitié de ce qu’il a, pour, au final, former un tout. Dans le cas de Morgane, ce qu’elle avait de différent fonctionnait uniquement parce qu’elle avait les deux parties. Comme elle n’a pu en transmettre qu’une partie, ses pouvoirs sont annulés sur sa descendance directe. L’héritier ne peut avoir que l’éducation et le savoir de Morgane, pas ses pouvoirs.

- Morgane a passé des années en prison, comment aurait-elle pu élever un enfant ?

Morgane avait perdu dix-sept ans, il ne fallait pas la regarder comme une vieille dame mais comme la femme qu’elle avait été. Léo suggéra une proposition :

- Il y a une possibilité. Quand Morgane était jeune, elle a pu élever cet enfant.

- Alors l’héritier est un adulte.

- On sait aussi que Kali, notre joli spectre, n’a pas reçu le temps de la peine de Morgane. Il l’a peut-être reçu.

- 17 ans c’est énorme, l’héritier pourrait être un enfant.

- Peut-être, répondit Léo.

- Il n’a peut-être plus le souvenir de cette éducation, supposai-je.

- Peut-être, répondit une nouvelle fois Léo.

- Son âge est indéfinissable selon s’il a reçu ou non c’est 17 ans. Son éducation a peut-être été perdue au changement d’âge ou pu être faite par un disciple.

- On peut supposer qu’il est tatoué, révéla Léo.

- Tatoué ?

- Mat l’était, Morgane aussi, énuméra-t-il.

- Elle aussi, réalisai-je.

- J’ai trouvé son tatouage sous sa chevelure, au moment des prélèvements. Une belle louve de style médiéval aux yeux jaunes, la base étant noir bleuté, me montra-t-il sur un dessin.

C’était une louve dite ravissante en héraldique, elle était en appui sur ses pattes arrière, le poitrail dressé.

Je me rappelais que le loup de Mat avait les yeux noirs.

- Il faudrait déshabiller tout le monde !

- C’est une idée, termina Léo en visualisant la chose.

- Ce serait sympathique, répondit Kali, émoustillée par la proposition.

- Kali ! Dis-je.

- Je ne te sers pas dans mes bras, répliqua le fantôme.

- Toujours parmi nous ?

- Bien sûr, répondit Kali. Tu devrais aller voir Marguerite, elle a échangé toute la basse-cour de Louise. La cuisinière est folle. Nous parlerons plus tard.

- J’y vais.

Kali me sourit.

- Je suis contente de te voir, me dit-elle.

- Moi aussi.

- File.

Je sortis du labo.

Margot allait m’échanger avec un dindon et Louise allait me faire éplucher toute sa réserve de pomme de terre. Pas de doute, j’étais bien de retour.

- Kali, tu peux me remonter un livre de la bibliothèque ? demanda Léo.

OOOO

Dans la cuisine, un certain bordel régnait.

Louise brandissait une louche sur Marguerite, Yann esquivait les plats qui volaient, Vivien, le petit frère de Marion, était venu compter les points. Margot échangea le goût du yaourt de Yann, avec le goût des crottes du rat échangé avec une couleuvre qui se noyait dans le bac d’eau de vaisselle. Le beau brun cracha sa cuillère de yaourt au milieu de la cuisine. Léo arriva derrière moi.

- Fait sortir ce rat ! Gronda Louise entre deux hurlements.

- Non, dit Margot.

Espérant onduler, le rat roulait par terre. L’esprit du rat syncopait dans le corps de la couleuvre presque noyée.

Vivien se tordit de rire quand le rat échappa malgré lui au troisième plat jeté sur lui.

- Sort de cette cuisine, imposa Léo au malvenu.

- Non, répondit celui-ci.

Léo attrapa un œuf resté entier sur la table.

- Cet œuf va finir sur ta tête de crétin si tu ne quittes pas cette cuisine.

Léo n’était pas d’âme agressive, avant.

- Non, confirma Vivien.

Celui-ci avait les mêmes traits peu sympathiques que sa sœur.

- Et je te jure qu’aux vues de ton activité cérébrale, il n’est pas près d’être cuit.

- Alors mets le sur la tienne, rétorqua l’autre sans le regarder.

Léo attrapa Vivien par le col et le jeta dehors.

Léo n’était pas agressif, avant !

Il ferma la porte et tenta de ramener un peu de calme.

- S’il vous plaît.

- Nell ! réagirent Yann et Louise.

Margot sortit côté lac.

- Tu es revenue, dit Louise en me serrant dans ses bras.

Yann, les yeux un peu brouillés, me pris à son tour dans les siens.

- Je t’ai attendu trop longtemps.

Léo interrompit les retrouvailles.

- Si tu veux que l’ordre revienne dans ta cuisine, Louise, tu devrais demander à Yann de la libérer.

Yann me sourit.

- Tu lui as manqué, commenta le chevalier.

- Et elle nous le fait payer, rétorqua Louise en frappant sa prothèse de bois sur le sol. C’est insupportable cette façon qu’elle a de communiquer, ajouta-t-elle en regardant sa cuisine dévastée.

La couleuvre était morte, le rat avait pris le quatrième plat.

Dehors, Marguerite était assise au bout du quai.

À ma droite, la basse-cour avait été déplacée. À sa place, Léo avait installé une fine tour surmontée de faux tournant au vent : une éolienne comme il disait. Les bêtes étaient maintenant à gauche et tous les lapins agitaient les oreilles en espérant voler.

- Marguerite, une place pour chaque chose et chaque chose à sa place, tu te rappelles ?

- Ta place était ici, et tu l’as oubliée, pendant plus de trois ans, appuya-t-elle.

- J’étais ici, répondis-je en regardant le lac.

- Tu nous as abandonnés Nell, tu m’as abandonnée, dit la petite. Si tu avais été ici, avec nous, tu aurais pu trouver l’héritier.

- Je vais le trouver, promis-je.

- Si tu l’avais trouvé il y a trois ans, mon père ne serai pas mort.

Raphaël, le réparateur, était mort. Celui qui travaillait au plus près du village des coupés pour les guérir de leur mauvais sort avait été éliminé comme le dernier rempart qu’il représentait. Quelque chose gardait les coupés dans leur état, quelque chose comptait bien les utiliser dans leur état.

Pour fuir le moment où elle allait pleurer, Margot s’échangea avec une pierre. Inerte, elle était là, dans mes bras.

Elle était belle. Sa longue chevelure rousse reposait en boucles sur ses épaules. Elle avait fait percer le creux de son menton. Comme une tache de rousseur précieuse, une petite bille d’or y trônait. Elle dessinait aussi une ligne noire sur ses paupières pour durcir son regard. Elle avait grandi.

Léo arriva derrière moi.

- Comment ? lui demandai-je.

- On l’a empoisonné, révéla-t-il. Comme Thomas.

Margot revînt.

- Tu crois que parce que tu reviens, tout va redevenir comme avant. Qu’il suffit que tu reviennes pour que tout s’arrange. Tu ne ramèneras pas mon père, Nell.

- Je ne ramènerai pas ton père, mais je peux le venger.

Quelque chose de sombre s’était installé en moi, Margot le vit dans mes yeux.

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