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"L'espoir fait vivre" ?

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Idem, je vois difficilement comment on peut vivre sans espoir, je le ressens un peu comme une pulsion de vie.

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Baby Forumeur‚ 55ans‚
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La pulsion de vie est indépendante de l'espoir. On peut nager en plein désespoir et être poussé par cette pulsion qui n'a que faire de nos états d'âme. L'inverse etant d'ailleurs du même ordre. La pulsion de mort n'a que faire de nos espoirs et de nos considerations conscientes.

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Petitpepin Membre 783 messages
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Pour ma part j'avance qu'il est impossible de vivre sans espoir, que l'espoir est constitutif de l'existant (en mouvement permanent de transcendance ; qui se dépasse sans cesse), que l'espoir opère comme une fenêtre ouverte sur nos désirs et nos croyances, qu'il est intimement lié au besoin de cohérence et de sens à l'existence, et que par conséquent nous partageons tous a minima cette croyance que la vie a un sens. Soit que nous confions ce sens à une force qui nous transcende, soit que nous incarnons cette transcendance.

Encore un petit problème d'ajustement sur le dépassement ("qui se dépasse sans cesse"), l'expression est toujours aussi nébuleuse pour moi : de quoi s'agit-il ?

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poxy91 Membre 126 messages
Baby Forumeur‚
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Le dépassement n'a rien en lui - même qui donne un sens à l'existence . Ce n'est qu'un fait qui ne présuppose aucun contenu ou direction à ce que doit être ce contenu; une définition de l'existence dans ce qu'elle a de plus "mécanique". Pas d'espoir ou de désespoir en lui mais plutôt la question du choix( la conscience) qui elle aboutie au désespoir ou à l'espoir. la seule source de désespoir ou d'espoir est la rencontre avec la réalité. le mouvement prend sens dans la réflexion et quitte par cela son état primitif qui est l'indifférent. L'espoir ou le désespoir naît de l’individualisation.

Modifié par poxy91
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Invité Lion2
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J'ai du mal à vous lire Poxy91, Je me suis demandé comment il est possible de commencer par le mot "dépassement" et de finir avec l'"individualisation".

Je suis d'accord de rapprocher le mot "dépassement" du mot "conscience" dans le sens que la conscience fait le pas sage. Mais je ne vois pas encore le lien entre le dépassement et l'individualisation. Je pourrais à la rigueur trouver un rapprochement avec la volonté au service de l'individu (dépassement) pour signifier ce que pourrait être cette conscience qui se détache de son petit nombril, le pas sage (exemplaire) afin de sortir de l'égoïsme. L'égoïsme du coup définirait la résistance de l'égo à cette conscience des autres. Et donc cet "indifférent" serait l'égoïste et non plus l'individualiste. Ce qui permet de faire une distinction entre ces deux mots que nous avons tendance à confondre . Mais je conteste la formule "état primitif". Pour moi les primitifs ( sans civilisation) ont plus de conscience de leur environnement proche que nous qui sommes si ignorants du sens de l'existence. Ce qui expliquerait en partie pourquoi nous perdons le sens de la vie et que cette forme d'inconscience est visible dans le contenu de nos mots. De plus si la réflexion est nécessaire pour sortir de cet état d'indifférent, c'est bien la preuve que nous savons très bien rationaliser l'existence à défaut de la vivre pleinement. Dans le cas contraire, cette question de savoir ce qui fait vivre ne se poserait pas comme une question pleine de sens (de vie). L'espoir c'est de la vie, le désespoir aussi. Ce "faire" est un zèle qui ne sert que la cause, celle de causer (d') un peu d'espoir en compensation. La Compensation d'un manque de confiance en la vie, un manque de confiance en l'autre aussi. Quoique, sur le sujet de la confiance en l'autre, j'ai davantage confiance en ces travers quand j'ose regarder les miens.

Modifié par Lion2
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Membre, 55ans Posté(e)
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Baby Forumeur‚ 55ans‚
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Un pas sage qui mène où? Un couteau ne peut se couper lui même, ansi la conscience trouve sa limite.

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Invité Lion2
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Invité Lion2
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Cette conscience là est déjà limitée. Vous avez peut-être oublié le dépassement dans la cuisine.

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Invité Lion2
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Invité Lion2
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Il possible de ne pas s'entendre lorsque nous parlons de conscience.

La première acception est utilisée pour parler des valeurs morales (bien et mal). La deuxième permet de dire ce qui vient d'être réalisé en tant qu'objet nouveau et qui n'était pas encore vu l'instant d'avant. La troisième acception du mot parle d'un état de conscience autre qui n'est pas produit par la personne elle-même. Elle ne concerne pas le champs des mots.

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Baby Forumeur‚ 55ans‚
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Je ne comprends pas la troisième. Mais oui, definir la conscience est une chose très compliqué. Ce que l'on peut dire sans trop se tromper, c'est que l'espoir est quelque chose du domaine de la conscience. On espère pas lorsqu'on dort par exemple. L'espoir est une construction mentale consciente, imaginaire. Un film que l'on se fait. Que ce film aide à vivre, certainement, mais attention de ne pas vivre une vie de spectateur de ce film.

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Invité Lion2
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Invité Lion2
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Je n'ai pas défini la conscience, j'ai seulement repris trois acceptions du mot. La troisième est un état de conscience qui n'est pas produit par la volonté . Elle ne concerne pas la pensée puisqu'elle est hors pensée. C'est le cerveau "droit" ( il faut bien le nommer pour que la pensée rationnelle se le représente ).

Et bien non, je dirais plutôt que l'espoir est produit par l'inconscient. La pensée continue son travail même dans le sommeil. Si l'espoir est une abstraction produite par la pensée, il s'agit bien d'une construction mentale. De quoi l'imaginaire est-il réellement "conscient", de quelle conscience s'agit-il ?

Si tu compares la projection d'un film à ce que l'imaginaire peut produire de réalité en tant que fiction, il suffit de sortir du film pour constater que la fiction est la réalité et que la réalité est fiction.

La mise en scène du choix du "film" - pour le soutient aux personnes fragiles - peut agir dans l'instant de la conscientisation subjective de la possibilité du choix de la "couleur" du film.

Traduire cette expérience par le mot "espoir" n'est pas tout à fait juste pour moi. Le mot "choix" est mieux indiqué. Mais ce choix concerne la deuxième acception de la conscience, elle reste subjective voir très subjective.

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Baby Forumeur‚ 55ans‚
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Nous n'avons pas la même carte pour decrire le même territoire on dirait, :). De l'inconscient c'est le desir qui emerge. Le desir qui a comme moteur un manque à être, et qui pousse l'individu que nous somme malgré toutes nos considerations conscientes.L'espoir est un consideration consciente qui est certainement teintée du désir inconscient, mais qui peut tout à fait aller à l'encontre de ce désir aussi. Ex: Je peux esperer de tout mon coeur reussir dans la vie ( consciemment) et agir pour me retrouver systematiquement en situation d'echec,esperer la santé et boire et fumer comme un trou, etc... Le coeur a ces raisons que la raison ne connait pas disait Pascal. Nos espoirs on les connait, nos désirs, c'est une autre affaire...

Ce n'est pas la pensée ( consciente) qui continue son travail pendant le sommeil. C'est justement le moment où parce-que l'on arrête de penser des contenus inconscients peuvent se frayer un chemin vers la conscience. Et peut être, entre autre, essayer de nous parler de nos désirs?

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Petitpepin Membre 783 messages
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Le dépassement n'a rien en lui - même qui donne un sens à l'existence . Ce n'est qu'un fait qui ne présuppose aucun contenu ou direction à ce que doit être ce contenu; une définition de l'existence dans ce qu'elle a de plus "mécanique". Pas d'espoir ou de désespoir en lui mais plutôt la question du choix( la conscience) qui elle aboutie au désespoir ou à l'espoir. la seule source de désespoir ou d'espoir est la rencontre avec la réalité. le mouvement prend sens dans la réflexion et quitte par cela son état primitif qui est l'indifférent. L'espoir ou le désespoir naît de l’individualisation.

Je ne comprends toujours pas de quoi il s'agit dans le cas qui nous occupe, avec ce dépassement.

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Invité Lion2
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Invité Lion2
Invité Lion2 Invités 0 message
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Encore quelques "petites" choses à préciser.Je reviens sur ces derniers mots :

Traduire cette expérience par le mot "espoir" n'est pas tout à fait juste pour moi. Le mot "choix" est mieux indiqué. Mais ce choix concerne la deuxième acception de la conscience, elle reste subjective voir très subjective.

En admettant que ce choix soit conscient selon la deuxième acception du mot ", si je regarde de plus près cet objet qui me semble nouveau et que je ne voyais pas l'instant d'avant, il est probable qu'il ait toujours été là. Il est même possible de que cette information concerne encore la première acception. Cela signifierait que croyant découvrir quelque chose de nouveau nous regardions des objets que nous avions déjà dans nos tiroirs et que nous ne sortions pas de cette fabrique d'espoirs.

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Invité Lion2
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Invité Lion2
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L'espoir est un consideration consciente qui est certainement teintée du désir inconscient, mais qui peut tout à fait aller à l'encontre de ce désir aussi.

J'ai dit tout l'inverse "espoir=inconscient". Le peu de conscience qu'un individu pourrait réaliser serait non pas de s'échapper de cette matrice morale et sociale mais de la dépasser. Chaque pensée que nous pensons "consciente" selon la deuxième acception de ce mot (" ce qui vient d'être réalisé en tant qu'objet "nouveau" et qui n'était pas encore vu l'instant d'avant.") est conscientisé par cet effort d'attention. Le désir (fabrique d'espoirs) est seulement un moyen d'oublier la peur de l'insatisfaction mais en aucun cas ne la dépasse.

Ex: Je peux esperer de tout mon coeur reussir dans la vie ( consciemment) et agir pour me retrouver systematiquement en situation d'echec,esperer la santé et boire et fumer comme un trou, etc...

Tu parles de la volonté du mental. Sans volonté, pas de résultat. Mais la qualité du résultat ne dépend pas que de notre volonté (de puissance). C'est pourquoi le dépassement ne garantit pas le résultat mais seulement l'expérience.

Le coeur a ces raisons que la raison ne connait pas disait Pascal. Nos espoirs on les connait, nos désirs, c'est une autre affaire...

C'est pas clair.

Ce n'est pas la pensée ( consciente) qui continue son travail pendant le sommeil. C'est justement le moment où parce-que l'on arrête de penser des contenus inconscients peuvent se frayer un chemin vers la conscience. Et peut être, entre autre, essayer de nous parler de nos désirs?

C'est La matière qui produit la pensée. Et La matière c'est le corps. Lorsque le corps fait un somme, il est encore une somme de matière avec tout son système de glandes. Aurais-je pour autant les glandes au réveil ?

Définir l'état de sommeil peut-être.

Modifié par Lion2
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Membre, 55ans Posté(e)
ping Membre 6 305 messages
Baby Forumeur‚ 55ans‚
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L'un de nous deux se trompe alors, ou peut-être les deux, car dans tous les cas nous ne faisons que tenter de nous representer la réalité à la manière de l'histoire des aveugles et de l'elephant.

Pour eclaircir ce que j'entends en citant Pascal et en disant que nos espoirs on les connait, tandis que nos desirs sont obscurs, je precise que j'inclus l'espoir dans le champ des désirs conscient, et le desir inconscient agissant hors du champ conscient et de la pensée. Ce desir inconscient s'imposant à l'individu quelle que soit la force de sa volonté, sa raison ou son intelligence.

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Dompteur de mots Membre 1 841 messages
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Il faudrait sans doute que je lise ce qu'en écrit Bergson pour mieux comprendre, mais d'après ce que tu m'en dis j'ai plutôt le sentiment que cet au delà de soi dont je parle correspond à ce qu'il nomme l'esprit intuitif et non à l'esprit géométrique.

Je ne comprends pas ce qui te fait penser que l'espoir serait une construction géométrique. Pour moi au contraire il est de l'ordre de l'intuition. Ce qui serait construction géométrique c'est la traduction que les hommes s'en font : superstitions, dieux, etc..

Exact. C’est en tant qu’il met en jeu un objet qui s’insère dans la représentation du monde que les hommes se font que l’espoir a une nature géométrique.

Arrivés à ce point de la discussion, je ne sais plus si le problème qui nous anime n’est qu’un problème de terminologie ou s’il y a encore à s’interroger sur la nature des idées qui sont en jeu. Si nous résumons, tu distingues la mouvance générale et informe de la vie (1) selon qu’elle puisse ou non s’accompagner d’une représentation qui nous fait anticiper sur le cours du temps. Tu distingues aussi cette représentation vitale anticipative qui accompagne la mouvance selon son niveau de prégnance à notre esprit : elle peut être rationnellement saisie (2) ou alors elle peut se cristalliser en croyance (3), point où elle devient potentiellement nuisible. Tu appelles indifféremment « espoir » ces trois éléments ou parfois tu appelles « croyance » le troisième élément, alors que de mon côté, le terme d’ « espoir » est réservé à la mouvance en tant qu’elle s’accompagne d’une représentation anticipative cristallisée en croyance (3). De plus, j’appelle « expectative » la mouvance qui met en jeu une représentation anticipative rationnellement saisie (2). Enfin, j’appelle Désir la mouvance générale (1).

***

Réglons tout d’abord le problème de la nécessité de la mouvance générale pour la vie humaine : cette nécessité, en ce qui me concerne, n’est pas matière à débat : je ne vois pas comment on peut s’y opposer puisque cette mouvance est la vie même. L’essence même de la vie est, comme le disait Spinoza, le Désir. Seulement, dans les moments de misère, lorsque rien ne nous pousse vers le monde, ou lorsque le monde nous rebute, il devient parfois difficile de se souvenir que la lumière du Désir nous baigne tout de même. L’esprit humain a alors cette façon de fixer sa lumière en un symbole, un peu comme on fixe un état d’esprit par une œuvre d’art. J’écrivais d’ailleurs, il y a quelque temps :

« Le Dieu dont je parle est à admettre en dehors de toute signification morale : il ne signifie pas quoi que ce soit quant à ce qu’il incombe de faire de nos vies. Ce Dieu ne sert qu’à nommer l’éclat qui illumine nos vies et à se le rendre plus palpable. Pourquoi ? Peut-être pour ne pas oublier que cet éclat existe. Car la vie sans Dieu n’a aucun sens, ce n’est qu’une mécanique visqueuse et dérisoire, un long convoi funéraire ennuyant et inutile. »

***

« Espoir » dérive du verbe « espérer », qui lui-même dérive du latin « sperare » qui signifie « attendre ». Il y a donc bien une connotation de passivité, de fixité dans ce mot. Précisément, la représentation anticipative cristallisée en croyance est une fixité qui s’est détachée du réel, comme en témoigne la propriété de transcendance que tu lui accoles et de la sorte, elle détache aussi l’être du cours de son action, c’est-à-dire qu’elle le plonge dans l’attente. Stoppée par une telle représentation, la mouvance vitale devient une sorte de tourbillon intérieur que l’on pourra, pathologiquement parlant, qualifier par exemple de schizoïde ou de névrotique. Bref, c’est un emprisonnement.

Au contraire, l’expectative met en jeu une représentation anticipative rationnellement saisie qui est indissociablement liée à l’action. Cette représentation est l’action, en tant qu’elle en est partie intégrante; elle est son instrument, en tant qu’il est nécessaire ou du moins caractéristique à l’homme que la plupart de ses actions anticipent sur leurs propres effets. De l’espoir à l’expectative, il y a la même différence qu’il y a entre un homme qui rêve pour rêver et un homme qui rêve pour agir. « L’éclat qui illumine nos vies » ne se découvre pas en portant le regard sur quelque nature transcendante et donc fixe, qui aurait le pouvoir de nous fortifier et de nous animer. Il arrive à nous plutôt de manière bien plus subtile, au sein même des choses, c’est-à-dire de manière immanente. C’est quelque chose qui s’allume en nous et qui nous pousse vers les choses.

Nietzsche affirme à quelque part dans le Gai Savoir que la conscience est comme une pousse tardive du corps dont la fonction principale est communicationnelle. Que c’est l’organe au moyen duquel le corps secrète le langage. Enfin, il est possible que je déforme complètement l’idée de Nietzsche mais peu importe, c’est ce que j’en ai retiré. C’est une idée qui me frappe beaucoup. La conscience comme protubérance communicationnelle du corps. Enfin bref, dans l’expectative, à la limite, la représentation est accessoire – elle est plus ou moins comme la protubérance communicationnelle de la mouvance qui lui est sous-jacente. Alors que dans l’espoir, il y a une sorte d’idolâtrie de la représentation.

À mon sens d’ailleurs, une vie religieuse digne de ce nom doit se passer de tout espoir. Toutes les représentations qu’elle met en jeu ne doivent lui être que des accessoires. Une religion qui défend ses images, c’est déjà une religion perdue, une religion qui a sombré dans l’idolâtrie, c’est-à-dire dans la tentation de faire s’incarner, de fixer un principe qui n’est jamais que mouvant.

je SUIS dieu !

Voilà précisément de l’immanence. Et du non-fixe, du non-passif. Tu n’attends pas, tu saisis.

Tu conçois l'espoir comme une faiblesse de l'esprit, teintée de nostalgie si je ne m'abuse.

Oui, mais du point de vue de l’idéal éthique seulement. Je peux admettre réalistement que l’espoir puisse constituer une marque de vigueur parfois. Mais c’est une vigueur qui a quelque chose de dégénéré. L’espoir est souvent nécessaire à la vie mais il ne lui donne pas moins une saveur ambigüe. De même par exemple que le mensonge est parfois nécessaire à la vie – par exemple dans cette entreprise de dissimulation civile que nous appelons « politesse » – mais personne ne songerait à faire l’apologie du mensonge. Le mensonge a une saveur ambiguë.

Quant à moi je pense au contraire qu'il n'y a d'espoir que dans l'impuissance mais que c'est l'espoir qui nous en sort et nous transcende.

Et l’amour ? L’espoir n’est qu’un moyen parmi d’autres de stimuler cette faculté que nous avons de relever nos manches et de vivre malgré tout. Mais le moyen le plus efficace, c’est encore l’amour, la solidarité. Dans les grands moments de dépression, l’espoir n’a plus de prise sur l’esprit car celui-ci, devenu allergique à toute facticité, recherche ce qui n’est qu’immanent et réel, ce qu’est précisément l’amour. L’espoir est une boisson énergisante qui dope la conscience pendant un moment, alors que l’amour est un jus de carottes qui tonifie sa santé. Évidemment, on pourrait rentrer dans tout le débat consistant à départager l’amour profond d’un amour auquel se mêle l’espoir. Mais je vais me contenter de lancer ceci : le mur que rencontrent tous les amoureux qui veulent durer dans le temps, après environ 1 an de vie commune, ne consiste-t-il pas précisément à se délester de tout espoir amoureux pour simplement adhérer à l’autre ?

Justement, c'est un bon exemple que tu choisis-là. Selon mon point de vue que j'ai tant de mal à expliquer, sans espoir (celui que les personnes qui te sont chères t'accompagnent) tu ne pourrais pas te créer cette fiction lucide. C'est l'espoir qui te permet d'accommoder ton désir à ton système de pensée, et qui en fait une force. Mais parce que tu sais que c'est une illusion, tu ne t'abandonneras pas à quelques croyances mystiques. Chez d'autres en effet, le même espoir peut mener à la croyance qu'il y a une vie après la mort et qu'il est possible de communiquer avec les défunts.

J’ai repensé à cet exemple que j’avais choisir pour l’ambiguïté qu’il recelait et finalement, je ne suis plus certain qu’il s’agisse bien d’un cas d’espérance. Après tout, comme je l’ai dit, je ne m’embarrasse en aucun cas de quelque croyance pour une vie après la mort.

Dans l’espoir, il y a une façon de tirer une image à soi, de tirer l’universel vers ce que nous avons d’individuel. Or, mon attitude avec les morts est plutôt de chercher à me dissoudre dans le tout; de me détacher momentanément du royaume de l’individualité pour saisir la vie individuelle dans ce qu’elle a d’universel. C’est une démarche assez schopenhauerienne finalement. Il s’agit de reconnaître ce que la vie humaine a d’inéluctable mais aussi d’irrationnellement grandiose : le fait que nous appartenons à quelque chose qui est plus grand que nous, la nature, et que par là nous trouvons notre seule immortalité de fait. La chair des gens que nous avons aimés et qui sont décédés est dissoute dans le sel des choses et leur voix continue de courir dans le vide infini de l’espace, comme un écho qui ne trouve jamais de surface de réverbération, mais que l’esprit nostalgique a néanmoins la capacité secrète de percevoir.

Cela n’est pas une pensée qui console, ou une pensée qui est grosse d’une promesse, d’une lumière, d’un espoir. C’est une pensée terrible mais en revanche, de la sorte, elle est bien formulée et elle en devient belle. C’est une pensée, dirons-nous, qui est porteuse d’une chaleur. On s’attache souvent en philosophie à l’image de la lumière; or, voilà une alternative intéressante à proposer : celle de la chaleur.

Edit : Puisqu'on a évoqué plus d'une fois le mythe de Sisyphe dans ce topic, je voudrais y ajouter ma lecture. L'espoir chez Sisyphe c'est ce qui lui a permis de défier à nouveau les dieux en trouvant la capacité de supporter son châtiment, malgré l'absurde, malgré "le silence déraisonnable du monde".

La lutte pour vivre est une réponse à l'absurde. Lacher le rocher, se suicider, serait accepter que la vie n'a aucun sens. Certes Sisyphe ne nourrit plus l'espoir que le monde a un sens, mais c'est l'espoir de donner du sens à son existence qui lui donne la force de toujours lutter vers les sommets.

« L’espoir de donner du sens à son existence » : cela constitue toujours une façon de balayer le problème plus loin vers l’avant. Le problème de Sisyphe décontenancé par un monde insensé, au point de ne plus être capable de pousser son rocher, doit être assumé jusqu’au bout. On peut lutter, œuvrer dans le monde oui, mais justement, on demeure au sein du monde, qui lui est bien insensé. Tous les actes de création de sens demeurent soumis à la grande absurdité fédératrice des choses. Ce sont des à-côtés, des passe-temps auxquels Sisyphe s’adonne lorsqu’il a deux secondes de loisir. Être condamné à pousser son rocher demeure absurde, quoi que l’on fasse et quoi qu’on en dise. Et tout espoir, ne serait-ce que celui d’œuvrer et de donner du sens à sa vie ne demeure qu’une solution partielle.

Alors que reste-t-il ? L’adhésion entière au réel. Il s’agit de dire « oui » à tout, sans compromis. Dire « oui » à tout, c’est forcément rejeter du même coup toute possibilité d’espoir, c’est-à-dire toute possibilité de changer la vie, de changer ce que la condition de pousseur de rocher a de terrible, d’inévitable et d’insensé. C’est alors seulement que la lourdeur des chercheurs de sens peut enfin se transmuer en la légèreté joyeuse des délirants de l’existence. Dans l’adhésion aux choses, il ne s’agit plus d’opposer au réel une alternative, de le recouvrir d’une beauté factice qui n’est jamais qu’un divertissement, mais plutôt de réussir à nous formuler le tragique de l’existence de façon à en faire ressortir sa dure, irrationnelle et incompréhensible beauté. Il s’agit pour Sisyphe de se formuler son labeur insensé de manière à ce qu’il soit transfiguré en un acte de poésie.

Modifié par Dompteur de mots
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Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
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Appendice

La faculté de juger se décline selon l’état de puissance des individus. Si l’on est joyeux, c’est-à-dire en état de puissance, on aura tendance à juger de manière plus réaliste, à affronter le réel de manière plus directe. Tandis que si l’on est triste, c’est-à-dire en état de plus ou moins grande impuissance, on aura tendance à être moins réaliste, à juger plus idéalistement.

Isolons 3 attitudes de l’individu qui est envahi par la tristesse et dans lesquelles se répercute cette déclinaison de la faculté de juger : l’héroïsme tragique, l’espoir et la déchéance.

  1. L’individu qui sombre dans la déchéance est celui qui ne peut retrouver le chemin de l’affrontement avec la réalité et qui par conséquent demeure dans son impuissance et même l’augmente, puisque l’impuissance fait diminuer la qualité du jugement et génère par conséquent davantage d’impuissance. En somme, la déchéance est une impuissance qui progresse.
  2. L’individu qui espère trouve en quelque sorte une voie de rechange afin d’éviter la chute dans la déchéance. L’affrontement avec le réel est rétabli, mais au prix seulement de certaines concessions. Il s’agit de troquer certains pans de sa conscience avec le diable de l’illusion (mon dieu, quel dramatisme !). Dans l’espoir, il y a toujours une partie de soi qui attend une sorte de rétribution. L’espoir a une nature ambigüe car il est difficile d’établir où commencent les bienfaits de telles concessions et où ils se terminent.
  3. Enfin, il y a les individus qui ont la chance de découvrir la voie de l’héroïsme tragique, où le caractère insensé de la situation est assimilé et accepté. L’être prend alors toute la mesure du réel, même dans ce qu’il a de douloureux et décide d’avancer dans toute sa vigueur, ne serait-ce que pour la beauté du geste. Où l’être individuel cesse au moins momentanément de réfléchir à partir de ce qui lui est individuel pour s’identifier à ce qu’il y a d’universel en lui. Il s’agit donc d’une sorte de conversion intérieure, plutôt qu’un recours à l’artifice de la fabulation.

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anruadebobdny Membre 567 messages
Baby Forumeur‚
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Il possible de ne pas s'entendre lorsque nous parlons de conscience.

La première acception est utilisée pour parler des valeurs morales (bien et mal). La deuxième permet de dire ce qui vient d'être réalisé en tant qu'objet nouveau et qui n'était pas encore vu l'instant d'avant. La troisième acception du mot parle d'un état de conscience autre qui n'est pas produit par la personne elle-même. Elle ne concerne pas le champs des mots.

La troisième telle que vous dites, est l'absence de toutes droitures (mais il y a bien une stabilité), quitte à la nommer je la qualifierai plutôt de conscience naturelle, détendue, sans effort. Ou l'image de soi ne peut-être blessée, ni ne peut blesser. De même que l'on ne s’endort plus sur des problèmes, des désires, des plaisirs, des envies, des peurs, ou par la satisfaction. La perception des sens est ajustée le plus naturellement, il n'y a plus d'agitation, plus de sens qui prédomine sur un autre, plus d'activités névrotiques telle que l'on peut retrouver dans les deux premières acceptions dont vous parlez. Plus de tension. C'est est l'état(en l'absence de tout état personnel) le plus beau et le plus vivant, le plus frais, le plus disponible, sans effort, où la perception n'est plus personnel, elle n'appartient plus à soi, mais est bien présente. L'attention (et non pas la concentration) qui ne part pas d'un point ou d'une position, l'attention globale. Les voiles tombent et le "je" disparaît en cet instant pour n'être rien et se fondre avec le tout. Dans cet état si simple, il n'y a plus de séparation ni de différence entre celui qui perçoit et ce qui est perçu.

Modifié par anruadebobdny
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Membre, 24ans Posté(e)
Laulau00 Membre 17 messages
Baby Forumeur‚ 24ans‚
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En effet, mais nous avons besoin de cette rage de vivre , de cette epoire, pour atteindre et créé en permanence des objectif et projet, je pense, que c'est ce qui pimente la vie, qui la rend si dangeureuse et si intéressante, sans cette espoire, nos vie serai monotone

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anruadebobdny Membre 567 messages
Baby Forumeur‚
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Quelle est la cause qui pousse l'homme à créer en permanance des objectifs et des projets? Est-ce par conformité, imitation, comparaison, influences exterieurs découlant des envies, des désirs, de sa propre souffrance? A t-il seulement prit le temps de faire connaissance avec lui-même avant d'agir. Autrement n'agirait-il pas dans la confusion?

La peur de la monotonie est quelquechose aussi. Et est-ce plus important de fuir cette peur en agissant. Ou ne serait-ce pas plus important de regarder cette peur pour ce qu'elle est sans la juger. Alors la peur de même que la monotonie disparaîtrait.

Ne serait-ce pas la dejà une honnête rencontre avec soi. Alors l'esprit n'agirait plus à partir de la peur et ses voiles.

Une réelle révolution intérieur ne découlant d'aucune rage, d'aucun conflit,d'aucune souffrance, ne créera pas un monde de guerre, des sociétés inégales, des conflits entre les gens, ni même un être conflictuel, envieux, désireux, désespérer, ou espérant plus que ce qu'il est... aucune facette de la violence.

L'homme qui se révolte à tendance à vouloir rester dans la sécurité des murs de sa prison (conditionnement, le connu,l'attachement, organisation du "vivre par ses peurs") etc, et lorsqu'il se rebelle, se révolte, c'est pour rendre sa prison plus belle et confortable. Ou a tendance à se révolter pour créer une autre prison dans sa prison.

Mais l'homme qui comprend et voit sa prison, pourra s'en échapper, et une réelle révolution naîtra en lui, de même qu'une réelle intelligence. Un tel esprit de révolte, n'a pas lutté, n'a pas été dans le conflit. Il a osé voir sans condamnation, ni jugement envers lui même, et à vu une ouverture vers laquelle se diriger naturellement pour laisser tout se qu'il connaît, et vivre en totale liberté et non une liberté illusoire, éphémère qui s'autodétruit.

Alors Une telle révolution (sans effort) est sans cesse renouvelée en soi à chaque instant pour ne pas retomber dans une autre prison, et continuer à marcher en dehors de toutes prisons sans effort, mais ou le "pimentement" de La Vie, se vit dans une intensité véritable. Ou le danger ni la peur n'existe, ne pouvant donc pas faire retomber ce pimentement.

La création s'exprime alors dans sa totalité, n'allant pas vers une évolution.

Mais s'exprimant à travers un changement radical, constant et naturel, vers la confiance de l'innocence.

Modifié par anruadebobdny
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