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La mauvaise foi


Blaquière

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)

Huston I have a problem !

C'est la mauvaise foi !

Il y a le mensonge. On sait ce que c'est. Il s'effectue au niveau du conscient.

Il s'agit de dire autre chose que ce que l'on sait être la vérité.

Mais la mauvaise foi ?

Est-ce mentir ?

Quand on reproche à qq'un d'être de mauvaise foi, bien souvent on signifie simplement qu'il ment.

(Qu'il sait bien que la vérité est autre que ce qu'il affirme)

Mais la mauvaise foi, n'est-ce pas se mentir à soi même avant de mentir à autrui ?

Et donc se persuader -soi- dans un premier temps que l'on ne ment pas ? Que l'on dit la vérité.

Et se mentir à soi-même à quel niveau cela se situe-t-il ?

à un niveau inconscient ? Ou préconscient ?

En quelque sorte, je dirais un mensonge qui m'arrange sans en avoir conscience ?

Ou en faisant semblant (pour moi-même ou pour autrui ?) de ne pas le savoir

Et même au départ, le "pur menteur", au moment où il ment ne joue-t-il pas un peu pour lui-même celui qui dit vrai ?

Afin d'être mieux crédible ?

Voilà : "I have a problem !"

Sait-on, ne sait-on pas qu'on ment dans la mauvaise foi ? Et... ce "savoir" n'est-il pas fluctuant ? Inconscient ou semi-inconscient ?

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Membre, Forumeur discret, 61ans Posté(e)
Kid_Ordinn Membre 7 697 messages
61ans‚ Forumeur discret,
Posté(e)

En qualité d'agnostique,j'évite les crises de foi sleep8ge.gif

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)

Hic !

Idem !

Mais les crises de mauvaise foi ?!

(ça nous incombe donc !)

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)

Mais la mauvaise foi ?

Est-ce mentir ?

Quand on reproche à qq'un d'être de mauvaise foi, bien souvent on signifie simplement qu'il ment.

(Qu'il sait bien que la vérité est autre que ce qu'il affirme)

Mais la mauvaise foi, n'est-ce pas se mentir à soi même avant de mentir à autrui ?

Et donc se persuader -soi- dans un premier temps que l'on ne ment pas ? Que l'on dit la vérité.

Et se mentir à soi-même à quel niveau cela se situe-t-il ?

à un niveau inconscient ? Ou préconscient ?

En quelque sorte, je dirais un mensonge qui m'arrange sans en avoir conscience ?

Ou en faisant semblant (pour moi-même ou pour autrui ?) de ne pas le savoir

Et même au départ, le "pur menteur", au moment où il ment ne joue-t-il pas un peu pour lui-même celui qui dit vrai ?

Afin d'être mieux crédible ?

Comment identifies-tu la mauvaise foi et la différencies-tu de la bonne?

Je trouve que la véhémence liée au refus d'un argument auquel nous sommes incapables de répondre traduisent le mieux cet état d'esprit : il ne reste alors que le sophisme et la dialectique éristique du type "L'art d'avoir toujours raison".

Cependant je pense que Schopenhauer a raison quand il affirme soit que la personne est arrivée dans la discussion avec cette idée d'emblée (ce qu'il propose assez cyniquement avec sa dialectique), soit qu'il s'agit de penser que notre idée est la plus juste mais que nous ne l'avons pas défendue avec les bons arguments, le problème étant qu'il est délicat d'être crédible tout en reniant totalement nos arguments précédents.

C'est la tentative désespérée de sauver une idée, mais elle n'est pas forcément fausse!

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)

On peut préciser que quand Sartre refuse l'inconscient (de Freud) et le remplace par la mauvaise foi,

il semble assimiler peu ou prou la mauvaise foi à une forme de mensonge.

Il me semble qu'il s'agit d'autre chose de plus complexe.

Oui ou non ?

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)

La mauvaise foi de Sartre n'a que peu à voir avec la mauvaise foi lors d'un débat!

Je pense qu'il serait profitable que tu précises ton questionnement en donnant une explication, même brève, de ces concepts là!

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Membre, Posté(e)
HoHm Membre 89 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

On se refuse parfois à la vérité, peut être parce qu'elle peut être assez dure, qu'il faut s'y préparer, du temps avant d'être en mesure de pouvoir l'accepter... Alors un peu de clémence tout de même pour ceux qui seraient de "mauvaise foi", on ne force pas les gens à croire, mais on les aide comme on peut.

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)

La vérité est parfois comme un aliment difficile à digérer : il faut du temps avant de la faire sienne (la métaphore de la graine qu'on plante dans l'esprit d'un autre est assez intéressante)!

C'est assez juste aussi de dire qu'il faut de la clémence envers la mauvaise foi (au sens de Schopenhauer), non seulement parce que nous y sommes tous enclins, mais aussi parce que la bonne foi de chaque interlocuteur est un à priori nécessaire à toute discussion respectueuse.

La bonne foi réciproque fait partie d'une éthique de la discussion!

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Membre, Posté(e)
sekhmet Membre 17 950 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

La mauvaise foi est la façon de ne pas admettre l'évidence et consiste à refuser ce qui ne peut pas l'être, en une sorte d'ultime recours contre le désagrément imposé par la réalité, la volonté opposant son entêtement à l'entêtement des faits.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
Comment identifies-tu la mauvaise foi et la différencies-tu de la bonne?

Bien sûr il y a une question d'interprétation (connaît-on ou non la vérité, en est-on sûr?), mais la mauvaise fois au départ apparaît comme un simple mensonge.

C'est à partir du moment ou il apparaît que la personne que l'on va penser être de mauvaise foi, a tous les éléments pour connaître la vérité dont il s'agit et même la connaît, que l'on peut la suspecter être de mauvaise foi.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)

La mauvaise foi de Sartre n'a que peu à voir avec la mauvaise foi lors d'un débat!

Je pense qu'il serait profitable que tu précises ton questionnement en donnant une explication, même brève, de ces concepts là!

On est quand même sur un forum de philosophie. Et quand un philosophe comme Sartre a parlé du sujet, il n'est pas inutile de le signaler.

Maintenant je peux me planter totalement dans ce que j'ai cru comprendre de Sartre.

Mon questionnement (sincère) est que je voudrais comprendre ce qu'est la mauvaise foi.

(Pour être totalement sincère, j'aurais tendance à imaginer que la mauvaise foi a à voir avec l'inconscient, mais je vois que pour certains ce n'est pas le cas, alors, je ne suis pas sûr. Si la mauvaise foi n'était qu'un mensonge, le "terme" de mauvaise foi ferait double emploi dans le vocabulaire. Il semble dire autre chose.)

Est-ce un simple mensonge, ou un mécanisme plus complexe (comme ça a été dit pas les différents intervenants) de protection psychique faisant intervenir l'inconscient ?

Le problème (the problem!) pourrait se résumer à :

Est-ce qu'une personne de mauvaise foi, sait, se doute, ou ne sait pas qu'elle est de mauvaise foi ? Ou qu'elle ment ?

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Membre, Posté(e)
Regie Membre 151 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Concernant la mauvaise foi selon Sartre

La théorie de la mauvaise foi pose une thèse très forte sur l’existence : l’homme est un être plein de néant, mais il veut être l’être. La mauvaise foi renvoie à ce déchirement de la condition humaine, prise entre une liberté angoissante (néant) et une chosification réconfortante mais mystificatrice (être).
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Nous jouons des rôles d'une manière plus ou moins consciente, parfois plus, parfois moins, vu sous cet angle nous pratiquons tous la mauvaise foi.

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Membre, Posté(e)
Coincidence Membre 287 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Je pense que la mauvaise foi est en effet, un processus qui vise à se convaincre d'un mensonge, en quelque sorte ; je m'explique :

Le conscient crée un mensonge (pour des raisons diverses et complexes, qui importent peu pour le présent sujet) et pour des raisons tout aussi diverses et complexes, il y'a dans certains cas, création d'une volonté du conscient de conserver ce mensonge. (pour des raisons que l'on connait tous...)

Le conscient devra donc élaborer un argumentaire suffisamment sophistiqué pour qu'il soit convaincant et qu'ainsi, le mensonge soit perçu comme vérité ; le but étant de camoufler le mensonge derrière des arguments les plus incontestables au possible.

Si c'est un "petit" mensonge, il sera relativement simple au conscient de construire un argumentaire protecteur du mensonge.

Cependant, dans le cas de "gros" mensonge ou de mensonge à "effet papillon", il sera moins aisé au conscient de protéger le mensonge.

D'une part car il deviendra très fatiguant de se concentrer sur celui-ci, tellement nombres d'autres paramètres dépendront de lui.

D'une autre part -par instinct de survit-, le conscient doit se libérer des choses trop "lourdes" pour rester aux "alertes", face aux autres choses de la vie.

Le relais passe donc au subconscient, qui s'occupera lui, de conserver le mensonge.

Le subconscient adore créer des "personnalités" pour ce genre de situation ; cela lui permet de plus facilement faire des "liens" entre le mensonge et les éléments nouveaux qui tentent de "détruire" le mensonge.

Créer l'illusion d'être réellement "celui que je serai si je ne mentais pas" ; très pratique !

Plus le temps passe, plus le mensonge grossit, plus la fausse "personnalité" prend de l'ampleur.

On oublie qui ont est vraiment, cette nouvelle "personnalité" devient comme réelle, authentique.

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Invité dominette999
Invités, Posté(e)
Invité dominette999
Invité dominette999 Invités 0 message
Posté(e)

On est quand même sur un forum de philosophie. Et quand un philosophe comme Sartre a parlé du sujet, il n'est pas inutile de le signaler.

Maintenant je peux me planter totalement dans ce que j'ai cru comprendre de Sartre.

Mon questionnement (sincère) est que je voudrais comprendre ce qu'est la mauvaise foi.

(Pour être totalement sincère, j'aurais tendance à imaginer que la mauvaise foi a à voir avec l'inconscient, mais je vois que pour certains ce n'est pas le cas, alors, je ne suis pas sûr. Si la mauvaise foi n'était qu'un mensonge, le "terme" de mauvaise foi ferait double emploi dans le vocabulaire. Il semble dire autre chose.)

Est-ce un simple mensonge, ou un mécanisme plus complexe (comme ça a été dit pas les différents intervenants) de protection psychique faisant intervenir l'inconscient ?

Le problème (the problem!) pourrait se résumer à :

Est-ce qu'une personne de mauvaise foi, sait, se doute, ou ne sait pas qu'elle est de mauvaise foi ? Ou qu'elle ment ?

Bonjour, il me semble que la bonne ou la mauvaise foi ont quelque chose à voir avec l'image que l'on a de soi-même, l'estime de soi aussi, notre rapport aux autres : en clair veut-on plaire ? avoir raison coûte que coûte ? le dernier mot ? laisser l'autre se persuader d'avoir raison ? etc...:hi:

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Invité Leveilleur
Invités, Posté(e)
Invité Leveilleur
Invité Leveilleur Invités 0 message
Posté(e)

À quel moment et en quelle proportion pouvons-nous déterminer qu’un mensonge est conscient, volontaire ou non ? On ne maîtrise pas les mots, ce sont eux qui nous dirigent. À ce stade, l’homme ne gouverne déjà plus ce qui se passe dans son cerveau gauche, il ne faut pas oublier qu’en toile de fond de tout cela, son destin ne lui appartient pas, il obéit à un ordre. Cependant, il s’agit de voir là où il n’a pas su obéir correctement, ou là où il aurait pu obéir autrement.

Une vérité, c’est toujours un mensonge à la base, n'est-ce pas ? Pour qu’il se transforme en ce que nous appelons vérité, c’est à dire pour qu’il génère des processus réels, il faut y engager une certaine quantité de foi ou de mauvaise foi. Cette faculté de produire la foi, chez l'humain, est le moteur qui transforme un mensonge en vérité, c’est à dire encore une fois, un processus opérant conformément à la foi que nous avons suscitée, investie.

Il faut observer la mauvaise foi et comment la mauvaise foi se construit. La mauvaise foi, c’est comme la voix d'un avocat intérieur, un avocat par définition, doit pratiquer la mauvaise foi comme une forme d’art. Il sait que son client est coupable et il doit parler comme s’il était convaincu qu’il ne l’est pas, voire même convaincu que c’est lui la victime. Le processus de mauvaise foi s’apprend, se travaille, s’élabore, se développe, se met en application, il suit des règles très précises, c’est ainsi que nous fonctionnons sans trop savoir comment.

Par exemple :

« Pourquoi t’es-tu assis sur la chaise de grand-mère, tu vas la casser ? ».

Si la personne avait vraiment l’intention de démontrer que c’est à juste titre et pour de bonnes raisons qu’elle s’est permise de s’asseoir sur la chaise de la grand-mère tout en sachant qu’elle risquait de la casser, et bien elle développerait un discours ayant aussi belle allure que celui de l’avocat qui défend son client coupable de meurtres en série. L’avocat, lui, peut construire cette défense tout en échappant au « syndrome » (syndrome de culpabilité entraînant une dérive du comportement et de la raison). Il doit défendre son client, c’est son travail et c’est important qu’il réussisse, c’est important qu’il gagne. Mais le client, paradoxalement, et cela l’avocat ne le sait pas, le client qui crie : « Je suis innocent », souhaite dans son for intérieur qu’on le reconnaisse comme un coupable, il sait que ce serait une libération, bien que le besoin d'être libéré ne soit jamais tari.

L’homme qui s’est assis sur la chaise de la grand-mère, lui, se défend tellement mal que tout le monde peut voir sa mauvaise foi. Il pourrait dire qu’il est navré, qu’il a mal dormi, qu’il n’a pas pensé que c’était la chaise de la grand-mère, etc. Ce sont des arguments de mauvaise foi. Or statistiquement on observe que lorsque quelqu’un est pris en flagrant délit de stupidité ou de crime, il s’enfonce en essayant de défendre les raisons imaginées de son innocence.

Il y a un processus réflexif dans le cerveau de l’homme qui est à l’origine de tout ce qui est incohérent ou injuste, nous agissons d'une façon incorrecte parce que nous désirons inconsciemment être puni. Notre quête devrait être celle de la récompense, conformément à des circuits du « plaisir et de la récompense » qui existent bel et bien dans notre appareil cérébral, cependant ce n'est pas souvent ce qui domine, et les raisons de cette anomalie doivent être étudiées.

Nous sommes habités par un besoin profond de culpabilité, d’être reconnu comme quelqu’un qui ne fait pas suffisamment attention, quelqu’un à qui on doit donner la « fessée », parce que celui qui est en position d'être puni renforce son désir d'être infantilisé, s'il peut nourrir l'espoir de se sentir "enfant" pendant un moment, c'est que des parents aimants ne sont pas loin. Les parents donnent la vie, ils donnent aussi le sens à la vie et aux choses, ils donnent affection et amour, c'est dans leur regard et attention que l'on puise notre équilibre. Cette anomalie ne peut se manifester que parce nous ressentons tous, à des degrés différents, de la difficulté à nous vivre comme des adultes, quelque chose s'est passé, ou quelque chose a manqué durant notre enfance qui nous a laissé un grand vide, l'espace laissé vide, du sens de la responsabilité que nos sociétés et nos systèmes ne savent remplir ou plutôt ne permettent pas à nos parents de savoir quoi faire pour le remplir. 

Et bien à partir du moment où l'on ne peut ignorer que l'on pratique la mauvaise foi d'une façon courante, nous ne sommes donc pas inconscients, comment penser que cela peut demeurer involontaire ? Il est plus avantageux pour un homme d’être reconnu comme quelqu’un qui faillit, qui peut faillir, qui doit fatalement faillir.

La première théorie que je propose dans la description de ce phénomène, c’est que nous sommes tous englués dans une routine de création du raisonnement « ordinaire » qui ne laisse que peu de chance à notre esprit de maîtriser la production d'une cohérence. Nous avons besoin d’être incohérents pour justifier ce que nous sommes. N’oublions pas que notre incohérence sert souvent d’arme à notre innocence (pardonne-leurs, parce qu’ils ne savent pas ce qu'ils font).

La mauvaise foi lutte contre la vérité. Le propre de la mauvaise foi, c'est qu'elle ne veut pas se trouver face à la vérité, elle est comme une couverture.

Quelle vérité ?

Que nous ne pouvons guère échapper à nos fonctionnements incohérents.

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Invité Tar Baby
Invités, Posté(e)
Invité Tar Baby
Invité Tar Baby Invités 0 message
Posté(e)

Huston I have a problem !

C'est la mauvaise foi !

Il y a le mensonge. On sait ce que c'est. Il s'effectue au niveau du conscient.

Il s'agit de dire autre chose que ce que l'on sait être la vérité.

Mais la mauvaise foi ?

Est-ce mentir ?

Quand on reproche à qq'un d'être de mauvaise foi, bien souvent on signifie simplement qu'il ment.

(Qu'il sait bien que la vérité est autre que ce qu'il affirme)

Mais la mauvaise foi, n'est-ce pas se mentir à soi même avant de mentir à autrui ?

Et donc se persuader -soi- dans un premier temps que l'on ne ment pas ? Que l'on dit la vérité.

Et se mentir à soi-même à quel niveau cela se situe-t-il ?

à un niveau inconscient ? Ou préconscient ?

En quelque sorte, je dirais un mensonge qui m'arrange sans en avoir conscience ?

Ou en faisant semblant (pour moi-même ou pour autrui ?) de ne pas le savoir

Et même au départ, le "pur menteur", au moment où il ment ne joue-t-il pas un peu pour lui-même celui qui dit vrai ?

Afin d'être mieux crédible ?

Voilà : "I have a problem !"

Sait-on, ne sait-on pas qu'on ment dans la mauvaise foi ? Et... ce "savoir" n'est-il pas fluctuant ? Inconscient ou semi-inconscient ?

Le mensonge, c'est conscient, on ment pour se couvrir, pour cacher quelque chose, pour induire l'autre en erreur, .......

La mauvaise foi, c'est refuser de se remettre en question, ne pas accepter de s'être trompé, toujours vouloir avoir raison.

Il y a deux cas de figure : au départ la personne est de bonne foi puis à moment donné se rend compte qu'elle fait erreur mais va refuser de le reconnaître, et puis il y a la personne qui dès le départ sait qu'elle est dans l'erreur mais ne veut pas l'admettre pour avoir raison.

Afin de se donner bonne conscience la personne de mauvaise foi peut finir par se persuader elle-même qu'elle est dans le vrai, elle se ment à elle-même pour se retrouver dans une situation plus facile à vivre.

Mais ça reste du domaine du conscient, car là personne sait tout au fond d'elle-même quelle est la vérité.

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)

À quel moment et en quelle proportion pouvons-nous déterminer qu’un mensonge est conscient, volontaire ou non ? On ne maîtrise pas les mots, ce sont eux qui nous dirigent. À ce stade, l’homme ne gouverne déjà plus ce qui se passe dans son cerveau gauche, il ne faut pas oublier qu’en toile de fond de tout cela, son destin ne lui appartient pas, il obéit à un ordre. Cependant, il s’agit de voir là où il n’a pas su obéir correctement, ou là où il aurait pu obéir autrement.

Une vérité, c’est toujours un mensonge à la base, n'est-ce pas ? Pour qu’il se transforme en ce que nous appelons vérité, c’est à dire pour qu’il génère des processus réels, il faut y engager une certaine quantité de foi ou de mauvaise foi. Cette faculté de produire la foi, chez l'humain, est le moteur qui transforme un mensonge en vérité, c’est à dire encore une fois, un processus opérant conformément à la foi que nous avons suscitée, investie.

Il faut observer la mauvaise foi et comment la mauvaise foi se construit. La mauvaise foi, c’est comme la voix d'un avocat intérieur, un avocat par définition, doit pratiquer la mauvaise foi comme une forme d’art. Il sait que son client est coupable et il doit parler comme s’il était convaincu qu’il ne l’est pas, voire même convaincu que c’est lui la victime. Le processus de mauvaise foi s’apprend, se travaille, s’élabore, se développe, se met en application, il suit des règles très précises, c’est ainsi que nous fonctionnons sans trop savoir comment.

Par exemple :

« Pourquoi t’es-tu assis sur la chaise de grand-mère, tu vas la casser ? ».

Si la personne avait vraiment l’intention de démontrer que c’est à juste titre et pour de bonnes raisons qu’elle s’est permise de s’asseoir sur la chaise de la grand-mère tout en sachant qu’elle risquait de la casser, et bien elle développerait un discours ayant aussi belle allure que celui de l’avocat qui défend son client coupable de meurtres en série. L’avocat, lui, peut construire cette défense tout en échappant au « syndrome » (syndrome de culpabilité entraînant une dérive du comportement et de la raison). Il doit défendre son client, c’est son travail et c’est important qu’il réussisse, c’est important qu’il gagne. Mais le client, paradoxalement, et cela l’avocat ne le sait pas, le client qui crie : « Je suis innocent », souhaite dans son for intérieur qu’on le reconnaisse comme un coupable, il sait que ce serait une libération, bien que le besoin d'être libéré ne soit jamais tari.

L’homme qui s’est assis sur la chaise de la grand-mère, lui, se défend tellement mal que tout le monde peut voir sa mauvaise foi. Il pourrait dire qu’il est navré, qu’il a mal dormi, qu’il n’a pas pensé que c’était la chaise de la grand-mère, etc. Ce sont des arguments de mauvaise foi. Or statistiquement on observe que lorsque quelqu’un est pris en flagrant délit de stupidité ou de crime, il s’enfonce en essayant de défendre les raisons imaginées de son innocence.

Il y a un processus réflexif dans le cerveau de l’homme qui est à l’origine de tout ce qui est incohérent ou injuste, nous agissons d'une façon incorrecte parce que nous désirons inconsciemment être puni. Notre quête devrait être celle de la récompense, conformément à des circuits du « plaisir et de la récompense » qui existent bel et bien dans notre appareil cérébral, cependant ce n'est pas souvent ce qui domine, et les raisons de cette anomalie doivent être étudiées.

Nous sommes habités par un besoin profond de culpabilité, d’être reconnu comme quelqu’un qui ne fait pas suffisamment attention, quelqu’un à qui on doit donner la « fessée », parce que celui qui est en position d'être puni renforce son désir d'être infantilisé, s'il peut nourrir l'espoir de se sentir "enfant" pendant un moment, c'est que des parents aimants ne sont pas loin. Les parents donnent la vie, ils donnent aussi le sens à la vie et aux choses, ils donnent affection et amour, c'est dans leur regard et attention que l'on puise notre équilibre. Cette anomalie ne peut se manifester que parce nous ressentons tous, à des degrés différents, de la difficulté à nous vivre comme des adultes, quelque chose s'est passé, ou quelque chose a manqué durant notre enfance qui nous a laissé un grand vide, l'espace laissé vide, du sens de la responsabilité que nos sociétés et nos systèmes ne savent remplir ou plutôt ne permettent pas à nos parents de savoir quoi faire pour le remplir.

Et bien à partir du moment où l'on ne peut ignorer que l'on pratique la mauvaise foi d'une façon courante, nous ne sommes donc pas inconscients, comment penser que cela peut demeurer involontaire ? Il est plus avantageux pour un homme d’être reconnu comme quelqu’un qui faillit, qui peut faillir, qui doit fatalement faillir.

La première théorie que je propose dans la description de ce phénomène, c’est que nous sommes tous englués dans une routine de création du raisonnement « ordinaire » qui ne laisse que peu de chance à notre esprit de maîtriser la production d'une cohérence. Nous avons besoin d’être incohérents pour justifier ce que nous sommes. N’oublions pas que notre incohérence sert souvent d’arme à notre innocence (pardonne-leurs, parce qu’ils ne savent pas ce qu'ils font).

La mauvaise foi lutte contre la vérité. Le propre de la mauvaise foi, c'est qu'elle ne veut pas se trouver face à la vérité, elle est comme une couverture.

Quelle vérité ?

Que nous ne pouvons guère échapper à nos fonctionnements incohérents.

Texte très intéressant, et je ne mâche pas mes mots.

J'aurai trois séries de questions qui me paraissent assez pertinentes en rapport à ton texte pour le coup :

-Comment connaître les ordres auxquels il serait préférable d'obéir plutôt que les autres, si tu compares la recherche de la vérité à du shopping, l'Homme passant de boutique en boutique en fonction d'une vitrine? (Sachant que le grand problème du monde occidental restera l'équivalence de tout, à tout égard, qui signerait le triomphe idéologique du libéralisme, celui-ci étant la seule doctrine politique capable d'absorber des idéaux contraires sous une même bannière, parce que moralement neutre).

-La mauvaise foi serait elle autre chose dans cette optique, que le refus d'adopter MA foi? Ce que tu dis sur le besoin de culpabilité lié à un désir de faire reconnaître son incohérence est passionnant même si je n'en connais pas plus : l'Homme serait-il une espèce de masochiste qui s'ignore?

-Qui donna l'ordre primordial d'où découleront tous les autres? Si nous ne faisions qu'imiter et obéir, comment expliquer qu'il y ait de la nouveauté dans les comportements ou les mœurs?

On est quand même sur un forum de philosophie. Et quand un philosophe comme Sartre a parlé du sujet, il n'est pas inutile de le signaler.

Et bien le problème de la mauvaise foi selon Schopenhauer c'est qu'elle est le refus pour un humain d'affirmer ou de se résoudre à reconnaître la vérité.

Le problème de la mauvaise foi selon Sartre c'est qu'elle est le refus pour un humain d'affirmer ou de se résoudre à reconnaître sa liberté.

Ce sont des concepts différents, enfin à priori, même si dans le cadre de ton sujet on peut affirmer que la mauvaise foi de Sartre serait le refus d'affirmer ou de se résoudre à reconnaître la vérité de sa liberté.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)

Oui !

Vos analyses sont remarquables.

Les arguments psychologiques ou psychanalytiques sont souvent à double tranchant.

Ainsi la mauvaise foi peut être conçu comme le besoin de se sentir coupable (ou incohérent) une forme complexe de revendication de cette incohérence, mais aussi curieusement pour échapper à la culpabilité et nier son incohérence.

(La liberté, peut aussi s'opposer à la vérité, dans la mesure où la vérité est toujours contraignante.

Et donc le refus de la vérité -ce que semble être la mauvaise foi- est aussi d'une certaine manière une façon de préserver sa liberté.)

Il faut repartir sur des exemples précis.

Sartre, prenait comme exemple, je crois me souvenir, la main d'une jeune femme qui sur le guéridon d'un bar, effleurait lors d'un (premier?) rendez-vous,

celle d'un jeune homme, mais qui ne se retire pas (ce qu'elle serait sensée devoir faire !) en feignant de ne pas s'être rendue compte de se contact !

Il semblerait qu'il y ait une séparation dans un même individu de deux instances qui s'ignorent (ou tentent de s'ignorer) l'une l'autre.

S'ignorent ou tentent de s'ignorer : inconscience ou mensonge.

Ou alors il faut peut-être discerner non plus deux mais trois instances : un "moi conscient" de l'effleurement (et qui le désire), un moi qui ignore cet effleurement (et qui ne veut pas en entendre parler !), et une "force" (censure?) qui sépare les deux. (Qui peut avoir un rapport avec la notion de "surmoi".

(Dominette : l'estime de soi aussi, notre rapport aux autres.)

Dans le cas évoqué par Sartre, la pression sociale (ce qu'une femme est ou n'est pas sensée être autorisée à faire) semble en effet jouer un rôle prépondérant.

Alors, m'est venue une idée totalement réac... mais ne sommes nous pas ici pour le plaisir et l'amusement de l'échange :

La mauvaise foi ne concernerait-elle pas plutôt... ou plus fréquemment les femmes ?!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

J'imagine déjà la levée de boucliers !!!

Je ris !!!!

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Invité Leveilleur
Invités, Posté(e)
Invité Leveilleur
Invité Leveilleur Invités 0 message
Posté(e)

-Comment connaître les ordres auxquels il serait préférable d'obéir plutôt que les autres, si tu compares la recherche de la vérité à du shopping...

L'ordre ou le commandement dont je parlais se rapporte à toutes les formes de conditionnement qui sont en nous. En commençant par les programmes génétiques qui initient notre sensiblité, notre réactivité, nos faiblesses et nos forces ainsi que de nombreux processus d'influences qui prennent leurs sources dans un passé plus lointain que le point de notre conception. Et bien évidemment l'ensemble des champs d'influences qui s'exercent sur nos cheminements mentaux à partir de l'inconscient et du subconscient. A celà on peut encore considérer la possibilité de champs plus larges et plus difficiles à observer ou à démontrer, ceux qu sont émis par le supraconscient et reçus par tous les autres pôles de consciences.

-La mauvaise foi serait elle autre chose dans cette optique, que le refus d'adopter MA foi? Ce que tu dis sur le besoin de culpabilité lié à un désir de faire reconnaître son incohérence est passionnant même si je n'en connais pas plus : l'Homme serait-il une espèce de masochiste qui s'ignore?

Que ferait précisément le masochiste selon vous ?

-Qui donna l'ordre primordial d'où découleront tous les autres? Si nous ne faisions qu'imiter et obéir, comment expliquer qu'il y ait de la nouveauté dans les comportements ou les mœurs?

L'ordre primordial est sans doute à chercher dans les origines de la vie elle-même, bien que nous agissons sous influences, nous somme également les outils ou les moyens de la découverte, comme ceux de l'adaptation, mais ce n'est pas réellement nous qui découvrons mais le système du vivant qui découvre au travers des êtres, nous les humains comme les autres êtres vivants, je veux dire que toutes les réactions sont autorisées, donc notre sentiment de pouvoir désobéir est peut-être encore une obéissance docile.

Notre esprit aura ce réflexe de vouloir les dénommer, les ranger dans son inventaire, comme par exemple une réaction de type rebelle sera considérée comme une expression de liberté, mais l'obéissance aveugle comme celle qui serait tout à fait consciente, sont autant de manifestations en nous des ordres dont nous sommes les serviteurs, la désobéissance, dans toutes ces formes, de la plus passive à la plus radicale n'échappe pas à la règle.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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J'ai un peu l'impression que le terme "foi" de l'expression "mauvaise foi" n'a peu ou prou rien à voir avec son quasi "homonyme" de "foi" tel qu'on le signifie dans "foi religieuse".

Bien sûr c'est amusant de croire qu'il s'agit du même mot.

Mais la "mauvaise foi" est une chose, synonyme de "non sincérité", proche de "mensonge",

et la "foi" est autre chose, synonyme de "croyance".

En ce sens, la "mauvaise foi" est une "foi authentique" !

Puisqu'il y est question de croire en ce qui est faux !

De même que la "foi religieuse" est une forme de... "mauvaise foi' !

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