Le selfie est-il une oeuvre d'art ?

Pourquoi le monde est-il submergé de selfies ? La question me hante depuis quelques années. Le mot a été ajouté en 2013 à l'Oxford English Dictionary (OED), et, dans le cas invraisemblable où vous vivriez complètement à l'écart des réseaux sociaux, en voici la définition : une photo de soi que l'on fait soi-même, avec le téléphone ou un appareil photo numérique, et que l'on met sur Facebook. Mais pourquoi donc, au nom de tous les saints, fait-on cela ?

Sur Wikipedia, on dit que le premier auteur de selfie était un daguerréotypiste. Le selfie a commencé, c'était prévisible, avec le premier processus chimique qui a popularisé l'ancêtre de la photographie. La grande-duchesse Anastasia [1901-1918] s'est fait un selfie, en 1914, dans un miroir.

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Sur la plateforme Tumblr, on trouve le blog Selfies at Funerals (Selfies à des funérailles) – qui se lie, curieusement, à ce que disait Roland Barthes dans La Chambre claire – note sur la photographie (1980) : "La photo, gelant le mouvement et le temps, contient in nuce la Mort, jusqu'au point où la mort en devienne dénuée de son sens prémoderne, religieux ou rituel (ce que la photographie reproduit à l'infini n'a lieu qu'une fois)."

Au-delà de ces détails factuels et plus encore – facile à trouver sur Internet – l'étiquette que l'on peut le plus souvent coller sur le selfie est : l'égoïsme, l'exhibitionnisme. Mais n'y a-t-il vraiment que cela ? Pourquoi les facebookers ne font-ils pas la même chose avec des mots au lieu de photos ? Ou bien avec des messages vocaux ?

Suite http://www.courrieri...-d-art?page=all

Le Selfie peut-être une oeuvre d'art si la photographie propose une belle composition, un cadrage intéressant, une belle lumière, de belles couleurs, etc... D'ailleurs certains photographes célèbres comme Cindy Sherman font en quelque sorte du Selfie depuis de nombreuses années.

Si le selfie doit trouver sa place dans l'art, il faudra à mon sens en préciser la définition. Sinon, comme tu le dis, Cindy Sherman fait du selfie depuis longtemps :)

Ce cliché souvent de travers pris à bout de bras ou dans un miroir, pourquoi pas, c'est une photographie, elle peut être belle je suis d'accord.

Je lisais justement un article hier à propos de ces "égoportraits" car je commence aussi à être lassée de cela. Enfin, qu'est-ce que ça peut me foutre qu'un tel ou qu'une telle soit à tel café à telle heure ou pire, la mode des gens qui prennent ce qu'ils mangent en selfies, en fait, les gens ne vivent plus l'instant présent, ils l'immortalisent. On selfie" même la mort..

Ils inondent les réseaux sociaux, sont servis à toutes les sauces et leur goût est parfois douteux. Les selfies, traduits au Québec par «autoportraits» ou «egoportraits», selon leur degré de narcissisme, connaissent un regain de popularité depuis la dernière cérémonie des Oscars. Tout le monde - célébrités, politiciens, journalistes, citoyens - s'y est mis, ou presque. Même les bébés ont désormais leur propre application pour se prendre eux-mêmes en photo. Regard sur ce culte du moi et de l'image dans un monde hyperconnecté où l'instantanéité est reine. Bien sûr qu'il n'y a rien de mal à se croquer le portrait de temps en temps. La pratique ne date pas d'hier, d'ailleurs. Des peintres et des photographes, amateurs ou professionnels, célèbres ou pas, l'ont adoptée bien avant l'arrivée des téléphones intelligents. En photo comme en peinture, l'autoportrait n'est pas seulement un moyen d'expression et de communication, il permet aussi et surtout de contrôler son image.

Mais à l'ère de Facebook, Twitter et autres Instagram, le genre a atteint de nouveaux sommets. Il est devenu un outil pour conquérir le territoire social virtuel et satisfaire un besoin de reconnaissance. On fait des selfies pour tout et pour rien. Avec son chien, à la ferme, dans l'isoloir du bureau de vote, après avoir fait l'amour, la tête emballée dans du cellophane, pendant des funérailles. Pour suivre le mot-clic à la mode, montrer qu'on est branché. Faire rire. Être remarqué, admiré, envié, plaint.

Et alors? Alors on commence à en avoir assez vu, merci. Dans la vie virtuelle comme dans la vie réelle, la modération a toujours meilleur goût.

Prendre un autoportrait pour immortaliser un instant rare, d'accord. Mais jouer les Ellen DeGeneres pendant qu'un suicidaire joue sa vie sur un viaduc, comme l'ont fait des automobilistes immobilisés sur une autoroute de Los Angeles il y a quelques jours (sur la photo, on voit la silhouette du désespéré en arrière-plan), c'est plus que trop, c'est parfaitement ignoble.

Prendre une belle photo de soi pour soigner sa propre estime? Pourquoi pas. Tant qu'on n'en fait pas une maladie. Comme ce jeune Anglais obsédé par le selfie parfait - il pouvait en prendre jusqu'à 200 par jour - qui a tenté de mettre fin à ses jours parce qu'il n'acceptait pas les images que lui renvoyaient son iPhone. Comme ces adolescents thaïlandais qui, selon le ministère de la Santé publique du pays, souffriraient de troubles émotionnels lorsque leurs selfies ne reçoivent pas suffisamment de retours positifs sur les réseaux sociaux. Comme ces jeunes Américains de moins de 30 ans qui, au dire de l'American Academy of Facial Plastic and Reconstructive Surgery, seraient de plus en plus nombreux à recourir à la chirurgie esthétique et aux injections de Botox avec la mode des autoportraits.

D'après les travaux de deux chercheuses américaines qui seront présentés à la 64^e conférence de l'International Communication Association de Seattle, en mai, le flot de selfies sur les réseaux sociaux pourrait ni plus ni moins miner la confiance des jeunes femmes. Plus les adolescentes vont sur Facebook, plus elles s'exposent aux selfies de leurs amis, plus elles se comparent et plus l'image qu'elles ont d'elles-mêmes sera mauvaise, constatent Petya Eckller et Ellen Paasch au terme de leur enquête réalisée auprès de 881 étudiantes.

À l'autre bout du spectre, partager trop de selfies nuirait aux «vraies» relations sociales, selon une étude britannique publiée l'an dernier. Cette habitude irriterait l'entourage, qui jugerait négativement ce type de photos, prévient David Houghton, de la Birmingham Business School.

De même, des recherches menées en Allemagne et aux États-Unis ont démontré que la publication excessive de photos d'amis en train de s'amuser pouvait exacerber les sentiments dépressifs et de solitude et déclencher des états d'envie et de ressentiment chez les personnes qui les regardent.

Comme quoi la culture 2.0 du moi photographique n'est peut-être pas aussi inoffensive qu'elle en a l'air.

http://www.youtube.com/watch?v=0fqaPA-2haQ

C'est clair, s'il fallait débattre, et bien le selfie est le plus souvent ridicule, très "posé", bon..des fois c'est plutôt marrant (toutes ces duck faces tu trouves pas ça drôle Lucy ? :D)

En revanche prendre sa nourriture en photo, faire une photo de groupe sur l'autoroute - même si quelqu'un va se jeter du pont derrière - et bien ce n'est pas du selfie (pas pour autant que c'est pas ridicule). Depuis que la photo est devenue si accessible (avec les Smartphones surtout), on shoote tout ce qui bouge.

Et là c'est la question... Est ce que le selfie a sa place dans l'art, et comment ?

excellent