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L'induction ne prouve rien.


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Une démonstration est TOUJOURS déductive

Nous userons ici d'arguments rhétoriques, voire dialectiques (dans la classification d'Averroès). Nous pourrons présenter les arguments démonstratifs par la suite. Il nous faut d'abord démêler certaines confusions au sujet de l'induction. Pour faire simple (on pourra faire compliqué plus tard)

Le terme d'induction peut désigner, du point de vue d'une logique de la connaissance:

1) Toute procédure par laquelle on prétend inférer une proposition universelle affirmative à partir d'énoncés particuliers affirmatifs: cette démarche est irrecevable logiquement (cf: Hume, Kant, Einstein, Popper, Duhem).

2) Démarche qui consiste à supposer l'existence d'une cause (ou de plusieurs) à un phénomène considéré comme effet d'icelle. Cette démarche est en réalité de type hypothético déductive : le philosophe C.S. Peirce appelle cette démarche "abduction".

3) Tout raisonnement impliquant une incertitude (ex: évaluations probabilistes). L'application du théorème de Bayes pose de très grandes difficultés.

REMARQUE: Hume évoque parfois l'induction au sens 1) et parfois au sens 2). Les choses se compliquent parce qu'il évoque aussi l'induction causale. Voilà pourquoi la "solution" kantienne au problème de Hume peut apparaître bancale (CRP) et voilà pourquoi Popper n'est pas convaincu par ce dernier (cf: logique de la découverte scientifique). Popper fait également la confusion entre les deux sens (1 et 2).

C'est en raison de cette confusion entre le sens 1 et 2 qu'on peut trouver une sorte de contradiction interne chez Einstein comme chez Duhem. L'un et l'autre dénoncent fermement l'inductivisme (Cf "l'évolution des idées en physique" pour Einstein et "la théorie physique, sa structure, son objet", ainsi que "physique de croyant" pour Duhem)... mais malgré cette condamnation, il leur arrive de parler de ce qu'ils ont découvert par induction. La solution à cette contradiction est donnée par Einstein dans une lettre (je peux retrouver la référence).

Du point de vue d'une psychologie de la connaissance (pour une analyse de la différence entre approche logique et approche psychologique: voir la critique du psychologisme par Freg) :

4) démarche consistant à s'appuyer sur l'observation, généralement en vue de produire ou d'augmenter une conviction; laquelle n'a aucune valeur objective du point de vue logique.

Si l'on se réfère au sens 1) , aucune science physique n'a jamais pu être développée par induction, quoiqu'en dise Newton (lequel avait inventé l'histoire de la pomme pour de sordides raisons). Quant à l'informatique, il faut savoir que les machines de Turing ont été conçues à partir de la connaissance des énoncés indécidables mis en évidence par Gödel: l'induction n'y est strictement pour rien dan cette affaire (voir Jean Paul Delahaye "logique informatique et paradoxes")

Ces auteurs concernent le rejet de l'inductivisme en physique. En biologie, la meilleure référence est sans doute Albert Jaquard. Lui aussi montre à quels égarements conduit l'induction. Tout ceci n'est que rhétorique. On peut ensuite passer au niveau démonstratif si vous le voulez.

Le « problème de Hume ».

Lorsque je lance une bille sur une autre bille (événement A), je constate la mise en mouvement de celle-ci (événement B).

Rigoureusement, je n’observe qu’une conjonction d’événements.

« Induire » consiste à répéter un nombre (non précisément définissable) de fois la même expérience en vue d’en dégager une généralité.

Plus précisément que Hume ne l’a dit, il faut supposer que chaque expérience particulière m’autorise à la représenter par une formule, qu’on appellera « énoncé d’observation », qui a la forme d’une formule existentielle dans le calcul des prédicats.

Un ensemble de formule de ce type autoriserait à induire une formule universelle.

Ayant donc observé un certain nombre de fois A suivi de B, l’esprit serait porté à conclure que A est cause de B.

Le premier défaut de ce type d’inférence est celui de toute induction simple, et qui est celui de l’abus commis dans la procédure de généralisation : un nombre fini d’observations ne préjuge en rien du résultat de la prochaine expérience, d’autant que le nombre d’expériences possibles tend vers l’infini.

Le second défaut réside dans l’interprétation de la relation observé, qui n’est qu’une conjonction, pour y déceler un rapport causal, c’est à dire une connexion.

Hume conclura que toutes les théories empiriques, puisqu’elles ne sont pas démonstratives, c’est à dire constituées de propositions dont la négation impliquerait une contradiction logique, ne sont que « probables » mais cependant indispensables et très pratiques.

Les « néo-inductivistes ».

Fin XIXéme, début XXème : la science s’intéresse essentiellement aux relations qui régissent les faits ; on développe cette idée qu’il est possible de donner un équivalent formel de ces relations : les formules logiques seraient comme des « images », des « reflets » de ces relations réelles. Ces relations réelles ne sont connues que par induction.

Critique popperienne de l’induction.

Popper s’appuie sur la critique de l’induction proposée par Hume et souligne que si le nombre de cas observés est nécessairement fini, alors que le nombre de cas possibles tend vers l’infini, la valeur de probabilité de la formule induite tend vers Zéro.

Ses adversaires rétorquent qu’il est possible de trouver un « principe d’induction », qui serait le symétrique du « principe de déduction », le modus ponens, permettant de distinguer les inductions valides des généralisations abusives.

Popper réfute simplement la possibilité même d’établir un tel principe :

En effet, ce principe ne peut lui même être obtenu que par deux voies : l’induction ou la déduction !

Dans ce second cas, le principe d’induction serait un théorème de la logique, donc un théorème déductif (fournissant un principe pour certaines déductions).

Dans le premier cas, il s’agira de déterminer si la procédure inductive par laquelle le principe d’induction a été obtenu est une procédure valide : on s’engage soit dans une régression à l’infini, soit on doit présupposer la validité de ce dont il s’agit d’établir le principe (définissant les conditions de cette validité), ce qu’on nomme un diallèle.

Comment sont obtenues les théories scientifiques ?

Popper propose une approche « psychologique » dont il convient qu’elle ne peut pas nous éclairer sur le mécanisme même de la découverte.

1er temps : tout individu humain possède une conception théorique ou pré théorique du monde.

2ème temps : il est amené à réaliser une observation qui contredit ses croyances. Il peut toujours nier les faits ou les interpréter de façon à les faire coïncider avec ses croyances. Il peut également « amender » ces dernières, sinon :

3ème temps : remise en cause radicale de ses croyances, jusqu’au niveau des axiomes, donc du fondement même de ses croyances.

4ème temps : élaboration par l’imagination (qui s’exerce dans le champ ouvert par le langage formel, considérablement élargi par les géométries non-euclidiennes) d’une nouvelle théorie susceptible de rendre compte d’un domaine plus important.

« Les concepts physiques sont des créations libres de l’esprit humain et ne sont pas, comme on pourrait le croire, uniquement déterminés par le monde extérieur » (A. Einstein et L. Infeld in « l’évolution des idées en physique »).

Einstein et Infeld comparent le monde physique à une montre dont le cadran est scellé : son mécanisme est inobservable de même que les lois de la nature, ainsi qu’un certain nombre d’ « objets » tels que les électrons ou les photons.

Toutefois nous entendons le tic-tac et voyons le mouvement des aiguilles : nous ne percevons que les effets des lois et « entités » invisibles.

Le chercheur ne peut qu’imaginer le « mécanisme » et proposer un modèle qui rende compte de ses observations, mais il ne peut confronter ce modèle avec la réalité elle-même : comment concevoir la comparaison entre des formules mathématiques et des lois naturelles inobservables ? Il peut seulement comparer les prédictions déduites de sa théorie avec les effets naturels observables.

S’il n’y a pas concordance, la théorie est fausse ; dans le cas contraire, rien ne dit qu’elle est vraie : il peut exister divers modèles, incompatibles entre eux, mais tous capables d’effectuer les mêmes prédictions. On peut imaginer qu’un modèle expliquera le mouvements des aiguilles et le tic tac comme deux évènements liés indirectement entre eux et dans lequel leur coïncidence résultera de ce qu’ils sont les effets d’un même mécanisme ; et un autre modèle dans lequel le tic tac sera l’effet direct du mouvement de l’aiguille.

Comment distinguer les théories scientifiques des théories « métaphysiques » ?

La théorie nouvelle devrait, selon Popper, satisfaire aux exigences d’une « méthode déductive de contrôle » :

1ère étape : s’assurer que la théorie ne contient aucune contradiction logique (en comparant entre elles les diverses prédictions déductibles du « noyau dur » de la théorie).

2ème étape : s’assurer que la théorie n’est pas tautologique, c’est à dire qu’elle n’a pas « réponse à tout ». (ex : le marxisme, la psychanalyse, l’astrologie).

3ème étape : s’assurer que la théorie constitue un progrès par rapport aux théories existantes.

4ème étape : mettre à l’épreuve de l’expérience avec le souci de chercher à la falsifier.

En effet une théorie n’est jamais vérifiable :

Vérifier voudrait dire que si je déduis une prédiction « P » d’une théorie « T » et que « P » est vérifiée, alors « T » l’est aussi, ce qui est contraire aux principes logiques.

Falsifier signifie par contre que si c’est « non P » qui est vérifié, alors je peux en déduire « non T » (modus tollens).

Une théorie qui aura résisté à la falsification sera dite « corroborée » ou « vraie jusqu’à preuve du contraire ».

Vérisimilarité et Incommensurabilité.

Si on ne peut pas dire quand une théorie est vraie, mais qu’on le peut quand elle est fausse, il peut être cependant utile d’introduire une sorte de gradation entre les théories que nous souhaitons conserver pour quelque raison que ce soit et de les distinguer éventuellement en fonction de leur degré de « vérisimilarité».

La physique newtonienne est, rigoureusement parlant, fausse ; néanmoins elle est très satisfaisante à une certaine échelle et présente, par rapport à la théorie relativiste, quelques avantages au niveau de sa « maniabilité ». On pourra donc dire que la théorie relativiste est plus « vérisimilaire » que la théorie newtonienne et accorder néanmoins un certain crédit à cette dernière. Les énoncés et prédictions déduits du noyau dur de la théorie restent « vrais », mais relativement au système d’axiome dont ils dépendent.

Actuellement encore, les axiomes de la physique relativiste ne sont pas compatibles avec ceux de la physique quantique, qui prend en charge les échelles atomique et sub-atomique. Divers physiciens espèrent que les deux théories pourront être réunies en une autre théorie plus englobante, la physique des hyper-cordes. Ces deux théories restent donc pour l’instant « vérisimilaires » et incommensurables entre elles (on ne peut dire si l’une est plus vérisimilaire que l’autre puisqu'elles ne représentent pas le même domaine).

Selon Einstein, et pour les mêmes raisons que celles qu’avance Popper, nous ne saurons donc jamais si nous détenons ou non la théorie qui exprime la vérité sur notre monde physique (impossibilité de vérifier). Cependant, nous pouvons, dans certaines conditions, déterminer si une théorie est meilleure qu’une autre, plus vérisimilaire, et on peut espérer atteindre une sorte de " vérisimilarité maximum" qu’Einstein propose d’appeler, contre l’usage traditionnel qui était fait de ce terme, la « vérité objective ».

Ainsi, quoique inatteignable en un sens (car même si nous l’atteignons nous n’avons pas les moyens de le savoir), la « Vérité » reste l’horizon de la physique.

Extrapolations dans le champ moral.

Popper suggère d’exporter certains principes de son épistémologie dans le domaine de la morale (ou de l’éthique si on préfère) :

- Aucun système moral ne peut savoir s’il correspond à l’expression adéquate du Bien (impossibilité de vérifier).

- Un système moral tautologique qui prétendrait imposer sa définition du Bien est par la même « totalitariste ».

- Il existe des systèmes moraux meilleurs que d’autres, plus « vérisimilaires ».

- Il peut exister une incommensurabilité entre divers systèmes moraux, ce qui signifie que l’on peut reconnaître la validité relative d’un principe moral par rapport aux axiomes de son système, sans que pour autant ce même principe ait une quelconque place dans un autre système, fondé sur d’autres axiomes.

- On peut espérer que des systèmes moraux incommensurables puissent néanmoins coexister pour peu que ceux qui se réclament de l’un ou de l’autre admettent la faillibilité possible de leur propre système, sans que cela implique qu’ils y renoncent.

- Un même principe moral peut se trouver dans des systèmes différents, et il est possible qu’ils n’aient pas le même degré de vérisimilarité. Par ailleurs, un même principe peut se rencontrer dans un système « ouvert » comme dans un système tautologique : d’une certaine manière, ce même principe n’est pas vraiment le même et n’a pas la même valeur, relativement à celle du système considéré.

Conclusion : L'induction ne démontre rien, toute démonstration est déductive.

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Invité Nejah Baazouzi
Invités, Posté(e)
Invité Nejah Baazouzi
Invité Nejah Baazouzi Invités 0 message
Posté(e)

bonsoir Gallium! smile.gif, une critique de la science dans la science, c'est ça!!?

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Invité Gallium
Invités, Posté(e)
Invité Gallium
Invité Gallium Invités 0 message
Posté(e)

Bonsoir Nejah,

Uniquement une critique (pas forcément négative) d'un procédé de logique, l'induction, dont on dit qu'il permet de démontrer de nombreuses choses.

Cordialement

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Invité chat_ooo
Invités, Posté(e)
Invité chat_ooo
Invité chat_ooo Invités 0 message
Posté(e)

"théorie des hyper cordes" ? tiens c'est plus les "super cordes" ? :)

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Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 31ans Posté(e)
Jedino Membre 47 968 messages
31ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
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Intéressant (je ne sais pas trop quoi dire, donc bon).

Par contre, j'aurais du coup aimé connaitre un détail : pourquoi le marxisme, la psychanalyse et l'astrologie sont tautologiques?

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Membre, Posté(e)
le merle Membre 21 502 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

bonjour jedino .je crois que les trois cas que tu à cité , sont particulier .il ne repose que sur des véritées et des interprétations , dans leurs domaine .dans c ' est trois cas , l ' induction serait intuitive mais pas forçément correctes .bonne soirée .

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Membre, Posté(e)
le merle Membre 21 502 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

Une démonstration est TOUJOURS déductive

Nous userons ici d'arguments rhétoriques, voire dialectiques (dans la classification d'Averroès). Nous pourrons présenter les arguments démonstratifs par la suite. Il nous faut d'abord démêler certaines confusions au sujet de l'induction. Pour faire simple (on pourra faire compliqué plus tard)

Le terme d'induction peut désigner, du point de vue d'une logique de la connaissance:

1) Toute procédure par laquelle on prétend inférer une proposition universelle affirmative à partir d'énoncés particuliers affirmatifs: cette démarche est irrecevable logiquement (cf: Hume, Kant, Einstein, Popper, Duhem).

2) Démarche qui consiste à supposer l'existence d'une cause (ou de plusieurs) à un phénomène considéré comme effet d'icelle. Cette démarche est en réalité de type hypothético déductive : le philosophe C.S. Peirce appelle cette démarche "abduction".

3) Tout raisonnement impliquant une incertitude (ex: évaluations probabilistes). L'application du théorème de Bayes pose de très grandes difficultés.

REMARQUE: Hume évoque parfois l'induction au sens 1) et parfois au sens 2). Les choses se compliquent parce qu'il évoque aussi l'induction causale. Voilà pourquoi la "solution" kantienne au problème de Hume peut apparaître bancale (CRP) et voilà pourquoi Popper n'est pas convaincu par ce dernier (cf: logique de la découverte scientifique). Popper fait également la confusion entre les deux sens (1 et 2).

C'est en raison de cette confusion entre le sens 1 et 2 qu'on peut trouver une sorte de contradiction interne chez Einstein comme chez Duhem. L'un et l'autre dénoncent fermement l'inductivisme (Cf "l'évolution des idées en physique" pour Einstein et "la théorie physique, sa structure, son objet", ainsi que "physique de croyant" pour Duhem)... mais malgré cette condamnation, il leur arrive de parler de ce qu'ils ont découvert par induction. La solution à cette contradiction est donnée par Einstein dans une lettre (je peux retrouver la référence).

Du point de vue d'une psychologie de la connaissance (pour une analyse de la différence entre approche logique et approche psychologique: voir la critique du psychologisme par Freg) :

4) démarche consistant à s'appuyer sur l'observation, généralement en vue de produire ou d'augmenter une conviction; laquelle n'a aucune valeur objective du point de vue logique.

Si l'on se réfère au sens 1) , aucune science physique n'a jamais pu être développée par induction, quoiqu'en dise Newton (lequel avait inventé l'histoire de la pomme pour de sordides raisons). Quant à l'informatique, il faut savoir que les machines de Turing ont été conçues à partir de la connaissance des énoncés indécidables mis en évidence par Gödel: l'induction n'y est strictement pour rien dan cette affaire (voir Jean Paul Delahaye "logique informatique et paradoxes")

Ces auteurs concernent le rejet de l'inductivisme en physique. En biologie, la meilleure référence est sans doute Albert Jaquard. Lui aussi montre à quels égarements conduit l'induction. Tout ceci n'est que rhétorique. On peut ensuite passer au niveau démonstratif si vous le voulez.

Le « problème de Hume ».

Lorsque je lance une bille sur une autre bille (événement A), je constate la mise en mouvement de celle-ci (événement B).

Rigoureusement, je n’observe qu’une conjonction d’événements.

« Induire » consiste à répéter un nombre (non précisément définissable) de fois la même expérience en vue d’en dégager une généralité.

Plus précisément que Hume ne l’a dit, il faut supposer que chaque expérience particulière m’autorise à la représenter par une formule, qu’on appellera « énoncé d’observation », qui a la forme d’une formule existentielle dans le calcul des prédicats.

Un ensemble de formule de ce type autoriserait à induire une formule universelle.

Ayant donc observé un certain nombre de fois A suivi de B, l’esprit serait porté à conclure que A est cause de B.

Le premier défaut de ce type d’inférence est celui de toute induction simple, et qui est celui de l’abus commis dans la procédure de généralisation : un nombre fini d’observations ne préjuge en rien du résultat de la prochaine expérience, d’autant que le nombre d’expériences possibles tend vers l’infini.

Le second défaut réside dans l’interprétation de la relation observé, qui n’est qu’une conjonction, pour y déceler un rapport causal, c’est à dire une connexion.

Hume conclura que toutes les théories empiriques, puisqu’elles ne sont pas démonstratives, c’est à dire constituées de propositions dont la négation impliquerait une contradiction logique, ne sont que « probables » mais cependant indispensables et très pratiques.

Les « néo-inductivistes ».

Fin XIXéme, début XXème : la science s’intéresse essentiellement aux relations qui régissent les faits ; on développe cette idée qu’il est possible de donner un équivalent formel de ces relations : les formules logiques seraient comme des « images », des « reflets » de ces relations réelles. Ces relations réelles ne sont connues que par induction.

Critique popperienne de l’induction.

Popper s’appuie sur la critique de l’induction proposée par Hume et souligne que si le nombre de cas observés est nécessairement fini, alors que le nombre de cas possibles tend vers l’infini, la valeur de probabilité de la formule induite tend vers Zéro.

Ses adversaires rétorquent qu’il est possible de trouver un « principe d’induction », qui serait le symétrique du « principe de déduction », le modus ponens, permettant de distinguer les inductions valides des généralisations abusives.

Popper réfute simplement la possibilité même d’établir un tel principe :

En effet, ce principe ne peut lui même être obtenu que par deux voies : l’induction ou la déduction !

Dans ce second cas, le principe d’induction serait un théorème de la logique, donc un théorème déductif (fournissant un principe pour certaines déductions).

Dans le premier cas, il s’agira de déterminer si la procédure inductive par laquelle le principe d’induction a été obtenu est une procédure valide : on s’engage soit dans une régression à l’infini, soit on doit présupposer la validité de ce dont il s’agit d’établir le principe (définissant les conditions de cette validité), ce qu’on nomme un diallèle.

Comment sont obtenues les théories scientifiques ?

Popper propose une approche « psychologique » dont il convient qu’elle ne peut pas nous éclairer sur le mécanisme même de la découverte.

1er temps : tout individu humain possède une conception théorique ou pré théorique du monde.

2ème temps : il est amené à réaliser une observation qui contredit ses croyances. Il peut toujours nier les faits ou les interpréter de façon à les faire coïncider avec ses croyances. Il peut également « amender » ces dernières, sinon :

3ème temps : remise en cause radicale de ses croyances, jusqu’au niveau des axiomes, donc du fondement même de ses croyances.

4ème temps : élaboration par l’imagination (qui s’exerce dans le champ ouvert par le langage formel, considérablement élargi par les géométries non-euclidiennes) d’une nouvelle théorie susceptible de rendre compte d’un domaine plus important.

« Les concepts physiques sont des créations libres de l’esprit humain et ne sont pas, comme on pourrait le croire, uniquement déterminés par le monde extérieur » (A. Einstein et L. Infeld in « l’évolution des idées en physique »).

Einstein et Infeld comparent le monde physique à une montre dont le cadran est scellé : son mécanisme est inobservable de même que les lois de la nature, ainsi qu’un certain nombre d’ « objets » tels que les électrons ou les photons.

Toutefois nous entendons le tic-tac et voyons le mouvement des aiguilles : nous ne percevons que les effets des lois et « entités » invisibles.

Le chercheur ne peut qu’imaginer le « mécanisme » et proposer un modèle qui rende compte de ses observations, mais il ne peut confronter ce modèle avec la réalité elle-même : comment concevoir la comparaison entre des formules mathématiques et des lois naturelles inobservables ? Il peut seulement comparer les prédictions déduites de sa théorie avec les effets naturels observables.

S’il n’y a pas concordance, la théorie est fausse ; dans le cas contraire, rien ne dit qu’elle est vraie : il peut exister divers modèles, incompatibles entre eux, mais tous capables d’effectuer les mêmes prédictions. On peut imaginer qu’un modèle expliquera le mouvements des aiguilles et le tic tac comme deux évènements liés indirectement entre eux et dans lequel leur coïncidence résultera de ce qu’ils sont les effets d’un même mécanisme ; et un autre modèle dans lequel le tic tac sera l’effet direct du mouvement de l’aiguille.

Comment distinguer les théories scientifiques des théories « métaphysiques » ?

La théorie nouvelle devrait, selon Popper, satisfaire aux exigences d’une « méthode déductive de contrôle » :

1ère étape : s’assurer que la théorie ne contient aucune contradiction logique (en comparant entre elles les diverses prédictions déductibles du « noyau dur » de la théorie).

2ème étape : s’assurer que la théorie n’est pas tautologique, c’est à dire qu’elle n’a pas « réponse à tout ». (ex : le marxisme, la psychanalyse, l’astrologie).

3ème étape : s’assurer que la théorie constitue un progrès par rapport aux théories existantes.

4ème étape : mettre à l’épreuve de l’expérience avec le souci de chercher à la falsifier.

En effet une théorie n’est jamais vérifiable :

Vérifier voudrait dire que si je déduis une prédiction « P » d’une théorie « T » et que « P » est vérifiée, alors « T » l’est aussi, ce qui est contraire aux principes logiques.

Falsifier signifie par contre que si c’est « non P » qui est vérifié, alors je peux en déduire « non T » (modus tollens).

Une théorie qui aura résisté à la falsification sera dite « corroborée » ou « vraie jusqu’à preuve du contraire ».

Vérisimilarité et Incommensurabilité.

Si on ne peut pas dire quand une théorie est vraie, mais qu’on le peut quand elle est fausse, il peut être cependant utile d’introduire une sorte de gradation entre les théories que nous souhaitons conserver pour quelque raison que ce soit et de les distinguer éventuellement en fonction de leur degré de « vérisimilarité».

La physique newtonienne est, rigoureusement parlant, fausse ; néanmoins elle est très satisfaisante à une certaine échelle et présente, par rapport à la théorie relativiste, quelques avantages au niveau de sa « maniabilité ». On pourra donc dire que la théorie relativiste est plus « vérisimilaire » que la théorie newtonienne et accorder néanmoins un certain crédit à cette dernière. Les énoncés et prédictions déduits du noyau dur de la théorie restent « vrais », mais relativement au système d’axiome dont ils dépendent.

Actuellement encore, les axiomes de la physique relativiste ne sont pas compatibles avec ceux de la physique quantique, qui prend en charge les échelles atomique et sub-atomique. Divers physiciens espèrent que les deux théories pourront être réunies en une autre théorie plus englobante, la physique des hyper-cordes. Ces deux théories restent donc pour l’instant « vérisimilaires » et incommensurables entre elles (on ne peut dire si l’une est plus vérisimilaire que l’autre puisqu'elles ne représentent pas le même domaine).

Selon Einstein, et pour les mêmes raisons que celles qu’avance Popper, nous ne saurons donc jamais si nous détenons ou non la théorie qui exprime la vérité sur notre monde physique (impossibilité de vérifier). Cependant, nous pouvons, dans certaines conditions, déterminer si une théorie est meilleure qu’une autre, plus vérisimilaire, et on peut espérer atteindre une sorte de " vérisimilarité maximum" qu’Einstein propose d’appeler, contre l’usage traditionnel qui était fait de ce terme, la « vérité objective ».

Ainsi, quoique inatteignable en un sens (car même si nous l’atteignons nous n’avons pas les moyens de le savoir), la « Vérité » reste l’horizon de la physique.

Extrapolations dans le champ moral.

Popper suggère d’exporter certains principes de son épistémologie dans le domaine de la morale (ou de l’éthique si on préfère) :

- Aucun système moral ne peut savoir s’il correspond à l’expression adéquate du Bien (impossibilité de vérifier).

- Un système moral tautologique qui prétendrait imposer sa définition du Bien est par la même « totalitariste ».

- Il existe des systèmes moraux meilleurs que d’autres, plus « vérisimilaires ».

- Il peut exister une incommensurabilité entre divers systèmes moraux, ce qui signifie que l’on peut reconnaître la validité relative d’un principe moral par rapport aux axiomes de son système, sans que pour autant ce même principe ait une quelconque place dans un autre système, fondé sur d’autres axiomes.

- On peut espérer que des systèmes moraux incommensurables puissent néanmoins coexister pour peu que ceux qui se réclament de l’un ou de l’autre admettent la faillibilité possible de leur propre système, sans que cela implique qu’ils y renoncent.

- Un même principe moral peut se trouver dans des systèmes différents, et il est possible qu’ils n’aient pas le même degré de vérisimilarité. Par ailleurs, un même principe peut se rencontrer dans un système « ouvert » comme dans un système tautologique : d’une certaine manière, ce même principe n’est pas vraiment le même et n’a pas la même valeur, relativement à celle du système considéré.

Conclusion : L'induction ne démontre rien, toute démonstration est déductive.

bonjour .je suis d ' accord avec toi . encore une fois , tout est relatif . la logique d ' un raisonnement s 'appuit sur des critéres qui sont propres à une intuition particuliére , mais rester sans un fond de certitude intrinsecte .la certitude d ' un raisonnement reste relatif à l ' auteur de sont émission .bonne soirée .

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Invité Gallium
Invités, Posté(e)
Invité Gallium
Invité Gallium Invités 0 message
Posté(e)

Intéressant (je ne sais pas trop quoi dire, donc bon).

Par contre, j'aurais du coup aimé connaitre un détail : pourquoi le marxisme, la psychanalyse et l'astrologie sont tautologiques?

Il faut d'abord distinguer une tautologie formelle, qui n'est autre qu'une loi logique et les énoncés ou théories tautologiques dans le sens que Popper donne au terme.

Un énoncé tautologique est un énoncé irréfutable, non en raison de son adéquation à la réalité, mais parce qu'il se soustrait à tout tentative de réfitation empirique.

De façon très simplifiée:

L'astrologie est irréfutable parce que quelle que soit l'objection, l'astrologue aura une réponse: la prédiction ne s'est pas réalisée ? c'est à cause de l'ascendant !

Idem pour le marxisme: in fine, le marxiste répondra à son interlocuteur qu'il a toujours une pensée capitaliste, simplement parce qu'il n'a pas encore découvert les contradictions internes de ce système: en gros, il n'est pas assez mature ; OU BIEN : l'opposant est tenu pour un égoiste qui trouve son avantage dans le capitalisme (au détriment des autres) et ne veux pas lacher le morceau.

Le concept d'inconscient a été défendu par Freud d'une façon inacceptable: si vous ne croyez pas à l'inconscient, c'est à cause de votre résistance, or celle ci est inconsciente... donc votre refus de l'inconscient prouve l'existence de celui ci.

Popper à énoncé une critique différente pour Adler, mais en gros elle revient à ceci: Adler est "capable" de donner une interprétation soi disant psychanalytique de n'importe quelle situation, sans même avoir vu a personne... je pourrai y revenir si tu le souhaites.

Dans le cas de la psychanalyse, Popper s'est un peu ravisé en constatant que celle ci évoluait en fonction de la pratique; or une discipline tautologique ne peut pas évoluer.

En fait , le concept d'inconscient a le statut d'un axiome et le caractère tautologique de la discipline va dépendre de l'individu qui la soutient.

Contrairement à Adler, Lacan ou Freud remettaient systématiquement leur savoir devant la sanction des faits.

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Membre, Anarchiste épistémologique, 50ans Posté(e)
kyrilluk Membre 7 691 messages
50ans‚ Anarchiste épistémologique,
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Le probleme de l'abduction, c'est que plusieurs causes peuvent produirent les memes consequences. C'est d'ailleur pour cela que l'experimentation est vitale si l'on desire produire non pas des preuves (le regime de preuve, comme semble le montrer ton post, est a reserver aux mathematiques ou autre "sciences" s'appuyant sur la deduction) mais des elements de preuves qui sont en accord avec la theorie.

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Membre, Anarchiste épistémologique, 50ans Posté(e)
kyrilluk Membre 7 691 messages
50ans‚ Anarchiste épistémologique,
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Intéressant (je ne sais pas trop quoi dire, donc bon).

Par contre, j'aurais du coup aimé connaitre un détail : pourquoi le marxisme, la psychanalyse et l'astrologie sont tautologiques?

Il faut d'abord distinguer une tautologie formelle, qui n'est autre qu'une loi logique et les énoncés ou théories tautologiques dans le sens que Popper donne au terme.

Un énoncé tautologique est un énoncé irréfutable, non en raison de son adéquation à la réalité, mais parce qu'il se soustrait à tout tentative de réfitation empirique.

C'est a dire qu'il nest pas possible de creer une experience refutant une theorie. Cela inclurait donc, dans le desordre:

- les theories faisant des predictions dans le lointain future: l'idee que le climat va faire monter le niveau de la mer dans un ou deux siecle (ont sera mort d'ici la)

- les theories faisant appel a un evenement s'etant produit dans le lointain passe: l'idee que toutes les especes ont evoluee a partir d'un ancetre commun/dieu a creer toutes les especes separement/ le big-bang/ l'inflation cosmologique/ etc.. : il est impossible de remonter dans le temps.

- les theories faisant appel a une verification experimental impossible :

- theorie selon laquel il existerait des dimensions trop petites pour etre mesuree

- theorie selon laquel il existerait de multiples Univers, etc..

- la psychanalyse, theorie du genre, etc..

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Membre, Tu n'auras d'autre batracien devant ma face, 108ans Posté(e)
Grenouille Verte Membre 32 822 messages
108ans‚ Tu n'auras d'autre batracien devant ma face,
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1) Toute procédure par laquelle on prétend inférer une proposition universelle affirmative à partir d'énoncés particuliers affirmatifs: cette démarche est irrecevable logiquement (cf: Hume, Kant, Einstein, Popper, Duhem).

Cette démarche est utilisée en science.

En biologie, les animaux sont décrits à partir de l'observation particulières de quelques uns. C'est encore plus vrai en biologie comportementale, où le comportement d'une espèce est extrapolé à partir de l'observation de certains individus.

Cette démarche est aussi utilisée en physique. Tous les "principes" de la physique ont été obtenus par une démarche utilisant l'induction. On a observé en pratique que ce principe était vrai (ou du moins vrai dans tous les cas observés), et on le postule comme universellement vrai. A partir de ces postulat, on peut, par un raisonnement déductif, prouver telle ou telle chose.

Conclusion : L'induction ne démontre rien, toute démonstration est déductive.

Pourtant, les faits sont là : les sciences ont prouvé de très nombreuses choses en utilisant l'induction. Ton ordinateur par exemple, n'a pu être conçu que parce que la physique utilise l'induction.

Il faut voir qu'avec uniquement la déduction, et sans l'induction, on ne peut absolument rien montrer sur le réel. Il n'est pas possible de déduire quoi que ce soit sur la réalité à partir de principe abstraits. Il faut toujours, à un moment ou un autre, un "principe", un "axiome" qui serve de base au raisonnement. Et ces principes ne peuvent être découverts que par induction.

Comment aurait-on pu faire de la thermodynamique sans jamais utiliser l'induction ? :gurp:

En plus, honnêtetement, ne t'arrive-t-il jamais de faire un raisonnement par induction ?

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Invités, Posté(e)
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1) Toute procédure par laquelle on prétend inférer une proposition universelle affirmative à partir d'énoncés particuliers affirmatifs: cette démarche est irrecevable logiquement (cf: Hume, Kant, Einstein, Popper, Duhem).

Cette démarche est utilisée en science.

En biologie, les animaux sont décrits à partir de l'observation particulières de quelques uns. C'est encore plus vrai en biologie comportementale, où le comportement d'une espèce est extrapolé à partir de l'observation de certains individus.

Cette démarche est aussi utilisée en physique. Tous les "principes" de la physique ont été obtenus par une démarche utilisant l'induction. On a observé en pratique que ce principe était vrai (ou du moins vrai dans tous les cas observés), et on le postule comme universellement vrai. A partir de ces postulat, on peut, par un raisonnement déductif, prouver telle ou telle chose.

Conclusion : L'induction ne démontre rien, toute démonstration est déductive.

Pourtant, les faits sont là : les sciences ont prouvé de très nombreuses choses en utilisant l'induction. Ton ordinateur par exemple, n'a pu être conçu que parce que la physique utilise l'induction.

Il faut voir qu'avec uniquement la déduction, et sans l'induction, on ne peut absolument rien montrer sur le réel. Il n'est pas possible de déduire quoi que ce soit sur la réalité à partir de principe abstraits. Il faut toujours, à un moment ou un autre, un "principe", un "axiome" qui serve de base au raisonnement. Et ces principes ne peuvent être découverts que par induction.

Comment aurait-on pu faire de la thermodynamique sans jamais utiliser l'induction ? :gurp:

En plus, honnêtetement, ne t'arrive-t-il jamais de faire un raisonnement par induction ?

Je n'aborde aujourd'hui que la physique. Si tu veux nous reviendront ultérieurement sur la biologie

Aucun principe physique ne peut être découvert par induction si l'induction est l'universalisation d'une propriété observée dans divers cas particulier.

Je te présente les arguments:

1) D'un point de vue logique, il est absolument illégitime d'universaliser un énoncé d'observation: il n'y a jamais équivalence entre une série (nécessairement finie) d'énoncés existentiels et un énoncé universel.

Je peux voir mille cygnes blancs, je ne peux en inférer qu'ils le sont tous. En revanche, un seul cygne noir permet de falsifier l'hypothèse.

Hume (qui restait inductiviste) en concluait que les énoncés induits n'étaient que probables.

Kant en concluait qu'ils n'avaient aucune valeur de vérité. Popper, Einstein et Duhem disent la même chose.

2) Un principe fondamental comme le principe d'inertie, ne peut en aucun cas découler de l'observation: il n'EST PAS POSSIBLE d'observer un corps se déplaçant à l'infini dans le vide.

L'atome de Bohr n'a jamais été observé: ce n'est qu'une représentation qui coïncide avec les formules.

Tu sais notamment que la physique quantique est contrainte d'admettre la dualité onde corpuscule: mais il n'existe aucune observation DIRECTE de la nature de la lumière. L'onde et le photon ne sont que des interprétations de formules.

Aujourd'hui nous recherchons le boson de Higgs: il n'a jamais été observé, mais c'est imposé dans les calculs.

Pour l'informatique : tout le codage repose sur le langage binaire ainsi que les lois logiques. L'ordinateur a pu être programmé parce qu'on a découvert les indécidables en mathématique (cf. Jean Paul Delahaye): aucune induction là dedans.

Consulte "les machines de Turing": tu verras que l'induction n'a aucun rôle là dedans.

Ce que je te propose, c'est que tu me donnes un contre exemple plus précis en physique ou en informatique. Je te montrerai que ce ne peux être le fruit de l'induction (au sens donné ci dessus). Repense à la "pomme de Newton": crois tu qu'il suffise que l'on observe une pomme tomber (ou même mille) pour en induire les lois de la gravitation ?

De quelle forme sont ces lois ? (réponse: c'est une formule mathématique)

Est-ce que je vois la force gravitationnelle ou seulement ses effets ? (réponse seulement ses effets). Comment pourrais je décrire quelque chose d'inobservable ?

Les formules mathématiques ne font que représenter une hypothétique loi, en elle même invisible.

On ne peut vérifier cette loi: cela impliquerait que l'on compare une loi de la pensée écrite en langage mathématique avec une loi du réel qui n'est pas visible et ne peux qu'être supposée !

Tu te heurtes, chère Grenouille Verte, à un obstacle épistémologique (que je sais, par expérience, être difficile à rompre) lié à une croyance personnelle qui fait barrage. Le seul moyen que j'entrevois est de te "casser les dents" : essaye donc de me trouver ce fameux exemple d'une loi trouvée par induction..

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Membre, Tu n'auras d'autre batracien devant ma face, 108ans Posté(e)
Grenouille Verte Membre 32 822 messages
108ans‚ Tu n'auras d'autre batracien devant ma face,
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2) Un principe fondamental comme le principe d'inertie, ne peut en aucun cas découler de l'observation

De quoi découle-t-il alors ?

Il n'a pas été "magiquement" découvert. :sleep:

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2) Un principe fondamental comme le principe d'inertie, ne peut en aucun cas découler de l'observation

De quoi découle-t-il alors ?

Il n'a pas été "magiquement" découvert. :sleep:

Là est toute l'ambiguité: il ne découle pas de l'induction telle que nous l'avons définie (universalisation d'un énoncé existentiel) mais d'une démarche qui, vue de l'extérieur, ressembleà s'y méprendre à de l'induction, mais qui est très différente d'un point de vue logique.

Je te propose ici la réponse qui est celle de Einstein, Popper et Duhem (les trois disent sensiblement la même chose sur ce point): c'est l'imagination du chercheur qui est à l'origine de l'invention de ce principe.

Ces trois auteurs prolongent et corrigent la réfutation que Kant propose de Hume: tu connais sans doute cette phrase de la CRP qui dit que nous ne retrouvons dans nos concepts que ce que nous y avons d'abord déjà mis.

Einstein et Infeld :"les concepts physiques sont ces créations libres de l'esprit humain et ne sont pas, comme on pourrait le croire, uniquement déterminés par le monde extérieur".

Le physicien va donc imaginer quel principe peut rendre compte de ses observations.

Et c'est dans un deuxième temps qu'il va le mettre à l'épreuve.

Deux possibilités: l'expérience "conforte" son modèle. Popper propose d'utiliser le terme "corroborer", parce que la théorie elle même ne peut être vérifiée (une théorie fausse peut donner lieu à de bonnes prédictions et à un certain accord avec l'expérience)

Si, en revanche, l'expérience ne coincide pas avec la prédiction, alors c'est que la théorie est fausse.

La source des théories est donc ce que Peirce appelle "ABDUCTION" et qu'on a longtemps confondu avec l'induction (je ne connais pas un seul manuel de philo qui ne soit truffé d'erreurs sur ces points: c'est absolument lamentable!!! je peux t'assurer que ce sont parfois les élèves eux mêmes qui découvrent les erreurs commises par les compilateurs... Tu pourras lire par exemple que Popper était membre du cercle de Vienne... ou encore que selon lui une théorie doit être falsifiable pour être "vraie" (sic) et j'en passe...)

On peut dire qu'il s'agit d'une démarche hypothético déductive.

(Une dernière remarque: s'il suffisait de voir tomber les pommes pour découvrir les lois de la gravitation, je crois que les vaches normandes les auraient découvertes de puis longtemps... (tu remplaces "vaches" par homme préhistorique...)).

Pour finir : cette imagination se déploie dans le langage mathématique... c'est ce qui lui permet de s'affranchir du cadre des trois dimensions habituelles.

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Membre, Anarchiste épistémologique, 50ans Posté(e)
kyrilluk Membre 7 691 messages
50ans‚ Anarchiste épistémologique,
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Aucun principe physique ne peut être découvert par induction si l'induction est l'universalisation d'une propriété observée dans divers cas particulier.

(...) essaye donc de me trouver ce fameux exemple d'une loi trouvée par induction..

J'avoue avoir du mal a comprendre. blush.gif

Il me vient a l'idee de nombreux cas ou l'induction a ete un facteur important pour la decouverte d'une nouvelle loi:

- Les lois mathematiques decouvertes par Kepler: il a induit, a partir des tables ultra-precise des positions des etoiles receuilli par Tycho machin-bidule (desole j'ai oublie son nom), les 3 lois mathematiques qui gouverne le mouvement des planetes.

Il est tout a fait exacte que cette methode est limite: apres tout, si cette loi s'applique a notre systeme solaire, rien ne prouve que cela s'applique ailleurs (et d'ailleurs ces lois ne s'appliquent pas aux systemes possedants par exemple 2 soleils).

- les lois thermodynamiques sont aussi le fruit de l'induction. Le faite que la chaleur se transmet d'un objet chaud a un objet froids et jamais d'un objet froids a un objet chaud a aussi decouvert par l'induction et il s'agit d'un phenomene, pour autant que l'on sache, universelle.

Il me semble que toute la physique repose sur des idees qui sont universalisees (c'est a dire que l'on a prouve grace a des experiences sur le plan local mais dont on estime qu'elles s'appliquent de maniere globale). Par exemple la vitesse de la lumiere est consideree, par la majorite des scientifiques comme constante. Et pourtant, il n'existe pas de preuve que cette vitesse est la meme partout dans l'Univers.

Maintenant, il est vrai que l'induction, tout comme la deduction, l'abduction, etc.. sont des creation de l'esprit. C'est a dire que nous avons besoin de notre cerveau pour pouvoir concevoir ces theories. Je pense que la "dispute" entre ceux qui pronnent l'induction ou la deduction ou encore d'autres methode a ete regle lorsque Feyerabend a analyser les differentes maniere dont l'humanite a acquis ses connaissances scientifiques et les differentes philosophies lie a la science (dont Popper) et en a conclus qu'en realite, toutes les methodes sont bonnes.

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Invité Gallium
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Invité Gallium Invités 0 message
Posté(e)
Il me vient a l’idée de nombreux cas ou l'induction a été un facteur important pour la découverte d'une nouvelle loi:

- Les lois mathématiques découvertes par Kepler: il a induit, a partir des tables ultra-précises des positions des étoiles recueillies par Tycho machin-bidule (désolé j'ai oublié son nom), les 3 lois mathématiques qui gouverne le mouvement des planètes.

Il est tout a fait exact que cette méthode est limite: après tout, si cette loi s'applique a notre système solaire, rien ne prouve que cela s'applique ailleurs (et d'ailleurs ces lois ne s'appliquent pas aux systèmes possédant par exemple 2 soleils).

- les lois thermodynamiques sont aussi le fruit de l'induction. Le fait que la chaleur se transmet d'un objet chaud a un objet froid et jamais d'un objet froid a un objet chaud a aussi découvert par l'induction et il s'agit d'un phénomène, pour autant que l'on sache, universel.

C'est Tycho Brahé le nom que tu cherches (il existe un bon roman sur lui de Jean Pierre Luminet, qui est par ailleurs chercheur au CNRS et qui est un type très sympathique: je lui ai déjà écrit et...il m'a répondu !!! -c'était au sujet de la position de Stephen Hawking sur la théorie du Tout)

La démarche de Tycho Brahé peut éventuellement être qualifiée d'inductive : ce dernier s'est contenté de relever les positions relatives des planètes et des étoiles. Son apport en astronomie théorique est nul (il a conçu un modèle hélio-géocentrique complètement aberrant)

Tu soulignes toi même, au sujet des lois de Kepler et des lois de la thermodynamique qu'elles sont mathématiques.

Ces lois mathématiques représentent les lois de la nature, lesquelles sont invisibles.

Le physicien a donc effectivement observé les phénomènes physiques, dont il a supposé qu'ils obéissaient à des lois: mais ces lois elles -mêmes ne dérivent pas de l'observation (puisqu'elles sont inobservables): le physicien imagine un modèle mathématique, qu'il ne peut comparer aux lois naturelles (comment comparer des formules mathématiques à une supposée réalité invisible ?).

Il va donc comparer les conséquences logiques de ses formules, aux effets des lois naturelles supposées. S'il y a désaccord, alors sa théorie est fausse. Si il y a accord, alors la théorie est "vérisimilaire" (mais pas "vraie"; je peux revenir sur ce point par la suite si tu le souhaites).

Il me semble que toute la physique repose sur des idees qui sont universalisées (c'est a dire que l'on a prouvées grâce a des expériences sur le plan local mais dont on estime qu'elles s'appliquent de manière globale). Par exemple la vitesse de la lumière est considérée, par la majorité des scientifiques comme constante. Et pourtant, il n'existe pas de preuve que cette vitesse soit la même partout dans l'Univers.

Une théorie n'est JAMAIS prouvée par expérience. Je te le démontre:

Soit T une théorie physique et c une conjecture déduite de la théorie.

Je peux écrire : T implique c.

Si j'effectue l'expérience et que celle ci est cnforme à ma conjecture , alors je peux écrire:

((T implique c) et c)

Si tu connais les règles du syllogisme hypothétique stoïcien, tu sais qu'on ne peux rien conclure sur la valeur de T.

En revanche, si la conjecture n'est pas réalisée, j'écris:

((T implique c) et non c) alors non T

Ce qui n'est rien d'autre qu'un modus tollens.

Voilà pourquoi le falsificationnisme s'est imposé contre le vérificationnisme.

La vitesse de la lumière a pu être obtenue par induction (= observation).

Il faut donc, en physique, distinguer :

1) les énoncés d'observation - qui sont effectivement obtenus par induction

2) la théorie physique elle même, dont l'objectif est de dévoiler un système mathématisé dont les énoncés d'observation seront déductibles.

Mais la théorie n'est jamais issue d'une généralisation des énoncés d'observation.

Par exemple, l'idée que la vitesse de la lumière ne peut être dépassée n'est qu'une conséquence logique de la formule E= MC2. Cette formule, à son tour, c'est imposée en raison des exigences de simplicité logique et de cohérence interne de la théorie : elle ne peut avoir été obtenue par induction, puisque l'expérience était, à l'époque, absolument irréalisable (les accélérateurs de particules sont nés après cette formule).

Tu sais sans doute que la courbure de l'espace-temps ne peux absolument pas être induite non plus ! (l'idée découle d'une hypothèse sur l'équivalence entre accélération et force gravitationnelle)

Maintenant, il est vrai que l'induction, tout comme la déduction, l'abduction, etc.. sont des création de l'esprit. C'est a dire que nous avons besoin de notre cerveau pour pouvoir concevoir ces théories. Je pense que la "dispute" entre ceux qui prônent l'induction ou la déduction ou encore d'autres méthodes a été réglée lorsque Feyerabend a analysé les differentes manières dont l'humanité a acquis ses connaissances scientifiques et les differentes philosophies liées a la science (dont Popper) et en a conclu qu'en réalité, toutes les méthodes sont bonnes

Judicieuse remarque en effet.

Toutes ces démarches sont employées par l'esprit humain et Feyerabend a eu, je trouve, raison de dire qu'il ne fallait pas se donner de limites a priori.

Mais il reste qu'en dehors des énoncés d'observation qu'elle nous livre, l'induction ne nous apprend rien et une théorie physique n'est jamais une "collection " d'énoncés d'observations.

Elle est, fondamentalement, une tentative de représentation des lois invisible de la nature (à condition d'être adepte du "réalisme" ) ou une coordination en langage mathématique d'énoncés universels desquels sont déductibles des conjectures coïncidant avec les phénomènes observables.

Je te livre un autre argument d'Einstein: si la base des sciences physiques étaient l'expérience de la nature, la nature étant supposée "une", il ne saurait exister deux physiques dont les fondements logiques soient incompatibles. Et pourtant: la physique de Newton, la RG et la physique quantique ont des bases mathématiques très différentes, voire incompatibles.

Galilée nous a donné la clé du développement de la science physique: "la nature est un livre ouvert dont il suffit de connaître le langage pour pouvoir la déchiffrer". Ce langage c'est le langage mathématique

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Membre, Tu n'auras d'autre batracien devant ma face, 108ans Posté(e)
Grenouille Verte Membre 32 822 messages
108ans‚ Tu n'auras d'autre batracien devant ma face,
Posté(e)

J'ai la nette impression que tu commences par redéfinir le mot "induction" pour le vider de son sens. Peux-tu citer ne serait-ce qu'un seul exemple d'induction ?

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Invité Gallium
Invités, Posté(e)
Invité Gallium
Invité Gallium Invités 0 message
Posté(e)

J'ai la nette impression que tu commences par redéfinir le mot "induction" pour le vider de son sens. Peux-tu citer ne serait-ce qu'un seul exemple d'induction ?

Enfin !

Effectivement, je discerne dans l'usage primitif du terme induction, au moins DEUX sens profondément différents lorsqu'on se place du point de vue d'une logique de la connaissance.

Tu appelles "induction" le va-et-vient entre l'expérimentation et la réflexion. Par "induction" j'entends: universalisation à partir d'énoncés existentiels.

Exemple: je vois un cygne blanc et j'en tire l'énoncé "il existe un x et cet x est un cygne"... au terme de plusieurs observations je prétend inférer "tous les cygnes sont blancs".

Le va-et-vient entre expérience et théorisation ne devrait pas être appelé "induction", mais plutôt "abduction".

Cette démarche procède

1) par hypothèse émise par l'esprit du chercheur devant un fait qui l'interroge.

2) réfutation de l'hypothèse par les faits ou affinement de celle ci, contrôle dans des conditions différentes, etc.

Au final c'est essentiellement l'esprit du chercheur qui intervient et va chercher une explication au delà du simple phénomène observé (c'est pourquoi il n'y a pas induction au sens que je donne) et va ensuite confronter celle ci aux phénomènes: ce n'est pas un processus de généralisation.

C'est très exactement ainsi qu'a procédé le petit moine Mendel (il ne s'est pas contenté d'observer et de généraliser : il a avant tout conçu une loi mathématique susceptible de représenter les faits observés.

Si pour toi les deux sens te semblent identiques, c'est peut-être parce que tu te places du point de vue d'une psychologie de la connaissance.

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Membre, 59ans Posté(e)
alexandreW Membre 314 messages
Baby Forumeur‚ 59ans‚
Posté(e)

Super travail gallium.

Ca montre que rien est acquis en logique!

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  • 2 semaines après...
Membre, Tu n'auras d'autre batracien devant ma face, 108ans Posté(e)
Grenouille Verte Membre 32 822 messages
108ans‚ Tu n'auras d'autre batracien devant ma face,
Posté(e)

J'ai la nette impression que tu commences par redéfinir le mot "induction" pour le vider de son sens. Peux-tu citer ne serait-ce qu'un seul exemple d'induction ?

Enfin !

Effectivement, je discerne dans l'usage primitif du terme induction, au moins DEUX sens profondément différents lorsqu'on se place du point de vue d'une logique de la connaissance.

Tu appelles "induction" le va-et-vient entre l'expérimentation et la réflexion. Par "induction" j'entends: universalisation à partir d'énoncés existentiels.

Exemple: je vois un cygne blanc et j'en tire l'énoncé "il existe un x et cet x est un cygne"... au terme de plusieurs observations je prétend inférer "tous les cygnes sont blancs".

Le va-et-vient entre expérience et théorisation ne devrait pas être appelé "induction", mais plutôt "abduction".

Cette démarche procède

1) par hypothèse émise par l'esprit du chercheur devant un fait qui l'interroge.

2) réfutation de l'hypothèse par les faits ou affinement de celle ci, contrôle dans des conditions différentes, etc.

Le raisonnement pas abduction, tel que tu le décris, se résume à :

1/ Un raisonnement par induction

2/ La recherche de contre exemple à la propriété générale découverte par induction

3/ une raisonnement par induction tenant compte des contre-exemples trouvés

4/ la recherche de contre-exemple à la nouvelle propriété générale découverte par induction

5/ etc...

Ton raisonnement par abduction est un raisonnement par induction amélioré, mais le principe est le même : généralisation à partir de quelques exemples. Le raisonnement par abduction est plus précis car il cherche de meilleurs exemples à partir desquels généraliser.

Au final c'est essentiellement l'esprit du chercheur qui intervient et va chercher une explication au delà du simple phénomène observé (c'est pourquoi il n'y a pas induction au sens que je donne) et va ensuite confronter celle ci aux phénomènes: ce n'est pas un processus de généralisation.

Je pense que tu conçoit mal le principe de généralisation.

la généralisation c'est :

  • avoir un concept abstrait
  • observer que ce concept abstrait s'applique à tous les exemples connus
  • en déduire que ce concept est universel et probablement vrai à tous les exemples connus

Dans la généralisation, il y a deux éléments très importants : des exemples particuliers, et un concept général inventé par le chercheur.

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