Maurice Quentin de La Tour

"Pour bien connaître l'homme, il faut le surprendre, le piquer comme un papillon, à son insu"

Tout l'art de Quentin de La Tour tient dans cette définition

On n'en est pas encore au portrait psychologique, Quentin a l'ambition de faire une galerie de personnages illustres, ce qui n'exclut pas la recherche de la vérité individuelle d'un visage, avec l'étincelle de vie ou de passion qui l'anime à chaque instant

Maurice Quentin de La Tour naît en 1704 à St Quentin, c'est là qu'il mourra en 1788

Son père, chantre à la Collégiale, voulait faire de ce fils tenant de naissance tous les dons un ingénieur

En 1724, l'occasion d'un Congrès diplomatique tenu à Cambrai, on lui offre de séjourner à Londres, il y restera 2 ans, puis à son retour, s'enferme 2 autres années pour parfaire son dessin

Séduit alors par le succès de la pastelliste vénitienne Rosalba Carriera, il laisse tomber la peinture à l'huile et se voue au pastel

Il est reçu en 1746 à l'Académie, et sa virtuosité de dessinateur lui attire très vite la célébrité

Ses nombreux portraits sont ceux de tout ce qui comptait à l'époque

Ami des philosophes et des savants, il fait de sa maison d'Auteuil le rendez-vous des beaux esprits

Mais bien qu'il soit la coqueluche de la Cour et pensionné par Louis XV, il n'est pas un courtisan

Son impatience d'artiste et son mauvais caractère le font même frôler le lèse-majesté, et il exige que plus les « portraiturés » sont riches, plus ils paient

Avec les sommes considérables qu'il reçoit, il crée des fondations d'intérêt public, des Prix à l'Académie, une donation pour les jeunes femmes en couches de St Quentin, ainsi qu'une école de dessin gratuite

Passionné de sciences occultes, son caractère fantasque tourne peu à peu à la neurasthénie, au point que son frère le ramène à St Quentin, où la population lui fait un triomphe

Il faut ensuite le faire interner, et il sombre dans la folie avant de mourir

Dans son dédain pour les représentations mythologiques, Quentin de La Tour a rendu au visage sa place et sa dignité

Il saisi au vol un regard, un sourire, un reflet, il est un voleur d'âmes

Le modèle, avec lui, a sa vie propre, aussi modeste soit-elle

Perfectionniste au-delà du raisonnable, il revient sans cesse à ses ¿uvres, reprend le détail, corrige le trait, il s'y perd, s'y épuise

Il travaille avec acharnement à faire de cette chose si fragile qu'est le pastel une chose impérissable, jusqu'à la manie, jusqu'à gâter des ¿uvres admirables pour expérimenter des techniques de fixation

Obsession bien inutile, les ¿uvres qui ont échappé à sa fureur de toujours faire mieux sont aussi fraîches et lumineuses qu'au premier jour

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quelques portraits au hasard...

Jeanne-Antoinette Le Normand d'Etiolles, Marquise de Pompadour

portrait préparatoire

la Marquise de Pompadour - 1755

Louis XV - portrait préparatoire

Louis XV - 1748

jeune espagnol au verre de vin

Jean-Jacques Rousseau - 1753

la femme au miroir - vers 1770

Madame Favart - portrait préparatoire - vers 1750

portrait de jeune fille

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les "Nordistes" et tous les amoureux de la délicatesse de l'ancien Régime peuvent se rendre au Musée Antoine Lécuyer de St Quentin, qui possède la plus importante et la plus belle collection de pastels de Quentin de La Tour, donation du peintre à sa ville natale

Je ne connais que ses oeuvres qui étaient exposées au musée d'Amiens - je ne sais pas si elles y sont toujours, ça fait longtemps - mais je pense que mon préféré est le premier autoportrait présenté: le regard est si malicieux !

je ne peux pas te renseigner, Lili, j'ignore quelles oeuvres sont encore à Amiens

je connais le musée de St Quentin, je te le recommande, il y a vraiment une très belle collection

et je suis d'accord avec toi sur le regard malicieux, il l'a toujours, même sur l'autoportrait où il est déjà âgé

ses modèles, quelle que soit leur position sociale, ont toujours le sourire, eux aussi

je me demande...peut-être qu'il leur racontait des blagues, pendant qu'il travaillait