Comme Richard Gasquet, Sébastien Grosjean n'a pas su résoudre l'équation Rafael Nadal. Le Marseillais a néanmoins fait mieux que le Biterrois en prenant un set à l'Espagnol. C'était dimanche, jour des 27 ans du Marseillais avant que la pluie ne vienne faire des claquettes sur le Philippe-Chatrier. A 19h32, l'arbitre avait en effet stoppé les débats, renvoyant les deux combattants à leurs méditations et à un score pas encore rédhibitoire pour le Français (6-3, 3-6, 3-0) après 2h12' d'un réjouissant spectacle. Au retour sur le court lundi en début d'après-midi après une sévère et longue explication entre Henin et Kuznetsova, la bataille sur le Central a repris et s'est terminée en eau de boudin pour le n°1 français, moins percutant et agressif que la veille. Nadal, bien décidé à ne pas se laisser embarquer dans un match compliqué, a tenu l'embarcation, bouclant en 12 minutes le 3e set par trois jeux sans bavure (6-0). Mené deux manches à une, "Seb" , contrarié par un vent capricieux, s'est vainement accroché mais n'a pas pu empêcher l'ogre de Manacor de remporter la dernière manche (6-3) pour filer en quart, le premier de sa jeune histoire dans un tournoi du Grand Chelem. Et ce n'est sans doute pas fini. «J'ai eu des occasions dans la dernière manche que je n'ai pas transformées. Contre l'un des meilleurs joueurs mondiaux, cela ne pardonne généralement pas», a déploré Grosjean. Avec une 21e victoire de rang en poche sur terre battue, "Rafa" a maintenant dans sa ligne de mire son compatriote David Ferrer qu'il retrouvera en quart quelques semaines après l'avoir dominé au Masters Series de Rome.

Gaston Gaudio n'a pas fini de se demander comment il n'a pas réussi à achever sa proie alors qu'il menait 4 jeux à 0 dans la dernière manche. L'immense mérite en revient exclusivement à David Ferrer, 23 ans, qui est revenu du diable vauvert alors qu'on le croyait fini. N'écoutant que son courage, l'Espagnol d'Alicante, infatigable défenseur, a retrouvé toute sa superbe pour terrasser le tenant du titre argentin qui ne peut que s'en vouloir (2-6, 6-4, 7-6 [5], 5-7, 6-4). Mais ce verdict, aussi surprenant soit t-il, est tout de même mérité pour un Gaudio trop nerveux qui a trop souvent pêché par irrégularité dans ce match marathon (4h05'). La déception est immense pour "El Gato" , vainqueur de trois tournois sur terre battue cette saison (Vina Del Mar, Buenos Aires et Estoril) mais qui avait été battu à Rome par...David Ferrer. Un avertissement qui n'a pas servi à Gaudio, écarté au stade des huitièmes de finale comme son adversaire de la finale 2004. Guillermo Coria a en effet également mordu la poussière, réduisant le contingent argentin à trois unités (Canas, Puerta et Acasuso) et bientôt deux puisque les deux derniers se sont affrontés dans un duel fratricide (voir plus bas). "El Mago" est tombé sur un Nikolay Davydenko aux dents longues qu'il avait battu au premier tour l'an passé. Agé de 24 ans, le Russe, tête de série n°12, avait perdu ses deux seuls matches disputés contre Coria et n'a pas manqué cette fois-ci de prendre sa revanche (2-6, 6-3, 7-6 [1], 6-2) à l'issue d'une belle empoignade. Récent vainqueur à Sankt-Polten, Davydenko, qui n'avait jamais dépassé le 2e tour Porte d'Auteuil, atteint pour la seconde fois les quarts de finale d'un Grand Chelem après l'Open d'Australie.

A 26 ans, Mariano Puerta signe, lui, son grand retour cette saison sur le circuit après une absence d'un an et demi pour dopage et blessure au poignet. Le natif de Cordoba a aligné trois faciles succès face à Ljubicic, Vliegen et Wawrinka avant d'expédier son compatriote Jose Acasuso en 1h47' (6-4, 6-4, 6-1). Ce grand spécialiste de la brique pilée, gros lifteur devant l'éternel, disputera son premier quart de finale dans un tournoi majeur. Ce sera contre Guillermo Canas, ce qui veut dire qu'il y aura forcément un "gaucho" dans le dernier carré.

L'Allemand Nicolas Kiefer, malade et blessé, s'est retiré du tournoi avant son huitième de finale contre l'Argentin Guillermo Canas lundi. «J'ai un nerf coincé provoquant une douleur qui irradie tout mon côté droit, qui descend de la nuque au bras. Je traîne ce problème depuis dix jours. Et j'ai pris tellement d'antalgiques que ça m'a retourné l'estomac. Dimanche, je suis resté très longtemps aux soins, j'ai tout essayé, mais j'ai extrêmement mal dormi. J'ai eu des nausées et cela fait deux jours que j'ai du mal à m'hydrater et m'alimenter. Je suis très déçu car je retrouvais un très bon niveau, je jouais un très bon tennis sur terre. J'avais ma chance, tout était en place, je pouvais battre Canas, c'est vraiment dommage», a expliqué la tête de série n°28. Kiefer devait jouer lundi après-midi contre Canas (N°9), qui est donc qualifié pour les quarts de finale. Il y rencontrera un compatriote, Jose Acasuso ou Mariano Puerta, ce qui assure à l'Argentine une place de demi-finaliste.