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Le peuple de Naphtaline - Totem de la Chauve-souris


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Le peuple de la « Main ailée » - Totem de la Chauve-souris

Il fait nuit. Le village est silencieux. La lune est en partie voilée par les nuages et le feuillage sombre des arbres ne laisse filtrer qu'un faible halo de lumière. La plupart des hommes sont endormis, blottis contre les enfants sur des tapis de jonc, recroquevillés sous des peaux d'Omingmak, cet étrange animal dont le pelage couleur de feu rappelle la barbe des mâles de la tribu.

Les femmes sont éveillées, elles sont les sentinelles qui chaque nuit surveillent et alimentent les différents foyers allumés tout autour du camps afin de tenir les créatures éloignées. Attentives au moindre bruit, elles épient les airs¿mais les Maîtresses de la nuit sont toujours absentes¿

Pourtant, tous savent qu'elles reviendront car elles les ont choisis. C'était il y a longtemps, bien avant que les eaux de la rivière n'envahissent les terres et emportent les hommes dans leur gueules tourbillonnantes, bien avant que les esprits de la terre ne fassent trembler le sol, dévastant les habitations et décimant les familles, bien avant que les Dieux ne leur pardonnent leurs insuffisances et leur envoient leur émissaire. Snenah Crinière-d'argent reçut son baiser. On raconte que ses crocs pénétrèrent sa chair, que la bête lentement s'insinua jusqu'à son âme et l'emporta . Ses yeux se voilèrent, leurs deux corps s'envolèrent¿elle survolèrent les rives boisées, les marais embrumés, survolèrent les grandes plaines battues par les vents, les montagnes enneigées¿quand elle revint, Snenah Crinière-d'argent dessina sur le corps des femmes son voyage. Pour ne rien oublier. Depuis les femmes reproduisent les dessins, les complétant à chaque voyage d'une nouvelle Chamane.

Les créatures ailées seraient désormais leur guide, elles dirigeraient leur pas à travers l'obscurité, rythmeraient leur vie et leurs déplacements.

Les Maîtresses de la nuit se sont réfugiées dans les grottes. Nul ne doit les déranger. Patiemment, ils attendent leur retour.

Car bientôt les perles de givre qui recouvrent leur corps disparaîtront, bientôt elles renaîtront, elles déploieront leurs longues mains et le grand nuage noir sortira du sol pour envahir les ténèbres et leur insuffler à nouveau la vie..

Alors la Griffe de Froid sera chassée par l'Etoile du jour qui deviendra plus forte, plus grosse, plus haute sur la Terre d'en haut, sa lumière sera plus chaude et la Griffe de Froid laissera sa place à l'Herbe-verte...

Ils démonteront leurs nids, grandes huttes circulaires faites de bois vivants, de bois flottés, de peaux tendues, de limon que l'on tasse sur le sol, que l'on recouvre ensuite de feuillages, comme le font les oiseaux. Mais ils n'emporteront que les structures de base, le reste la nature le leur offrira. Ils rangeront leurs outils et ils reprendront la route après avoir tracé leur marque à l'ocre rouge sur le tronc des arbres qui entouraient leur campement.

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Il fait chaud. L'étoile du jour est déjà haute dans le ciel et, aucun arbre, aucun obstacle ne s'oppose à la morsure de ses rayons qui brûlent les peaux peu habituées. La chaleur dessèche les bouches et rend la marche encore plus éprouvante. Le sol est caillouteux, les quelques rafales de vent qui se font sentir soulèvent le sable et leur fouettent le visage comme pour leur signifier qu'ils ne sont pas les bienvenus sur ces terres.

Pourtant, ils continuent d'avancer. Les femmes portent les enfants encore trop jeunes pour marcher, attachés sur leur dos avec des lanières de cuir, afin de rester libres de leurs mouvements, prêtes à réagir en cas d'attaques. Elles sont armées de propulseurs, et resteront à distance tant que ça leur sera possible. Les hommes les encadrent. En tête, les pisteurs et les lanciers, ainsi que les chamanes qui lisent les signes invisibles à l'¿il, en queue les chasseurs, plus massifs et donc plus puissants. Ce sont eux qui tractent le plus gros de l'équipement sur des sortes de traîneaux faits à partir de peaux tendues ficelées sur des patins de bois, taillés de sorte qu'ils soient recourbés à leurs extrémités, ce qui leur permet de glisser aussi bien sur la neige que l'herbe ou la terre.

Autour d'eux s'élèvent d'immenses pics rocheux, recouverts de neige pour les plus hauts. Des murmures mi-impressionnés mi-craintifs rompent le silence de la marche au fur et à mesure que se dessinent plus précisément les silhouettes montagneuses. Cela fait maintenant plusieurs jours qu'ils marchent au milieu de cette Terre sans fin qui ne leur a encore rien offert. La tension commence à enfler au sein du clan, certains chuchotent qu'ils sont partis trop tôt, d'autres qu'ils n'auraient tout simplement pas dû quitter la forêt. Car ici il n'y a rien, ou pratiquement rien.

De temps en temps on entend résonner les plaintes stridentes de grands oiseaux, qui semblent les narguer en les survolant mais en prenant bien soin de toujours rester hors de portées des projectiles. Et ne leur laissant donc rien à chasser. Il y a bien quelques arbustes épineux, parfois pourvus de gros fruits sucrés qui les rafraîchissent un peu, mais ils sont bien trop peu nombreux, et puis il y a ceux qu'ils ont nommés « Ombre mortelle » porteurs de fruits qui font trembler le corps avant de l'immobiliser pour toujours. On rencontre aussi quelques maigres touffes d'herbes où rien ne semble vouloir pousser, et parfois encore, avec un peu de chance, quelques serpents ou même des chenilles qu'ils font griller en « brochettes » sur des tiges, mais jamais vraiment de quoi les nourrir ni encore moins approvisionner leurs réserves qui s'épuisent dangereusement. Avant de partir ils ont, comme toujours dans ces cas là, fait plusieurs grandes chasses, conservant une partie du butin pour leur voyage. Ils ont fumé la viande, fait sécher le poisson et quelques fruits afin de les conserver plus longtemps. Mais, il ne leur restera bientôt plus rien.

Shinasen est assise un peu à l'écart du groupe, le visage fermé, elle semble perdue dans ses pensées. Elle a fait dresser le campement entre deux gros rochers prés d'une rivière boueuse. La première rencontrée depuis longtemps. Char la rejoint et s'installe prés d'elle. Silencieux, il est occupé à tresser des lianes entre elles, l'ouvrage est déjà d'une taille assez imposante. Shinasen l'observe, intriguée. Le jeune homme sent son regard, rougi et lui explique. Il a remarqué que les Maîtresses de la nuit capturent leurs proies en les enfermant dans leurs grandes mains ailées pour les rabattre ensuite jusqu'à leurs bouches. Il essaye donc de fabriquer une grande main ailée et compte l'essayer lors de son prochain rituel d'initiation. Shinasen sourit, ce garçon lui plait. Elle scrute le ciel, se demande si elle a bien fait de les conduire jusqu'ici, peut être s'est-elle trompée, peut-être n'a t-elle pas bien su interpréter les signes. Non, elle ne doit pas douter d'elle, elle chasse alors ces sombres pensées et répond aussi gaiement que possible « J'ai hâte de voir ça Char ! ».

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