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Docteurdance

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Membre, nyctalope, 39ans Posté(e)
Criterium Membre 2 852 messages
39ans‚ nyctalope,
Posté(e)

Lentement la couleur pâlit

te plongeant dans la cécité

mangeant tout ce palais floral

La danse des ombres d'effroi

coule à pas ondulant d'oubli

leur célèbre langueur sans art

Passif lot des doux sanglots d'or

Littéral froid blizzard dormant.

¿ Gilles Esposito-Farèse, en hommage à J.L. Borges.

L'on peut le lire horizontalement ; mais aussi verticalement, syllabe par syllabe. Un tour de force impressionnant.

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Membre, Posté(e)
sadsky Membre 1 139 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

La paix par mon bien-aimé

P
ar une nuit profonde,

Etant pleine d'angoisse et enflammée d'amour,

Oh ! l'heureux sort !

Je suis sortie sans être vue

Tandis que ma demeure était déjà en paix.
J
'étais dans les ténèbres et en sûreté,

Quand je sortis déguisée par l'escalier secret,

Oh ! l'heureux sort !

J'était dans les ténèbres et en cachette,

Tandis que ma demeure était en paix.

D
ans cette heureuse nuit

Je me tenais dans le secret ; nul ne me voyait.

Et je n'apercevais rien

Pour me guider que la lumière

Qui brûlait dans mon coeur.

E
lle me guidait plus sûrement

Que la lumière du midi

Au but où m'attendait

Celui que j'aimais

Là où nul autre ne le voyait.

O
nuit qui m'avait guidée !

O nuit plus aimable que l'aurore !

O nuit qui avez uni

L'Aimé avec sa Bien-Aimée

Qui a été transformée en Lui !

S
ur mon sein orné de fleurs

Que je gardais tout entier pour lui seul,

Il resta endormi

Et moi je le caressais,

D'un éventail de cèdre je le rafraîchissais.

Q
uand le souffle provenant du fort

Soulevait déjà sa chevelure

De sa douce main

Posée sur mon cou il me blessait

Et tous mes sens furent suspendus.

J
e restai là et m'oubliai

Le visage penché sur le Bien-Aimé.

Tout cessa pour moi, et je m'abandonnai à lui

Je lui confiai tous mes soucis

Et m'oubliai au milieu des lis.

Saint Jean de la Croix

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  • 2 semaines après...
Membre, 64ans Posté(e)
pascale60 Membre 388 messages
Baby Forumeur‚ 64ans‚
Posté(e)

L'Esclave

Tel, nu, sordide, affreux, nourri des plus vils mets,

Esclave - vois, mon corps en a gardé les signes -

Je suis né libre au fond du golfe aux belles lignes

Où l'Hybla plein de miel mire ses bleus sommets.

J'ai quitté l'île heureuse, hélas !¿ Ah ! si jamais

Vers Syracuse et les abeilles et les vignes

Tu retournes, suivant le vol vernal des cygnes,

Cher hôte, informe-toi de celle que j'aimais.

Reverrai-je ses yeux de sombre violette,

Si purs, sourire au ciel natal qui s'y reflète

Sous l'arc victorieux que tend un sourcil noir ?

Sois pitoyable ! Pars, va, cherche Cléariste

Et dis-lui que je vis encor pour la revoir.

Tu la reconnaîtras, car elle est toujours triste.

José-Maria de Heredia

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Membre, Posté(e)
sadsky Membre 1 139 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Marche Méditative

Prends ma main. Nous marcherons. Nous ne ferons que marcher. Nous prendrons plaisir à notre marche Sans penser arriver nulle part. Marche en paix. Marche dans le bonheur. Noter marche est une marche de paix. Notre marche est une marche de bonheur.

Ensuite nous apprenons Qu'il n'y a pas de marche de paix, Que la paix est la marche ; Qu'il n'y a pas de marche de bonheur, Que le bonheur est la marche. Nous marchons pour nous même. Nous marchons pour chacun Toujours main dans la main.

Marchons et touchons la paix à chaque instant. Marchons et touchons le bonheur à chaque instant. Chaque pas apporte une brise fraîche. A chaque pas une fleur s'épanouit sous nos pieds. Embrassons la Terre avec nos pieds. Imprimons notre bonheur et notre amour sur la Terre.

Quand nous nous sentirons suffisamment en sécurité, La Terre sera sauvée.

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Invité nicolette94
Invités, Posté(e)
Invité nicolette94
Invité nicolette94 Invités 0 message
Posté(e)

LA CONFIANCE C'EST MARCHER LES YEUX FERMES

ET NE PAS AVOIR PEUR DE CELUI

QUI VOUS TIENT LA MAIN

LA CONFIANCE C'EST TOUT PARTAGER

SANS CRAINTE D'ETRE TRAHIE

C'EST CROIRE SANS EXPLICATIONS¿

ET SUIVRE SANS HESITATION

LA CONFIANCE, C'EST AIMER LE COEUR OUVERT

LES YEUX FERMES

C'EST LA LUMIERE DANS L'OBSCURITE

MAIS

QUAND LA CONFIANCE S'EN VA¿.

LA LUMIERE S'EST ETEINTE¿ON RESTE DANS LA NUIT

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Invité Lucy Van Pelt
Invités, Posté(e)
Invité Lucy Van Pelt
Invité Lucy Van Pelt Invités 0 message
Posté(e)

J'entrais dans la forêt

des horloges.

Frondaisons de tic-tac,

grappes de clochettes

et, sous l'heure multiple,

constellations de pendules.

Les iris noirs

des heures mortes,

les iris noirs

des heures enfantes.

Tout est pareil!

Et l'or de l'amour ?

Il n'y sonne qu'une heure.

Une heure seulement!

L'heure froide!

Federico Garcia Lorca

Modifié par Lucy Van Pelt
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Membre, Forumeur pas sympa, 107ans Posté(e)
Nathaniel Membre 7 150 messages
107ans‚ Forumeur pas sympa,
Posté(e)

En général, je ne suis pas accro à la poésie, seuls "le dormeur du val" et "heureux qui comme Ulysse" trouvent grâce à mes yeux.

Par contre, j'ai toujours trouvé magnifiques les texte de Tolkien.

En voilà un en Quenya (la langue des Hauts Elfes)

Namárië

Ai! Laurië lantar lassi súrinnen

Yéni únotimë ve ramar aldaron !

Yéni ve lintë yuldar avánier

mi oromardi lissë-miruvóreva

Andúnë pella, Vardo tellumar

nu luini yassen tintalar i eleni

ômaryo airetari-lirinen.

Si man i yulma nin enquantuva ?

An si Tintallë Varda Oiolossëo

ve fanyar máryat Elentari ortanë

ar ilyë tier undulávë lumbulë;

ar sindanóriello caita mornië

i falmalinnar imbë met, ar hisië

untúpa Calaciryo míri oialë

Si vanwa ná, Rómello vanwa, Valimar!

Namárië! Nai híruvalyë Valimar.

Nay elyë hiruva. Namárië!

Adieu

Ah! comme l'or tombent les feuilles dans le vent

De longues années innombrables comme les ailes des arbres !

Les longues années ont passé comme de rapides gorgées

du doux hydromel dans les hautes salles

Par delà l'Ouest, sous les voûtes bleues de Varda

où les étoiles tremblent

dans le chant de sa voix, sainte et royale

Qui donc à présent remplira pour moi la coupe ?

Car maintenant l'Incitatrice Varda, la reine des etoiles, du Mont toujours blanc

a élevé ses mains comme des nuages

et tous les chemins sont noyés dans une ombre profonde

et venue d'un pays gris les ténèbres s'étendent

sur les vagues écumantes et la brume

couvre à jamais les joyaux de Calacirya

Maintenant perdu pour ceux de l'Est est Valimar!

Adieu! peut-être trouveras-tu Valimar.

Peut-être la trouveras-tu. Adieu!

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Membre, 28ans Posté(e)
Seph Membre 144 messages
Baby Forumeur‚ 28ans‚
Posté(e)

Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,

Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même

Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur transparent

Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème

Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,

Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.

Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,

Comme ceux des aimés que la vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,

Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a

L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul Verlaine (Poèmes saturniens)

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Membre, nyctalope, 39ans Posté(e)
Criterium Membre 2 852 messages
39ans‚ nyctalope,
Posté(e)

J'aime beaucoup celui-ci ; il fait partie de ceux qui ont été affichés çà et là dans les wagons du métro parisien, dans quelque but poétique inavouable de la part de la RATP, et alors que d'habitude les textes choisis sont dans le même état de délabrement que les strapontins de la rame, celui-ci ¿ le premier quatrain ¿ instillait de jolis petits vers dans le quotidien trop peu amoureux.

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Membre, 64ans Posté(e)
pascale60 Membre 388 messages
Baby Forumeur‚ 64ans‚
Posté(e)

Spleen

Tout m'ennuie aujourd'hui. J'écarte mon rideau,

En haut ciel gris rayé d'une éternelle pluie,

En bas la rue où dans une brume de suie

Des ombres vont, glissant parmi les flaques d'eau.

Je regarde sans voir fouillant mon vieux cerveau,

Et machinalement sur la vitre ternie

Je fais du bout du doigt de la calligraphie.

Bah ! sortons, je verrai peut-être du nouveau.

Pas de livres parus. Passants bêtes. Personne.

Des fiacres, de la boue, et l'averse toujours...

Puis le soir et le gaz et je rentre à pas lourds...

Je mange, et bâille, et lis, rien ne me passionne...

Bah ! Couchons-nous. - Minuit. Une heure. Ah ! chacun dort !

Seul, je ne puis dormir et je m'ennuie encor.

Jules Laforgue

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Membre, Vivre l'instant... , 60ans Posté(e)
mimisoleil Membre 2 136 messages
60ans‚ Vivre l'instant... ,
Posté(e)

francois_boucher.jpg

Un jour

Un jour, au doux rêveur qui l'aime,

En train de montrer ses trésors,

Elle voulut lire un poème,

Le poème de son beau corps.

D'abord, superbe et triomphante

Elle vint en grand apparat,

Traînant avec des airs d'infante

Un flot de velours nacarat :

Telle qu'au rebord de sa loge

Elle brille aux Italiens,

Ecoutant passer son éloge

Dans les chants des musiciens.

Ensuite, en sa verve d'artiste,

Laissant tomber l'épais velours,

Dans un nuage de batiste

Elle ébaucha ses fiers contours.

Glissant de l'épaule à la hanche,

La chemise aux plis nonchalants,

Comme une tourterelle blanche

Vint s'abattre sur ses pieds blancs.

Pour Apelle ou pour Cléomène,

Elle semblait, marbre de chair,

En Vénus Anadyomène

Poser nue au bord de la mer.

De grosses perles de Venise

Roulaient au lieu de gouttes d'eau,

Grains laiteux qu'un rayon irise,

Sur le frais satin de sa peau.

Oh ! quelles ravissantes choses,

Dans sa divine nudité,

Avec les strophes de ses poses,

Chantait cet hymne de beauté !

Comme les flots baisant le sable

Sous la lune aux tremblants rayons,

Sa grâce était intarissable

En molles ondulations.

Mais bientôt, lasse d'art antique,

De Phidias et de Vénus,

Dans une autre stance plastique

Elle groupe ses charmes nus.

Sur un tapis de Cachemire,

C'est la sultane du sérail,

Riant au miroir qui l'admire

Avec un rire de corail ;

La Géorgienne indolente,

Avec son souple narguilhé,

Etalant sa hanche opulente,

Un pied sous l'autre replié.

Et comme l'odalisque d'Ingres,

De ses reins cambrant les rondeurs

En dépit des vertus malingres,

En dépit des maigres pudeurs !

Paresseuse odalisque, arrière !

Voici le tableau dans son jour,

Le diamant dans sa lumière ;

Voici la beauté dans l'amour !

Sa tête penche et se renverse

Haletante, dressant les seins,

Aux bras du rêve qui la berce,

Elle tombe sur ses coussins.

Ses paupières battent des ailes

Sur leurs globes d'argent bruni,

Et l'on voit monter ses prunelles

Dans la nacre de l'infini.

D'un linceul de point d'Angleterre

Que l'on recouvre sa beauté :

L'extase l'a prise à la terre ;

Elle est morte de volupté !

Que les violettes de Parme,

Au lieu des tristes fleurs des morts

Où chaque perle est une larme,

Pleurent en bouquets sur son corps !

Et que mollement on la pose

Sur son lit, tombeau blanc et doux,

Où le poète, à la nuit close,

Ira prier à deux genoux.Théophile Gautier (1811-1872)

Modifié par mimisoleil
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Invité basketemy9
Invités, Posté(e)
Invité basketemy9
Invité basketemy9 Invités 0 message
Posté(e)

Melancholia (extrait)

Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?

Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?

Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?

Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;

Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement

Dans la même prison le même mouvement.

Accroupis sous les dents d'une machine sombre,

Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,

Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,

Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.

Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.

Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.

Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.

Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !

Ils semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,

Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! »

O servitude infâme imposée à l'enfant !

Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant

Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, ¿uvre insensée,

La beauté sur les fronts, dans les c¿urs la pensée,

Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! -

D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !

Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,

Qui produit la richesse en créant la misère,

Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !

Progrès dont on demande : « Où va-t-il ? que veut-il ? »

Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,

Une âme à la machine et la retire à l'homme !

Que ce travail, haï des mères, soit maudit !

Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit,

Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème !

O Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même,

Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,

Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !

Victor Hugo, Les Contemplations, Livre III

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Membre, Au coeur de la Cité des Papes, Posté(e)
PUNCHETTE Membre 34 166 messages
Au coeur de la Cité des Papes,
Posté(e)

Amour binaire

Tu es l'autre partition

solitaire et inséparable.

La vie sans toi sera néantisée.

Symbiose qui réjouit

ou véritable angoisse ?

Ta présence enflamme la dichotomie de notre amour,

fusionne nos étincelles.

Crois-tu pouvoir survivre ?

Moi, je sais !

Je marche à la dérive dans un désert en décomposition

avec cette seule pensée

un jour tu ne seras plus.

Et je serai

Dépariée.

Sybille Rembard

Modifié par PUNCHETTE
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Membre, Au coeur de la Cité des Papes, Posté(e)
PUNCHETTE Membre 34 166 messages
Au coeur de la Cité des Papes,
Posté(e)

Angoisse

Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête

En qui vont les péchés d'un peuple, ni creuser

Dans tes cheveux impurs une triste tempête

Sous l'incurable ennui que verse mon baiser:

Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes

Planant sous les rideaux inconnus du remords,

Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,

Toi qui sur le néant en sais plus que les morts:

Car le Vice, rongeant ma native noblesse,

M'a comme toi marqué de sa stérilité,

Mais tandis que ton sein de pierre est habité

Par un coeur que la dent d'aucun crime ne blesse,

Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul,

Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.

Stéphane Mallarmé

Automne malade

Automne malade et adoré

Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies

Quand il aura neigé

Dans les vergers

Pauvre automne

Meurs en blancheur et en richesse

De neige et de fruits mûrs

Au fond du ciel

Des éperviers planent

Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines

Qui n'ont jamais aimé

Aux lisières lointaines

Les cerfs ont bramé

Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs

Les fruits tombant sans qu'on les cueille

Le vent et la forêt qui pleurent

Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille

Les feuilles

Qu'on foule

Un train

Qui roule

La vie

S'écoule

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

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Membre, Au coeur de la Cité des Papes, Posté(e)
PUNCHETTE Membre 34 166 messages
Au coeur de la Cité des Papes,
Posté(e)

Le ballet des heures

Les heures sont des fleurs l'une après l'autre écloses

Dans l'éternel hymen de la nuit et du jour ;

Il faut donc les cueillir comme on cueille les roses

Et ne les donner qu'à l'amour.

Ainsi que de l'éclair, rien ne reste de l'heure,

Qu'au néant destructeur le temps vient de donner ;

Dans son rapide vol embrassez la meilleure,

Toujours celle qui va sonner.

Et retenez-la bien au gré de votre envie,

Comme le seul instant que votre âme rêva ;

Comme si le bonheur de la plus longue vie

était dans l'heure qui s'en va.

Vous trouverez toujours, depuis l'heure première

Jusqu'à l'heure de nuit qui parle douze fois,

Les vignes, sur les monts, inondés de lumière,

Les myrtes à l'ombre des bois.

Aimez, buvez, le reste est plein de choses vaines ;

Le vin, ce sang nouveau, sur la lèvre versé,

Rajeunit l'autre sang qui vieillit dans vos veines

Et donne l'oubli du passé.

Que l'heure de l'amour d'une autre soit suivie,

Savourez le regard qui vient de la beauté ;

étre seul, c'est la mort ! étre deux, c'est la vie !

L'amour c'est l'immortalité !

Gérard de Nerval

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Membre, Au coeur de la Cité des Papes, Posté(e)
PUNCHETTE Membre 34 166 messages
Au coeur de la Cité des Papes,
Posté(e)



Je chante pour passer le temps

Je chante pour passer le temps

Petit qu'il me reste de vivre

Comme on dessine sur le givre

Comme on se fait le c¿ur content

A lancer cailloux sur l'étang

Je chante pour passer le temps

J'ai vécu le jour des merveilles

Vous et moi souvenez-vous-en

Et j'ai franchi le mur des ans

Des miracles plein les oreilles

Notre univers n'est plus pareil

J'ai vécu le jour des merveilles

Allons que ces doigts se dénouent

Comme le front d'avec la gloire

Nos yeux furent premiers à voir

Les nuages plus bas que nous

Et l'alouette à nos genoux

Allons que ces doigts se dénouent

Nous avons fait des clairs de lune

Pour nos palais et nos statues

Qu'importe à présent qu'on nous tue

Les nuits tomberont une à une

La Chine s'est mise en Commune

Nous avons fait des clairs de lune

Et j'en dirais et j'en dirais

Tant fut cette vie aventure

Où l'homme a pris grandeur nature

Sa voix par-dessus les forêts

Les monts les mers et les secrets

Et j'en dirais et j'en dirais

Oui pour passer le temps je chante

Au violon s'use l'archet

La pierre au jeu des ricochets

Et que mon amour est touchante

Près de moi dans l'ombre penchante

Oui pour passer le temps je chante

Je passe le temps en chantant

Je chante pour passer le temps

Louis Aragon, Le roman inachevé, 1956

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Membre, Posté(e)
juliette89 Membre 5 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Elle est debout sur mes paupières

Et ses cheveux sont dans les miens

Elle a la forme de mes mains,

Elle a la couleur de mes yeux

Elle s'engloutit dans mon ombre

Comme une pierre sur le ciel

Elle a toujours les yeux ouverts

Et ne me laisse pas dormir,

Ses rêves en pleine lumière

Font s'évaporer les soleils,

Me font rire, pleurer et rire

Parler sans avoir rien à dire

L'amoureuse, Paul Eluard

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Membre, 64ans Posté(e)
pascale60 Membre 388 messages
Baby Forumeur‚ 64ans‚
Posté(e)

Un mot

Quand tout semble dit

En cet instant de pur poème,

Une flamme frissonne, qui défie l'indicible.

Ce n'est qu'un mot, il défaille, il s'étiole,

Mais il défait l'accord d'un pli, d'une assertion.

Pourquoi dès lors frémit et se trouble tel sens,

Qui gisait, évasif ou trop vertement cru ?

Pourquoi la Revenante s'affirme si vivante,

S'exaltant en ce lieu de grammaire et d'exil ?

Langue impure! A la merci d'une rature,

Elle mendie un béquet, elle appelle ce mot

Qui édifie l'Absente puis la perd,

Balayant son parfum, sa vorace présence

Gaston Puel

Modifié par pascale60
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Membre, 64ans Posté(e)
pascale60 Membre 388 messages
Baby Forumeur‚ 64ans‚
Posté(e)

Le lecteur pressé

Que viens-tu faire ici

lecteur ?

Tu as ouvert sans ménagement

ce livre

et tu remues fébrilement le sable des pages

à la recherche

de je ne sais quel trésor enfoui

Es-tu là pour pleurer

ou pour rire

N'as-tu personne d'autre

à qui parler

Ta vie

est-elle à ce point vide ?

Alors referme vite ce livre

Pose-le loin du réveille-matin

et de la boîte à médicaments

Laisse-le mûrir

au soleil du désir

sur la branche du beau silence

Abdellatif Laâbi

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Membre, Posté(e)
sadsky Membre 1 139 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Aimons toujours ! Aimons encore !...

Aimons toujours ! Aimons encore !

Quand l'amour s'en va, l'espoir fuit.

L'amour, c'est le cri de l'aurore,

L'amour c'est l'hymne de la nuit.

Ce que le flot dit aux rivages,

Ce que le vent dit aux vieux monts,

Ce que l'astre dit aux nuages,

C'est le mot ineffable : Aimons !

L'amour fait songer, vivre et croire.

Il a pour réchauffer le coeur,

Un rayon de plus que la gloire,

Et ce rayon c'est le bonheur !

Aime ! qu'on les loue ou les blâme,

Toujours les grand coeurs aimeront :

Joins cette jeunesse de l'âme

A la jeunesse de ton front !

Aime, afin de charmer tes heures !

Afin qu'on voie en tes beaux yeux

Des voluptés intérieures

Le sourire mystérieux !

Aimons-nous toujours davantage !

Unissons-nous mieux chaque jour.

Les arbres croissent en feuillage ;

Que notre âme croisse en amour !

Soyons le miroir et l'image !

Soyons la fleur et le parfum !

Les amants, qui, seuls sous l'ombrage,

Se sentent deux et ne sont qu'un !

Les poètes cherchent les belles.

La femme, ange aux chastes faveurs,

Aime à rafraîchir sous ses ailes

Ces grand fronts brûlants et réveurs.

Venez à nous, beautés touchantes !

Viens à moi, toi, mon bien, ma loi !

Ange ! viens à moi quand tu chantes,

Et, quand tu pleures, viens à moi !

Nous seuls comprenons vos extases.

Car notre esprit n'est point moqueur ;

Car les poètes sont les vases

Où les femmes versent leur coeurs.

Moi qui ne cherche dans ce monde

Que la seule réalité,

Moi qui laisse fuir comme l'onde

Tout ce qui n'est que vanité,

Je préfère aux biens dont s'enivre

L'orgueil du soldat ou du roi,

L'ombre que tu fais sur mon livre

Quand ton front se penche sur moi.

Toute ambition allumée

Dans notre esprit, brasier subtil,

Tombe en cendre ou vole en fumée,

Et l'on se dit : " Qu'en reste-t-il ? "

Tout plaisir, fleur à peine éclose

Dans notre avril sombre et terni,

S'effeuille et meurt, lis, myrte ou rose,

Et l'on se dit : " C'est donc fini ! "

L'amour seul reste. O noble femme

Si tu veux dans ce vil séjour,

Garder ta foi, garder ton âme,

Garder ton Dieu, garde l'amour !

Conserve en ton coeur, sans rien craindre,

Dusses-tu pleurer et souffrir,

La flamme qui ne peut s'éteindre

Et la fleur qui ne peut mourir !

Victor Hugo

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