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Les plus beaux poèmes

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Docteurdance

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Membre, Travolta de la plaza, 59ans Posté(e)
Docteurdance Membre 1 234 messages
59ans‚ Travolta de la plaza,
Posté(e)

Je crains que ce topic n'ait été déjà posé mais pour le plaisir de les relire , venez nous faire découvrir les poèmes que vous aimez.

Un poème beau et qui,malheureusement, reste d'actualité

* Arthur RIMBAUD (1854-1891)

Le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,

Accrochant follement aux herbes des haillons

D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,

Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,

Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,

Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,

Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme

Sourirait un enfant malade, il fait un somme :

Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;

Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

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Membre, 45ans Posté(e)
Fenrir4 Membre 741 messages
Baby Forumeur‚ 45ans‚
Posté(e)

Les Passantes : Antoine Pol repris par Georges Brassens

Je veux dédier ce poème

A toutes les femmes qu'on aime

Pendant quelques instants secrets

A celles qu'on connaît à peine

Qu'un destin différent entraîne

Et qu'on ne retrouve jamais

A celle qu'on voit apparaître

Une seconde à sa fenêtre

Et qui, preste, s'évanouit

Mais dont la svelte silhouette

Est si gracieuse et fluette

Qu'on en demeure épanoui

A la compagne de voyage

Dont les yeux, charmant paysage

Font paraître court le chemin

Qu'on est seul, peut-être, à comprendre

Et qu'on laisse pourtant descendre

Sans avoir effleuré sa main

A celles qui sont déjà prises

Et qui, vivant des heures grises

Près d'un être trop différent

Vous ont, inutile folie,

Laissé voir la mélancolie

D'un avenir désespérant

Chères images aperçues

Espérances d'un jour déçues

Vous serez dans l'oubli demain

Pour peu que le bonheur survienne

Il est rare qu'on se souvienne

Des épisodes du chemin

Mais si l'on a manqué sa vie

On songe avec un peu d'envie

A tous ces bonheurs entrevus

Aux baisers qu'on n'osa pas prendre

Aux coeurs qui doivent vous attendre

Aux yeux qu'on a jamais revu

Alors, aux soirs de lassitude

Tout en peuplant sa solitude

Des fantômes du souvenir

On pleure les lèvres absentes

De toutes ces belles passantes

Que l'on n'a pas su retenir

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Membre, 70ans Posté(e)
Joe_les_Balloches Membre 425 messages
Baby Forumeur‚ 70ans‚
Posté(e)

* Auteur:Charles BAUDELAIRE

Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles :

" Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,

Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,

Un chant plein de lumière et de fraternité !

Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,

De peine, de sueur et de soleil cuisant

Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme ;

Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,

Car j'éprouve une joie immense quand je tombe

Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux,

Et sa chaude poitrine est une douce tombe

Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.

Entends-tu retentir les refrains des dimanches

Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant ?

Les coudes sur la table et retroussant tes manches,

Tu me glorifieras et tu seras content ;

J'allumerai les yeux de ta femme ravie ;

A ton fils je rendrai sa force et ses couleurs

Et serai pour ce frêle athlète de la vie

L'huile qui raffermit les muscles des lutteurs.

En toi je tomberai, végétale ambroisie,

Grain précieux jeté par l'éternel Semeur,

Pour que de notre amour naisse la poésie

Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! "

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Membre, Travolta de la plaza, 59ans Posté(e)
Docteurdance Membre 1 234 messages
59ans‚ Travolta de la plaza,
Posté(e)

* Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Et nos amours

Faut-il qu'il m'en souvienne

La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face

Tandis que sous

Le pont de nos bras passe

Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante

L'amour s'en va

Comme la vie est lente

Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines

Ni temps passé

Ni les amours reviennent

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure

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Invité &va 520
Invités, Posté(e)
Invité &va 520
Invité &va 520 Invités 0 message
Posté(e)

Le poète est semblable aux oiseaux de passage

Qui ne bâtissent point leurs nids sur le rivage,

Qui ne se posent pas sur les rameaux des bois

Nonchalamment bercés sur le courant de l'onde,

Ils passent en chantant loin des bords et le monde

Ne connaît rien d'eux que leur voix.

Lamartine (Alphonse de)

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Membre, Posté(e)
Angeluscologie Membre 353 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

* Paul VERLAINE (1844-1896)

Chanson d'automne

Les sanglots longs

Des violons

De l'automne

Blessent mon coeur

D'une langueur

Monotone.

Tout suffocant

Et blême, quand

Sonne l'heure,

Je me souviens

Des jours anciens

Et je pleure

Et je m'en vais

Au vent mauvais

Qui m'emporte

Deçà, delà,

Pareil à la

Feuille morte.

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Membre, Posté(e)
Drakkus Membre 637 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Marguerite de VALOIS , dite la reine MARGOT (1553-1615)

Stances amoureuses de la Reine de Navarre

(extraits)

J'ai un ciel de désir, un monde de tristesse,

Un univers de maux, mille feux de détresse,

Un Etna de sanglots et une mer de pleurs.

J'ai mille jours d'ennuis, mille nuits de disgrâce,

Un printemps d'espérance et un hiver de glace ;

De soupirs un automne, un été de chaleurs.

Clair soleil de mes yeux, si je n'ai ta lumière,

Une aveugle nuée ennuitte ma paupière,

Une pluie de pleurs découle de mes yeux.

Les clairs éclairs d'Amour, les éclats de sa foudre,

Entrefendent mes nuits et m'écrasent en poudre :

Quand j'entonne mes cris, lors j'étonne les cieux.

... Belle âme de mon corps, bel esprit de mon âme,

Flamme de mon esprit et chaleur de ma flamme,

J'envie à tous les vifs, j'envie à tous les morts.

Ma vie, si tu vis, ne peut être ravie,

Vu que ta vie est plus la vie de ma vie,

Que ma vie n'est pas la vie de mon corps !

Je vis par et pour toi, ainsi que pour moi-même ;

Je vis par et pour moi, ainsi que pour toi-même :

Nous n'aurons qu'une vie et n'aurons qu'un trépas.

Je ne veux pas ta mort, je désire la mienne,

Mais ma mort est ta mort et ma vie est la tienne ;

Ainsi je veux mourir, et je ne le veux pas !...

Modifié par Drakkus
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Membre, 70ans Posté(e)
Joe_les_Balloches Membre 425 messages
Baby Forumeur‚ 70ans‚
Posté(e)

* Arthur RIMBAUD (1854-1891)

Ma bohème

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;

Mon paletot aussi devenait idéal ;

J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;

Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.

- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course

Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.

- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,

Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes

De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,

Comme des lyres, je tirais les élastiques

De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !

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  • 1 mois après...
Invité kaerlyon
Invités, Posté(e)
Invité kaerlyon
Invité kaerlyon Invités 0 message
Posté(e)

Permettez que j'ajoute quelques textes anglophones (essentiellement anglais bien que le 1er soit américain) J'y joins la traduction :

ANNABEL LEE

C'était il y a longtemps, très longtemps,

Dans un royaume au bord de l'océan,

y vivait une vierge que vous pourriez connaître

Du nom d'Annabel Lee;

Cette vierge vivait sans autre pensée

Que de m'aimer et d'être mon aimée.

Elle était une enfant et j'étais un enfant,

Dans ce royaume au bord de l'océan,

Mais nous aimions d'un amour

qui était plus que de l'amour

Moi et mon Annabel Lee,

D'un amour tel que les séraphins du Ciel

Nous jalousaient elle et moi.

Et c'est pourquoi, il y a longtemps,

Dans ce royaume au bord de l'océan,

Les vents firent éclater un nuage et glacèrent

Ma toute belle Annabel Lee ;

Si bien que ses nobles parents sont venus

Et l'ont emportée loin de moi

Pour l'enfermer dans un tombeau

Dans ce royaume au bord de l'océan.

Les anges, loin d'être aussi heureux que nous au Ciel,

Nous envièrent elle et moi :

Oui ! C'est pour cela (comme chacun le sait

Dans ce royaume au bord de l'océan)

Qu'une nuit le vent surgit d'un nuage

Et glaça, et tua mon Annabel Lee.

Mais notre amour était beaucoup plus fort que l'amour

De nos aînés, de bien des personnes

Beaucoup plus sages que nous,

Et jamais les anges du Ciel là-haut

Ni les démons au fin fond de l'océan

Ne pourront séparer mon âme de l'âme

De ma toute belle Annabel Lee.

Car la lune ne luit jamais, sans qu'elle me porte

Des rêves d'Annabel Lee, la toute belle,

Et les étoiles ne se lèvent jamais, sans que je sente

Les yeux vifs d'Annabel Lee, ma toute belle,

Ainsi, aux rives de la nuit, je me couche à côté

De ma chérie! Ma chérie, ma vie, ma promise,

Dans son tombeau, là, au bord de l'océan,

Dans sa tombe, à côté de l'océan.

Edgar Allan Poe

Trad. Roseau

Annabel Lee

It was many and many a year ago

In a kingdom by the sea

That a maiden there lived, whom you may know

By the name of Annabel Lee

And this maiden she lived with no other thought

Than to love and be loved by me.

I was a child and she was a child

In this kingdom by the sea

But we loved with a love that was more than love

I and my Annabel Lee

With a love that winged seraphs in Heaven

Coveted her and me

This was the reason that, long ago

In this kingdom by the sea

The winds blew out of a cloud, chilling

My beautiful Annabel Lee

So that her highborn kinsmen came

And bore her away from me,

To shut her up in a sepulchre

In this kingdom by the sea

The Angels, not half so happy in Heaven,

Went envying her and me

Yes! That was the reason (as all men know

In this kingdom by the sea)

That the wind came out of a cloud by night

Chilling and killing my Annabel Lee.

But our love, it was stronger by far than the love

Of those who were older than we,

Of many far wiser than we

And neither the Angels in Heaven above

Nor the demons down under the sea

Can ever dissever my soul from the soul

Of the beautiful Annabel Lee.

For the moon never beams without bringing me dreams

Of the beautiful Annabel Lee

And the stars never rise, but I feel the bright eyes

Of my beautiful Annabel Lee.

And so, all the nighttide, I lie down by the side

Of my darling! My darling, my life and my bride.

In her sepulchre, there by the sea,

In her tomb, by the side of the sea.

--Edgar Allan Poe

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  • 1 mois après...
Invité kaerlyon
Invités, Posté(e)
Invité kaerlyon
Invité kaerlyon Invités 0 message
Posté(e)

And death shall have no dominion.

Dead men naked they shall be one

With the man in the wind and the west moon;

When their bones are picked clean and the clean bones gone,

They shall have stars at elbow and foot;

Though they go mad they shall be sane,

Though they sink through the sea they shall rise again;

Though lovers be lost love shall not;

And death shall have no dominion.

And death shall have no dominion.

Under the windings of the sea

They lying long shall not die windily;

Twisting on racks when sinews give way,

Strapped to a wheel, yet they shall not break;

Faith in their hands shall snap in two,

And the unicorn evils run them through;

Split all ends up they shan't crack;

And death shall have no dominion.

And death shall have no dominion.

No more may gulls cry at their ears

Or waves break loud on the seashores;

Where blew a flower may a flower no more

Lift its head to the blows of the rain;

Though they be mad and dead as nails,

Heads of the characters hammer through daisies;

Break in the sun till the sun breaks down,

And death shall have no dominion.

Et la mort n'aura pas d'empire.

Les morts nus ne feront plus qu'un

Avec l'homme dans le vent et la lune d'ouest.

Quand leurs os becquetés seront propres, à leur place

Ils auront des étoiles au coude et au pied.

Même s'ils deviennent fous, ils seront guéris,

Même s'ils coulent à pic, ils reprendront pied,

Même si les amants se perdent, l'amour ne se perdra pas,

Et la mort n'aura pas d'empire.Et la mort n'aura pas d'empire.

Depuis longtemps couchés dans les dédales de la mer,

Ils ne mourront pas dans les vents.

Se tordant sur des chevalets quand céderont les tendons,

Attachés à une roue, ils ne se briseront pas.

La foi dans les mains cassera net

Les démons unicornes les transperceront.

Fendus de toutes parts, ils ne craqueront pas

Et la mort n'aura pas d'empire.

Et la mort n'aura pas d'empire.

Les mouettes ne pousseront plus de cris dans leurs oreilles

Et les vagues ne se fracasseront plus sur les rives.

Où s'ouvrait une fleur peut-être qu'aucune fleur

Ne lèvera la tête sous les rafales de pluie,

Même s'ils sont fous et raides comme des rats morts

Leurs têtes martèleront les marguerites,

S'ouvriront au soleil jusqu'au dernier jour du soleil

Et la mort n'aura pas d'empire.

Dylan Thomas

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Membre, Privé de désert, 35ans Posté(e)
Kégéruniku 8 Membre 8 036 messages
35ans‚ Privé de désert,
Posté(e)

On dit ce fruit pareil au monde, tout de douceur.

Ou pareil, dirais je, à l'homme en son coeur.

Tout rouge au dehors, pourtant soudain au dedans,

Nous déconvrons le vers, la pourriture, l'imperfection.

Sa pelure peut bien reluire, la dent

Prouve que plus d'un homme est pourri au trognon.

Terry Pratchet dans Les 3 soeurcières.

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Invité shoody
Invités, Posté(e)
Invité shoody
Invité shoody Invités 0 message
Posté(e)

Jules LAFORGUE (1840-1887)

Stérilités

Cautérise et coagule

En virgules

Ses lagunes des cerises

Des félines Ophélies

Orphelines en folie.

Tarentules de feintises

La remise

Sans rancune des ovules

Aux félines Ophélies

Orphelines en folie.

Sourd aux brises des scrupules,

Vers la bulle

De la lune, adieu, nolise

Ces félines Ophélies

Orphelines en folie !...

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  • 4 mois après...
Membre, 36ans Posté(e)
Lune_go Membre 834 messages
Baby Forumeur‚ 36ans‚
Posté(e)

L'automne

Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !

Feuillages jaunissants sur les gazons épars !

Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature

Convient à la douleur et plaît à mes regards !

Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire,

J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,

Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière

Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois !

Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,

A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits,

C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire

Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !

Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,

Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui,

Je me retourne encore, et d'un regard d'envie

Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui !

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,

Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ;

L'air est si parfumé ! la lumière est si pure !

Aux regards d'un mourant le soleil est si beau !

Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie

Ce calice mêlé de nectar et de fiel !

Au fond de cette coupe où je buvais la vie,

Peut-être restait-il une goutte de miel ?

Peut-être l'avenir me gardait-il encore

Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ?

Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore

Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu ? ...

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ;

A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ;

Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu'elle expire,

S'exhale comme un son triste et mélodieux.

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  • 3 semaines après...
Modérateur, Nikita, 152ans Posté(e)
_Dolph Modérateur 60 554 messages
152ans‚ Nikita,
Posté(e)

Demain, dès l'aube...

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.

J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.

Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,

Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,

Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,

Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,

Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,

Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe

Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Victor HUGO

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Invité Mitsakie
Invités, Posté(e)
Invité Mitsakie
Invité Mitsakie Invités 0 message
Posté(e)

Ténèbres

La tristesse a jeté sur mon coeur ses longs voiles

Et les croassements de ses corbeaux latents ;

Et je rêve toujours au vaisseau des vingt ans,

Depuis qu'il a sombré dans la mer des étoiles.

Oh ! quand pourrais-je encor comme des crucifix

étreindre entre mes doigts les chères paix anciennes,

Dont je n'entends jamais les voix musiciennes

Monter dans tout le trouble où je geins, où je vis ?

Et je voudrais rêver longuement, l'âme entière,

Sous les cyprès de mort, au coin du cimetière

Où gît ma belle enfance au glacial tombeau.

Mais je ne pourrai plus ; je sens des bras funèbres

M'asservir au Réel, dont le fumeux flambeau

Embrase au fond des Nuits mes bizarres Ténèbres !

Emile NELLIGAN (1879-1941)

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Membre, 35ans Posté(e)
Imparfaite Membre 872 messages
Baby Forumeur‚ 35ans‚
Posté(e)

Ils ne sont peut-être pas exceptionnels ni même beaux, mais qu'est-ce qu'ils sont sympatoches! :

Ce soir,

Si j'écrivais un poème

pour la postérité?

fichtre

la belle idée

je me sens sûr de moi

j'y vas

et à la postérité

j'y dis merde et remerde

et reremerde

drôlement feintée

la postérité

qui attendait son poème

ah mais

Raymond Queneau

-

La Môme néant

Quoi qu'a dit ? - A dit rin.

Quoi qu'a fait ? - A fait rin.

A quoi qu'a pense ? - A pense à rin.

Pourquoi qu'a dit rin ?

Pourquoi qu'a fait rin ?

Pourquoi qu'a pense à rin ?

- A' xiste pas.

Jean Tardieu

Modifié par Imparfaite
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Membre, 35ans Posté(e)
Imparfaite Membre 872 messages
Baby Forumeur‚ 35ans‚
Posté(e)

Et un dernier... :blush:

Oceano Nox

O combien de marins, combien de capitaines

Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines

Dans ce morne horizon se sont évanouis!

Combien ont disparus, dure et triste fortune!

Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,

Dans l'aveugle océan à jamais enfouis!

Combien de patrons morts avec leurs équipages!

L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages

Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots!

Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée.

Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée;

L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots!

Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues!

Vous roulez à travers les sombres étendues,

heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus.

Oh! Que de vieux parents qui n'avaient plus qu'un rêve,

Sont morts en attendant tous les jours sur la grêve,

Ce qui ne sont pas revenus!

On s'entretient de vous parfois dans les veillées.

Maint joyeux cercle, assis sur des ancres rouillées,

Mêle encor quelques temps vos noms d'ombre couverts

Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,

Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures,

Tandis que vous dormez dans les goémons verts!

On demande:-Où sont-ils? Sont-ils roi dans quelque île?

Nous ont-ils délaissés pour un bord plus fertile?-

Puis votre souvenir même est enseveli.

Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.

Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,

Sur le sombre océan jette le sombre oubli.

Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.

L'un n'a-t-il pas sa barque et l'autre sa charrue?

Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,

Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,

Parlent encor de vous en remuant la cendre

De leur foyer et de leur coeur!

Et quand la tombe enfin a fermé leurs paupières,

Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre

Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,

Pas même un saule vert qui s'éffeuille à l'automne,

Pas même la chanson naïve et monotone

Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont!

Où sont-ils les marins sombrés dans les nuits noires?

O flots! Que vous savez de lugubres histoires!

Flots profonds redoutés des mères à genoux!

Vous vous les racontez en montant les marées,

Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées

Que vous avez le soir quand vous venez vers nous!

Victor Hugo

Modifié par Imparfaite
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Membre, 36ans Posté(e)
Lune_go Membre 834 messages
Baby Forumeur‚ 36ans‚
Posté(e)

Mignonne, allons voir si la rose

A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose

Qui ce matin avoit desclose

Sa robe de pourpre au Soleil,

A point perdu ceste vesprée

Les plis de sa robe pourprée,

Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,

Mignonne, elle a dessus la place

Las ! las ses beautez laissé cheoir !

é vrayment marastre Nature,

Puis qu'une telle fleur ne dure

Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,

Tandis que vostre âge fleuronne

En sa plus verte nouveauté,

Cueillez, cueillez vostre jeunesse :

Comme à ceste fleur la vieillesse

Fera ternir vostre beauté.

Pierre RONSARD

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Membre+, 51ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)

:coeur: :blush: pour "Mignonne, allons voir si la rose" de Ronsard

L'Albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.

5 é peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !

10 Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !

L'un agace son bec avec un brûle-gueule,

L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;

15 Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Charles Baudelaire
(1821-1867),
Les Fleurs du Mal
(1857), II.

Modifié par chirona
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Membre, Posté(e)
Docaled Membre 10 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Les Passantes : Antoine Pol repris par Georges Brassens

Je veux dédier ce poème

A toutes les femmes qu'on aime

Pendant quelques instants secrets

A celles qu'on connaît à peine

Qu'un destin différent entraîne

Et qu'on ne retrouve jamais

A celle qu'on voit apparaître

Une seconde à sa fenêtre

Et qui, preste, s'évanouit

Mais dont la svelte silhouette

Est si gracieuse et fluette

Qu'on en demeure épanoui

A la compagne de voyage

Dont les yeux, charmant paysage

Font paraître court le chemin

Qu'on est seul, peut-être, à comprendre

Et qu'on laisse pourtant descendre

Sans avoir effleuré sa main

A celles qui sont déjà prises

Et qui, vivant des heures grises

Près d'un être trop différent

Vous ont, inutile folie,

Laissé voir la mélancolie

D'un avenir désespérant

Chères images aperçues

Espérances d'un jour déçues

Vous serez dans l'oubli demain

Pour peu que le bonheur survienne

Il est rare qu'on se souvienne

Des épisodes du chemin

Mais si l'on a manqué sa vie

On songe avec un peu d'envie

A tous ces bonheurs entrevus

Aux baisers qu'on n'osa pas prendre

Aux coeurs qui doivent vous attendre

Aux yeux qu'on a jamais revu

Alors, aux soirs de lassitude

Tout en peuplant sa solitude

Des fantômes du souvenir

On pleure les lèvres absentes

De toutes ces belles passantes

Que l'on n'a pas su retenir

Bravo et Merci de parler d'Antoine Pol

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