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David Brin: «Sous surveillance, et alors ?»


Yoannbzh

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Membre, 41ans Posté(e)
Yoannbzh Membre 11 816 messages
Baby Forumeur‚ 41ans‚
Posté(e)

article_surveillange.jpg Qu'on le veuille ou non, nous somme tous sous surveillance/Montage/DR <h3 class="hd"> A lire aussi </h3>

INTERVIEW - Technologie, vie privée et liberté sont-elle incompatibles? «Pas du tout», selon le célèbre auteur de science-fiction David Brin. Pour 20minutes.fr, il livre ses réflexions sur le futur de notre société...

De notre correspondant à Los Angeles

Facebook cette semaine, Google quotidiennement: le débat autour du respect de la vie privée et d'Internet s'enflamme un peu plus chaque jour. Liberté fondamentale à défendre pour certains, concept archaïque à redéfinir pour d'autres, cette vie privée est bousculée par les nouvelles technologies. Internet, caméras de surveillance, puces RFID, biométrie... Nous sommes (et seront de plus en plus) scannés, mesurés, traqués. Avec, rampant dans le coin le plus noir de notre inconscient collectif, le cauchemar orwellien de Big Brother.

20minutes.fr a voulu prendre un peu de hauteur sur le sujet et s'est longuement entretenu avec David Brin. Scientifique de haut vol, auteur majeur de la science-fiction américaine moderne, il a également écrit le très sérieux «Transparent Society» dans lequel il se penche sur notre société et son avenir. Selon lui, une société sous surveillance peut paradoxalement offrir davantage de libertés. A condition que les citoyens puissent «sousveiller» celui qui les surveillent. Entretien en apesanteur.

Le réseau social Facebook a modifié discrètement ses conditions d'utilisation (avant de faire marche arrière), expliquant en substance avoir un droit absolu, total et sans limite de temps sur les données des utilisateurs. Beaucoup crient au viol de leur vie privée. D'autres estiment que cette dernière n'existe plus. Qui a raison?

Un peu tout le monde et un peu personne. Facebook propose un service, et même s'il est gratuit, ses utilisateurs sont en droit d'attendre une communication claire sur qui contrôle quoi. En attendant qu'un concurrent offre une alternative plus transparente mais tout aussi attractive, la réaction la plus humaine est l'indignation. Mais le concept de vie privée tel que nous le connaissons a sérieusement besoin d'être redéfini pour s'adapter à notre environnement, dans lequel la quantité des donnés personnelles stockées double chaque année, et les caméras de surveillance dans les lieux publics se multiplient et se miniaturisent.

Surveillance vs liberté/vie privée: l'un doit-il être au détriment de l'autre?

éa semble paradoxal, mais pas forcément. D'abord, il faut se mettre d'accord sur deux principes. Le réflexe naturel de l'être humain est dire «moi et ceux que je connais, ceux qui me ressemblent, nous devrions avoir un contrôle sur nos données et le droit à la vie privée; l'autre, celui dont j'ai peur, devrait être surveillé par mesure de sécurité». Ensuite, la plupart des gens redoutent «Big Brother», que ce soit un gouvernement, des grandes entreprises, des élites secrètes. Mais la chose la plus terrifiante dans le roman «1984» n'est pas le pouvoir du gouvernement d'espionner les citoyens. C'est que la surveillance se fasse à sens unique. Les gens n'ont pas la capacité/désir de regarder du côté de Big Brother, de «sousveiller» le gouvernement qui les surveille. Si au contraire, on va vers une transparence totale, à double sens, si la plupart des gens savent la plupart des choses, la plupart du temps, alors nous aurons le cadre adéquat pour être libre et protéger notre droit à la vie privée. De quelle manière le concept de vie privée doit-il être redéfini?

Le plus important est de définir des sanctuaires clairement identifiés, comme notre maison, ou certains endroits sur Internet. Mais surtout, les citoyens doivent disposer, en s'organisant, de la capacité de toujours savoir à quel moment ils sont sous surveillance. Pour le reste, il faut embrasser pleinement une circulation totale des données, accepter que plus nous en savons sur les autres, plus nous pouvons prendre une décision informée et libre. Si le réflexe est d'agiter l'épouvantail Big Brother à chaque fois, nous n'avancerons pas. Il y a une différence culturelle profonde entre l'Europe et les Etats-Unis. L'Europe veut des règles, des régulations défendant farouchement cette vie privée. Mais les règles deviennent instantanément archaïques face à l'évolution des technologies. Robert Heinlein l'a ainsi résumé: «Le seul effet des régulations est d'avoir rendu les mouchards plus petits.» Réguler sur du très court terme peut-être nécessaire. Mais sur le long terme, il faut un vrai changement des mentalités et une action à l'échelle planétaire. Une pensée répandue consiste cependant à dire, «soit, cette technologie de surveillance est acceptable tant que nous vivons en démocratie». Mais qu'arrive-t-il si elle est utilisée avec de mauvaises intentions, si un Hilter dispose tout à coup d'un gigantesque fichier d'empreintes génétiques?

Une transparence totale, à double sens, est la meilleure protection contre la montée d'un régime fasciste. Dans une telle situation, la seule solution pour un leader mal intentionné serait de laver le cerveau des citoyens et de réussir à les persuader qu'il veut leur bien. C'est plus compliqué à réaliser qu'il n'y parait. Le problème, c'est qu'actuellement nous sommes dans un état intermédiaire. Il y a encore beaucoup d'opacité. Obama essaie d'apporter du changement du côté du gouvernement avec davantage de rapports rendus publics. Mais on vit globalement avec le sentiment «on nous cache tout, on nous dit rien». Commencer par rendre public «qui possède quoi» dans le monde de la finance serait un bon premier pas. Quant à la technologie, son accès à tous sera la meilleure protection contre les abus. Assez rapidement, nous disposerons par exemple de petits mécanismes capables de nous avertir «attention, ici il y a des caméras».

Vous êtes régulièrement invité à des conférences pour parler du futur. Quels changements majeurs voyez-vous à un horizon d'une dizaine d'années?

Le cerveau humain a la capacité de reconnaître/mémoriser de 2.000 à 10.000 visages. C'est assez limitant dans le monde d'aujourd'hui. Mais assez rapidement, nous pourrons disposer par exemple de lunettes avec une caméra intégrée. On se promènera et elles pourront reconnaître n'importe quelle personne ou n'importe quel lieu. D'un clic ou d'un ordre subvocal, vous afficherez des informations sur le musée devant lequel vous êtes ou le businessman auquel vous allez serrer la main. Nous vivrons dans une réalité augmentée et connectée où l'information circulera librement. Paradoxalement, la conséquence de tout ça sera «un retour au village». Si nous faisons les bons choix, pas un village communiste où la rumeur nous terrorise et nous asservit, mais ce petit village dans lequel on connaît ses voisins, au moins de réputation et où l'on s'entraide. Mais rien de pourra se faire si l'on cède à la panique et interdit par exemple tout mécanisme de reconnaissance faciale. Il faut faire preuve de courage et accepter de prendre des risques. Notre liberté est à ce prix.

Propos recueillis par Philippe Berry

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Modérateur, A ghost in the shell, 48ans Posté(e)
Nephalion Modérateur 32 343 messages
48ans‚ A ghost in the shell,
Posté(e)

Pourquoi suis-je toujours aussi sceptique et méfiant ???

On a vu par le passé ce que donnait l'atteinte aux libertés individuelles.

Faire confiance à nos élites dirigeantes ???

Quand on voit ce qu'elles font du pouvoir dont elles disposent déjà...

Quand on voit tout ce qui est déjà répertorié, et mal répertorié qui plus est ....

Oui j'ai des doutes.

Pour ceux qui ne connaissent pas David Brin, je leur conseille "Marée stellaire", un space opéra excellent.

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