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Le Grenelle des lobbies.


PASDEPARANOIA

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Grenelle : Rupture des comportements ? Non ! Rupture des engagements !

Par Christian Berdot

A quoi a servi le Grenelle ? Le bilan était déjà bien mince pourtant les quelques avancées sont méthodiquement rognées, vidées de leur contenu en faveur des intérêts privés de quelques grandes firmes et des intérêts corporatistes de minorités influentes. Le seul résultat concret de ce Grenelle sera peut-être le débauchage de quelques écologistes associatifs en mal de reconnaissance¿ On les appelera "partenaires environnementaux" : quelques fous du Roi ou de Borloo, son Prince¿

Une des rares innovations du Grenelle de l'Environnement a été de mettre pour la première fois, certains interlocuteurs face à face autour d'une même table. Pour certains, le dialogue avec les écologistes consistait plutôt à saccager impunément le bureau de la Ministre de l'Environnement¿ Mais les temps changent et pas seulement à cause des bouleversements climatiques.

Les citoyens veulent voir les choses bouger et contre toute attente, ce Grenelle semblait avancer sur quelques points. Devant les caméras et les media, de belles promesses furent faites. Voici un extrait du discours du président de la République sur les transports : « Tous les grands projets publics, toutes les décisions publiques seront désormais arbitrés en intégrant leur coût pour le climat, leur « coût en carbone »¿Très clairement un projet dont le coût environnemental est trop lourd sera refusé » ; « Nous allons renverser la charge de la preuve¿Ce sera aux projets non écologiques de prouver qu'il n'était pas possible de faire autrement¿C'est une révolution dans la méthode de gouvernance de notre pays totale et nous allons appliquer immédiatement ce principe à la politique des transports. Le Grenelle propose une rupture eh bien, je propose de la faire mienne. La priorité ne sera plus au rattrapage routier mais au rattrapage des autres modes de transports. »

Le 9 novembre, les organisations reçues par Mme Kosciusko-Morizet pouvaient confirmer que la France allait « déposer la clause de sauvegarde dans les 15 jours, ce qui permettra de suspendre l'autorisation de culture commerciale du MON810, le seul maïs OGM actuellement autorisé en France. »

Depuis, les journalistes sont retournés travailler sur d'autres problèmes. Alors, loin des projecteurs de l'actualité, dans le secret des couloirs et des cabinets ministériels, les mauvaises habitudes ont repris le dessus. Point par point, les quelques avancées du Grenelle sont méthodiquement rognées, vidées de leur contenu. L'intérêt général est sacrifié en faveur des intérêts privés de quelques grandes firmes et des intérêts corporatistes de minorités influentes.

L'autoroute Bordeaux-Pau par exemple est un modèle de non-sens économique et environnemental et devrait donc être définitivement envoyé au musée des « éléphants blancs » (terme employé en Afrique pour désigner les projets inutiles pour les peuples, mais qui flattent l'orgueil des dirigeants). Pourtant Dominique Bussereau, ministre des transports, s'empressait d'annoncer que le projet d'autoroute A65 doit être poursuivi. Le Grenelle, c'était pour rire ?

Côté plaisanterie, on continue avec les OGM : au lieu d'une vraie suspension du seul maïs OGM cultivé en France - le maïs Mon810 de la firme Monsanto - le gouvernement publie un décret interdisant sa culture jusqu'au 9 février. Le gouvernement aurait pu dans la foulée interdire aussi la culture des fraises et des haricots verts jusqu'au 9 février. Ca n'aurait dérangé personne, eux non plus, ne poussent pas en hiver.

L'ensemble des organisations présentes avaient demandé que la loi se base sur le « droit de chaque agriculteur de produire sans OGM et de chaque citoyen de consommer sans OGM ». Le projet de loi sur les OGM, lui, ne s'occupe pas prioritairement d'assurer ce droit demandé par l'immense majorité des citoyens français (même des agriculteurs) mais met en place la coexistence, sans résoudre aucun problème. Dans l'état actuel, ce projet de loi légalise la contamination généralisée des cultures, de l'environnement et de la chaîne alimentaire.

A quoi a servi le Grenelle ? Le bilan était déjà bien mince et en plus, des thèmes qui engagent profondément l'avenir - nucléaire, réforme de la PAC ¿ - ont été exclus autoritairement des débats ! On était déjà loin de la « discussion sans tabou » qu'avait promis notre président¿

Finalement, c'est peut-être sur un autre terrain que le gouvernement va le plus avancer. En promettant de créer un statut de « partenaire environnemental » - comme on a les « partenaires sociaux » avec notamment les syndicats - le gouvernement tente de s'acheter les bonnes grâces des associations écologistes. Des finances et des postes représentatifs pourraient récompenser les élèves dociles¿ Parti comme c'est parti, ce sera peut-être le seul résultat concret de ce Grenelle : le débauchage de quelques écologistes associatifs en mal de reconnaissance¿ Quelques fous du Roi ou de Borloo, son Prince¿

Mais restons optimistes : pourquoi s'embêter avec des méthodes démocratiques alors que pour « sauver » le climat, il y a encore toutes les dictatures de la planète qui veulent acheter nos centrales nucléaires !

Christian BERDOT

Amis de la Terre des Landes / animateur de la campagne OGM des Amis de la Terre-France

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