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Coups de balai à Grozny


Black Survitual

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Membre, 50ans Posté(e)
Black Survitual Membre 1 513 messages
Baby Forumeur‚ 50ans‚
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Coups de balai à Grozny

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LE MONDE | 29.12.08 | 14h55 ¿ Mis à jour le 29.12.08 | 20h10

Arrivées dans un nuage de poussière et des crissements de freins, les vingt-cinq voitures du convoi présidentiel envahissent Vedeno, petit bourg de montagne au sud de la Tchétchénie. "Le voilà ! Il arrive !", crie un homme à la cantonade. Les 4 é 4, Mercedes, Volvo et autres, déversent un flot d'hommes en uniforme, fusil mitrailleur en bandoulière, l'oeil en alerte. Disposée en rangs d'oignons - personnel hospitalier en blouse blanche à droite, vieillards en toque d'astrakan à gauche -, la foule se fige à l'arrivée de Ramzan Kadyrov, le président désigné de la Tchétchénie.

Le voilà qui s'avance, petit et trapu, silhouette d'adolescent, la tête coiffée du traditionnel petit chapeau musulman. Paumes tournées vers le ciel, il récite une courte prière avant de se diriger vers l'estrade. Derrière lui, c'est la ruée, le service d'ordre fait place nette. Des hélicoptères tournoient dans le ciel. Tout est en place, la cérémonie peut commencer. Face à la tribune, des écoliers récitent des poèmes à sa gloire, les danseuses ondulent dans leur longue robe argentée.

Le spectacle est plutôt inhabituel pour les gens de Vedeno. Pendant la guerre contre la Russie, ils ont tout enduré : les "nettoyages" des fédéraux, les exécutions sommaires, les bombardements de l'aviation russe. "Les médecins opéraient dans la cave, le dénuement était total. Ils amputaient du matin au soir, y compris des enfants. La vie ne valait pas cher...", se remémore Zoulia l'infirmière.

Située au milieu d'une forêt dense, à 67 km de Grozny, la localité fut le fief du chef de guerre indépendantiste Chamil Bassaev, tué par les forces russes en juillet 2006 après des années de cavale et de baroud sanglant. Au XIXe siècle, un autre Chamil, l'imam en lutte contre l'armée tsariste, y avait sa forteresse. Depuis toujours, la région est indocile, son maquis est le refuge préféré des "abreks", ces rebelles à la colonisation russe et à l'ordre établi.

Et maintenant ? "On entend parfois des tirs la nuit dans la forêt", confie Zoulia. Constamment en mouvement entre la Tchétchénie et le Daghestan voisin, la guérilla indépendantiste fait encore le coup de feu, non plus contre les fédéraux, mais contre les forces de l'ordre tchétchènes. Pourtant, officiellement, la guerre contre la Russie est terminée. Sous la férule de Kadyrov, la Tchétchénie a tiré un trait sur ses velléités d'indépendance, elle a regagné le giron de la Fédération.

Les soldats russes sont présents, mais on ne les voit plus. Ils patrouillent rarement, vivent en famille dans leurs énormes bases militaires dotées de crèches, d'écoles et d'hôpitaux. Les postes de contrôle russes qui parsemaient jadis la route vers le sud ont disparu. "Il en reste encore un ou deux dans toute la Tchétchénie, mais plus pour longtemps, le président a exigé qu'ils soient démantelés", note fièrement Aslanbek, qui fait la navette entre Vedeno et Grozny. Un poste russe subsiste à l'entrée de la localité, "mais ils ne nous arrêtent plus, fini les fouilles, les insultes, l'humiliation".

Placé par le Kremlin à la tête de la petite république caucasienne, Ramzan Kadyrov, 32 ans, est devenu le champion de la normalisation. Avec la bénédiction de Moscou, il a fait le ménage parmi les chefs de guerre. "Il a invité les combattants à travailler à ses côtés, ceux qui ont refusé ont été tués", résume Leyla, une mère de famille. En 1994, au moment de la première offensive russe sur la Tchétchénie, Ramzan avait 18 ans. Lui et son père, l'ancien mufti Akhmad Kadyrov, ont rejoint le maquis.

Le traité de paix de 1996 a mis fin aux hostilités sans faire place à de vraies réparations. Livrée à elle-même, la Tchétchénie, déchirée par les luttes entre ses chefs, s'est enfoncée dans le chaos. En 1999, quand l'armée russe a lancé sa seconde offensive, le clan Kadyrov s'est rangé aux côtés du Kremlin, contre les indépendantistes et les islamistes radicaux.

Apprécié de Vladimir Poutine, qui l'a pris sous sa protection depuis l'assassinat de son père en mai 2004, Ramzan jouit aujourd'hui d'un pouvoir illimité sur son "Tchétchénistan". Il a son palais et son zoo, ses geôles et ses hommes de main. Ceux qui lui résistent sont broyés. Le 18 novembre 2006, ses nervis, les "kadyrovtsy", sont allés jusqu'au coeur de la capitale russe pour assassiner Movladi Baïssarov, un ancien chef de guerre, colonel du FSB russe (services de sécurité, ex-KGB), tombé en disgrâce. Le 24 septembre 2008, un autre rival de Kadyrov, Rouslan Iamadaev, officier du renseignement militaire russe (GRU) et ex-député de la Douma, a été tué par balles au centre de Moscou, à une centaine de mètres du bureau de Vladimir Poutine. Les enquêtes ouvertes par le parquet russe à ce sujet ont été prestement refermées.

Ramzan règne en inspirant la peur et l'admiration. La population lui sait gré d'avoir restauré la république ravagée par la guerre, mais elle craint l'arbitraire de ses "kadyrovtsy", responsables de nombreux enlèvements et exécutions sommaires. Tout le monde sait ici que le président a ses propres centres de détention dans son village natal de Tsentoroï. Ni le Conseil de l'Europe ni la Croix-Rouge internationale n'ont été autorisés à les visiter.

Grâce à l'argent reçu de Moscou, Ramzan s'est lancé dans une vaste entreprise de reconstruction. Grozny, la capitale, rasée par les bombardements de l'armée russe à l'hiver 1999-2000, a fait peau neuve. Les immeubles éventrés, les tas de gravas, les cratères de bombes, encore visibles il y a deux ans, ont disparu. Peu à peu, les bourgs de province ont été rénovés. Vedeno a désormais l'eau, le gaz, un centre commercial et une imposante mosquée. Le programme présidentiel tient en trois mots : "Plus de traces."

"Ce slogan a du bon, parce que les gens aspirent à vivre en paix", explique Aslanbek, étudiant à Grozny. Pour lui, peu importe que Ramzan ait du sang sur les mains, "il est un patriote qui veut le bien de son peuple". Son ami Timour n'est pas d'accord. La rénovation, il est pour, bien sûr, mais le slogan "sans traces" ne lui plaît pas. Les nouvelles constructions, explique-t-il, "ont été érigées sur des charniers". Des fosses communes sont découvertes au hasard des chantiers. En juin, 800 corps - en majorité des civils - ont été exhumés à Grozny. "Rien n'est oublié", murmure le jeune homme.

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VIP, Posté(e)
Yavin VIP 32 683 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

On oublie trop souvent le sort de ces anciennes républiques d'ex-URSS, qui plus est de la Tchétchénie, qui a souffert tant et plus. Certes, sa réhabilitation ne va pas se faire sans douleur, mais ce souffle nouveau est bienvenu dans la région. :smile2:

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Membre, In girum imus nocte et consumimur igni , 51ans Posté(e)
PASDEPARANOIA Membre 27 326 messages
51ans‚ In girum imus nocte et consumimur igni ,
Posté(e)

Ho oui, ça fais tellement de bien de changer de dictateur.

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Membre, Awaarrrreee, 46ans Posté(e)
sousene Membre 2 092 messages
46ans‚ Awaarrrreee,
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Le style n'est pas le meme !!!!!! ce qui donne un changement a la situation, le but etant le meme !!!! "ferme ta gueule et fait ce que je dis de faire !!!!! "

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VIP, Posté(e)
Yavin VIP 32 683 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Ho oui, ça fais tellement de bien de changer de dictateur.

La population semble satisfaite pour l'instant.

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Membre, Anarchiste épistémologique, 50ans Posté(e)
kyrilluk Membre 7 691 messages
50ans‚ Anarchiste épistémologique,
Posté(e)
La population semble satisfaite pour l'instant.

Qu'est-ce qu'Israel attend pour faire la meme chose avec le Hamas?

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Membre, 50ans Posté(e)
Black Survitual Membre 1 513 messages
Baby Forumeur‚ 50ans‚
Posté(e)
Qu'est-ce qu'Israel attend pour faire la meme chose avec le Hamas?

Avec tout le fric que Israël a filé au Hamas pour lutter contre le Fatha tu crois quand même pas qu'ils vont le neutraliser complètement... :smile2:

B.S.

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