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La bataille d'Aspern Essling (21-22 mai 1809)


Olivier1985

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Membre, Milk shaker, 38ans Posté(e)
Olivier1985 Membre 8 188 messages
38ans‚ Milk shaker,
Posté(e)

Si il y a bien une bataille IMPORTANTE de l'aire Napoléonienne qui est complètement oublié dans les manuels d'histoire en France c'est bien la bataille d'Aspern Essling qui fut la première défaite personnelle de l'Empereur. On préfère et c'est bien normal se rappeler de la bataille de Wagram qui se déroula quelques semaines plus tard et fut une grande victoire Française. Ces 2 batailles virent s'affronter les Empires de France et d'Autriche et se sont déroulé à une quinzaine de kilomètres de Vienne au Nord Est.

Ne me sentant pas très à l'aise pour décrire le déroulement d'une bataille tout seul, je vais m'inspirer largement de descriptions trouvées à la fois dans mes livres d'histoire et de sites internet de qualité. J'espère que vous ne m'en voudrez pas. :smile2:

LE CONTEXTE

En 1809 l'Autriche, constate que Napoléon est embourbé dans l'interminable guerre d'Espagne et voyant que son alliance avec la Russie est fragile, décide de passer à l'attaque pour venger son humiliation d'Austerlitz.

Malgrès la victoire Française à Austerlitz en 1805 et la paix de Presbourg, l'archiduc Charles, frère de l'Empereur d'Autriche François II et ministre de la guerre depuis trois ans, a rebâti une armée de 300 000 soldats et créé la Landwher, une troupe de reservistes de 200 000 hommes bien encadrés.

Début avril, l'armée autrichienne passe l'Inn et occupe Munich. La Grande Armée (Française), forte de 200 000 hommes se met en campagne.

Napoléon rejoint son armée le 17 avril et va remporter cinq victoires en cinq jours : Tengen le 19, Abensberg le 20, Landshut le 21, Ekmühl le 22 et Ratisbonne le 23.

Napoléon arrive à Vienne, sur la rive gauche du Danube, le 10 mai.

L'archiduc Charles et l'armée autrichienne, forte de 95 000 hommes, se sont repliés sur la rive droite du fleuve après avoir détruit tous les ponts.

Napoléon, décidé à aller le chercher doit en construire de nouveaux, le problème du passage se pose...

Aprés avoir effectué lui-même une reconnaissance, il choisit d'occuper l'ile de Lobau et de construire les ponts à partir de là, l'endroit, couvert de bois permettra de travailer en partie hors de la vue de l'ennemi. Les fantassins du 2°régiment de ligne montent dans de grandes barques et délogent une centaine d'autrichiens. Les divisions Boudet et Molitor occupent le terrain ainsi que la cavalerie de Lassales. Les pontonniers construisent trois ponts dont un devant permettre le passage de l'artillerie.

Le 21 mai à l'aube, près de 30 000 français ont traversés le fleuve, L'archiduc Charles se sachant en supériorité numérique attend le bon moment pour lancer son attaque car les français sont dos au fleuve...

A 10h00, jugeant la situation favorable, il lance son armée en quatre colonnes, la première commandée par Hiller vers Aspern, la deuxième et la troisième sur Essling et la quatrième commandée par Rosenberg sur Entzendorf (sur la droite française).

Au total, 100 000 et 300 canons qui doivent lui donner la victoire.

A midi, la rupture du grand pont arrête le passage des français. Une attaque est dirigée par Hiller contre la gauche française positionnée à Aspern sous les ordres de Massena qui resiste avec deux divisions, la bataille fait rage dans le village.

Boudet, à la tête de la quatrième division s'est retranché à Essling, où il resiste aux attaques de Rosenberg et Hohenzollern, dirigées par l'archiduc en personne.

L'Empereur est inquiet, le grand pont qui a très vite été réparé a cédé une nouvelle fois, Lannes qui a eu le temps de traverser juste avant stoppe la progression de Hohenzollern avec l'appui de la cavalerie de Bessières. Avec la nuit les combats s'arrêtent, les assauts autrichiens ont échoué.

Le grand pont est à nouveau réparé et le passage des troupes reprend. Le lendemain, les français seront 60 000 et Napoléon pense que cela suffira pour emporter la victoire.

Ordre est donné à Massena et Boudet de continuer à tenir Aspern et Essling, Davout devant traverser le lendemain pour attaquer vers Raasdorf et couper l'armée autrichienne dont le dispositif est très étiré.

Le 22 mai à cinq heures, Napoléon lance son offensive avec l'intention de percer les lignes autrichiennes puis de se rabattre sur les arrières d'Aspern et Essling, et d'encercler les ennemis se trouvant devant ces deux villages.

C'est le maréchal Lannes qui mène l'attaque, les français bousculent les autrichiens, L'archiduc Charles voyant le danger engage des regiments neufs et engage l'artillerie de reserve. Lannes qui sent la victoire à portée de main demande des renforts, mais le sort s'acharne sur les français, le grand pont est en feu et toute communication désormais impossible. Napoléon ordonne de tout arrêter.

Lorsque l'Archiduc apprend la coupure du pont, il ordonne l'offensive. Aspern est pris et repris plusieurs fois mais reste aux français. Massena envoie son aide de camps dire à l'Empereur :"Allez dire à l'Empereur que je tiendrais deux heures, dix heures, vingt heures s'il le faut pour sauver l'armée". A Essling, Boudet a transformé le village en redoute et resiste aux assauts de Rosenberg avec abnégation.

Au centre, Lannes fait face à l'archiduc. Les français se battent depuis trente heures le dos au fleuve et desormais, ils sont privés de ravitaillement. Les munitions commencent à manquer, cependant, quand la nuit tombe, les positions restent stables.

Napoléon tient alors un conseil avec Berthier, Massena, Bessière et Davout. Le général Bertrand, commandant du génie, estime qu'il lui faudra 48 heures pour réparer le grand pont, il n'est donc plus possible de se maintenir sur l'autre rive.

Pendant que les autrichiens attendent avec confiance la journée du lendemain, les français évacuent leurs positions dans la nuit et sous une pluie battante. La bataille d'Essling est terminée.

Le lendemain, les autrichiens exultent, si Essling n'est pas une défaite, c'est incontestablement un échec.

La Grande Armée reste sur ses positions et Napoléon prépare sa prochaine offensive, ce sera Wagram...

Bilan

Des deux cotés, les pertes sont lourdes et sensiblement égales : 20 000 à 23 000 tués et blessés dans chaque camp. Avec la mort du Maréchal Lannes, c'est un coup dur qui est porté aux français et à l'Empereur en particulier : il ne perd pas seulement un de ses meilleurs chefs, mais aussi un ami.

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Membre+, Patate fossilisée, 37ans Posté(e)
Kinwena Membre+ 4 724 messages
37ans‚ Patate fossilisée,
Posté(e)

Merci beaucoup :smile2:

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Membre, Milk shaker, 38ans Posté(e)
Olivier1985 Membre 8 188 messages
38ans‚ Milk shaker,
Posté(e)

Si la description de cette bataille vous convient, j'essaierai d'en faire d'autres.

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Membre, Posté(e)
Aetius Membre 4 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Salut

Essling n'est pas vraiment une défaite étant donné que Napoléon est resté maitre du champs de bataille.

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  • 6 mois après...
Membre, 45ans Posté(e)
Anksunamun Membre 1 572 messages
Baby Forumeur‚ 45ans‚
Posté(e)

Pas du tout !!!

Essling est bien une défaite tactique sans incidence sur la victoire finale.

Notre amis à oublié de citer la mort d'un valeureux officiers de Napoléon: j'ai nommé le général des cuirassiers Espagne.

Et puis non Aspern-Essling n'est pas la première défaite de Napoléon, c'est le siège de Saint-Jean d'Acre pendant la campagne d'Egypte qui est la première défaite de Napoléon.

Et à noter aussi que la bataille de Marengo était une quasi-déroute avant l'arrivée in-extremis de Desaix et la charge opportune de Kellermann (tiens, cela me rappelle, malheureusement... une autres bataille se déroulant un fameux 18 juin 1815... mais si, sur une Morne Plaine... :smile2: ).

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Membre, 45ans Posté(e)
Anksunamun Membre 1 572 messages
Baby Forumeur‚ 45ans‚
Posté(e)

Mon impression est que, si le "grand pont" avait pu être maintenu, la "bataille" aurait probablement basculé du cote de l'Armée Impériale. D'une part, grace à le flux d'appro (poudre, etc..) et à l'arrivée des hommes de Davout ; l'idée "tactique" était quand même assez géniale.

Le problème est de savoir si l'idée tactique était adaptée à l'armée qu'était devenue l'Armée Impériale. Dans le livre de Rambaud, deux officiers commentent le fait que Napoleon continue à raisonner comme s'il dirigeait encore l'Armée d'Italie. Je trouve que cette reflexion a beaucoup de sens.

A l'évidence le problème fondamental était dans la contradiction entre vitesse d'execution du pont (surprise tactique) et les nécessités "techniques" qui auraient nécessité davantage de délais pour la construction d'un ouvrage solide, voir défendu par des estacades... C'est cette "sous-estimation" (volontaire?) des bésoins en génie qui conduit à l'échec de la manoeuvre.

En ce qui concerne l'affrontement lui-même, bof... Les Autrichiens font à peu-près ce qu'avait prévu l'Empereur, sont incapables de profiter du déséquilibre initial en leur faveur, tout comme ils sont incapables d'interdire la retraite tactique sur l'île.

En fait, il me semble l'Armée Impériale maitrise de bout en bout l'affrontement et se retire quand elle n'a pas les moyens de faire basculer l'affaire, comme elle l'a décidé...

Mais de mon point de vue c'est bien une défaite tactique.

Il est à noter aussi que c'est l'une des rare batailles où la Vieille Garde est donnée.

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Membre, 45ans Posté(e)
Anksunamun Membre 1 572 messages
Baby Forumeur‚ 45ans‚
Posté(e)

Au sujet de Wagram: 6 juillet 1809.

Et il ne faut pas oublier que la stratégie, c'est ce qui se passe bien avant la bataille. La bataille, ce n'est que de la tactique au niveau des chefs de corps au maximum. En l'occurrence, la surprise n'était pas possible comme à Austerlitz, parce que l'objectif était connu: l'anéantissement de la force adverse. Napoléon exécute néanmoins un beau mouvement en traversant le Rhin pour rendre la bataille jouable et tourner les fortifications autrichiennes. Ce mouvement est vraiment brillant dans le sens où, à son habitude, Napoléon a séparé les armées autrichiennes pour se jeter sur elles individuellement; en l'occurrence, il est toujours admirable de le voir prendre sa décision en un éclair pour attaquer l'archiduc sans attendre que celui-ci reçoive ses renforts. Une bataille est toujours un coup de dés, et celui-là est un des grands (pas le plus grand, certes, certes et re-certes); c'est le mouvement qui est beau. On juge cela facilement, mais regardez l'Histoire: il est TRES rare qu'un chef/général/chef d'Etat (Napoléon a l'avantage d'être tout cela à la fois: il est tous les échelons décision/stratégie/grande tactique/tactique/exécution) prenne ses décisions aussi vite. Et je ne sais pas si vous arrivez à imaginer la somme de décisions et le risque encouru qui se jouent en un éclair.

Après, ça se joue à l'usure en attendant le coup, la brêche, la faille qui se révèle en face; ca, c'est 99% de toutes les batailles. Il n'y a pas de vraie supériorité numérique française; les effectifs engagés effectivement n'ont pas reflété un tel déséquilibre (même s'il est vrai que leur seule présence influait sur les calculs de l'archiduc). Entre les dispositifs de terrain et les réserves, on ne change pas un dispositif tactique ainsi; les Autrichiens sont en défense, par ailleurs, ce qui est le plus souvent garant de moindres pertes (sauf si le défenseur craque et doit subir, sur certaines divisions ou l'ensemble de l'armée, une poursuite où l'essentiel des pertes se fait). Et avant tout, le terrain décide, qui ne permet pas d'étendre la ligne pour un débordement.

L'objectif stratégique de Napoléon est, au final, atteint, d'abord à Wagram, puis à Znaim quelques jours après: l'armée autrichienne comme force combattante, n'existe plus pour un bout de temps (pas énorme, mais qui se chiffre en années), laissant la route de Vienne (encore) ouverte. La paix est inévitable, et se fait en octobre à Schönbrunn 3 mois après l'armistice, et d'autant plus que la victoire de Bernadotte en décembre sur les Anglais à Walcheren (un désastre parmi d'autres qu'ils oublient toujours, et qui leur coûte une fortune, crée un krach à la City et tape dans leurs troupes de première ligne). Wagram est une grande victoire et une victoire décisive, mais elle n'a rien de brillant dans son exécution (une bataille l'est rarement): la campagne est efficace, brillante même par certains aspects. Et le mouvement qui décide l'engagement est vraiment brillant (je suis prêt à le défendre pied à pied). C'est d'ailleurs pour cela que Wagram (au-delà de la propagande impériale) est toujours vue comme une manoeuvre exceptionnelle.

Après, y'a toutes les conneries qui se font toujours sur le champ de bataille (en fait, le gagnant est souvent celui dont les conneries ont le moins de conséquences plus que celui qui en fait le plus; ce n'est certainement pas celui qui n'en fait pas ou peu car celui-ci n'existe qu'à l'école de guerre). Le tir fratricide sur les Saxons fut une erreur cruelle, et le bordel qu'elle entraîna au milieu du dispositif a été un facteur majeur dans l'impossibilité de l'anéantissement (le tempo a été perdu, la brêche potentielle non exploitée).

Il faut aussi noter le fait que la Grande Armée de 1809 est une armée en fin de campagne, qui plus est qui sort d'un tempo opérationnel soutenu de plusieurs années: l'armée n'a pas pu se remettre totalement des 3ème et 4ème coalitions et de la guerre en Espagne. Mais surtout, elle a fait une campagne rapide, épuisante et sanglante en 1809 contre un ennemi sur son terrain. La proportion de conscrits y est très élevée, le nombre et la qualité des chevaux en baisse et les rangs y ont été bien percés (avec remplissage de conscrits et de transferts qui amoindrissent toujours la cohésion); qui plus est, les conscrits ont peu de temps pour s'entraîner entre 1805 et 1809 et doivent le faire en route le plus souvent. Le déséquilibre est beaucoup plus sensible dans certains corps que dans d'autres. Mais on notera aussi qu'elle est faite de contingents très inégaux (l'armée d'Italie est moins équipée, moins entraînée, moins motivée, par exemple, mais les contingents de la Confédération du Rhin aussi); on pourra signaler aussi le débat sur l'inflation de la Garde (création de la Jeune Garde) qui draine beaucoup d'éléments de qualité. Même si le but est d'en faire des unités de formations de sous-offs, en 1809, la ventilation ne se fait pas encore bien (elle sera bonne en 1810).

Bref, cette armée, mais en fait surtout son infanterie, n'est plus aussi mobile, aussi décisive, et aussi agile au niveau tactique que celle des campagnes de 1805 à 1807. Elle est l'aboutissement d'une usure importante qui limite les capacités de créer et d'exploiter une brêche, d'emporter un dispositif défensif du premier coup et de s'engouffrer sans temps d'arrêt dans et derrière lui.... C'est peut-être aussi cela qui vous déçoit par rapport à Austerlitz. L'outil n'est plus aussi affuté et rapide, et en conséquence, la victoire est moins éclatante. Une infanterie qualitativement moins supérieure a contraint Napoléon (qui savait jauger de ses forces) à se reposer plus sur l'artillerie et la cavalerie. mais la cavalerie ne crée pas la brêche, et l'artillerie oblige à un dispositif tactique de lignes massives centrées sur des batteries puissantes. La colonne de MacDonald en est la conséquence obligatoire et sans recours: il faut percer au plus vite. Sinon, c'est la bataille d'attrition.

Faut voir que l'armée qui sort du Camp de Boulogne en 1805 est unique dans toute la période napoléonienne: elle est sans comparaison dans toute la période (et sans doute dans une bonne portion de l'histoire de l'occident). Elle réunit toutes les conditions idéales à une armée:

- un Etat-Major ultra-compétent et jeune

- des généraux et officiers issus du rang, jeunes et respectés quand ils ne sont pas aimés

- des troupes qui sortent de plus de 10 ans de guerre quasi-permanentes (mais avec encore de la réserve de population jeune mais pas trop) et donc à la fois aguerries et écrémées (le darwinisme de la guerre est sans appel)

- un moral en béton, l'élan révolutionnaire battant à plein

- plus de 3 ans de paix et d'entraînement intensif (individuel et surtout en formations et en grandes manoeuvres; aucune armée européenne n'approchait un tel rythme d'entraînement)

- une bonne organisation, de bons appros, un bon matos

- des spécialités excellentes: cavalerie, artillerie et Génie

Et par-dessus le marché, elle se permet d'avoir un chef incomparable qui concentre à lui seul la décision politique (stratégie), la gestion de la campagne (grande tactique) et le commandement opérationnel (tactique).

En 1809, le petit tondu voit où en est son outil, et les 2 ans qui séparent la paix de Schönbrunn de la campagne de Russie lui permettent de remettre sur pied l'armée française qui atteint de nouveau une qualité approchant celle de 1805. S'il ne l'avait pas envoyée en Russie....

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