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Alphonse de Lamartine


_Dolph

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Modérateur, Nikita, 152ans Posté(e)
_Dolph Modérateur 60 554 messages
152ans‚ Nikita,
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lamartine.jpg

Alphonse de Lamartine

Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine, né à Mâcon le 21 octobre 1790.

Poète romantique dans toute la splendeur de la vanité comme de la beauté de ses vers, Alphonse de Lamartine est entré au Panthéon des hommes de lettres de son vivant. Après une enfance passée dans la région de Mâcon, Alphonse de Lamartine entame une carrière littéraire après quelques années de désoeuvrement. Il entre à l'Académie française en 1829 et, à la suite d'un voyage effectué en Orient pour se consoler de la perte de sa fille, Lamartine se lance dans la politique, laissant sa foi de côté. D'abord monarchiste, il se rallie ensuite à la République de 1848. Quand il abandonne ses habits de politicien, Lamartine redevient le poète lyrique aux élans parfois exagérés. Plaçant le 'moi' au centre de son art, s'inspirant d'un amour malheureux vécu lors d'une saison aux thermes, Lamartine écrira ses plus beaux vers avec 'Le Lac'. 'Un seul être vous manque ...' deviendra une citation référence. Ses 'Méditations poétiques' sont l'objet d'admiration de la nouvelle génération de poètes. Mais l'échec retentissant aux élections présidentielles met définitivement fin à sa carrière. Pauvre et oublié de tous, Lamartine meurt en 1869.

Source...

*************************

Souvenir

En vain le jour succède au jour,

Ils glissent sans laisser de trace ;

Dans mon âme rien ne t'efface,

é dernier songe de l'amour !

Je vois mes rapides années

S'accumuler derrière moi,

Comme le chêne autour de soi

Voit tomber ses feuilles fanées.

Mon front est blanchi par le temps ;

Mon sang refroidi coule à peine,

Semblable à cette onde qu'enchaîne

Le souffle glacé des autans.

Mais ta jeune et brillante image,

Que le regret vient embellir,

Dans mon sein ne saurait vieillir

Comme l'âme, elle n'a point d'âge.

Non, tu n'as pas quitté mes yeux;

Et quand mon regard solitaire

Cessa de te voir sur la terre,

Soudain je te vis dans les cieux.

Là, tu m'apparais telle encore

Que tu fus à ce dernier jour,

Quand vers ton céleste séjour

Tu t'envolas avec l'aurore.

Ta pure et touchante beauté

Dans les cieux même t'a suivie ;

Tes yeux, où s'éteignait la vie,

Rayonnent d'immortalité !

Du zéphyr l'amoureuse haleine

Soulève encor tes longs cheveux ;

Sur ton sein leurs flots onduleux

Retombent en tresses d'ébène,

L'ombre de ce voile incertain

Adoucit encor ton image,

Comme l'aube qui se dégage

Des derniers voiles du matin.

Du soleil la céleste flamme

Avec les jours revient et fuit ;

Mais mon amour n'a pas de nuit,

Et tu luis toujours sur mon âme.

C'est toi que j'entends, que je vois,

Dans le désert, dans le nuage;

L'onde réfléchit ton image;

Le zéphyr m'apporte ta voix.

Tandis que la terre sommeille,

Si j'entends le vent soupirer,

Je crois t'entendre murmurer

Des mots sacrés à mon oreille.

Si j'admire ces feux épars

Qui des nuits parsèment le voile,

Je crois te voir dans chaque étoile

Qui plaît le plus à mes regards.

Et si le souffle du zéphyr

M'enivre du parfum des fleurs.

Dans ses plus suaves odeurs

C'est ton souffle que je respire.

C'est ta main qui sèche mes pleurs,

Quand je vais, triste et solitaire,

Répandre en secret ma prière

Près des autels consolateurs.

Quand je dors, tu veilles dans l'ombre ;

Tes ailes reposent sur moi ;

Tous mes songes viennent de toi,

Doux comme le regard d'une ombre.

Pendant mon sommeil, si ta main

De mes jours déliait la trame,

Céleste moitié de mon âme,

J'irais m'éveiller dans ton sein !

Comme deux rayons de l'aurore,

Comme deux soupirs confondus,

Nos deux âmes ne forment plus

Qu'une âme, et je soupire encore !

**********

Mon âme est triste jusqu'à la mort !

... J'ai vécu ; c'est-à-dire à moi-même inconnu

Ma mère en gémissant m'a jeté faible et nu ;

J'ai compté dans le ciel le coucher et l'aurore

D'un astre qui descend pour remonter encore,

Et dont l'homme, qui s'use à les compter en vain,

Attend, toujours trompé, toujours un lendemain ;

Mon âme a, quelques jours, animé de sa vie

Un peu de cette fange à ces sillons ravie,

Qui répugnait à vivre et tendait à la mort,

Faisait pour se dissoudre un éternel effort,

Et que par la douleur je retenais à peine ;

La douleur ! noeud fatal, mystérieuse chaîne,

Qui dans l'homme étonné réunit pour un jour

Deux natures luttant dans un contraire amour

Et dont chacune à part serait digne d'envie,

L'une dans son néant et l'autre dans sa vie,

Si la vie et la mort ne sont pas même, hélas !

Deux mots créés par l'homme et que Dieu n'entend pas ?

Maintenant ce lien que chacun d'eux accuse,

Prêt à se rompre enfin sous la douleur qui l'use,

Laisse s'évanouir comme un rêve léger

L'inexplicable tout qui veut se partager ;

Je ne tenterai pas d'en renouer la trame,

J'abandonne à leur chance et mes sens et mon âme :

Qu'ils aillent où Dieu sait, chacun de leur côté !

Adieu, monde fuyant ! nature, humanité,

Vaine forme de l'être, ombre d'un météore,

Nous nous connaissons trop pour nous tromper encore !

Oui, je te connais trop, ô vie ! ...

Que tu sais bien dorer ton magique lointain !

Qu'il est beau l'horizon de ton riant matin !

Quand le premier amour et la fraîche espérance

Nous entrouvrent l'espace où notre âme s'élance

N'emportant avec soi qu'innocence et beauté,

Et que d'un seul objet notre coeur enchanté

Dit comme Roméo : "Non, ce n'est pas l'aurore !

Aimons toujours ! l'oiseau ne chante pas encore !"

Tout le bonheur de l'homme est dans ce seul instant ;

Le sentier de nos jours n'est vert qu'en le montant !

De ce point de la vie où l'on en sent le terme

On voit s'évanouir tout ce qu'elle renferme ;

L'espérance reprend son vol vers l'Orient ;

On trouve au fond de tout le vide et le néant ;

Avant d'avoir goûté l'âme se rassasie ;

Jusque dans cet amour qui peut créer la vie

On entend une voix : Vous créez pour mourir !

Et le baiser de feu sent un frisson courir !

Quand le bonheur n'a plus ni lointain ni mystère,

Quand le nuage d'or laisse à nu cette terre,

Quand la vie une fois a perdu son erreur,

Quand elle ne ment plus, c'en est fait du bonheur !

... Ah ! si vous paraissiez sans ombre et sans emblème,

Source de la lumière et toi lumière même,

Ame de l'infini, qui resplendit de toi !

Si, frappés seulement d'un rayon de ta foi,

Nous te réfléchissions dans notre intelligence,

Comme une mer obscure où nage un disque immense,

Tout s'évanouirait devant ce pur soleil,

Comme l'ombre au matin, comme un songe au réveil ;

Tout s'évaporerait sous le rayon de flamme,

La matière, et l'esprit, et les formes, et l'âme,

Tout serait pour nos yeux, à ta pure clarté,

Ce qu'est la pâle image à la réalité !

La vie, à ton aspect, ne serait plus la vie,

Elle s'élèverait triomphante et ravie,

Ou, si ta volonté comprimait son transport,

Elle ne serait plus qu'une éternelle mort !

Malgré le voile épais qui te cache à ma vue,

Voilà, voilà mon mal ! c'est ta soif qui me tue !

Mon âme n'est vers toi qu'un éternel soupir,

Une veille que rien ne peut plus assoupir ;

Je meurs de ne pouvoir nommer ce que j'adore,

Et si tu m'apparais ! tu vois, je meurs encore !

Et de mon impuissance à la fin convaincu,

Me voilà ! demandant si j'ai jamais vécu,

Touchant au terme obscur de mes courtes années,

Comptant mes pas perdus et mes heures sonnées,

Aussi surpris de vivre, aussi vide, aussi nu,

Que le jour où l'on dit : Un enfant m'est venu !

Prêt à rentrer sous l'herbe, à tarir, à me taire,

Comme le filet d'eau qui, surgi de la terre,

Y rentre de nouveau par la terre englouti

é quelques pas du sol dont il était sorti !

Seulement, cette eau fuit sans savoir qu'elle coule ;

Ce sable ne sait pas où la vague le roule ;

Ils n'ont ni sentiment, ni murmure, ni pleurs,

Et moi, je vis assez pour sentir que je meurs !

Mourir ! ah ! ce seul mot fait horreur de la vie !

L'éternité vaut-elle une heure d'agonie ?

La douleur nous précède, et nous enfante au jour,

La douleur à la mort nous enfante à son tour !

Je ne mesure plus le temps qu'elle me laisse,

Comme je mesurais, dans ma verte jeunesse,

En ajoutant aux jours de longs jours à venir,

Mais, en les retranchant de mon court avenir,

Je dis : Un jour de plus, un jour de moins ; l'aurore

Me retranche un de ceux qui me restaient encore ;

je ne les attends plus, comme dans mon matin,

Pleins, brillants, et dorés des rayons du lointain,

Mais ternes, mais pâlis, décolorés et vides

Comme une urne fêlée et dont les flancs arides

Laissent fuir l'eau du ciel que l'homme y cherche en vain,

Passé sans souvenir, présent sans lendemain,

Et je sais que le jour est semblable à la veille,

Et le matin n'a plus de voix qui me réveille,

Et j'envie au tombeau le long sommeil qu'il dort,

Et mon âme est déjà triste comme la mort !

**********

Le lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,

Dans la nuit éternelle emportés sans retour,

Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges

Jeter l'ancre un seul jour ?

é lac ! l'année à peine a fini sa carrière,

Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,

Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre

Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,

Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,

Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes

Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;

On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,

Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence

Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre

Du rivage charmé frappèrent les échos ;

Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère

Laissa tomber ces mots :

" é temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !

Suspendez votre cours :

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,

Coulez, coulez pour eux ;

Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;

Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,

Le temps m'échappe et fuit ;

Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore

Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,

Hâtons-nous, jouissons !

L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;

Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,

Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,

S'envolent loin de nous de la même vitesse

Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?

Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !

Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,

Ne nous les rendra plus !

éternité, néant, passé, sombres abîmes,

Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?

Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes

Que vous nous ravissez ?

é lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !

Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,

Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,

Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,

Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,

Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages

Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,

Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,

Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface

De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,

Que les parfums légers de ton air embaumé,

Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,

Tout dise : Ils ont aimé !

**********

Le soir

Le soir ramène le silence.

Assis sur ces rochers déserts,

Je suis dans le vague des airs

Le char de la nuit qui s'avance.

Vénus se lève à l'horizon ;

A mes pieds l'étoile amoureuse.

De sa lueur mystérieuse

Blanchit les tapis de gazon.

De ce hêtre au feuillage sombre

J'entends frissonner les rameaux :

On dirait autour des tombeaux

Qu'on entend voltiger une ombre.

Tout à coup détaché des cieux,

Un rayon de l'astre nocturne,

Glissant sur mon front taciturne,

Vient mollement toucher mes yeux.

Doux reflet d'un globe de flamme,

Charmant rayon, que me veux-tu ?

Viens-tu dans mon sein abattu

Porter la lumière à mon âme ?

Descends-tu pour me révéler

Des mondes le divin mystère?

Les secrets cachés dans la sphère

Où le jour va te rappeler?

Une secrète intelligence

T'adresse-t-elle aux malheureux ?

Viens-tu la nuit briller sur eux

Comme un rayon de l'espérance ?

Viens-tu dévoiler l'avenir

Au coeur fatigué qui t'implore ?

Rayon divin, es-tu l'aurore

Du jour qui ne doit pas finir ?

Mon coeur à ta clarté s'enflamme,

Je sens des transports inconnus,

Je songe à ceux qui ne sont plus

Douce lumière, es-tu leur âme ?

Peut-être ces mânes heureux

Glissent ainsi sur le bocage ?

Enveloppé de leur image,

Je crois me sentir plus près d'eux !

Ah ! si c'est vous, ombres chéries !

Loin de la foule et loin du bruit,

Revenez ainsi chaque nuit

Vous mêler à mes rêveries.

Ramenez la paix et l'amour

Au sein de mon âme épuisée,

Comme la nocturne rosée

Qui tombe après les feux du jour.

Venez !... mais des vapeurs funèbres

Montent des bords de l'horizon :

Elles voilent le doux rayon,

Et tout rentre dans les ténèbres.

Mistral :snif:

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Membre, Posté(e)
mistral gagnant Membre 3 967 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

:snif:

Un ti clin d'oeil pour moi lore?

ce magnifique poète qui a si bien transformé son art en or!

en mêlant son âme et son corps,

a une nature décor , lui servant de réconfort. :snif:

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Membre, 35ans Posté(e)
jah Membre 620 messages
Baby Forumeur‚ 35ans‚
Posté(e)

"Le plus harmonieux, le mieux inspiré, le plus sublime et le plus charmant des sots."

Sainte-Beuve.

Plus serieusement.

C'est mignon Lamartine, mais bon, c't'un peu trop... Trop quoi. A mon sens.

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Membre, Posté(e)
mistral gagnant Membre 3 967 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

:snif:

Lamartine c'est un peu comme la musique a mozart, certains pensent qu'ils y a

trop de notes... :snif:

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Membre, 35ans Posté(e)
jah Membre 620 messages
Baby Forumeur‚ 35ans‚
Posté(e)

C'est un peu ça. Le côté larmoyant que Lautréamont lui prêtait, aussi. J'ai beaucoup de mal avec tout ce qui est complaisance.

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Membre, Posté(e)
mistral gagnant Membre 3 967 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

:snif:

Je sais pas trop quoi te dire , n'as tu pas d'atomes crochus avec le poéte??? :snif:

au moins un!

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Membre, 35ans Posté(e)
jah Membre 620 messages
Baby Forumeur‚ 35ans‚
Posté(e)

Tu veux dire, si j'aime au moins une chose de lui?

Si c'est ça, alors oui, j'aime une chose. J'apprécie les tournures de phrases, c'est nettement plus mielleux qu'Eluard, mais il y a quand même plus de talent je trouve.

Oui, je deteste Eluard.

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Modérateur, Nikita, 152ans Posté(e)
_Dolph Modérateur 60 554 messages
152ans‚ Nikita,
Posté(e)
:snif:

Un ti clin d'oeil pour moi lore?

ce magnifique poète qui a si bien transformé son art en or!

en mêlant son âme et son corps,

a une nature décor , lui servant de réconfort. ;)

:o j'suis pas Lore :snif:

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Invité Lounet
Invités, Posté(e)
Invité Lounet
Invité Lounet Invités 0 message
Posté(e)

Pour les fans de Lamartine, je détiens un autographe de lui. je voulais la déposer ici, mais je ne sais pas faire...

post-68051-1214071818_thumb.jpg

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Membre+, 51ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)

Deux citations me viennent à l'esprit quand on parle de Lamartine :

"un seul être vous manque et tout est dépeuplé"

"ô temps, suspends ton vol"

J'ai découvert que Jean Giraudoux avait pastiché Lamartine dans La guerre de Troie n'aura pas lieu avec cette citation : "Un seul être vous manque, et tout est repeuplé".

J'avoue que je ne suis pas vraiment fan de ce poète, un peu trop élégiaque à mon goût.

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Modérateur, Nikita, 152ans Posté(e)
_Dolph Modérateur 60 554 messages
152ans‚ Nikita,
Posté(e)

Contre la peine de mort

(Au peuple du 19 octobre 1830)

Vains efforts ! périlleuse audace !

Me disent des amis au geste menaçant,

Le lion même fait-il grâce

Quand sa langue a léché du sang ?

Taisez-vous ! ou chantez comme rugit la foule ?

Attendez pour passer que le torrent s'écoule

De sang et de lie écumant !

On peut braver Néron, cette hyène de Rome!

Les brutes ont un coeur! le tyran est un homme :

Mais le peuple est un élément ;

Elément qu'aucun frein ne dompte,

Et qui roule semblable à la fatalité ;

Pendant que sa colère monte,

Jeter un cri d'humanité,

C'est au sourd Océan qui blanchit son rivage

Jeter dans la tempête un roseau de la plage,

La feuille sèche à l'ouragan !

C'est aiguiser le fer pour soutirer la foudre,

Ou poser pour l'éteindre un bras réduit en poudre

Sur la bouche en feu du volcan !

Souviens-toi du jeune poète,

Chénier ! dont sous tes pas le sang est encor chaud,

Dont l'histoire en pleurant répète

Le salut triste à l'échafaud .

Il rêvait, comme toi, sur une terre libre

Du pouvoir et des lois le sublime équilibre ;

Dans ses bourreaux il avait foi !

Qu'importe ? il faut mourir, et mourir sans mémoire :

Eh bien ! mourons, dit-il. Vous tuez de la gloire :

J'en avais pour vous et pour moi !

Cache plutôt dans le silence

Ton nom, qu'un peu d'éclat pourrait un jour trahir !

Conserve une lyre à la France,

Et laisse-les s'entre-haïr ;

De peur qu'un délateur à l'oreille attentive

Sur sa table future en pourpre ne t'inscrive

Et ne dise à son peuple-roi :

C'est lui qui disputant ta proie à ta colère,

Voulant sauver du sang ta robe populaire,

Te crut généreux : venge-toi !

Non, le dieu qui trempa mon âme

Dans des torrents de force et de virilité,

N'eût pas mis dans un coeur de femme

Cette soif d'immortalité.

Que l'autel de la peur serve d'asile au lâche,

Ce coeur ne tremble pas aux coups sourds d'une hache,

Ce front levé ne pâlit pas !

La mort qui se trahit dans un signe farouche

En vain, pour m'avertir, met un doigt sur sa bouche :

La gloire sourit au trépas.

Il est beau de tomber victime

Sous le regard vengeur de la postérité

Dans l'holocauste magnanime

De sa vie à la vérité !

L'échafaud pour le juste est le lit de sa gloire :

Il est beau d'y mourir au soleil de l'histoire,

Au milieu d'un peuple éperdu !

De léguer un remords à la foule insensée,

Et de lui dire en face une mâle pensée,

Au prix de son sang répandu.

Peuple, dirais-je ; écoute ! et juge !

Oui, tu fus grand, le jour où du bronze affronté

Tu le couvris comme un déluge

Du reflux de la liberté !

Tu fus fort, quand pareil à la mer écumante,

Au nuage qui gronde, au volcan qui fermente,

Noyant les gueules du canon,

Tu bouillonnais semblable au plomb dans la fournaise,

Et roulais furieux sur une plage anglaise

Trois couronnes dans ton limon !

Tu fus beau, tu fus magnanime,

Le jour où, recevant les balles sur ton sein,

Tu marchais d'un pas unanime,

Sans autre chef que ton tocsin ;

Où, n'ayant que ton coeur et tes mains pour combattre,

Relevant le vaincu que tu venais d'abattre

Et l'emportant, tu lui disais :

Avant d'être ennemis, le pays nous fit frères ;

Livrons au même lit les blessés des deux guerres :

La France couvre le Français !

Quand dans ta chétive demeure,

Le soir, noirci du feu, tu rentrais triomphant

Près de l'épouse qui te pleure,

Du berceau nu de ton enfant !

Tu ne leur présentais pour unique dépouille

Que la goutte de sang, la poudre qui te souille,

Un tronçon d'arme dans ta main ;

En vain l'or des palais dans la boue étincelle,

Fils de la liberté, tu ne rapportais qu'elle :

Seule elle assaisonnait ton pain !

Un cri de stupeur et de gloire

Sorti de tous les coeurs monta sous chaque ciel,

Et l'écho de cette victoire

Devint un hymne universel.

Moi-même dont le coeur date d'une autre France,

Moi, dont la liberté n'allaita pas l'enfance,

Rougissant et fier à la fois,

Je ne pus retenir mes bravos à tes armes,

Et j'applaudis des mains, en suivant de mes larmes

L'innocent orphelin des rois !

Tu reposais dans ta justice

Sur la foi des serments conquis, donnés, reçus ;

Un jour brise dans un caprice

Les noeuds par deux règnes tissus !

Tu t'élances bouillant de honte et de délire :

Le lambeau mutilé du gage qu'on déchire

Reste dans les dents du lion.

On en appelle au fer; il t'absout ! Qu'il se lève

Celui qui jetterait ou la pierre, ou le glaive

A ton jour d'indignation !

Mais tout pouvoir a des salaires

A jeter aux flatteurs qui lèchent ses genoux,

Et les courtisans populaires

Sont les plus serviles de tous !

Ceux-là des rois honteux pour corrompre les âmes

Offrent les pleurs du peuple ou son or, ou ses femmes,

Aux désirs d'un maître puissant ;

Les tiens, pour caresser des penchants plus sinistres,

Te font sous l'échafaud, dont ils sont les ministres,

Respirer des vapeurs de sang !

Dans un aveuglement funeste,

Ils te poussent de l'oeil vers un but odieux,

Comme l'enfer poussait Oreste,

En cachant le crime à ses yeux !

La soif de ta vengeance, ils l'appellent justice :

Et bien, justice soit ! Est-ce un droit de supplice

Qui par tes morts fut acheté ?

Que feras-tu, réponds, du sang qu'on te demande ?

Quatre têtes sans tronc, est-ce donc là l'offrande

D'un grand peuple à sa liberté ?

N'en ont-ils pas fauché sans nombre ?

N'en ont-ils pas jeté des monceaux, sans combler

Le sac insatiable et sombre

Où tu les entendais rouler ?

Depuis que la mort même, inventant ses machines,

Eut ajouté la roue aux faux des guillotines

Pour hâter son char gémissant,

Tu comptais par centaine, et tu comptas par mille !

Quand on presse du pied le pavé de ta ville,

On craint d'en voir jaillir du sang !

- Oui, mais ils ont joué leur tête.

- Je le sais; et le sort les livre et te les doit!

C'est ton gage, c'est ta conquête ;

Prends, ô peuple! use de ton droit.

Mais alors jette au vent l'honneur de ta victoire;

Ne demande plus rien à l'Europe, à la gloire,

Plus rien à la postérité !

En donnant cette joie à ta libre colère,

Va-t'en; tu t'es payé toi-même ton salaire :

Du sang, au lieu de liberté !

Songe au passé, songe à l'aurore

De ce jour orageux levé sur nos berceaux ;

Son ombre te rougit encore

Du reflet pourpré des ruisseaux !

Il t'a fallu dix ans de fortune et de gloire

Pour effacer l'horreur de deux pages d'histoire.

Songe à l'Europe qui te suit

Et qui dans le sentier que ton pied fort lui creuse

Voit marcher tantôt sombre et tantôt lumineuse

Ta colonne qui la conduit !

Veux-tu que sa liberté feinte

Du carnage civique arbore aussi la faux ?

Et que partout sa main soit teinte

De la fange des échafauds ?

Veux-tu que le drapeau qui la porte aux deux mondes,

Veux-tu que les degrés du trône que tu fondes,

Pour piédestal aient un remords ?

Et que ton Roi, fermant sa main pleine de grâces,

Ne puisse à son réveil descendre sur tes places,

Sans entendre hurler la mort ?

Aux jours de fer de tes annales

Quels dieux n'ont pas été fabriqués par tes mains ?

Des divinités infernales

Reçurent l'encens des humains !

Tu dressas des autels à la terreur publique,

A la peur, à la mort, Dieux de ta République ;

Ton grand prêtre fut ton bourreau !

De tous ces dieux vengeurs qu'adora ta démence,

Tu n'en oublias qu'un, ô peuple ! la Clémence !

Essayons d'un culte nouveau.

Le jour qu'oubliant ta colère,

Comme un lutteur grandi qui sent son bras plus fort,

De l'héroïsme populaire

Tu feras le dernier effort ;

Le jour où tu diras : Je triomphe et pardonne !...

Ta vertu montera plus haut que ta colonne

Au-dessus des exploits humains ;

Dans des temples voués à ta miséricorde

Ton génie unira la force et la concorde,

Et les siècles battront des mains !

" Peuple, diront-ils, ouvre une ère

" Que dans ses rêves seuls l'humanité tenta,

" Proscris des codes de la terre

" La mort que le crime inventa !

" Remplis de ta vertu l'histoire qui la nie,

" Réponds par tant de gloire à tant de calomnie !

" Laisse la pitié respirer!

" Jette à tes ennemis des lois plus magnanimes,

" Ou si tu veux punir, inflige à tes victimes

" Le supplice de t'admirer !

" Quitte enfin la sanglante ornière

" Où se traîne le char des révolutions,

" Que ta halte soit la dernière

" Dans ce désert des nations ;

" Que le genre humain dise en bénissant tes pages :

" C'est ici que la France a de ses lois sauvages

" Fermé le livre ensanglanté ;

" C'est ici qu'un grand peuple, au jour de la justice,

" Dans la balance humaine, au lieu d'un vil supplice,

" Jeta sa magnanimité."

Mais le jour où le long des fleuves

Tu reviendras, les yeux baissés sur tes chemins,

Suivi, maudit par quatre veuves,

Et par des groupes d'orphelins,

De ton morne triomphe en vain cherchant la fête,

Les passants se diront, en détournant la tête :

Marchons, ce n'est rien de nouveau !

C'est, après la victoire, un peuple qui se venge ;

Le siècle en a menti ; jamais l'homme ne change :

Toujours, ou victime, ou bourreau !

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Membre, 39ans Posté(e)
grododo Membre 2 344 messages
Baby Forumeur‚ 39ans‚
Posté(e)

j'aime beaucoup! c'est tres rare, d'habitude moi et la poesie ne sommes pas trop amies!

merci beaucoup _Dolph! :snif:

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  • 5 mois après...
Invité Mada66
Invités, Posté(e)
Invité Mada66
Invité Mada66 Invités 0 message
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[Je vous propose quelques poème du Grand Lamartine :

L'Automne

[/color][/font]Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !

Feuillages jaunissants sur les gazons épars !

Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature

Convient à la douleur et plaît à mes regards !

Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire,

J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,

Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière

Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois !

Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,

A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits,

C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire

Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !

Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,

Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui,

Je me retourne encore, et d'un regard d'envie

Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui !

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,

Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ;

L'air est si parfumé ! la lumière est si pure !

Aux regards d'un mourant le soleil est si beau !

Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie

Ce calice mêlé de nectar et de fiel !

Au fond de cette coupe où je buvais la vie,

Peut-être restait-il une goutte de miel ?

Peut-être l'avenir me gardait-il encore

Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ?

Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore

Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu ? ...

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ;

A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ;

Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu'elle expire,

S'exhale comme un son triste et mélodieux.

Le lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,

Dans la nuit éternelle emportés sans retour,

Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges

Jeter l'ancre un seul jour ?

é lac ! l'année à peine a fini sa carrière,

Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,

Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre

Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,

Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,

Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes

Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;

On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,

Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence

Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre

Du rivage charmé frappèrent les échos ;

Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère

Laissa tomber ces mots :

" é temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !

Suspendez votre cours :

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,

Coulez, coulez pour eux ;

Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;

Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,

Le temps m'échappe et fuit ;

Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore

Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,

Hâtons-nous, jouissons !

L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;

Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,

Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,

S'envolent loin de nous de la même vitesse

Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?

Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !

Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,

Ne nous les rendra plus !

éternité, néant, passé, sombres abîmes,

Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?

Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes

Que vous nous ravissez ?

é lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !

Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,

Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,

Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,

Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,

Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages

Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,

Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,

Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface

De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,

Que les parfums légers de ton air embaumé,

Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,

Tout dise : Ils ont aimé !

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Membre+, Noyé dans un océan de couleurs, 38ans Posté(e)
_Fred Membre+ 15 765 messages
38ans‚ Noyé dans un océan de couleurs,
Posté(e)

Lamartine, un extraordinaire homme de poésie !

Un topic qui devrait plaire aux amateurs :smile2:

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Membre+, Patate fossilisée, 37ans Posté(e)
Kinwena Membre+ 4 724 messages
37ans‚ Patate fossilisée,
Posté(e)

Bah euh... Oui, c'est chouette et gentil... :smile2:

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  • 1 an après...
Modérateur, Nikita, 152ans Posté(e)
_Dolph Modérateur 60 554 messages
152ans‚ Nikita,
Posté(e)

Un nom

Il est un nom caché dans l'ombre de mon âme,

Que j'y lis nuit et jour et qu'aucun oeil n'y voit,

Comme un anneau perdu que la main d'une femme

Dans l'abîme des mers laissa glisser du doigt.

Dans l'arche de mon coeur, qui pour lui seul s'entrouvre,

Il dort enseveli sous une clef d'airain ;

De mystère et de peur mon amour le recouvre,

Comme après une fête on referme un écrin.

Si vous le demandez, ma lèvre est sans réponse,

Mais, tel qu'un talisman formé d'un mot secret,

Quand seul avec l'écho ma bouche le prononce,

Ma nuit s'ouvre, et dans l'âme un être m'apparaît.

En jour éblouissant l'ombre se transfigure ;

Des rayons, échappés par les fentes des cieux,

Colorent de pudeur une blanche figure

Sur qui l'ange ébloui n'ose lever les yeux.

C'est une vierge enfant, et qui grandit encore ;

Il pleut sur ce matin des beautés et des Jours ;

De pensée en pensée on voit son âme éclore,

Comme son corps charmant de contours en contours.

Un éblouissement de jeunesse et de grâce

Fascine le regard où son charme est resté.

Quand elle fait un pas, on dirait que l'espace

S'éclaire et s'agrandit pour tant de majesté.

Dans ses cheveux bronzés jamais le vent ne joue.

Dérobant un regard qu'une boucle interrompt,

Ils serpentent collés au marbre de sa joue,

Jetant l'ombre pensive aux secrets de son front.

Son teint calme, et veiné des taches de l'opale,

Comme s'il frissonnait avant la passion,

Nuance sa fraîcheur des moires d'un lis pâle,

Où la bouche a laissé sa moite impression.

Sérieuse en naissant jusque dans son sourire,

Elle aborde la vie avec recueillement ;

Son coeur, profond et lourd chaque fois qu'il respire,

Soulève avec son sein un poids de sentiment.

Soutenant sur sa main sa tête renversée,

Et fronçant les sourcils qui couvrent son oeil noir,

Elle semble lancer l'éclair de sa pensée

Jusqu'à des horizons qu'aucun oeil ne peut voir.

Comme au sein de ces nuits sans brumes et sans voiles,

Où dans leur profondeur l'oeil surprend les cieux nus,

Dans ses beaux yeux d'enfant, firmament plein d'étoiles,

Je vois poindre et nager des astres inconnus.

Des splendeurs de cette âme un reflet me traverse ;

Il transforme en éden ce morne et froid séjour.

Le flot mort de mon sang s'accélère, et je berce

Des mondes de bonheur sur ces vagues d'amour.

- Oh ! dites-nous ce nom, ce nom qui fait qu'on aime ;

Qui laisse sur la lèvre une saveur de miel !

- Non, je ne le dis pas sur la terre à moi-même ;

Je l'emporte au tombeau pour m'embellir le ciel.

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