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Edo, le Japon des Temps modernes


Ocytocine

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Membre+, 51ans Posté(e)
Ocytocine Membre+ 17 768 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)

Dans le code de références des époques historiques au Japon, la période 1603-1868 s'appelle « Edo », du nom de la capitale exécutive du Japon (Kyôto était la capitale où se trouvait l'empereur, mais le pouvoir exécutif était exercé par le shôgun à Edo). Le système social d'alors était dominé par les guerriers et le pouvoir central reposait sur le bakufu, une sorte de règlement.

kameido-HiroshigeEdoMeisho.jpg

Quelques repères chronologiques :

1603 : Tokugawa Ieyasu est nommé shôgun. Fondation du bakufu d'Edo.

1613 : interdiction du christianisme.

1624 : interdiction aux Espagnols de débarquer au Japon.

1635 : confirmation du système de résidence alternée des daimyô à Edo.

1639 : installation de Hollandais au Japon, mais fermeture du pays aux autres étrangers.

1651 : révolte de Yui Shôsetsu.

1657 : grand incendie d'Edo.

1716-1736 : réformes de l'ère Kyôkô.

1721 : installation de la boîte de réclamations (meyasu bako).

1722 : obligation pour les daimyô de verser au bakufu un centième de leur revenu en riz.

1733 : révolte du riz à Edo.

1742 : code judiciaire des roturiers (Kujikata osadamegaki).

1781-1789 : famine sous l'ère Tenmei.

1825 : édit de refoulement des navires étrangers.

1837 : révolte de éshio Heichachiro à ésaka.

1840-1842 : guerre de l'Opium.

1841 : réformes politiques de Mizuno Tadakuni.

1853 : le comodorre Perry entre dans la baie d'Edo, réclamant l'ouverture du japon au nom des Etats-Unis.

1859 : répression de l'ère Ansei menée par Naosuke.

1860 : assassinat de Naosuke.

1867 : édit impérial de restauration du pouvoir impérial.

1868 : abolition du shogunat et restauration de Meiji.

Le Japon était composé au XVIe siècle de six millions d'habitants avec un développement considérables des villes (trente et un millions fin XIXe s.). Le territoire est découpé en fiefs, certains dépendant directement du bakufu, notamment les points stratégiques, comme la ville commerçante d'ésaka et la route reliant les trois plus importantes cités, Kyôto, Edo et ésaka, ou les mines d'argent de l'île de Sado, etc.

En 1600, le premier shôgun (seigneur de guerre), Tokugawa Ieyasu, gagna la suprématie militaire à la bataille de Sekigahara : dès lors, si en principe l'empereur détenait le pouvoir suprême, en réalité il ne pouvait rien faire sans l'aval du shôgun, censé être juste un général. Le pouvoir du bakufu s'étendit sur les fiefs, notamment grâce au Sankin kôtai, système obligeant les dirigeants des fiefs, les daimyô (seigneurs), à séjourner un an à Edo, puis un an dans leur fief, tout en laissant femme et enfants à Edo comme "otages". Leurs résidences constituaient 60% de la capitale.

La société était divisée en quatre catégories : les guerriers (shi), paysans (), artisans (), commerçants (shô) ¿ on laissait de côté les pêcheurs, qui étaient pourtant nombreux - sans compter les moines bouddhistes, les médecins et les sans classe, les eta (ceux qui étaient souillés par le travail du cuir, de la viande, de la fabrication des socques ou sandales) et les non-humains, les kinin. Les classes étaient marquées par un code vestimentaire, un langage, des coutumes matrimoniales.

Edo-hashimoto50.jpg

En haut de la hiérarchie se trouvaient les guerriers (bushi), les samouraïs, habilités à posséder un patronyme et à porter deux sabres, un long et un court, qui leur donnaient un droit de vie ou de mort sur la population (kirisute gomen). Ils vivaient un peu à part de la société, dans la maison des daimyô qu'ils servaient et défendaient, à moins d'être sans maître (rônin). Une hiérarchie stricte organisait ces privilégiés, les daimyô étant au sommet et ayant les moyens d'entretenir un cheval. Le dévouement au chef primait sur tout et les bushi possédaient le privilège de se faire seppuku (suicide rituel) en cas de désaccord.

harakami_1.jpg

La terre appartenait aux daymiô ou au shôgun, chaque village disposant d'une certaine autonomie de gestion, mais versant une taxe, calculée en riz, même si les richesses étaient plus diversifiées. Le poids des redevances devenait insupportable en cas de mauvaise récolte et occasionnait des révoltes paysannes.

Artisans et commerçants constituaient la bourgeoisie urbaine et contribuèrent au développement des villes, notamment ésaka, ville de l'eau, dont le port était une vaste plateforme commerciale (raffinage du cuivre, huile de colza, coton, contrôle de la production de riz, travail du cuir, etc.)

Les monastères et temples répertoriaient le cadastre et chacun devait s'y inscrire pour prouver qu'il n'était pas chrétien. Le Japon s'est considérablement fermé aux pays étrangers, ne tolérant que la Chine, la Corée et finalement les Hollandais, sans pour autant rejeter tous les apports (ex.: adoption du mousquet) et tout en conservant des échanges commerciaux importants.

Edo_period_rifles.jpg

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, ce repli du Japon sur lui-même fut reproché au shôgun, d'où une scission entre les daimyô soutenant celui-ci et ceux qui se rangèrent alors sous la bannière impériale : le 3 janvier 1866, un coup d'état mit fin au bakufu au profit de l'empereur à Kyotô.

Si cette période vous intéresse, je peux compléter la fiche par quelques éléments sur la vie quotidienne à l'époque. :smile2:

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Membre, 30ans Posté(e)
game95560 Membre 2 689 messages
Baby Forumeur‚ 30ans‚
Posté(e)

Ah la culture japonaise ;)

Merci beaucoup :smile2:

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Membre+, Patate fossilisée, 37ans Posté(e)
Kinwena Membre+ 4 724 messages
37ans‚ Patate fossilisée,
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Super, comme d'habitude :smile2:

Merci beaucoup Lili ;)

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Invité donjuan
Invités, Posté(e)
Invité donjuan
Invité donjuan Invités 0 message
Posté(e)

C'est sympa.

Tu as des infos sur la culture des samouraïs?

Tu pourrais approfondir la question des bushis, c'est la même origine que les bushi do, liés aux Arts de combat?

Merci d'avance.

:smile2:

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VIP, 34ans Posté(e)
Dianevitalic VIP 163 messages
Forumeur balbutiant‚ 34ans‚
Posté(e)

Hon'tou ni subarashii deshita, sore wa :smile2:

Merci Lili !

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Membre+, 51ans Posté(e)
Ocytocine Membre+ 17 768 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)
Tu as des infos sur la culture des samouraïs?

Tu pourrais approfondir la question des bushis, c'est la même origine que les bushi do, liés aux Arts de combat?

Merci d'avance.

:smile2:

Quelques éléments succincts sur les samourais et le Bushidô:

De 1159 à 1185, une guerre opposa les Minamoto et les Taira. La noblesse de cour se mit à envoyer ses cadets gérer les affaires de province, créant ainsi la classe des guerriers, qui accaparèrent le pouvoir suite à cet affrontement. A côté de l'administration impériale, une administration parallèle se développa, dirigée par le Sei i taishôgun, chargé de combattre les barbares. Il mit en place le gouvernement militaire dit « gouvernement de la tente » (bakufu) d'abord installé à l'Est, à Kamakura puis, plus tard, à Edo.

Les guerriers constituent l'élite de la société et vivent en ville avec leur seigneur qu'ils doivent servir et protéger. Ils ne constituent que 8% de la population au XIXe siècle (selon le premier recensement complet, qui eut lieu en 1873). Ils ont le privilège de porter un nom de famille (avec les médecins). Ils ne possèdent pas de terres, à de rares exceptions, mais reçoivent une pension de leur daimyô (le chigyô) sous la forme de riz (alors valeur monétaire).

C'est leur tenue qui donne la visibilité de leur appartenance à cette classe sociale : ils portent une veste ample (haori) sur un kimono et un pantalon large (hakama) et surtout deux sabres, le grand (katana) étant leur chasse gardée depuis 1588 (certaines catégorises de la population pouvaient porter le court) et leur donnant le droit de faire justice eux-mêmes. Il mesure environ 57 cm.

Les guerriers d'un haut rang se doivent d'entretenir une luxueuse armure et un cheval. L'armure n'a pas beaucoup évolué. Elle est faite en peau de cerf (cette espèce faillit d'ailleurs s'éteindre) et en fer laqué avec un casque à lamelles (kabuto) et un masque (hôate) pour effrayer l'ennemi. Les bushi passent une partie de leur temps à s'exercer aux armes : tir à l'arc, sabres, arc, lance. Ceux qui peuvent avoir un cheval s'exercent aussi à l'équitation, apprenant à tirer à l'arc à cheval (inu oi mono) : les cavaliers tournent dans une arène au centre de laquelle on lâche des chiens qui servent de cibles mouvantes. La chasse est aussi une pratique aristocratique : principalement cerf et sanglier, mais aussi des gibiers plus petit à l'aide d'un faucon (takagari). La fauconnerie symbolisait tout particulièrement l'aristocratie guerrière, l'usage voulant qu'on offre ses proies à l'empereur, mais elle disparaîtra après Edo. Les guerriers consacrent aussi une partie de leur temps à l'étude (certains penseurs sont, à l'origine, des bushi) et adoptent les valeurs confucéennes. Ils sont si fidèles à leur seigneur qu'il fallut interdire le suicide par éventrement que pratiquaient certains pour suivre leur daimyô dans la mort (junshi). Par contre, on les autorise à pratiquer le seppuku s'ils s'estiment déshonorés ou pour ne pas désobéir au seigneur en cas de désaccord.

Au sein des bushi, les samourais qui ont perdu leur maître ou quittent son service deviennent des vagabonds (rônin) : ils sont alors soit maîtres d'armes soit bandits¿

Les samourais sont monogames et la future mariée est choisie par les deux familles. Elle quitte la maison de ses parents en brisant un bol après s'être recueillie sur l'autel domestique. Elle se rend alors dans la maison de son mari en cortège et se recueille sur l'autel domestique. Le mariage se termine par un banquet au cours duquel les mariés échangent des coupes de sake selon un rituel précis (san san ku do). Certains chefs de grande famille peuvent prendre des concubines, comme l'empereur (jusqu'en 1926). Les seigneurs possédant des fiefs doivent se marier avec l'approbation du shôgun. Le fils aîné hérite, mais on peut adopter (le plus souvent un gendre). Le mari a le droit de renvoyer son épouse, surtout en cas de stérilité. L'homosexualité est pratiquée et respectée.

Les guerriers sont passionnés par le jeu de go, différent des échecs japonais (shôgi), adaptés du jeu chinois, lui-même adapté d'un jeu indien. Ils s'amusent aussi à envoyer une flèche dans un vase, à jouer aux dés (bakuchi), voire aux cartes (jeu importé par les Portugais, parfois transformé à la japonaise), les deux derniers étant parfois des jeux d'argent.

Le bushidô signifie « voie du samouraï » : il fut le premier code d'honneur du samouraï (IXe siècle). C'est un mélange de taoïsme, bouddhisme zen et shînto.

Voici un aperçu de la loi du Bushidô telle qu'elle est exprimée vers la fin du XVIIe siècle:

" Le vrai courage consiste à vivre quand il est juste de vivre, à mourir quand il est juste de mourir "

" Manger avec modération, éviter la volupté "

" Un Samouraï se conduira en fils et en sujet fidèle. Il ne quittera pas son souverain, quand bien même le nombre de ses sujets passerait de cent à dix, de dix à un "

" En temps de guerre, le témoignage de sa loyauté consistera à se porter s'il le faut au-devant des flèches ennemies sans faire cas de sa vie "

"¿s'il perd le combat et s'il est obligé de livrer sa tête (¿) il mourra en souriant, sans aucune vile allure "

Source : asukado.net

En 1716, le Hakugare, écrit par Yanamoto Tsunetomo, est terminé, recueil de onze volumes qui définit le bushidô. Il faut savoir se décider vite et agir tout de suite ; cette spontanéité sera reprise par les arts martiaux, notamment le kendo, judo, karaté, et jujitsu. Ceux-ci développent aussi les neuf vertus du bushidô : droiture, courage, respect, bonté/bienveillance, contrôle de soi, sincérité, honneur/loyauté, fidélité, modestie, valeurs traditionnelles encore très respectées au Japon

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Invité donjuan
Invités, Posté(e)
Invité donjuan
Invité donjuan Invités 0 message
Posté(e)

Super intéressant;

Concernant le développement des arts martiaux, s'agissait-il que du fait des nobles,

je crois me souvenir que des paysans avaient aussi développé des techniques de combat.

Je me trompe?

Tu pourrais aussi m'en dire plus sur les écoles japonaises d'arts martiaux?

Leur place dans la société, la vie au sein des écoles?

(J'abuse :smile2: ;)).

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Membre+, 51ans Posté(e)
Ocytocine Membre+ 17 768 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)

pffffff, t'es pénible! ;)

Google est ton ami, à toi aussi. :o

Laisse-moi un peu de temps, c'est de plus en plus difficile ce que tu demandes. :smile2:

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  • 4 semaines après...
Membre, Privé de désert, 35ans Posté(e)
Kégéruniku 8 Membre 8 036 messages
35ans‚ Privé de désert,
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Super cette fiche.^^

Et très complète en plus. :smile2:

Donjuan, il y a bien des art martiaux qui ont été créés par les paysans pour se défendre des guerriers et des pillards.

Si mes souvenirs sont exact, le karaté-do en fait même partie.

C'est d'ailleurs aux paysans que l'on doit l'apparition de certaines armes comme le nun chaku, les tonfas ou même le kusarigama.

De nombreux arts martiaux sont d'ailleurs d'origine modeste, surtout que la classe guerrière ne fut pas toujours honorée.

C'est sous le règne des Tokugawa que la classe guerrière se créa réellement et c'est sous Iyeasu Tokugawa que les samouraï commencèrent à être réellement respectés.

Iyeasu étant un guerrier reconnu et estimant l'art du combat, lui même étant général avant de devenir Shogun après sa victoire sur Ideyoshi Toyotomi, conféra aux samouraï un statut pareticulier.

Mais, c'est également au cours de l'ère Tokugawa que leur influence commença à péricliter.

En effet, l'impot dû à la classe guerrière était fixe et ne prennait pas en considération les changements de valeur de la monnaie.

Ce qui eu pour conséquence d'apauvrir fortement la classe guerrière, ce qui la fit donc décliner.

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VIP, Mangeur de fromage, 43ans Posté(e)
Belizarius VIP 22 812 messages
43ans‚ Mangeur de fromage,
Posté(e)

Merci à tous pour ce très bon sujet :smile2:

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