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AUBE, la saga de l'Europe - le Feuilleton

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Marc Galan

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Marc Galan Membre 421 messages
Baby Forumeur‚ 63ans‚
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INSERT, 1

En ces jours où Kleworegs et les siens, enrichis d’un butin divin, chevauchaient, sereins, par steppes et bois, la planète vivait une de ses heures les plus calmes. Würm, la dernière glaciation, était finie depuis des siècles. Passé le danger d'un retour offensif du froid et des glaces, de nouvelles terres s'offraient à mesure du réchauffement imperceptible et harmonieux du globe. Elles seraient à ceux assez hardis pour rejeter l'atavique frayeur qui les retenait d'y pénétrer.

La vie de la Terre, qu’elle veille ou sommeille, est à sa mesure. Après un temps de changements – le renne s'éloignant, fuyant la chaleur, des rives du Danube où il paissait vers les plaines arctiques, les derniers mammouths et rhinocéros laineux agonisant et disparaissant à jamais –, elle était retournée à sa routine endormie. Glaciation et redoux n'avaient laissé d'autres vestiges, de nombreuses espèces triomphantes, que des légendes. Certaines contaient qu'on retrouvait parfois, enchâssées dans la glace comme l'araignée dans la pierre-soleil, des créatures plus grandes que les chariots ou les huttes. Mais c'était des légendes et nul, sauf quelques enfants crédules et des vieilles édentées et gâteuses, n'y accordait crédit. Dans le sommeil ou l'âge extrême, des humains à la raison engourdie avaient engendré des monstres. Qui allait penser qu'en resurgissait la mémoire enfouie ?

Sur cette terre dormant d'un calme apparent, après avoir sacrifié quelques hôtes majestueux, moins que pucerons à son échelle, la vie continuait. À des lunes de chevauchée, sur un sol ignoré, elle crachait son trop-plein de puissance en un immense et sombre panache. Son feu embrasait et noircissait le ciel, occultant soleil et étoiles... Plus près d'Aryana, mais non moins à l'insu des siens, la même force secouait un archipel à l'orient. Là, quelques îlots, rongés par les flammes souterraines, s'enfonçaient, avec lenteur ou violence au gré de la colère des profondeurs, sous des eaux d'une couleur immuable.

Nul témoin n'en rendrait compte. Les flots formaient encore une barrière infranchissable. Quant au mont grondant sur le sol lointain, peut-être quelques lointains parents des Muets le sentaient-ils trembler, mais une terreur sacrée les en avait, depuis longtemps, détournés. Tous, lâches comme héros, avaient fui ou fuiraient bientôt ses abords pour les douces plaines du midi. Ils s'y établiraient et oublieraient à jamais le tonnerre de la terre. Personne ne le verrait exploser en blocs énormes et infimes poussières.

De ces cataclysmes – moins que friselis à la surface du globe – à frapper d'effroi le plus endurci, d'innombrables existences, en ces temps et ceux à venir, allaient dépendre. Et le destin d'Aryana en serait tout changé.

Ce mouvement représentait une seconde pour la Terre, un jour pour l'humanité, un an pour les peuples.

Pour les simples mortels, une vie.

Pour quelques héros, sans qu'ils n'en sachent rien, l'occasion d'enfanter l'histoire.

FIN DU LIVRE I

ET A PARTIR DU 1er DECEMBRE, EN ATTENDANT LA SORTIE EN E-BOOK, DEBUT DU LIVRE IV

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Membre, 63ans Posté(e)
Marc Galan Membre 421 messages
Baby Forumeur‚ 63ans‚
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Bonjour,

en attendant la sortie prochaine d'AUBE, livre I, en e-book, voici déjà des extraits du livre IV (tous les jours jusqu'à la fin de l'année

LE TEMPS DES TEMPETES

INTERSIGNE

C'était l'automne. Il régnait une tiédeur apaisante. Kleworegs avait voulu s'y baigner... C'était celle de son ancien fief en pareille saison. Il était sorti sous la Brillante. Depuis leur arrivée, elle était son amie.

Il s'assit sous un pommier. Juste au-dessus de lui brillait, dans la lueur de l'astre, et rond comme lui, un fruit gonflé de toutes les richesses de l'été. Il tendit le bras, le prit, le cueillit d'une brève torsion du poignet, le lustra de sa manche, le mira, y mordit... cracha.

- Saletés de vers !

MALÉFICES

Le nouvel Ouest, sous le règne de Kleworegs, avait prospéré au-delà de ses rêves. Aryana s’était étendu, sur les terres reçues des dieux, et vivait, anciens habitants comme conquérants, dans l’abondance. La plupart s’en félicitaient, mais l’envie rongeait le cœur des incrédules. Ses anciens ennemis, eux, n’en pouvaient plus de fureur. Chaque jour plus ensauvagés, et d’autant plus qu’ils devaient reconnaître sa réussite et affecter de la louer, ils ne rêvaient plus que de le voir mort... Que pouvaient-ils, à une poignée, contre un roi favorisé de partout par les hautes puissances... Pour le contrer, il leur faudrait les en éloigner, les dresser contre ses projets, empêcher ses triomphes... Et si ces manœuvres mettaient en péril Aryana tout entier ! ?

Ils y avaient songé, pesant des jours durant le pour et le contre. Leur rage avait effacé leur sens aryen. Déjà ils étaient sur l’autre rive. Ni les plus hauts, ni les plus respectés parmi les anciens compagnons de Thonronsis, et encore moins de ses proches, n’en étaient, mais ils suivraient, et même celui qui avait épousé la fille du haut roi tant haï, n’exigeant d’eux qu’une chose : qu’ils réussissent, qu’importe la voie.

À leur décharge, ils avaient, aussi longtemps que possible, cherché à s’en prendre à lui par des moyens humains. S’ils avaient bien ancré dans leur haine les guerriers venus d'outre le fleuve du levant, vite oublieux des raisons de la mort de Thonronsis et persuadés qu’il avait été condamné à tort, ils n’avaient pas réussi au-delà. Aucun prêtre n’était tombé dans leurs filets. Tant que les choses allaient bien, tant que les récoltes étaient belles, tant que ce monstrueux Udnessunus, à tuer au plus tôt, peut-être même avant son protecteur, enseignait à ses compagnons les secrets qui rendent la terre plus fertile, ils prêcheraient dans la solitude. Il faudrait des calamités, des malheurs sans nom, des révoltes, pour que les yeux se décillent, et que tombe Kleworegs... au profit de qui, héritier d’une terre dévastée, c’était leur dernier souci.

Tout ça n’était qu’un rêve, tant qu'il avait le soutien des dieux. Bhagos combattait à ses côtés, et les jumeaux de la nature, et même la Grande Mère de la fécondité, à laquelle pourtant il ne sacrifiait pas. C’était leurs ennemis. Ils ne se sentaient pas de taille... Aucun homme, à dire le vrai, ne s'y serait senti. Ils n’avaient pas à en rougir.

Les dieux le soutenaient. Ils n’avaient pas le choix. Puisqu’ils se tenaient à ses côtés, ils s’adresseraient à des puissances de même force, même hostiles. Ils étaient prêts à en prendre le risque, tant leur haine les avait affolés. Mais comment appeler ces déités mauvaises ? Comment, surtout, les dominer et non subir leur sujétion – même si ses plus acharnés ennemis auraient accepté d’en être esclaves, au prix de sa chute ?

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