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AUBE, la saga de l'Europe - le Feuilleton

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Marc Galan

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Marc Galan Membre 421 messages
Baby Forumeur‚ 63ans‚
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¿ Tu t'inquiètes en vain ! Nous avons le Joyau. Notre unité ? Les dieux eux-mêmes la garantissent. Que pourrait-il nous arriver ?

¿ C'est vrai. Enfin, c'est mieux de bien parler. Laissons leur patois aux troisième caste ¿ Il suffit que le bétail leur obéisse ¿ et parlons comme les dieux et les héros... Tiens, ça m'a donné soif. Je reprendrais bien une corne. Elle est vide.

Kleworegs tendit l'hydromel au messager, pourtant déjà lesté d'abondance.

¿ Une poterie porteuse si tu veux ! Le medhu ne manque pas chez nous. Sers-toi et bois tout ton saoul. Ce n'est pas ça qui nous privera... Ta chevauchée t'a creusé l'estomac, reprends un peu de viande si tu n'as pas assez mangé. Tu es chez toi !

¿ Ceux que j'ai croisés n'ont pas exagéré ton hospitalité. Elle est digne de ton héroïsme et de tes triomphes. Mais quelque chose me ferait encore plus plaisir.

¿ Laisse-moi deviner... Fatigué comme tu l'es, ce n'est pas une servante... Tu veux dormir ? Non... Tu veux regarder le joyau pris aux Muets, et voir s'il est tel que notre messager vous l'a décrit. Tu veux voir le k'rawal... Je ne me trompe pas ?

¿ Non... é Kerdarya, les bhlaghmenes, sur ma suggestion, nous ont montré un bijou fait, je crois, de la même substance. Ton envoyé pense l'avoir reconnu... Non, il en est sûr. Je l'ai bien regardé. Il est gros comme l'ongle du petit doigt. C'est leur seul de ce genre. Ils l'ont dédié à Dyeus Pater pour sa couleur soleil. Le tien, selon lui, ferait cent fois sa taille. Il tiendrait le mal captif en son sein. Montre-le moi. Je te dirai s'il est ce qu'ils attendent.

¿ Suis-moi !

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Marc Galan Membre 421 messages
Baby Forumeur‚ 63ans‚
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Kleworegs se leva pour se rendre à son sanctuaire. Il lui emboîta le pas. Le vent porta au roi son odeur. Il empestait comme cent charognes. Cette puanteur était bon signe. Il ne s'était arrêté que pour le strict nécessaire : dormir, satisfaire ses besoins, rien de plus, pas même manger et boire. Il avait reçu l'ordre d'arriver au plus vite. Les perspectives s'annonçaient juteuses. Il serait Kleworegs ner gheslom gwowom, noble aux mille bovins, membre de l'élite des plus riches et vaillants guerriers. Il en avait fait assez pour le mériter.

Cet avenir brillant lui souriait. Il n'était pas pauvre, loin de là. Son clan était le plus riche à la ronde. Il possédait dans ses enclos un grand troupeau. Un surcroît de biens n'est jamais à négliger. L'important était ailleurs. Ce titre le ferait un jour accéder au conseil royal. En attendant, il officialisait aux yeux de tous sa noblesse et sa richesse. Le don de mille bovins des troupeaux royaux se doublait de celui d'un fief inaliénable et héréditaire où ils paîtraient à satiété. C'était une superbe seigneurie, que nul ne pourrait jamais contester à sa lignée... à un détail près. S'il n'y avait aucune terre disponible, il devrait attendre qu'une se libère. Cela pouvait prendre des années... Sauf s'il quittait le sol d'Aryana pour en reconnaître de nouvelles, et les conquérir. C'était, si ses v¿ux se réalisaient, son intention... son intérêt. Il aurait droit à sept fois plus que s'il s'était contenté de pâtures déjà acquises. Les tribus frontalières lui prêteraient main forte, charge à lui de tout partager à demi au-delà des biens ainsi alloués.

Il profiterait de ces avantages favorisant les audacieux. Ils expliquaient l'extension d'Aryana. Tous les nobles aux mille bovins, choisis pour leur courage et leurs succès guerriers, avaient préféré devenir maîtres de nouvelles terres. Leurs auxiliaires n'avaient pas voulu s'être battus pour rien. Ils les avaient imités, s'étaient enfoncés encore plus avant pour s'emparer de fiefs à eux. Il n'y avait pas d'autre secret à leur expansion. Il agirait comme eux. Entre les mains de ses hommes et des voisins des terres à conquérir, des surfaces immenses tomberaient. Ils s'en enrichiraient tous, ainsi que de nouveaux serviteurs...

¿ é moins que¿ Il y avait ces piégeurs à qui il troquait leurs peaux au début de ses raids. Si les occupants de sa future conquête ne se conduisaient pas en ennemis, il agirait de même avec eux. Ils seraient les plus aptes à la mettre en valeur. C'était encore trop tôt pour y réfléchir. Il fallait que la gemme soit ce qu'il espérait.

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Marc Galan Membre 421 messages
Baby Forumeur‚ 63ans‚
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Ils se présentèrent devant la porte de la réserve du sanctuaire. Le prêtre y avait entreposé les trésors du clan, à commencer par elle. Un guerrier farouche la gardait. Son abord peu engageant dissuadait tout indésirable de s'en approcher. Après ce premier gardien commis à l'entrée, deux autres se tenaient dans la maison. Ils couvaient ces richesses d'un regard de louve veillant ses petits. Pendant la foire, pour éviter toute tentative de corruption, on les avait désignés à ces postes. Pour d'obscures raisons familiales, ils se vouaient une détestation forsenée. Ils ne se seraient jamais entendus pour les dérober ou laisser quelqu'un y toucher. Ils continuaient, ayant donné toute satisfaction, à remplir leur office. S'épiant les uns les autres, ils regardaient les visiteurs, et tout être vivant à moins de cinq pas, avec l'aménité du mâtin voyant un étranger s'approcher de son tas d'os. Le k'rawal ne pouvait être plus en sûreté.

Le messager, entré sous leurs regards hostiles (pour tout le monde, Kleworegs le premier. La mutuelle promiscuité qu'il leur avait imposée leur pesait.), l'aperçut. Il était posé sur une pièce de tissu rouge dans son écrin de bois odorant et renvoyait, magnifiée, la parcimonieuse lueur des torches qui l'éclairaient. Ses yeux s'écarquillèrent. On le lui avait peint hors du commun. Sa description ne lui rendait pas justice. Il y avait, entre l'image et la vision, toute l'épaisseur du sacré. Il en ressentait toute la force. Il agrippa le bras de Kleworegs.

¿ Oui, elle est bien comme celle que j'ai vue, et si différente, pourtant ! Quelle taille, quelle beauté ! Par Bhagos, elle la vaut cent fois !

Kleworegs hocha la tête, un peu déçu. Il avait espéré, malgré les allusions du visiteur, que personne avant lui n'avait trouvé un joyau comme le sien. La joie l'emporta. Si une version minuscule de sa gemme était révérée dans le temple de Dyeus Pater, qu'en serait-il de celle-ci ?

¿ Ah, c'est quelque chose que tu as déjà vu ? Ce n'était pas aussi beau, hein ?

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Marc Galan Membre 421 messages
Baby Forumeur‚ 63ans‚
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¿ Rassure-toi, ce n'est que la deuxième. L'autre était toute petite. Sans sa couleur surnaturelle et sa rareté, jamais elle n'aurait figuré au trésor d'un temple. Il fallait qu'elle existât. Elle a permis de prouver l'origine céleste de ton joyau. Il aura un sanctuaire pour lui tout seul. Il est à l'autre comme l'¿il à la larme ou la Brillante aux cailloux scintillant sur la voûte nocturne.

¿ Quand ils t'ont montré l'autre, les prêtres t'ont-ils dit de quoi elle était faite ?

¿ Oui. La pierre du temple, et celle-ci, donc, sont faites d'ambre. C'est une pierre-lumière, des rayons de soleil solides. On n'en trouve qu'au pays des Swoomes.

¿ Les Swoomes ?

¿ Oui, seuls quelques messagers et de rares prêtres connaissent leur nom. Ils vivent très loin, au bord d'une grande mer. Ils s'enduisent le corps de graisse, contre le froid, et s'habillent de peaux de poisson.

¿ On peut s'habiller avec des peaux de poisson ? Quel prodige ! Du cuir avec la peau des esturgeons et des carpes, ou de la fourrure de brochet ! Mais où est cette grande mer, et ces gens étranges qui vivent sur ses bords ? ... Très loin d'ici, je suppose. Je n'en ai jamais entendu parler... Le monde est si vaste !

¿ Cette mer et ce pays sont au bout du monde. Nous ne les connaissons que par des récits de voyageurs, qui ne les ont même pas vus. Pour y parvenir, il faut chevaucher une bonne lunaison vers le couchant, puis suivre, aussi longtemps, la mousse des troncs. Tu seras alors arrivé. Tu devras encore chevaucher pour voir la grande eau... Si tu as de la chance. Leur pays est rempli de fauves. Quand tu y seras parvenu, tu rencontreras ces sauvages vêtus de peaux de poisson. Peut-être les verras-tu récoltant la pierre-soleil sur leurs plages de sable. Elle vient parfois s'y échouer après que les tempêtes ont calmé leur fureur.

¿ Elle vient de la mer ?

¿ D'après les prêtres. Il doivent en savoir plus... Si le froid sur l'eau donne la glace, pourquoi les rais du soleil ne donneraient-ils pas l'ambre. Il est bien plus rare, en tout cas. Ils t'en diront plus, s'ils le veulent. Moi, je ne sais rien d'autre.

¿ Ne t'en fais pas, je les interrogerai.

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Marc Galan Membre 421 messages
Baby Forumeur‚ 63ans‚
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¿ Espérons qu'ils te répondent... Et presse-toi. Tu attendras moins pour le savoir... Surtout, tu verras Kerdarya. Même s'ils restaient cois, rien que cela en vaut la peine. Tu t'y croirais tous les jours à la fête des sacrifices ou à la foire. Le parfum des animaux immolés sur les autels plane partout. Dans cent camps au pied de la colline sacrée on prie et honore les dieux. Il y a, devant chaque temple, des hommes de tous nos clans : bhlaghmenes à la chevelure de miel ; guerriers du couchant, aussi clairs de teint que les prêtres ; colosses du midi-couchant ; héros du levant, avec leur long nez et leur barbe qu'ils frisent à l'imitation de Shumeru. Sauf pour discuter de tribu à tribu, ils parlent dans leur patois. Tu entendrais la cacophonie ! Parfois, en fermant les yeux, on se croirait à cent lunes !

¿ Hein, des bhlaghmenes, des guerriers, même à Kerdarya, même devant les autels !

¿ C'est normal. Nous avons soumis tant de peuples, à qui nous avons appris à parler comme des humains. Ils ont, avec leurs gorges imparfaites, plus propres à grogner ou à siffler qu'à parler, un peu modifié notre langue. Chaque fois qu'ils avaient un mot plus court ou, à leur idée, plus beau, ils l'ont gardé, et nous l'avons adopté à notre tour, pour notre usage quotidien ou quand nous voulons qu'ils nous comprennent. C'est plus facile de dire cruche que poterie porteuse.

¿ Ah, tu dis cruche ?

¿ Oui. D'autres disent pot, d'autres ¿ porteuse ¿ tout court, ambhori, ou le déforment en ¿ anfori ¿. Je n'y suis pas habitué, mais c'est quand même ¿ pot ¿ le mieux !

¿ Tout à l'heure, j'avais pris à la légère tes remarques. J'avais cru que seuls les producteurs ou les casaniers parlaient un langage incompréhensible pour leurs voisins. Ce n'était guère inquiétant. J'avais même ri de tes craintes... Et tu me dis que partout, même les guerriers, sauf à utiliser la langue des hymnes, ne se comprennent pas... Mais bientôt, nous ne nous reconnaîtrons plus comme un seul peuple ! Sans le conseil des tribus et la bonne religion, ce serait même déjà fait, j'en ai peur. Vois les exemples que tu m'as donnés !

¿ C'est pourquoi ta trouvaille tombe à pic. Elle sera la glaise de notre unité. Elle est même si bien venue que tu peux espérer la plus haute destinée, toi qui as arraché aux êtres des ténèbres ce joyau protecteur et sacré.

¿ Sacré, ça, tu l'as dit ! J'en ai eu la preuve. Regarde !

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Marc Galan Membre 421 messages
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¿ Espérons qu'ils te répondent... Et presse-toi. Tu attendras moins pour le savoir... Surtout, tu verras Kerdarya. Même s'ils restaient cois, rien que cela en vaut la peine. Tu t'y croirais tous les jours à la fête des sacrifices ou à la foire. Le parfum des animaux immolés sur les autels plane partout. Dans cent camps au pied de la colline sacrée on prie et honore les dieux. Il y a, devant chaque temple, des hommes de tous nos clans : bhlaghmenes à la chevelure de miel ; guerriers du couchant, aussi clairs de teint que les prêtres ; colosses du midi-couchant ; héros du levant, avec leur long nez et leur barbe qu'ils frisent à l'imitation de Shumeru. Sauf pour discuter de tribu à tribu, ils parlent dans leur patois. Tu entendrais la cacophonie ! Parfois, en fermant les yeux, on se croirait à cent lunes !

¿ Hein, des bhlaghmenes, des guerriers, même à Kerdarya, même devant les autels !

¿ C'est normal. Nous avons soumis tant de peuples, à qui nous avons appris à parler comme des humains. Ils ont, avec leurs gorges imparfaites, plus propres à grogner ou à siffler qu'à parler, un peu modifié notre langue. Chaque fois qu'ils avaient un mot plus court ou, à leur idée, plus beau, ils l'ont gardé, et nous l'avons adopté à notre tour, pour notre usage quotidien ou quand nous voulons qu'ils nous comprennent. C'est plus facile de dire cruche que poterie porteuse.

¿ Ah, tu dis cruche ?

¿ Oui. D'autres disent pot, d'autres ¿ porteuse ¿ tout court, ambhori, ou le déforment en ¿ anfori ¿. Je n'y suis pas habitué, mais c'est quand même ¿ pot ¿ le mieux !

¿ Tout à l'heure, j'avais pris à la légère tes remarques. J'avais cru que seuls les producteurs ou les casaniers parlaient un langage incompréhensible pour leurs voisins. Ce n'était guère inquiétant. J'avais même ri de tes craintes... Et tu me dis que partout, même les guerriers, sauf à utiliser la langue des hymnes, ne se comprennent pas... Mais bientôt, nous ne nous reconnaîtrons plus comme un seul peuple ! Sans le conseil des tribus et la bonne religion, ce serait même déjà fait, j'en ai peur. Vois les exemples que tu m'as donnés !

¿ C'est pourquoi ta trouvaille tombe à pic. Elle sera la glaise de notre unité. Elle est même si bien venue que tu peux espérer la plus haute destinée, toi qui as arraché aux êtres des ténèbres ce joyau protecteur et sacré.

¿ Sacré, ça, tu l'as dit ! J'en ai eu la preuve. Regarde !

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Marc Galan Membre 421 messages
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Il le prit et le frotta contre une étoffe très souple. Il l'approcha d'un petit tas de poils de loup. Ils vinrent s'y coller. Le messager n'avait pas manqué le moindre détail. Il les regarda sauter en l'air et s'amasser sur la pierre d'or limpide.

¿ Dyeou Pater ! ... Elle est bien sacrée. C'est le c¿ur de notre peuple que tu tiens entre tes mains. Plus de doute ! Tu as notre talisman le plus saint. Ton avenir sera grand entre les grands.

¿ Es-tu le bhlaghmen du dieu jour, pour me dire ça !

¿ Je suis guerrier comme toi, mais je sais ce que pensent nos hauts prêtres et notre roi. Ils cherchaient en vain un signe tangible d'une union plus solide des fils de Dyeus... Et tu l'as trouvé. Que ton nom soit honoré !

¿ Bhagos t'entende ! ... Ah, il faut que je te demande quelque chose !

¿ Oui ?

¿ Où vivent ces gens à qui les Muets ont volé la gemme ?

¿ Les Swoomes ? Je te l'ai déjà dit.

¿ Non, je ne pense pas qu'ils soient noirs, comme celle qui nous a confié le k'rawal. Seuls les gens du midi sont brûlés par le soleil à ce point.

¿ Tu poses de ces questions ! Qui se soucie des sources d'un beau butin, surtout emporté de haute et vive lutte ? Quelle idée !

¿ Comment ! Qui s'en soucie ? Cette captive, par ce don, nous a désignés comme les futurs maîtres de son peuple, pour l'avoir délivrée là où il l'avait laissée en servitude. Je veux connaître la source de ce butin pour aller m'y servir. Un royaume aussi riche sera un beau but de conquête... Et cette terre des Swoomes nous revient aussi. Notre joyau y est né.

¿ Oui, les dieux ont bien choisi en faisant de toi l'inventeur de la pierre-soleil. Comment ai-je été assez stupide pour penser qu'ils auraient pu se tromper, et laisser un homme dépourvu de sagesse s'en emparer !

¿ Tu es fatigué, c'est tout. Va te reposer. Je m'occupe de notre départ

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Marc Galan Membre 421 messages
Baby Forumeur‚ 63ans‚
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Le messager reposait sur une couche rigide. Il l'avait préférée, alléguant ses courbatures, à l'épais tas de fourrures proposé. Il dormait. Les préparatifs pour se rendre à Kerdarya menaient bon train, sans le réveiller. On désignait la délégation porteuse du joyau d'ambre. Chacun criait, dans une forte émulation, voire une féroce rivalité, pour en être. Kleworegs emmènerait les plus vaillants. Décision malvenue ! Chacun s'était senti concerné. Il aurait dû y penser. Tous ses vétérans excipaient de titres suffisants pour réclamer ce privilège.

Il devait choisir. Il les convoqua l'un après l'autre. Qu'ils déclinent leurs titres de gloire, leurs victoires, le nombre de leurs victimes !

Chacun vint parler de lui, et dire combien d'ennemis il avait fauché. Pour l'évaluer, on se fondait sur l'âge et la vertu des vaincus. La mise à mort d'un novice ignorant si un glaive se tient par la lame ou la poignée et celle d'un vétéran qui n'arrive plus à compter ses victimes, celle d'un guerrier en pleine force de l'âge et celle d'un vieillard qui a décidé de mourir au combat plutôt que de sombrer dans les abysses grisâtres de la sénilité, n'avaient pas même valeur. Le vainqueur d'un homme jeune et vigoureux, capable d'engendrer de nombreux fils, avait débarrassé son peuple de dix d'entre eux. Qui triomphait d'un guerrier dont la lame avait pris la vie de ses frères privait, selon leur valeur, les forces hostiles de vingt ou trente hommes qui ne menaceraient pas les générations à venir. Qui avait tué un homme trop âgé pour espérer encore enfanter ou un poltron à la semence stérile en guerriers n'en avait ôté à l'ennemi qu'un seul. Ils n'en eussent fait mention s'il ne s'était agi de fournir le nombre le plus élevé possible... é'eût été rageant de rester pour avoir omis un combat mésestimé. Cette vengeance pied de nez posthume d'un pleutre qui ne méritait que mépris aurait eu un goût trop amer.

Les bilans, inouïs, de cent ou deux cents Muets tués se succédèrent. Le soir, on désigna trois mains d'hommes. Leurs exploits les rendaient dignes d'accompagner avec honneur le Joyau. Avec eux viendraient les patrouilleurs, pressés, la mauvaise saison arrivant, de retrouver leurs foyers. L'un d'eux était déjà parti, sur la requête du messager. Il annoncerait son prochain retour avec la gemme sacrée et ses inventeurs.

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Marc Galan Membre 421 messages
Baby Forumeur‚ 63ans‚
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Ils seraient six mains. C'était une petite troupe, symbolique, suffisante dans leur patrie et sous la protection de l'étendard de Kerdarya. Les seules mauvaises rencontres ne pouvaient être que celles de bandes de loups, qui fuient devant les hommes en troupe, ou d'un mange-miel fou, mais pas assez au point d'oser s'attaquer à trente guerriers. Même si une petite bande de captifs évadés, réfugiés, pour survivre, dans le brigandage, osait se frotter à eux, nul n'a jamais vu autant de guerriers n'en venir à bout. Leur qualité dissuaderait les survivants d'un premier assaut, s'il en restait, d'y revenir. Il n'y croyait guère. Les brigands, depuis une génération, peuplaient plus les contes à effrayer les enfants que les forêts d'Aryana. Aucun, si encore ils existaient, n'irait attaquer une telle troupe en armes.

Cette escorte était à peine utile sur le plan de la sûreté. Elle était en revanche indispensable sur celui du prestige. Un roi de son renom ne pouvait visiter un autre village, à plus forte raison se présenter devant le grand conseil des reges, sans un tel décorum. Privé de cette suite, il eût été nu, pauvre et démuni. Elle fait partie de l'équipement d'un chef à l'égal du glaive de bronze et du casque de cuir orné de défenses de porc sauvage. Elle est signe de richesse et de pouvoir. Il s'inquiéta. Son chargement avait une grande valeur. Il avait peut-être vu trop petit. Il se rattraperait. Faute du nombre, il aurait la splendeur. Il se présenterait avec un luxe et une pompe digne du Joyau. Son village était riche. Il pouvait briller sans obérer en rien sa survie. Il n'avait qu'à puiser dans les réserves. Chacun fut pourvu des plus belles armes et des plus beaux habits. Nul ne rechigna à la dépense. Ces munificences somptuaires étaient un pari assuré sur l'avenir.

é l'escorte se joindrait un forgeron. Si Pewortor n'avait été ner, ç'eût été lui. Il était devenu guerrier, troisième personnage de la troupe en route vers le triomphe. Il ne pouvait y venir en tant qu'auxiliaire. Avoir deux forgerons ¿ même si l'un ne devait plus être considéré comme tel ¿ dans la troupe n'était pas plus acceptable. Les jaloux de son élévation ne se priveraient pas, malgré la loi, de les associer. En même temps, ils refuseraient qu'un ner, même parvenu, travaille de ses mains... Et sans forgeron, que faire ? Il trouva la solution. Elle les satisfit tous, calma toutes les susceptibilités. Un charron, plus utile, se joindrait à eux. Chacun le loua. Il parlait sans élégance, mais savait convaincre. Nul forgeron ne saurait réparer un chariot alors qu'un charron pourrait, sous ses directives, travailler le métal si besoin était. Aucun amour-propre, à part le sien, ne s'était senti froissé. On avait admiré sa sagesse. Il le compta pour rien. Son ressentiment à l'encontre des neres en fut même ravivé. Il confia sa ranc¿ur à Egnibhertor, son successeur, maintenant qu'il devait abandonner cette fonction, comme patriarche.

¿ Les guerriers ne devraient pas oublier que c'est nous et les charrons qui avons bloqué le défilé par où les Muets fuyaient avec leur butin. Sans nous, ils n'auraient pas le Joyau. Kleworegs pouvait dire adieu à son triomphe et à sa gloire. Son clan n'en serait qu'un parmi des centaines d'autres, tout juste un peu plus riche, et encore... Son ascension n'a commencé qu'avec nos armes. Nous l'avons fait !

¿ Calme-toi, Pewortor ! De quoi te plains-tu ? Ta lignée est devenue une lignée de guerriers. Tu en es le premier ancêtre, avec un exploit fondateur qui sera chanté. Tu ne vas pas encore gueuler quand les neres ont, pour la première fois, reconnu qu'un de nous était leur égal.

¿ Oui, pour ¿ mérites exceptionnels ! ¿... Quand le moindre de leurs fils, fût-il plus couard que le lièvre, naît et vit guerrier sans devoir prouver sa valeur. On a accepté de me reconnaître tel à condition que je me taise... Qu'on n'y compte pas trop ! Mon serment ne changera pas la réalité. Tout armurier est homme de guerre¿ Par la naissance, pas les services. Ne t'inquiète pas ! Cela sera admis.

¿ Ouais¿ Quand ?

¿ T'inquiète ! En attendant, écoute, et n'oublie jamais : Tout forgeron est de caste guerrière. Proclame cette vérité partout.

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Marc Galan Membre 421 messages
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Le messager avait mis à profit le temps consacré aux préparatifs de départ et au choix de l'escorte. Il s'était reposé et avait digéré son copieux repas. Frais et dispos, il se promenait. Il prêtait l'oreille aux conversations animées entre les futurs visiteurs du sanctuaire et ceux qui resteraient. Chemin faisant, il tomba sur les forgerons. Il perçut leurs derniers échanges. Il n'y aurait guère prêté attention si, après quelques phrases anodines, la dernière n'était venue grincer à ses tympans. Elle avait tout pour le choquer. Il s'apprêtait à caresser les côtes de l'insolent sacrilège du plat de son glaive. Il le sortait... Le colosse aux réflexions si stupides était Pewortor, l'homme qui s'était emparé du k'rawal¿ un homme de sa caste. Il suspendit son geste. Il regarda Egnibhertor, roulant des yeux furibonds... Se complaire à écouter ces horreurs ! Il s'adressa à l'armurier-ner comme s'il n'avait plus rien à voir avec son ancienne caste, voire comme s'il l'avait reniée.

¿ Ah, vos forgerons ne sont pas contents de leur sort ? Quelle engeance ! Je croyais qu'il n'y avait qu'autour de Kerdarya qu'ils se prenaient pour des guerriers. Cette folle idée a éclos aussi chez vous.

Ils ne répondirent pas, trop heureux ¿ surtout Pewortor ¿ de ses révélations sur l'état d'esprit de leurs frères. Au centre du regyom, dans son c¿ur battant, le même prurit de reconnaissance les travaillait. Bon à savoir, et encourageant. Certes, à l'en croire, ce n'était pas partout ainsi. Pouvait-on se fier à ses impressions ? Il ne devait guère frayer avec eux. Ils n'étaient pour lui que des fournisseurs, au statut des plus bas. Ils étaient plus discrets que lui et que ceux du centre, ou n'avaient pas eu l'occasion, ou l'audace, de se mettre en valeur. Mais au fond d'eux, ensevelie sous les épais sédiments de la crainte et de la routine amoncelés, gîtait la certitude de leur grandeur. Tous éprouvaient le même sentiment... (¿ Sans nos bonnes armes, les guerriers seraient bien avancés, tiens ! ... Nous valons plus qu'eux. Nous sommes les prêtres du métal, avec nos prêtres supérieurs, bien plus forts que les bhlaghmenes, même s'ils n'ont droit qu'au titre de patriarches. ¿) Il n'en avait jamais entendu d'autres s'exprimer ainsi, mais ils le pensaient tous. Un jour, il leur ouvrirait la bouche.

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Marc Galan Membre 421 messages
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(¿ Je suis prêtre, oui, et le plus puissant de tous... Qu'auraient-ils fait sans moi et les miens, tous ces bhlaghmenes et ces beaux guerriers ? ¿)

... Elle n'était pas si loin, et dans toutes les mémoires, l'année où les prêtres avaient invoqué la pluie en vain. Elle se refusait à venir féconder champs et prés, en dépit des sacrifices et des prières. Les récoltes avaient séché sur pied. La production des emblavures avait été misérable. La brûlure du soleil avait rendu stériles les flancs de Dheghom Mater. Seules les terres où les forgerons envoyaient leurs serviteurs avaient échappé à ce malheur. é son initiative, ils avaient ajouté à leurs araires lame de métal et bloc de pierre. Ils avaient pu creuser le sol plus profond, et y aller chercher des vestiges de fraîcheur, de vagues restes d'humidité. Elles avaient fait la différence entre l'absolue stérilité à l'entour et leurs récoltes médiocres, mais permettant, avec les restes de la précédente, d'assurer la subsistance de tous. Ils n'avaient pas dû courir plaines et bois pour se sustenter d'un gibier aussi maigre et mal nourri que ses chasseurs.

Cette année-là leur avait été propice, année d'enrichissement ¿ ils n'avaient pas fait cadeau de leur grain ¿ et, mieux, de prestige accru. Les maîtres du feu et du métal avaient été aussi les maîtres de la terre, de l'eau, des récoltes. Les prêtres en pleuraient de dépit, surpassés sur leur terrain. Ils avaient en sus acquis un savoir précieux. Une terre labourée plus profond résiste mieux aux aléas de la sécheresse. Si le soleil revenait brûler leurs champs, forts de ce secret, ils s'en serviraient pour mettre ses caprices en échec et tirer leur wiks de sa mauvaise passe. Entre-temps, il l'aurait confié à qui le reconnaîtrait pour patriarche... Si, un jour, tout le regyom était frappé par l'aridité, ce ne serait plus un ou quelques villages, mais Aryana tout entier, qui s'inclinerait devant eux, ses sauveurs. Ce pourrait ne pas être aussi facile. Rien ne sauverait certaines terres trop brûlées. Il suffirait à éviter la famine, voire la simple disette. On pouvait toujours imaginer que d'autres maîtres du métal (pourquoi pas lui, lui seul) trouveraient des moyens meilleurs encore d'améliorer ces araires qui rendaient aux sols leur fertilité.

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Marc Galan Membre 421 messages
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Ils ne voulaient ¿ n'osaient ? ¿ lui répondre. Il n'insista pas. Pewortor l'accompagnerait pendant au moins une demi-lune. Il serait malvenu de lui montrer hostilité ou mépris. Il tenta un sourire, loua la beauté et la valeur de ses armes. Le sujet n'était pas indigne d'un guerrier, et propre à rasséréner son interlocuteur.

¿ J'ai vu tes glaives. Peu de forgerons travaillent aussi bien, tu sais... Même à Kerdarya, il est rare d'en trouver d'aussi beaux.

Pewortor rendait mal pour mal, bien pour bien. Il fit assaut d'aménité et de courtoisie.

¿ J'ai fait des armes d'élite pour des guerriers d'élite. Je suis guerrier. Je sais ce dont nous avons besoin. Regarde comme j'ai eu raison. En de bonnes mains, elles ont fait des miracles. Ne t'en étonne pas. Un guerrier sait d'instinct quelle arme convient à chacun de ses compagnons.

C'était bien beau d'être poli. Plus encore d'affirmer ses droits et sa valeur. L'envoyé saurait son opinion sur les rapports entre ceux du métal et ceux qui utilisaient leur art et savoir. Il avait pu faire cette mise au point sans l'irriter. Il pousserait son avantage. Il le regarda bien en face.

¿ Nous avons été nombreux à tuer, homme par homme, plus de dix ennemis, de vrais guerriers, de solides gaillards. C'est notre chef Kleworegs qui en a tué le plus, moi et Yugatek ensuite, et juste après Walkwommartor... Je ne te cite que les meilleurs. C'est à dessein. Je nommerais, sinon, tous ceux partis un jour au combat. Tous savent se battre. J'ai été fier de concevoir pour chacun une belle lame.

Le sourire du messager s'étrécit. Pas du fait que le nouveau ner se soit cité de propos délibéré. Ce manque de modestie n'avait rien qui choquât. Mentionner ses exploits était une façon de se présenter, de s'identifier, d'informer. Non, l'incorrection ¿ délibérée, commise dans un but précis et défini ¿ qui lui faisait serrer les lèvres comme lorsqu'on les a trempées dans l'hydromel suri résidait dans la mise sur le même plan des deux artisans (¿ Non, oublions que ce Pewortor l'a été ! ¿)... de l'artisan et des guerriers. S'il pouvait tolérer que Pewortor s'installât entre son chef et un de ses guerriers, eu égard à son nouveau statut, il était de sa part du dernier mauvais goût d'avoir cité Faiseur de jougs avant Tueur de loups. On ne cite pas un homme portant un nom d'objet ¿ sauf une arme ¿ dans son patronyme avant celui portant un nom d'animal, preuve de l'ancienneté et de l'excellence de son clan. Encore heureux qu'il ne se fût cité avant son roi ! L'unique raison en était qu'il avait abattu moins d'ennemis. Il se serait sinon, sans honte, nommé d'abord.

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Marc Galan Membre 421 messages
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Il avait reçu le message caché derrière l'impolitesse calculée. é cette revendication, exprimée d'un ton calme et froid, il opposa la même tranquille froideur, la même indifférence. Il fit comme s'il n'en avait rien entendu et poursuivait une autre conversation :

¿ Il faudra que je te prenne un glaive, un glaive ouvré par toi, en personne, j'y tiens.

¿ Suis-moi... Je suppose que pour ce qui est d'être payé, nous nous arrangerons à Kerdarya ?

¿ Je te donnerai assez de cuivre pour fabriquer trois lourds glaives si celui que tu me proposes est de la qualité de ceux que tu forges pour vos guerriers.

¿ Ils sont tous excellents. Tu n'en verras jamais de mauvais chez moi. Je les brise.

¿ ... Et choisis tes plus beaux pour les présenter aux rois du grand conseil... Avec ça, tu pourras revenir beaucoup plus riche que tu n'es parti. éa ne te tente pas ?

¿ éa tenterait n'importe qui. Ta proposition est bonne. Je te remercie de tes conseils et de tes suggestions. Je les accepte avec gratitude¿ Voici ma forge, où je garde les meilleurs¿ Solides, mais tout simples, sans or qui orne leur poignée. éa ne te gêne pas, ou faut-il, pour avoir ta pratique et la leur, les guillocher de métal précieux ?

¿ Inutile, nous voulons des glaives tranchants, pas des bijoux. C'est décoratif, mais moins que le triomphe qu'apporte une bonne lame.

¿ Alors, j'ai ce qu'il te faut, et tout de suite. Entre !

¿ J'arrive !

¿ Pendant que j'y pense, si tu n'as pas vu Kleworegs, Nous partons après-demain, à l'aube.

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Marc Galan Membre 421 messages
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¿ Lève-toi ! Je pars.

Il se leva. Sa jambe avait cessé de lui élancer, sa blessure au flanc était oubliée. La souffrance était partie. La perspective d'avoir retrouvé le fil, un instant brisé, de la piste de son ennemi, l'avait revigoré. Il parvint près du char du voyageur. L'homme l'invita à y monter. Il y parviendrait tout seul. Ce serait un signe que les dieux approuvaient son projet et l'invitaient à l'accomplir sans perdre un instant. L'aide de son compagnon fut si discrète qu'il ne la vit pas.

Ils se mirent en route. Le visiteur était une mine d'anecdotes, qu'il eût trouvées passionnantes, et de plaisanteries, qui l'auraient fait éclater de rire s'il n'avait eu la tête ailleurs. La seule histoire qui l'eût intéressé eût été celle, même racontée par un bègue postillonnant et cherchant ses mots, qui lui aurait appris où trouver Kleworegs. Il l'écoutait malgré tout. Que faire d'autre en attendant d'arriver, le lendemain dans la soirée ? Il n'aurait ensuite qu'une journée de marche pour trouver le village où quelqu'un savait comment aller au clan du Cheval ailé. Il lui en indiquerait la route.

Après, tout dépendrait de lui. Il encouragea le cheval de la voix.

... Il ne lui faudrait plus longtemps pour se trouver face à sa cible.

Après la journée consacrée au choix de l'escorte, la veille du départ se passa en préparatifs pour s'assurer le meilleur voyage. On sélectionna les plus beaux et les plus solides chevaux, les chars les plus neufs et les mieux ornés. On prépara un ultime et gigantesque banquet en l'honneur du bijou sacré. Ils interrogèrent le messager sur le meilleur chemin et les haltes. é part Gwowomakwelya, la rivière des b¿ufs, marché à bestiaux de grand renom, et Walkwis, la place du loup, fameux rendez-vous de chasseurs et grande foire à fourrures, ce n'étaient que minuscules villages indignes de les recevoir. Leur passage y serait un événement tel qu'il ne s'en produit qu'un toutes les trois ou quatre générations.

Le banquet fut copieux, mais bref. Ceux qui partaient se couchèrent tôt. Ils se réveilleraient à ciel rose pour avoir le temps de faire leurs adieux. Kleworegs, le bhlaghmen et Pewortor ne furent pas les derniers à en profiter. Ils saoulèrent de recommandations leurs remplaçants et celles qui allaient prendre soin de leurs enfants pendant leur absence. Après qu'ils furent couchés, ils restèrent à les regarder. S'ils survivaient aux mille dangers et maladies qui les guettaient, ils leur feraient honneur et continueraient leur lignée glorieuse. Pour l'instant, ils se portaient bien, comme leurs mères, et dormaient d'un sommeil paisible et rassurant. Aucun des récents nouveau-nés n'avait péri. Ils en remercièrent les dieux.

Les enfants des trois héros du cortège étaient superbes. Peworis, le fils du forgeron, toujours plus énorme, passait déjà pour un petit ogre. Il épuisait le lait de sa mère et de sa nourrice, et, criant à en réveiller les morts, réclamait encore après une telle ventrée. Les armuriers se réjouissaient de ces hurlements témoins de son inextinguible appétit. Le Peworis de la légende avait, lui aussi, tari la poitrine de ses nourrices, deux géantes, pourtant. Cette fringale féroce signait sa haute origine et sa future haute destinée. S'il mangeait comme deux, c'était qu'il avait en lui, à côté de l'âme d'un forgeron, celle d'un guerrier avide de grandir très vite pour arriver au plus tôt à l'âge de combattre. Tous ces signes faisaient de lui, à sa manière, le wunderkind du wiks. Son père était aussi heureux de sa belle vigueur que des sentiments que le reste du village éprouvait à son égard.

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Marc Galan Membre 421 messages
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Premenos, le fils du bhlaghmen, dormait, d'un souffle régulier. Le prêtre le regardait, avec plus d'intensité encore, peut-être, que le jour de sa naissance. L'enfant n'entendait rien. Il n'irait pas le réveiller pour qu'il l'écoute. Il lui parlait plus pour être ouï des dieux et leur adresser un v¿u que pour qu'il capte ses mots-prières.

¿ Je pars, mon petit. éa me fait peine de te quitter. Ne m'en veux pas. C'est la chance de ta vie. Une fois à Kerdarya, avec ce que j'y apporte, on m'admettra au sein d'un des collèges de prêtres les plus réputés, ou on bâtira pour le Joyau un temple dont je serai le desservant. Tu entreras chez les prêtres de Dyeus ou de Bhagos, ou peut-être, si tu as la langue déliée et la parole aisée, dans le collège des récitants d'hymnes. C'est là que j'aurais voulu être. Mais quand j'étais en âge d'étudier les grandes épopées et les chants sacrés, nous étions pauvres. Je ne pouvais rien espérer, qu'un rôle subalterne dans un petit temple. Maintenant, ce village est le plus riche alentour, et si Kleworegs n'a pas mille bovins, son clan en possède bien dix mille, plus que de nombreux villages cinq à six fois plus peuplés... Rien qu'avec cela, toutes les ambitions t'étaient offertes. Qu'en sera-t-il quand nous avons la gloire d'avoir trouvé la pierre-soleil ! Tu feras ce que je n'ai pu que rêver.

Kleworegs, comme ses compagnons, avait mangé sur le pouce. Il aurait plus de temps pour se reposer et faire ses adieux. é peine chez lui, on vint le solliciter... Jusqu'à son départ il devrait avoir l'¿il à tout. Il serait dérangé à chaque instant. Parfois, la pression se relâchait. Qu'il retourne chez lui contempler le sommeil de son fils, on venait le tarabuster : ¿ Wentosyokophos n'a pas l'air au mieux. Laisse-le ici et attelle à ton char Okeusdramos. ¿. Sous peine de passer pour un roi qui n'a pas réponse à tout, il devait résoudre le problème. ¿ Tu es sûr ? Il caracolait comme un jeune poulain, hier midi. Enfin, s'il n'est pas bien, prends plutôt Woghomdeuktor. En cette saison, je préfère une bête plus robuste. ¿. La question résolue, il s'imaginait s'occuper de son fils. Tout aussitôt, un autre survenait : ¿ Le seul beau casque que je possède a une défense brisée. C'est arrivé au cours de ce combat où j'ai empêché un Muet de blesser le demi-frère de l'oncle maternel de ton ancienne femme. Prête-m'en un intact pour faire honneur à l'escorte. Je n'ai rien qui m'aille ! ¿ ¿ ¿ Va chez les forgerons ! ¿ ¿ ¿ J'en viens, ils n'ont rien à ma taille ! ¿ ... Et c'était reparti... Quelle nuit d'adieux, où il n'avait le temps de dire adieu à personne !

La lassitude eut raison des fâcheux. é Brillante haute, il put aller se coucher. En pure perte. Le sommeil l'avait fui. Il se releva. Il vint s'asseoir près du berceau de son fils.

¿ Ah, fils, je ne te reverrai pas avant la saison chaude. J'espère que tu seras déjà fort et bientôt prêt à marcher à mon retour... Si je reviens. Peut-être est-ce toi qui viendras, avec les miens, à Kerdarya. Si je deviens un ner regis, un noble du roi à mille bovins, pourvu d'un beau fief, tu ne passeras pas ton enfance dans un petit village, si riche soit-il. Pour accéder aux plus hautes fonctions, tu devras apprendre l'art du combat avec les jeunes de ton rang, fils des grands guerriers et des favoris du roi... C'est tout le mal que je te souhaite. Le borgne divin, par la bouche du conseil des rois, décidera. J'ai confié hier soir aux prêtres de beaux béliers dont sacrifier en ton nom. J'emporte des gâteaux de miel que je mettrai au feu chaque soir, en oblation. Avec ces hosties, il ne manquera de nous être favorable.

Ce soir-là, il avait pris congé. Il s'était fait expliquer en détail comment se rendre au village qui avait envoyé un des siens à la grande foire de Kleworegs. L'autre avait proposé de lui offrir encore quelques jours l'hospitalité ou de l'y conduire. Il avait refusé. Il en avait fait assez. Il serait sacrilège d'en exiger davantage. Il avait juste accepté de se reposer pour la nuit. Il partirait avec l'aube. Il serait plus vite chez ceux qu'il désirait rencontrer. Là-bas, on savait.

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Marc Galan Membre 421 messages
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TRAQUES

L'escorte s'éloigna à pas lents du petit fort où flottait la bannière en peaux de cheval emplumées cousues ensemble. Kleworegs, les yeux battus, somnolait. Son village s'enflait en une de ces cités immenses vantées par le messager. Pour avoir donné à Aryana tant de héros, il rivaliserait bientôt avec elles. Il avançait, paupières mi-closes. Les paysans labouraient en vue des semailles proches. Des sillons griffés par l'araire montait un péan. De chaque grain tombé dans ce sol fertile naissait un guerrier tout armé, prêt à le suivre et à combattre à son côté.

Qu'il rêve ! Les chevaux connaissaient le chemin. Ils allaient, d'un pas régulier et tranquille, en terrain familier. Nul ne leur demandait le moindre effort. Il en serait ainsi tout au long. Ils iraient à l'allure placide des b¿ufs traînant le chariot de bijoux et d'armes. Il s'en serait passé. Il bouillait de se retrouver devant le conseil des prêtres et le roi. Le messager et Pewortor avaient insisté, appuyés par l'escorte. Se rendre à Kerdarya, et n'en pas profiter ! Il s'était résigné. De quel droit refuser aux siens d'échanger leur part de butin contre des bêtes des plus hautes souches ?

Pewortor somnolait lui aussi. Il était trop fatigué pour rêver. Il ne voyait rien d'autre que la prochaine halte : un bien bien petit village.

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Il avait fait du chemin. La douleur à sa jambe était passée, sauf dans la course. Au bout de quelques foulées, il ressentait un léger tiraillement. Ses muscles ne l'élançaient que s'il insistait. Il revint au pas. é ce train, il rencontrerait avant ciel rouge un de ceux qui savaient. C'était plus sage. Il importait d'abord qu'il soit fort et rapide quand il frapperait. Une journée de repos ne serait pas perdue, si elle permettait une meilleure attaque.

Les fumées du village lui apparurent enfin. Il dit d'où il venait, ce qu'il désirait. Le gardien le fit entrer et le conduisit à son roi. Il profitait du bon renom de ceux chez qui il n'avait fait que passer. Le roi, venu au grand troc organisé par Kleworegs, devançait toutes ses questions. Il n'eut qu'à le laisser parler. Les autres s'étaient joints à lui. Il redisait la beauté du butin, la taille des transactions, le mystère du joyau, l'abondance des troupeaux, la richesse des greniers débordants. Il écoutait, fasciné. Le ciel s'obscurcit. On apporta les torches. Il parlait toujours, semant à foison les anecdotes, donnant de nouveaux détails, en rajoutant dans son admiration. Il continua à prêter l'oreille la plus attentive. Il guettait une perle dans tout ce fatras. S'il pouvait en jaillir, spontané ou à la suite d'une question, le moyen de parvenir à ce village aux merveilles. Pour ce que le conteur en disait, il aurait aussi bien pu se trouver dans les plaines de Thonros.

La nuit s'avançait, s'éternisait. Personne n'avait encore dit où trouver Kleworegs. La réunion allait se terminer. Hésitant entre un air dubitatif et un air enthousiaste (il opta à la fin pour ce dernier), il osa, les yeux brillants. Comment se rendre dans cet opulent village ? é son âge, il devait connaître ceux qui avaient enlevé un tel butin, s'il voulait un jour les imiter.

Le récitant l'avait presque oublié. Il le regarda. Quelle présomption ! Lui, si malingre, un jour leur égal ? Il se ravisa... Cette longue, vilaine cicatrice sur sa cuisse. Un homme qui a marché longtemps malgré une telle blessure n'élève pas ce v¿u en vain.

¿ Ce n'est pas très facile à expliquer. Je te montrerai ça demain matin, quand nous serons tous bien reposés. Veux-tu ?

¿ Volontiers, je suis mort de fatigue.

¿ Va dormir à la maison des hôtes ! Je te réveillerai en milieu de matinée.

Village minuscule, hospitalité somptueuse. Kleworegs s'y réveilla heureux, repu. Il ne pouvait rendre sur-le-champ tous ces bienfaits, mais les recevrait à son retour. Ils prirent congé au milieu de la matinée après avoir partagé l'hydromel nouveau, frais et sapide. Le bhlaghmen en abusa. Il se retrouva dans le même état que Kleworegs et Pewortor la veille, avec un mal de tête tenace comme tique. Dieux merci, la prochaine halte serait en rase campagne. S'il pouvait, en attendant, se bassiner les tempes avec un linge humide ! Il se passa la main sur le front. éa ne soulageait pas, mais valait mieux qu'attendre, passif, la fuite de la douleur.

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Marc Galan Membre 421 messages
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Le roi fut ponctuel. Il aurait dormi une heure de plus avec grand plaisir, mais son informateur avait autre chose à faire. Tant pis, il se lèverait, quitte à se recoucher pour un petit somme. Il passa sa peau et le suivit.

Il ne lui demanda pas les raisons de sa curiosité. Arrivé près de la petite rivière irriguant leurs prés, il cassa une branche de coudrier. Ils s'installèrent. Il lui expliqua, à force traits et commentaires, la route à prendre. Il écoutait, découvrant les passages les plus faciles, la voie la plus directe, les villages les plus hospitaliers. Il buvait ses paroles. Chaque ligne se fixait dans sa mémoire. Il n'en oublierait aucune, jusqu'à ce qu'il ait accompli sa mission.

Il en avait terminé. Avait-il tout compris ? Le jeune homme lui prit sa baguette. Il redessina, à l'aveugle, le tracé dans la poussière. Il écarquilla les yeux. Les deux étaient identiques... é moins qu'il ne vît double ? C'était inquiétant. Pour mettre un tel zèle à tout retenir, il fallait un motif puissant. Et s'il avait concouru à la réalisation d'un but inavouable ? Sa bouche le démangeait d'en demander plus. Il se retint. Il le regarda dans les yeux. Il n'y avait ni déloyauté, ni vilenie.

¿ Restes-tu encore un peu ?

¿ Non, merci, je pars à l'instant.

Refuser, dans son état ! Il était fou ! La joie de savoir enfin avait effacé sa fatigue. Il ne retournerait pas dormir. Comme cheval sentant l'écurie, il ne songeait qu'à presser le pas. Il fit ses adieux.

¿ Ce que tu m'as dit me sera très utile pour un acte qui sourira aux dieux.

De nombreux actes leur sourient, à commencer par une juste vengeance. Il lui en avait peut-être trop dit... Et puis non ! Si sa cause était juste, c'est en vain qu'il aurait clos ses lèvres. Sinon, il ne saurait la mener à bonne fin. Le jeune guerrier avait à peine disparu, il l'avait déjà oublié.

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Marc Galan Membre 421 messages
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La promenade triomphale continuait. De hameaux en villages, c'était la même hospitalité, le même défilé devant le Joyau, les mêmes chants de gloire envers son inventeur, la même beuverie, le même festin. Nul ne s'en plaignait, sauf Medhwedmartor. Résolu à mincir, il inventait les plus insensés prétextes pour refuser viande et hydromel offerts à foison. Est-ce le jeûne, les violents exercices, les soucis qui le rongeaient quand il chevauchait en essayant de trouver un moyen de refuser de reprendre les mets proposés sans froisser ou choquer, il avait fondu. é frapper du glaive et de la lourde hache contre des troncs, ses bras avaient durci. Avant le prochain temps des combats, il serait un de leurs meilleurs combattants. Sa hargne de soi n'était que le pâle reflet de celle qui guiderait ses coups contre l'ennemi.

Sans souci de la taille des villages, Kleworegs les traitait avec égale munificence. Il accepta, dans certains, de participer à des joutes et des tournois et montrer la valeur des siens. Ses adversaires étaient hardis, pleins de vigueur, mais avaient deux communes faiblesses. Ils ne s'étaient jamais mesurés en combats à mort, et leurs armes étaient mauvaises. Pewortor prêtait une extrême attention à celles sortant de la médiocrité générale. D'où venaient-elles ? Les noms cités jalonnaient le long trajet de son père avant son installation chez Kleworegs. Ceux qui avaient de bonnes lames parlaient avec respect de leur facteur. N'était-il pas Wulkanos ? Et d'où sortaient celles, encore meilleures, de leur hôte ? Guerrier, c'était bien... étre comparé à un dieu ! Il se montait du col. Il en revint. Les mêmes moquaient la prétention à s'élever de leurs forgerons. Il avait vu juste. Le messager était moins bien informé qu'il ne le prétendait de leurs désirs. Petit à petit, son ambition se précisait.

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Marc Galan Membre 421 messages
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Ses pas le portèrent au bien, bien petit village où Kleworegs avait fait halte la nuit suivant son départ. Il lui firent bon accueil. Ils étaient d'humeur joyeuse. Pouvait-il en connaître les raisons afin de se joindre à eux ? Ils s'empressèrent de satisfaire ce désir si naturel et si courtois. Il lui contèrent la nuit où Kleworegs s'était arrêté chez eux, et l'immense fête. é mesure qu'il les entendait, couvrant son ennemi de louanges insupportables, son teint s'était fait terreux, son visage allongé, l'éclat de son regard terni. Et pas moyen de le cacher. Quoi d'étonnant ! Ils l'avaient offensé. Il était marqué par le voyage, affamé par sa longue marche, et ils avaient excité son appétit sans lui offrir ne serait-ce qu'une corne d'hydromel. Confus, ils hélèrent sans tarder une servante. Elle apporta un grand broc. Ils remplirent une corne pour lui, et ne s'oublièrent pas. Il les remercia. Il ne semblait guère plus heureux. é cinq jours près, il aurait été du festin. Ils compatirent à sa déception... S'ils pouvaient y remédier :

¿ Rien n'est perdu, mais attends son retour. Il a promis une de ces fêtes chez lui, à ce moment-là !

¿ Il n'est pas à son village ?

¿ Non, bien sûr. Si tu en demandes l'hospitalité, tu seras bien reçu, et ils t'offriront plus que nous. Mais si tu veux le voir, tu devras y rester, ou te rendre à Kerdarya. Tu es à pied et l'hiver arrive. Tu ferais mieux de t'en retourner pour revenir au printemps.

Où était Kerdarya ? On lui indiqua, d'un vague geste du bras et avec des mimiques étonnées, les terres où le soleil dort. Il devait détourner l'attention... Que Kleworegs allait-il y faire ? On lui décrivit, avec un luxe de détails nouveau pour lui, ses prouesses, et les dons qui l'attendaient.

Il écoutait, livide, la longue liste des victoires, à ne jamais finir. Et s'il devait regretter son geste ? Il est aimé des dieux, celui dont le nom s'orne des épithètes de pieux, glorieux, victorieux. On parlerait de son meurtrier comme de la pire vermine. Vermine, lui, vengeur et homme d'honneur ?

Enfin, plus à court de souffle que d'anecdotes, le récitant s'arrêta.

¿ C'est ça, ce fameux Kleworegs ! ?

Son chuchotement se nuançait de doute... S'il était injuste, et contraire au plan divin, qu'il tue un tel guerrier ? Il ne faut pas venger son frère si cela doit nuire au clan, son clan si cela doit nuire à la tribu, sa tribu si cela doit nuire au peuple. La loi était claire, mais les dieux l'auraient déjà fait périr de sa blessure s'ils réprouvaient ses intentions ; et il était là, bien vivant. é moins d'un nouveau signe, il persisterait dans son intention première. Qu'ils le guident ou le fourvoient, qu'ils assurent son coup ou détournent sa lame au moment de frapper, serait leur volonté. L'accomplissement de sa vengeance en serait la sanctification, son échec la preuve de son injustice.

Il devait s'arrêter, y réfléchir. Il demanda l'hospitalité de trois jours. On la lui accorda volontiers.

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