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Note sur la féminisation des noms de titres et fonctions


Invité philippe du web

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Invité philippe du web
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L'Académie française n'entend nullement rompre avec la tradition de féminisation des noms de métiers et fonctions. C'est ainsi qu'elle faisait accueil dans la huitième édition de son Dictionnaire (1935) à artisane et à postière, à aviatrice et à pharmacienne, à compositrice, éditrice, exploratrice... Dans la neuvième édition, en cours de publication, figurent, parmi des dizaines d'autres, banquière, benjamine, championne... Ces mots sont entrés tout naturellement dans l'usage, portés par des œuvres et non prescrits par décret.

L'Académie, se fondant sur l'usage, n'a aucune raison de rejeter des termes utiles et bien formés. Mais, conformément à sa mission, défendant l'esprit de la langue et les règles qui président à l'enrichissement du vocabulaire, elle rejette un esprit de système qui tend à imposer des formes barbares ou ridicules. Enquêteuse est bon, enquêtrice est mauvais. Jamais la langue n'a produit d'elle-même des termes tels que docteure ou auteure : il s'agit là des lubies d'infimes minorités influentes.

Quand bien même un mot serait correctement formé, il peut cependant ne pas trouver sa place dans l'usage. Certains suffixes, d'abord, ont cessé d'être productifs : ainsi, la finale en -esse est tombée en désuétude, de telle sorte que notairesse ne s'emploie plus guère que de façon plaisante, et que doctoresse est en train de sortir de l'usage.

Voyez aussi amatrice. Ce féminin serait à amateur ce qu'institutrice est à instituteur ; Littré jugeait amatrice bon et utile, mais il remarquait : Ce mot s'emploie difficilement à cause du bas calembour qu'il suscite. Bas calembours et plaisanteries de caserne, voilà des choses à quoi il faut songer avant d'inventer des sapeuses-pompières ou des cheffesses.

S'agissant des métiers, très peu de noms s'avèrent rebelles à la féminisation quand elle paraît utile. Pour ceux-là, le français, quand la précision du sexe est nécessaire, peut recourir à la mise en apposition du mot femme. Comme bien d'autres langues, il peut, quand le sexe de la personne n'est pas plus à prendre en considération que ses autres particularités individuelles, faire appel au masculin à valeur générique, ou non marquée, ou extensive.

Voilà qui nous amène à l'épineuse question du neutre. Réservons pour plus tard la question des noms, après avoir simplement remarqué que neuf dixièmes des neutres latins ayant abouti à des masculins en français, nombre de valeurs du neutre latin ou d'idées exprimées par lui ont été reprises par le masculin. Mais voyez les pronoms : il le faut pour clarifier le problème. Il, le ont bien ici valeur de neutres sous une forme masculine. Le masculin le est issu des deux formes latines illud (neutre) et illum (masculin) : Je vois cela, je le vois (illud video), comme : Je vois mon frère, je le vois (illum video). Simple accident de l'évolution phonétique ? Non pas, et la transformation de noms féminins en pronoms ou locutions pronominales le montre bien. Vous direz : Une chose est sûre, mais Il y a là quelque chose d'évident, ce quelque chose masculin équivalant aux neutres latin aliquid ou allemand etwas ; vous direz : Cette personne est déjà venue, mais : Personne n'est venu, en traitant ce pronom indéfini comme un masculin. Nous pouvons à présent revenir aux noms par le biais des adjectifs substantivés : la chose importante, ou l'important est de noter qu'ils sont masculins, où d'autres langues les feraient neutres : das Wichtige, disent les Allemands.

On est là très près de ces emplois du masculin où Grevisse voit une sorte de neutre, et où le masculin a vocation à représenter une ou plusieurs personnes sans prendre en compte leur sexe. Voyez : Elle est sans égal ou sans égale, elle n'a pas son pareil ou sa pareille. On n'utilise le féminin que pour comparer une femme à d'autres femmes ; c'est le masculin qu'on emploie si la comparaison est plus large.

Tous nos textes juridiques et constitutionnels parlent du plaignant, de l'accusé, de l'électeur, etc. partout où il est question aussi bien des femmes que des hommes. Ils suivent là l'usage courant, tel qu'on peut l'observer dans la vie quotidienne.

Ma boulangère est une personne précise, concrète : petite ou grande, grosse ou maigre, brune ou blonde, prolixe ou taciturne, etc. Elle est tout à fait distincte de mon boulanger. Mais dans une ville inconnue, je m'enquiers de façon abstraite, indifféremment, d'une boulangerie ou d'un boulanger. Il se peut que la boulangerie que l'on m'indiquera soit tenue par une femme. Peu importe, pourvu que le pain soit bon. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas la personne, mais la fonction.

Tel est le cas, de façon éminente, des fonctions officielles et des titres correspondants. Ministre n'est pas un métier. Les particularités de la personne ne doivent pas empiéter sur le caractère abstrait de la fonction dont elle est investie, mais s'effacer derrière lui. Ce n'est pas Madame X qui signe une circulaire, mais le ministre, qui se trouve être pour un temps Madame X, et la circulaire restera en vigueur, peut-être, alors que Madame X ne sera plus ministre depuis longtemps. On ne nomme pas une ambassadrice, mais un ambassadeur.

S'agit-il de péripéties politiques sans intérêt ? Ni quant au fond, ni quant à la forme.

Sur le fond : on a toujours dit la reine comme le roi. Certes, à l'instar des Latins qui disaient regina comme rex. Mais ce point mérite réflexion : la personne et le corps même du souverain, sacrés, n'étaient pas dissociés de sa fonction ; ni notre président ni nos ministres ne touchent les écrouelles. La société féodale était toute faite de relations de dépendance personnelles ; nous sommes en principe régis par des relations juridiques abstraites.

Sur la forme : l'usage ne se décrète pas, à moins que l'on n'entende créer une sorte de « volapük » ou de « novlangue ». Volapük ? L'Académie peut se réjouir que son intervention ait fait envoyer au pilon une brochure du ministère des Finances qui prescrivait, au nom de prétendues directives européennes, l'invariabilité des termes euro et cent, injustifiable en français. Novlangue ? Savez-vous que l'on a publié à Genève un extraordinaire Dictionnaire féminin-masculin plein de barbarismes et de bouffonneries, qui prétend rectifier l'usage en mettant la langue au point, et dans l'avant-propos duquel, signé du conseiller d'état chargé du département de Justice et de Police, on lit ceci : que le privilège de créer des mots nouveaux et de rénover le langage n'est pas l'apanage des grammairiens non plus que du peuple qui l'emploie : ce privilège revient au législatif et à l'exécutif ? Les formes figurant dans ce dictionnaire doivent impérativement être employées dans les textes officiels et dans les ouvrages d'enseignement. Moyennant quoi on a pu lire dans le Dies Academicus, organe de l'université de Genève : Ont été nommés les nouveaux professeurs et nouvelles professeures suivantes..., suivantes se rapportant à treize hommes et une femme.

L'Académie conçoit tout autrement son magistère. C'est ainsi qu'elle a souhaité que les Recommandations du Conseil supérieur de la langue française, publiées en 1990 par le Journal officiel, ne fussent pas imposées par décret. Elle leur a donné son aval, les accueille dans son Dictionnaire, mais demande qu'elles soient soumises à l'épreuve du temps. Elle a en somme libéré l'usage en laissant rivaliser des formes différentes, jusqu'à ce que la meilleure l'emporte. C'est à cette attitude, à cette politique, qu'elle entend rester fidèle.

Service du dictionnaire de l'Académie française

Février 1999

Je suis tombé par hasard la dessus en cherchant un mot et j'en suis resté baba, qu'en pensez-vous ?

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Membre+, 51ans Posté(e)
Ocytocine Membre+ 17 768 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
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Je trouve qu'il y a des aberrations. A vouloir bien faire, on fait parfois n'importe quoi. Ce n'est pas le auteure qui va donner une parité homme/femme. cela ne me choque pas que le masculin l'emporte ; ça donne un terme générique et puis voilà. Maintenant on ne sait plus comment écrire certains mots. :snif:

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Membre, Femme Poulpeuse, 44ans Posté(e)
SteCatherine Membre 1 335 messages
44ans‚ Femme Poulpeuse,
Posté(e)

Je suis pour la féminisation des noms de titres et fonctions. On ne peut pas dire qu'un mot n'a pas d'importance, et c'est d'ailleurs sur cette culture de l'invisible que repose aujourd'hui le "pourquoi du comment" du sexisme d'un pays sensé être "avancé" sur la question. Les mots sont employés quotidiennement, on les entend de façon répétée, pendant des années...ils ont forcément un impact sur notre façon de concevoir le monde.

Quoi qu'il en soit on continue de dire, de penser LE patron et LA secretaire. Comme quoi, on donne un genre aux métiers que l'on veut bien...

On a eu tôt fait de trouver un équivalent masculin au métier de "sage femme", maïeuticien, tandis que l'on grince des dents quand il faut féminiser les métiers habituellement masculin. Pourquoi pas auteure lorsqu'on sait tres bien qu'il s'agit d'une femme ? Madame la Ministre...c'est une preuve d'évolution de la société que d'être capable d'évoluer vers cela.

Je pense que le langage courant fera le tri au fil du temps, de toute manière.

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  • 9 mois après...
Invité febus
Invités, Posté(e)
Invité febus
Invité febus Invités 0 message
Posté(e)

on tue la langue Française en voulant tout féminiser;n'oublions pas que le français est une langue écrite .

Le Français est une langue pour écrire,l'anglais pour parler,l'italien pour chanter,et l'allemand pour gueuler !!!! :smile2:

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Invité philippe du web
Invités, Posté(e)
Invité philippe du web
Invité philippe du web Invités 0 message
Posté(e)

et alors c'est pour ça que c'est une langue qu'on ne féminise pas ?

que c'est forcément une langue de machiste ?

au contraire je suis pour la féminisation des mots et je trouve même que l'académie française ne va pas assez vite sur le sujet

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