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La rue, nouveau terrain de jeu

Yavin

Par Yavin,
dans Quotidien

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La rue , nouveau terrain de jeu


Dimanche 22 Juin - 15:43

Réseaux, chasses au trésor, batailles d'oreillers... De plus en plus d'adultes transforment la ville en cour de récréation. Qu'est-ce qui les pousse à retomber ainsi en enfance?



Les adultes en baskets qui arpentent les rues, farfouillent dans les buissons, déchiffrent de curieux parchemins... D'autres qui s'affrontent à coups d'oreillers en plume ou de pistolets à eau... Ces promeneurs au comportement étrange n'ont plus 10 ans, mais s'amusent comme des gamins. Deux heures plus tôt, la plupart ne se connaissaient pas... ce qui ne les empêche pas de s'adonner ensemble aux joies des «jeux urbains».

Retrouver des moments gratuits
Nés dans les pays anglo-saxons, ces défoulements collectifs débarquent au coeur de nos villes. Clairement régressifs, ne seraient-ils qu'une pratique «adulescente» de plus, la énième invention d'une «génération Casimir» qui refuse de grandir? «Ils ne favorisent pas la construction d'une identité adulte, estime le psychiatre et psychanalyste François Ladame. C'est une manière de laisser tous les possibles ouverts, de ne pas choisir entre l'enfance et l'âge adulte». A petites doses, ces pauses ludiques adoucissent pourtant le sérieux de l'existence. «Avec les batailles d'oreillers, je profite d'un bref instant où je n'ai pas à me soucier des conséquences de mes actes», explique Paul, 32 ans.

Pas si futiles, ces divertissements sont utiles, justement parce qu'ils ne servent à rien. «Notre société exalte la performance, l'efficacité, le rendement?; cela fait du bien de privilégier, pour une fois, des moments gratuits, commente le psychiatre et psychanalyste Patrice Huerre. Dès l'enfance, les emplois du temps sont remplis à ras bord, alors qu'il faudrait aussi laisser de la place au temps perdu, à la rêverie, au plaisir partagé. C'est parce que l'on essaie d'étouffer le jeu qu'il ressort de cette manière.»




Ségolène Barbé
Suite de l'article...
Source: Le Matin
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