Crabe_fantome

Et je te garantis qu'on vit très bien même quand les autres ont une fausse idée de nous

Je vais ranger mon humilité au vestiaire le temps de répondre. Physiquement on m'a donné 37 ans la semaine dernière, j'ai la peau super douce, je suis ultra garni capillairement parlant sur le crane, j'ai un sourire craquant, des dents de loup et un joli petit cul que j'entretiens avec les cuisses durant les randos. Et il parait en plus que j'ai une jolie voix Mentalement j'ai un cerveau atypique qui me fait voir les choses sous différents angles, parfois un angle tout pourri et parfois un angle intéressant. J'ai la capacité de me parler à moi même et de me donner les réponses aux questions que je me pose. La musique me parle, je sais isoler les instruments et je retrouve les mélodies à l'oreille. Voilà je crois que c'est pas mal pour commencer.

Le piège de la rationalisation de ces phases c'est de s'appuyer dessus et finalement de ne pas les vivre, et donc de rester bloquer dans le déni.

Pour commencer on a besoin d'un parti pour nous soutenir parce qu'ils ont les moyens financiers, de communiquer vite, haut et fort, et surtout l'expérience. On peut tenter d'y aller sans étiquette dans un petit village mais faut vraiment être LA personnalité du voyage. Le premier problème sera la concurrence au sein du parti: le plus ancien, le plus riche, le plus influent, le plus malin, le plus posé, le plus sympa, chacun va tenter de décrocher la place de candidat. Des fois ça se joue en primaires, des fois on s'en bat le steak des primaires. Coup de chance ou coup de génie, nous voilà en tête pour être maire de notre village. Reste à convaincre les gens de voter pour nous. On part en campagne et on rencontre les gens qui auront des doléances, un beauf frère à faire rentrer à la mairie, un terrain à viabiliser, un voisin qui a un coq, on va passer nos journées à serrer les mains (une poignée de main c'est un bulletin dans l'urne disait Chirac) et on va réaliser que les gens sont tous différents et que chacun va vouloir voter pour son truc à lui: l'écologie, le social, le commerce, la culture etc. et chaque parti va défendre un ou plusieurs thèmes. Voici le second problème: l'art du compromis. Je suis de droite, j'ai 25% d'intention de vote. Il m'en faut 51%. Je vais inclure un projet écolo: je gagne 15%, j'en perds 5% de déçus anti écolos. Je vais inclure un projet de maison du peuple pour la culture, je vais gagner 15%, j'en perds 5 autre %. Mathématiquement j'en suis à 45% et je peux tenter l'élection pour me retrouver au second tour. Au second tour, je récupère les électeurs qui n'ont plus de candidat en faisant un geste plus ou moins important par rapport à mon adversaire. Et me voilà maire. Si par contre durant mon mandat je pars en vacances avec un véhicule municipal ou si je m'offre des restos avec la CB de la ville, tant que je suis maire, tout le monde ferme sa gueule. Mais aux prochaines élections mes concurrents aux primaires utiliseront ce dossier pour me prendre ma place, et si ce n'est pas eux, ce sera mes adversaires.

Tout va ultra bien jusqu'à ce que j'éprouve une légère gène en descendant dans des vieux bunkers enterrés, mais c'est carrément non devant une grotte où y a juste la place pour passer ses épaules en étant allongé. J'avais pris un stoppeur spéléologue amateur une fois, qui me racontait qu'il avait commis cette erreur de débutant en s'engouffrant et en poussant son sac devant lui. Il m'a dit qu'il aurait dû l'attacher et le tirer derrière lui puisqu'il a accumulé de la terre en poussant et qu'il s'est retrouvé bloqué dans une galerie, obligé de faire marche arrière, en rampant.

Je crois qu'on est nombreux à ne pas comprendre cet exemple en particulier. Je pourrais comprendre que le père en veut à sa fille "d'avoir tué sa femme", mais que la fille en veuille à sa mère alors qu'elle ne l'a jamais connu, là je ne vois pas. Ou alors c'est passé par les yeux et les mots du père. Lorsqu'un adulte accable un enfant, l'enfant accepte l'accablement comme étant parfaitement normal. Si le père a dit ou fait comprendre "j'étais heureux avec ta mère, tu l'as tué, tu es le cancer de ma vie" il est possible que la fille accepte d'être une meurtrière et un parasite, puis elle aurait pu déplacer ça sur la personne responsable de sa création: sa mère. "Tu as fabriquer une meurtrière, une parasite, un cancer, tu as fait de ma vie un enfer où mon propre père me déteste, c'est ta faute à toi, c'est toi la merde, pas moi". Ou alors l'enfant réalise le manque de la mère en entrant de sa vie sociale et réalise que les mères sont présentes pour tout le monde parce que tous ses camarades ont une mère qui les emmène, va les chercher, leur prépare à manger, leur organise leur anniversaire etc. Par comparaison elle se fabrique un sentiment d'abandon qu'elle n'avait peut être pas en étant entourée (et isolée avant d'aller à l'école) par son père et/ou ses grands parents. Mais là c'est juste des probabilités qui pourraient nous amener à en arriver là. Il y avait un vide, je tente de le combler parce que sinon je ne comprends pas, et je n'aime pas ne pas comprendre.

Personne ne dit qu'il n'y a pas de nutriments ou d'oligo-éléments dans le vivant à boire et manger. Si j'ai une carence en fer je sais que je vais en trouver dans les viandes et certaines plantes (persil, pissenlit et les célèbres épinards). Le millepertuis contient de l'hyperforine et de l'hypericine qui ont un effet sur les sérotonine, noradrénaline et dopamine. C'est scientifique.

Après il ne faudrait pas non plus considérer le fait de bien se nourrir, bien dormir, avoir une vie saine comme de la naturopathie. Je ne fume pas, ce n'est pas un conseil de naturopathe, c'est juste que j'évite d'abimer mon organisme lequel a été conçu (normalement) pour sa propre survie.

Pour comprendre de manière objective : J'ai un rhume, je prends des herbes magiques et je suis guéri au bout de 3 jours. La conclusion la plus simple c'est de croire que les herbes sont vraiment magique et soignent vraiment. Mais il y a 2 autres conclusions qu'on oublie: - si je n'avais rien pris j'aurais pu être guéri au bout de 3 jours (l'herbe est sans effet). - si je n'avais rien pris j'aurais pu être guéri au bout de 2 jours (l'herbe est nocive).

L'idée aussi c'est qu'il va y avoir ces "amis" qui vont venir vous voir lorsqu'on va vous diagnostiquer un cancer pour vous dire "je connais quelqu'un qui..." Vous serez surpris par tous ces gens qui connaissent "quelqu'un qui"... Et il suffit de faire un tour dans les foires de médecines douces (y en a forcément une près de chez vous chaque année) pour réaliser les tonnes et les tonnes de merdes que les gens ont inventé pour qu'on aille tous mieux. Des semelles magnétiques, des minis karcher pour enlever le caca de nos intestins, des pierres qui se rechargent avec d'autres pierres, compléments alimentaires à base d'algue, sérum à base de fleurs d'immortelles... Environ 240 exposants pour le salon de Paris de février dernier. Uniquement des gens qui payent pour avoir un stand et présenter des conneries plus ou moins exotiques.

Après le pharmakos de l'inspiration du bouc émissaire, ça fonctionnait. C'est superficiel mais ça marche. "La liberté des uns s'arrête où celle des autres commence" n'est pas sur le même répertoire. Là on est dans un cadre légal, je peux faire tout ce que la loi permet tant que je ne porte pas préjudice à mon prochain. J'achète un potager, je monte un grillage, ma liberté s'arrête à ce grillage. Y a rien de spirituel là dedans, c'est juste pour protéger mes tomates. Spirituellement je serais encore plus libre si mon voisin de potager décide de planter des cailloux et que j'arrête de vouloir lui expliquer que les cailloux ça ne pousse pas. Je serais libre quand je me dirais en moi même "mon gars, t'es un con et bien vis ta vie du mieux que tu peux, telle que t'as envie de la vivre". "fais ta vie" me semble pas mal.

C'est facile pour personne dans ces moments, mais franchement si ça peut lui permettre de se sentir mieux de hurler contre ce putain de cadavre connard égoïste, je pense qu'il faut y aller. C'est pas hyper bien pensant mais c'est quoi l'objectif? Etre tout mignon et finalement avaler des cachetons parce qu'on en peut plus d'étouffer ou assumer notre colère et notre jugement et les exprimer de manière brutale (quitte à faire la paix ensuite)?

Dans l'intimité chacun fait comme il peut ou comme il veut. De me coté je me méfie de moi même parce que j'ai un mauvais rapport à la mort et du coup je suis très vite tenté de ressentir des émotions négatives pour tel ou tel fait divers morbide. Qui fait ça en vrai? A part des gens payés et dont c'est le métier personne. Toi même t'es le premier à donner ton avis façon cash quand t'es face à un truc que t'aime pas. Du coup ouais tu peux invoquer les dieux à écouter avec silence, patience et bienveillance parce qu'à part eux personne ne le fait.

Et pourtant c'est un grand classique.

Mais tant qu'il reste un humain spectateur la morale et le jugement s'installe. Le suicide devient alors le sacrifice, haut jugement moral, ou un acte égoïste, débile, voire méchant puisqu'en jetant sa voiture contre une autre il a tué une famille. On aura tous un avis, un jugement, sur le pourquoi des choses, y compris lorsqu'on a pas accès à la tête des gens. Et je pourrais me draper dans la sagesse ultime et annoncer que je suis supérieur en tout car je ne juge personne, et finalement insulter ce chauffard suicidaire qui a tué des amis parce que je suis humain avant tout. Maintenant cette fille doit vivre sans père et avec un jugement très négatif sur lui. Elle pourrait penser que la souffrance est préférable à l'abandon, après tout Jean Paul 2 nous a fait spectateurs de son agonie durant des mois et nous a enseigné que la souffrance est courageuse. Libre à chacun d'adhérer ou non évidemment mais le résultat c'est qu'on l'a canonisé.