"Sans la musique la vie serait une erreur "

[Invité]

Cette tirade de Nietzsche est trés pessimiste et pourtant Nietzsche est le philosophe de l'affirmation de la vie, de l'Amor Fati, le contraire d'un pessimiste.

[tison2feu 1 634]

J'y vois plutôt une affirmation positive puisqu'elle laisse entendre tous les avantages (et non les inconvénients) que peut nous procurer la musique.

Modifié le 19 mars 2016 par tison2feu

[Invité]

Mais la musique n'est-elle pas plutot une tentative de magnifier artificiellement la vie ?

De rendre beau ce qui est laid, de donner du sens a ce qui n'en a pas ? Bref d'idéalisation naive de la vie.

Ce peut etre également l'expression magnifique d'une souffrance, un cri ou un appel vers un monde meilleur.

[tison2feu 1 634]

Lorsque tu pratiques la musique, tu le fais avant tout avec ton corps et tes tripes. Nietzsche, qui était je crois pianiste, savait mieux que quiconque que la musique est le vecteur d'une libre circulation des énergies corporelles et des passions, l'expression sans frein des puissances instinctives. Elle a de plus ce pouvoir d'unir les individus dans des expériences culturelles partagées d'extases, d'ivresse et de fêtes, pouvant engendrer des individus robustes et une culture d'affirmation vigoureuse.

Modifié le 20 mars 2016 par tison2feu

[Invité]

Je crois que je comprends ce que tu veux dire et qui est bien illustré dans le film "Matrix revolution", la scene de Bacchanale avant l'attaque des machines:

Modifié le 20 mars 2016 par swam

[Totolasticot 280]

J'y vois l'éloge de l'apparence, de ce qu'il appelle l'apollinien. L'art bien souvent perçu comme illusion est vrai en ceci qu'il est spiritualisation des instincts, la vie étant volonté de puissance. En fait Nietzsche substitue la volonté de puissance à la vérité.

[Invité]

Pourtant Nietzsche signait ses lettres par " Dyonisos ou le crucifié"

Appolon c'est l'ordre, Dionysos c'est l'ivresse, le chaos fertile.

Je crois que pour Nietzsche il n"y a pas d'autres vérités que la volonté de puissance et ses conséquences.

Un grand merci en tout cas pour avoir fait rebondir le sujet.

[pascalin 281]

La musique est la magnificence et l'une des seules voies du sensible sans erreur

L'homme est à la recherche de perfection, il la trouve dans la musique, la conjonction de deux notions disjointes, antinomiques .

L'exactitude, la rigueur, l'ordre en osmose avec .... le sensible qui ne peut être que source d'erreur .

[tison2feu 1 634]

Oui, l'unité retrouvée.

D'ailleurs, certains professionnels de la connaissance reconnaissent parfois qu'ils auraient rêvé d'être de grands compositeurs, un peu comme s'ils avouaient être passés à côté de quelque chose de sublime.

[Invité]

La musique est la magnificence et l'une des seules voies du sensible sans erreur

L'homme est à la recherche de perfection, il la trouve dans la musique, la conjonction de deux notions disjointes, antinomiques .

L'exactitude, la rigueur, l'ordre en osmose avec .... le sensible qui ne peut être que source d'erreur .

La musique peut-elle etre autre chose qu'un langage ? Un moyen d'expression et de communication ?

Et si elle n'est que ça, et que sans la musique la vie serait une erreur, c'est donc que la seule chose qui peut donner du sens a la vie, de la valeur, c'est la communication entre les etres vivants.

Et meme s'ils ont avant tout de la souffrance a exprimer, le seul remède consiste peut etre a l'exprimer.

Les Grecs anciens raffolaient des tragédies, elles leur faisaient beaucoup de bien.

Faut dire qu'il n'y avait pas d'anti dépresseurs a l'époque.

Je crois que c'est a peu pres le sens du mot "Catharsis".

[Invité sera-angel]

Pour Nietzsche être puissant, c'était créér...

La pensée de Nietzsche n'est pas toujours explicite, lui même disait qu'il s'adressait à ceux qui pouvaient le comprendre, selon la conception élitiste de la vie qui était la sienne.

Sa philosophie était une défense de l'instinct, de l'art, du pouvoir créateur de l'homme, qu'il cherche à libérer des contraintes que la morale et la société veulent lui imposer.

En fait en disant "sans la musique la vie serait une erreur" il voulait dire à ceux qui pourraient le comprendre que : "sans l'âme, us (coutumes) , hic (noeud de la question), là, viscères est une erre heures" :cool:

Modifié le 14 avril 2016 par sera-angel

[Invité]

Pour Nietzsche être puissant, c'était créér...

La pensée de Nietzsche n'est pas toujours explicite, lui même disait qu'il s'adressait à ceux qui pouvaient le comprendre, selon la conception élitiste de la vie qui était la sienne.

Sa philosophie était une défense de l'instinct, de l'art, du pouvoir créateur de l'homme, qu'il cherche à libérer des contraintes que la morale et la société veulent lui imposer.

En fait en disant "sans la musique la vie serait une erreur" il voulait dire à ceux qui pourraient le comprendre que : "sans l'âme, us (coutumes) , hic (noeud de la question), là, viscères est une erre heures" :cool:

Bonjour,

Je salue l'effort sur le jeu de mots, mais pour une fois chez Nietzsche, je trouve la citation vraiment explicite.

Et si on essaye d'en tirer les conséquences, je dirais que la musique ne nous parle pas de la vie, et qu'elle est seulement une réaction face a la vie.

Tentative de l'embellir, expression du désespoir, de la douleur, manifestation de la volonté...

Et la je rejoins votre conclusion ( si je l'ai bien comprise ):

Ce qui rend la vie intéressante, ce sont les ames que l'on est amené a rencontrer, tout le reste n'étant que de l'agrément qui repose sur cela.

[Invité sera-angel]

Bonjour,

Je salue l'effort sur le jeu de mots, mais pour une fois chez Nietzsche, je trouve la citation vraiment explicite.

Et si on essaye d'en tirer les conséquences, je dirais que la musique ne nous parle pas de la vie, et qu'elle est seulement une réaction face a la vie.

Tentative de l'embellir, expression du désespoir, de la douleur, manifestation de la volonté...

Et la je rejoins votre conclusion ( si je l'ai bien comprise ):

Ce qui rend la vie intéressante, ce sont les ames que l'on est amené a rencontrer, tout le reste n'étant que de l'agrément qui repose sur cela.

Exactement musique et âme sont liés. Il existe un lien profond entre musique et esprit.

La musique est un langage que seule l'âme comprend, mais que l'âme ne peut jamais traduire. Arnold Bennett

Dans les mots de Richter elle est "la poésie de l'air", dans ceux de Tolstoï elle est " la sténographie de l'émotion", pour Pythagore elle est "la musique des sphères".

Les mots sont le langage de l'esprit, la musique en est l'air, elle évoque l'émotion.

La science analyse, la musique intègre. Et c'est quand l'âme chante que l'esprit s'élève.

[Totolasticot 280]

J'y vois toujours un énoncé paradoxal. Il pratique "la pensée de derrière", comme on dit.

Je suis retombé sur ça il y a quelques jours, je recopie l'extrait :

Nietzsche, de Yannis Constantinidès

Les textes essentiels fac/prépas

L'art comme jeu avec la vérité

(...)

Récusant la problématique du fondement propre aux métaphysiciens, le philosophe de l'avenir, à l'image des grecs, privilégie à dessein la surface des choses. Il oppose ainsi à la volonté idéaliste de vérité le choix délibéré du non-vrai, de l'incertitude, du non-savoir. Il ne s'agit évidemment pas de faire de l'ignorance un idéal, mais de substituer au savoir théorique et au goût pathologique de l'absolu un "gai savoir" qui respecte le caractère perspectiviste de la vie, car "toute vie repose sur l'apparence, sur l'art, sur l'illusion, sur l'optique, sur la nécessité perspectiviste et l'erreur". (NT, essai d'autocritique, paragraphe 5). L'aversion pour l'art qui sous-tend le culte idéaliste de la vérité apparaît dès lors comme aversion foncière pour la vie.

Modifié le 14 avril 2016 par Totolasticot

[Invité sera-angel]

J'y vois toujours un énoncé paradoxal. Il pratique "la pensée de derrière", comme on dit.

Je suis retombé sur ça il y a quelques jours, je recopie l'extrait :

Nietzsche, de Yannis Constantinidès

Les textes essentiels fac/prépas

L'art comme jeu avec la vérité

(...)

Récusant la problématique du fondement propre aux métaphysiciens, le philosophe de l'avenir, à l'image des grecs, privilégie à dessein la surface des choses. Il oppose ainsi à la volonté idéaliste de vérité le choix délibéré du non-vrai, de l'incertitude, du non-savoir. Il ne s'agit évidemment pas de faire de l'ignorance un idéal, mais de substituer au savoir théorique et au goût pathologique de l'absolu un "gai savoir" qui respecte le caractère perspectiviste de la vie, car "toute vie repose sur l'apparence, sur l'art, sur l'illusion, sur l'optique, sur la nécessité perspectiviste et l'erreur". (NT, essai d'autocritique, paragraphe 5). L'aversion pour l'art qui sous-tend le culte idéaliste de la vérité apparaît dès lors comme aversion foncière pour la vie.

Nietzsche pensait qu'avec les sons on pouvait séduire les hommes et leur faire accepter toutes les erreurs et toutes les vérités. "L'endroit du pour et l'envers du contre" comme le disait Balzac.

La musique pour lui n'appartenait pas au domaine de l'apparence. Elle exprimait les forces elles-mêmes. Le flux et non la forme. Elle touchait la réalité et la vérité.

Il voulait arracher l'art à son statut de divertissement social pour l'élever au rang de problème, en interrogeant son rapport à la vie et à la connaissance, comme les tragiques grecs le faisaient.

Pour lui la musique était un instrument de mesure des états vitaux. La métaphysique comme morale, la morale comme esthétique, l'esthétique comme physiologie. La musique évaluant la vie. C'est pour cela que pour lui la vie sans musique serait une erreur .. d'interprétation.

[Totolasticot 280]

Nietzsche pensait qu'avec les sons on pouvait séduire les hommes et leur faire accepter toutes les erreurs et toutes les vérités. "L'endroit du pour et l'envers du contre" comme le disait Balzac.

La musique pour lui n'appartenait pas au domaine de l'apparence. Elle exprimait les forces elles-mêmes. Le flux et non la forme. Elle touchait la réalité et la vérité.

Il voulait arracher l'art à son statut de divertissement social pour l'élever au rang de problème, en interrogeant son rapport à la vie et à la connaissance, comme les tragiques grecs le faisaient.

Pour lui la musique était un instrument de mesure des états vitaux. La métaphysique comme morale, la morale comme esthétique, l'esthétique comme physiologie. La musique évaluant la vie. C'est pour cela que pour lui la vie sans musique serait une erreur .. d'interprétation.

C'est très bien dit !

Rajout : et en général ce qui est bien dit est accrédité.

Modifié le 14 avril 2016 par Totolasticot

[Invité]

Exactement musique et âme sont liés. Il existe un lien profond entre musique et esprit.

La musique est un langage que seule l'âme comprend, mais que l'âme ne peut jamais traduire. Arnold Bennett

Dans les mots de Richter elle est "la poésie de l'air", dans ceux de Tolstoï elle est " la sténographie de l'émotion", pour Pythagore elle est "la musique des sphères".

Les mots sont le langage de l'esprit, la musique en est l'air, elle évoque l'émotion.

La science analyse, la musique intègre. Et c'est quand l'âme chante que l'esprit s'élève.

Je trouve que voila la une belle intervention !

Je mettrais un bémol pour la partie en gras, que je retoucherais comme ceci :

C'est quand l'ame pleure que l'esprit s'élève

ou alors:

L'ame veut s'élever, mais comme l'albatros qui a de trop grandes ailes pour pouvoir décoller, elle pleure de ne pouvoir le faire.

Vous avez écrit ceci: "Nietzsche pensait qu'avec les sons on pouvait séduire les hommes et leur faire accepter toutes les erreurs et toutes les vérités".

C'est ce coté artificiel de la musique que je n'aime pas, elle peut susciter des émotions qui ne reposent sur rien de concret.

Et donc " la musique évaluant la vie", non, pas necessairement, elle peut aussi "manipuler la vie".

[Invité]

J'y vois toujours un énoncé paradoxal. Il pratique "la pensée de derrière", comme on dit.

Je suis retombé sur ça il y a quelques jours, je recopie l'extrait :

Nietzsche, de Yannis Constantinidès

Les textes essentiels fac/prépas

L'art comme jeu avec la vérité

(...)

Récusant la problématique du fondement propre aux métaphysiciens, le philosophe de l'avenir, à l'image des grecs, privilégie à dessein la surface des choses. Il oppose ainsi à la volonté idéaliste de vérité le choix délibéré du non-vrai, de l'incertitude, du non-savoir. Il ne s'agit évidemment pas de faire de l'ignorance un idéal, mais de substituer au savoir théorique et au goût pathologique de l'absolu un "gai savoir" qui respecte le caractère perspectiviste de la vie, car "toute vie repose sur l'apparence, sur l'art, sur l'illusion, sur l'optique, sur la nécessité perspectiviste et l'erreur". (NT, essai d'autocritique, paragraphe 5). L'aversion pour l'art qui sous-tend le culte idéaliste de la vérité apparaît dès lors comme aversion foncière pour la vie.

Il y a aussi cette citation célebre De N.

" Les Grecs étaient superficiels...Par profondeur".

De plus il a toujours préféré Dionysos a Apollon.

Dans sa jeunesse il a profondément été influencé par le grand pessimiste qu'était Schopenhauer, mais il a ensuite pris le contrepied avec son " Amor Fati".

D'apres certains experts, il souffrait de troubles bipolaires, maniaco-dépréssif.

Donc aversion pour la vie telle qu'elle nous est donnée, mais affirmation de la vie telle que nous pouvons la transformer ( notamment par l'art et la musique ).

C'est vraiment de la bipolarité.

[deja-utilise 1 006]

Je suis désolé de casser cette belle envolée poétique, mais en réalité, la musique n'est pas le propre de l'homme, les animaux y étant naturellement sensibles également.

J'ai déjà développé deux thèses à son encontre pour expliquer en grande partie notre affection envers la musique, la première étant que les rythmiques, les régularités sonores sont sans doute dû à notre long séjour intra-utérin, la seconde, est que la mélodie, les instruments sont un succédané de la voix humaine selon moi, ce qui expliquerait qu'elle soit universellement comprise chez tous les peuples, même lorsque la langue est étrangère, il y aurait donc une grande proximité entre le émotions véhiculées par le timbre et le rythme de la voix, et l'agencement des sons musicaux.

Dit autrement la rythmicité nous viendrait de notre vie avant notre naissance, et la compréhension émotionnelle/humorale de notre propre fonctionnement vocal.

Dans cette perspective, la musicalité fait partie intégrante de nos vies, qu'elle soit jouée ou pas, on ne peut donc pas se demander quelle serait la vie sans la musique, comme on ne se demanderait pas ce que serait la respiration sans oxygène, ou la société avec des êtres solitaires, c'est un non-sens !

Modifié le 14 avril 2016 par deja-utilise

[Invité]

Je suis désolé de casser cette belle envolée poétique, mais en réalité, la musique n'est pas le propre de l'homme, les animaux y étant naturellement sensibles également.

J'ai déjà développé deux thèses à son encontre pour expliquer en grande partie notre affection envers la musique, la première étant que les rythmiques, les régularités sonores sont sans doute dû à notre long séjour intra-utérin, la seconde, est que la mélodie, les instruments sont un succédané de la voix humaine selon moi, ce qui expliquerait qu'elle soit universellement comprise chez tous les peuples, même lorsque la langue est étrangère, il y aurait donc une grande proximité entre le émotions véhiculées par le timbre et le rythme de la voix, et l'agencement des sons musicaux.

Dit autrement la rythmicité nous viendrait de notre vie avant notre naissance, et la compréhension émotionnelle/humorale de notre propre fonctionnement vocal.

Dans cette perspective, la musicalité fait partie intégrante de nos vies, qu'elle soit jouée ou pas, on ne peut donc pas se demander quelle serait la vie sans la musique, comme on ne se demanderait pas ce que serait la respiration sans oxygène, ou la société avec des êtres solitaires, c'est un non-sens !

Je n'ai pas vraiment vu de poésie dans ce sujet, mais bon aprés tout c'est subjectif.

Oui il n'y a pas que les humains qui sont sensibles a la musique, puisqu'elle agit meme sur les plantes.

C'est justement ce coté tout agissant, meme malgré nous, qui me gene.

Si on ne voit rien de bon dans notre vie, et dans la vie en générale, mais qu'il suffit d'écouter de la bonne musique pour se sentir bien, je trouve cela trés artificiel.

La citation de départ je la trouve vraiment pessimiste, alors que d'autres y verront de l'optimisme.