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Boualem Sansal : 2084

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DroitDeRéponse

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Membre, Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis, 52ans Posté(e)
DroitDeRéponse Membre 86 787 messages
52ans‚ Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis,
Posté(e)

http://www.lepoint.f...5-1955791_3.php La rentrée littéraire de Boualem Sansal :

Boualem Sansal a décidément bien du courage. Et de la ressource. Après avoir essuyé des menaces de la part du Hamas parce qu'il se rendait à un salon du livre à Jérusalem, après avoir perdu son métier à cause de ses prises de position contre le pouvoir algérien, et avoir vu son livre Poste restante : Alger censuré par le régime, après avoir fait le parallèle entre islamisme et nazisme dans Le Village de l'Allemand, l'écrivain algérien ose se mettre dans les pas de George Orwell, l'auteur de l'indépassable 1984, avec son nouveau roman. 2084.

La référence est transparente. Et tout le dispositif orwellien est là en effet : un système totalitaire où tout le monde est surveillé, un dictateur tout puissant, un appareil politique et policier redoutable, et des devises où l'absurde le dispute à la manipulation : « La mort, c'est la vie » « Le mensonge, c'est la vérité », « La logique, c'est l'absurde ». Seule différence, et de poids : dans 2084, l'islamisme, comme projet despotique, a remplacé le stalinisme athée. Big Brother est appelé « Abi », il est le « délégué de Yölah sur terre », un dieu unique qu'on prie neuf fois par jour dans les « Mockbas », qu'on sert via une langue sacrée appelée le « gkabul » pendant que les mauvais croyants sont châtiés en place publique. L'Abistan serait-il l'autre nom de Daesh ? Dans cet enfer religieux, dont Sansal nous fait visiter méthodiquement, didactiquement, tous les cercles, avec un sens de l'horreur aussi aiguisé que son sens de l'humour, un homme a décidé de ne pas faire comme les autres. Il s'appelle Ati, et cherche la mystérieuse « frontière » qui lui permettrait de fuir... À la fois farce et cauchemar, ce roman est sous-titré La Fin du monde. Mais, comme nous en avertit l'auteur : « C'est une œuvre de pure invention, (…), dormez tranquille, bonnes gens, tout est parfaitement faux et le reste est sous contrôle. »

2084, de Boualem Sansal (Gallimard, 274 p, 19,50€). En librairie le 20 août. Également chez Gallimard, en Quarto, les romans (1999-2011) de Boualem Sansal.

EXTRAIT

"L'imprévu était au rendez-vous. Alors que leurs baluchons étaient prêts et la route à peu près dégagée, Koa se vit convoquer par le tribunal de l'arrondissement. L'estafette avait les yeux brillants et le nez humide car l'affaire était d'importance : Koa était mandé au tribunal par son excellence sérénissime le greffier-chef en personne. Sur place, un vieux rat impérial dans sa barbe blanche et son burni bien lustré lui apprit que l'AMCQ, l'assemblée des meilleurs croyants du Quartier, à l'unanimité et au nom de Yölah et d'Abi, l'avait choisi pour tenir le rôle du Pourfendeur dans le procès d'une gueuse accusée de blasphème du troisième degré et que la proposition avait été tantôt entérinée en haut lieu. Sur ce, il lui fit signer son enrôlement et lui remit copie du dossier. C'était un événement considérable, le dernier procès en sorcellerie remontait à longtemps, personne n'espérait plus un jour en instruire un, or la religion s'appauvrit et perd de sa virulence si rien ne vient la malmener. Elle se revitalise autant dans le stade et sur le champ de bataille que dans l'étude sereine en mockba. Dans une querelle entre voisines, l'effrontée, une jeune femme de quinze ans, avait osé dire en claquant la porte que Yölah le juste avait grandement failli en lui donnant des voisines aussi méchantes. Il y eut comme un coup de tonnerre dans le ciel. Les mégères avaient d'une seule voix témoigné contre elle et les civiques, accourus à grands pas, avaient abondé dans le même sens. L'affaire ne laissait place à aucun doute, cinq minutes suffiraient pour aller au verdict, on ne prolongerait la question que pour le plaisir de voir la bête tourner de l'œil et pisser sous elle. Au passage, ils avaient embarqué le mari et leurs cinq enfants, ils seraient entendus plus tard par le comité de la santé morale, ils devraient eux aussi témoigner et faire leur autocritique avant saisine, le cas échéant, du conseil de redressement. Pour un tel procès était requis un imprécateur avec une belle auréole, le meilleur, et Koa était tout désigné. Son nom, celui de son grand-père d'abord, était un phare au-dessus de sa tête, il le signalait de loin. Pour un tribunal de quartier périphérique, officier sous un tel emblème était un honneur insigne. Le public serait nombreux, l'affaire ferait date, la loi triompherait comme jamais et la foi serait démultipliée, on la verrait depuis la Kiïba. La blasphématrice apportait la fortune, il y aurait des promotions fulgurantes dans les rangs de la justice.

« Que faire ? », telle était la question. Les deux amis en parlèrent des heures, Koa refusait de s'associer à ce qui était un sacrifice humain annoncé. Ati l'approuvait à fond. Il était d'avis que Koa parte se réfugier dans le ghetto ou dans une de ces banlieues dévastées où il affectionnait de traîner jadis. À vrai dire celui-ci hésitait, il croyait qu'il était encore possible d'échapper à la convocation du tribunal, quelque part un décret de la Juste Fraternité stipulait que le Pourfendeur devait être un homme d'âge canonique, ayant œuvré au moins un quinquennat dans une assemblée reconnue de croyants émérites, ou participé à une guerre sainte, ou possédant des états de services enviables en qualité de mockbi, répétiteur, psalmodieur ou incantateur, conditions que Koa ne remplissait pas : il avait une petite trentaine sans gloire, n'avait jamais intégré aucun corps de sectateurs, enseigné la religion ni porté arme contre quiconque, ami ou ennemi. Sauf que se prévaloir de cet argument c'était dire son refus d'aider la justice, c'était approuver le sacrilège, on finissait au stade avec la condamnée. « Que faire ? » était effectivement la bonne question. Ati proposa de profiter de leur rencontre prochaine avec Nas pour le prier d'intervenir en sa faveur. étant le découvreur du plus célèbre lieu saint de l'Abistan, il avait sûrement l'oreille reconnaissante de son ministre, sur son ordre Koa pourrait être embauché au ministère, à ce niveau stratosphérique on est dispensé de corvée, on ignore le monde d'en bas. Koa était sceptique. Nas avait peut- être l'oreille du ministre mais il n'est pas dit qu'un ministre écoute, il se peut même qu'il entende tout le contraire.

Koa s'ébroua et lança : « Ils me veulent ? bien, je vais leur en donner, je vais pourfendre là où ça fait mal. »

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Je ne l'ai pas lu, des avis ?

http://www.franceinfo.fr/emission/le-livre-du-jour/2015-2016/boualem-sansal-2084-la-fin-du-monde-14-09-2015-08-34

http://www.franceculture.fr/emission-le-journal-des-idees-boualem-sansal-gordon-brown-joseph-stiglitz-chronique-d-un-monde-malad

Le regard perçant de Boualem Sansal, qui a plongé dans le cauchemar d’une dictature religieuse en 2084 – son dernier roman – se porte aujourd’hui sur notre continent dans les pages Débats du Figaro.

Dans sa Lettre à un Français sur le monde qui vient, l’écrivain algérien nous met en garde, nous qui croyons être du bon côté de la « Frontière, une limite mythique inventée par de pauvres fous décapités depuis longtemps », et à l’abri dans un « monde abstrait » dont les héros de son roman, candidats au départ, « ne savaient rien sinon qu’il était voué au doute, au clinquant et à la dépravation, et qu’il serait, malgré cela ou pour cela, permis d’y vivre dans la liberté, l’égalité et la fraternité. » Pourtant, prévient-il, tout comme en Algérie on voit revenir les barbares « occuper les rues, remplir les mosquées, organiser des réseaux, ouvrir des maquis, traverser et retraverser les frontières lourdement chargés », le projet global de la guerre sainte a déjà gagné nos faubourgs. Si la légèreté ou l’aveuglement de nos édiles peuvent altérer momentanément notre lucidité « le fait est – assène l’écrivain – que nous sommes tous, et vous en particulier, pris dans le piège de la takiya ». Dissimulation et mensonge de ceux qui avancent à pas feutrés pour s’imposer en terre hostile, la takiya est une tradition ancienne de l’islam chiite, minoritaire et persécuté dans le monde musulman. Aujourd’hui pratiquée en pays de djihad par les islamistes organisés en minorité agissante, elle s’emploie – je cite « par un jeu subtil d’insinuations, d’accusations suggérées et de menaces voilées, d’incantations fiévreuses et de cris pleins d’un étrange silence » à nous inoculer « le virus de la culpabilité et voilà qu’aussitôt montent en nous la honte de penser, la peur de dire et le refus d’agir. » Les femmes, au premier chef, sont les victimes de cette léthargie morale de nos sociétés, elles qui font l’objet de débats policés entre imams pour savoir, par exemple, s’il est licite de les frapper… Il n’y a donc pas que le monde arabe « tout cassé et dispersé en morceaux et que les vents du saint djihad mondial poussent à se rejoindre pour former un nouveau et vaste continent » qui soit menacé par ce météore. Si elle n’y prend garde, l’Europe « aux vieux parapets » risque fort de ne pouvoir endiguer l’expansion de ce que Boualem Sansal a nommé dans son roman « l’Abistan », et qui est selon lui « déjà dans nos rues ».

Toute ressemblance avec la difficile progression des réfugiés syriens sur notre continent est évidemment exclue

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Membre, Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis, 52ans Posté(e)
DroitDeRéponse Membre 86 787 messages
52ans‚ Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis,
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Membre, Posté(e)
bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

:noel: Merci Maitre,

Voir derrière les frontières 2084 : dépeint les systèmes pernicieux qui dénient aux humains le droit de vivre leur vie.

Dans un monde irréel et en apparence fictionnel, Boualem Sansal décrit dans son roman un univers bien réel, celui d’un monde totalitaire abouti, à la manière et dans la lignée du roman marquant dans le genre, le célèbre 1984, de George Orwell. La première lecture qu’en ont faite les critiques littéraires sur une dénonciation de l’islamisme qui aboutit à un régime dictatorial est loin de rendre compte de la richesse à la fois du fond et de la forme de ce livre majeur. Ceux qui ont vu une dénonciation du travestissement de l’islamisme, lui-même travestissement criminel de l’islam, ont cependant raison.

Après une guerre terrible contre le reste du monde, en Abistan, une religion a pris le pouvoir et invente de nouveaux rites, un nouveau Dieu et un nouveau délégué. Le monde connu est inféodé à ce système écrasant. Derrière les frontières, après quelques siècles d’asservissement, on dit qu’il n’y a rien… D’une certaine manière, en s’inspirant du livre d’Orwell, Sansal est allé au bout du message de l’écrivain anglais quant à sa vision d’un monde déshumanisé, où l’individu n’est plus qu’un rouage de la société despotique. Sansal décrit un monde du pire, plongeant dans la nature reptilienne de l’humanité prédatrice, d’un côté, et de l’autre dominée, mise au pas.

Un monde où une poignée de dominants absorbent la sève de la majorité. Ce n’est pas seulement le totalitarisme islamiste que l’écrivain dépeint là tant cela pourrait être, par exemple, le tableau figuré de l’univers économique actuel qu’on nomme capitalisme, déguisé sous la «religion» du libéralisme, ou d’autres systèmes pernicieux. L’angle littéraire de Sansal, dans une écriture splendide, est ainsi bien plus vaste que les limites où on voudrait l’enfermer.

Une vision claire de la folie du monde

Rien d’étonnant que cet ouvrage époustouflant parvienne d’Algérie. Il fallait vraiment en avoir gros sur le cœur, vouloir expurger un malaise profond comme un caillot de sang qui obstrue l’afflux d’oxygène dans les veines pour fondre dans le prodige d’offrir l’un des ouvrages les plus marquants. La puissance expressive est ici au service d’une vision claire de la folie du monde.

Avec une ouverture qui se manifeste dans cette phrase à la fin du livre : «Il faut laisser quelques secrets pour l’autre vie, si elle existe et s’il est permis de s’y exprimer.» On était d’abord dubitatifs de l’ambition de Sansal de s’inspirer de 1984, écrit en 1949 par l’écrivain anglais qui, à partir de l’univers glacial du stalinisme, léguera à la postérité des concepts devenus des noms communs pour décrire surtout le monde moderne post-capitaliste, telle l’idée du Big Brother qui voit tout et dirige tout, jusqu’aux consciences.

En fait, loin des poncifs retenus de l’œuvre d’Orwell, il fait aussi fort et par moments plus fort encore en réussissant, sans dénaturer Orwell, à tutoyer les hantises de 1984 : la guerre ; la croyance comme arme de domination ; la réécriture toujours recommencée de l’histoire avec des interlocuteurs interchangeables ; la recomposition des forces planétaires ; la Novlang qui invente des mots selon les exigences politiques.

On pourrait dire que Sansal actualise Orwell, mais en réalité, on n’actualise pas ce qui est toujours actuel et fait partie de l’humanité au plus profond, c’est-à-dire l’acceptation de l’horreur de la domination et de la manipulation des esprits. Sansal finit joliment en inventant les nouveaux mots d’ordre dans un registre de l’absurde froid et terrible qui n’a rien à envier à celui d’Orwell : «La mort, c’est la vie ; Le mensonge c’est la vérité ; La logique c’est l’absurde.» Cela fait écho au triptyque orwellien : «La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force.» Avec pour Sansal, ce rêve majeur de la transgression de la frontière, la cassure de l’enfermement, thème de tout temps prégnant, mais éminemment actuel : briser ce bornage réel ou imagé qui doit être franchi «quoi qu’il en coûtât, tant il est formidablement possible que de l’autre côté se trouve la partie manquante de la vie».

Walid Mebarek

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Membre, Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis, 52ans Posté(e)
DroitDeRéponse Membre 86 787 messages
52ans‚ Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis,
Posté(e)

Tafadal petit scarabée .

Il est sur ma liste du père noël :)

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Membre, Posté(e)
coucoucou Membre 8 040 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

Je ne connaissais pas cet auteur, je l'ai vu en interview ce week-end et franchement je sais ce que je vais lire sans tarder.

Cet homme a un discours calme, construit et argumenté.

Et en plus, il ne vit pas en France ou autre mais reste dans son pays "sans cela je serai un lache" dit-il.....il faut étre là où est la bataille.....c'est dommage de ne pas entendre plus souvent ce genre de discours.

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Membre, Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis, 52ans Posté(e)
DroitDeRéponse Membre 86 787 messages
52ans‚ Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis,
Posté(e)

Je ne connaissais pas cet auteur, je l'ai vu en interview ce week-end et franchement je sais ce que je vais lire sans tarder.

Cet homme a un discours calme, construit et argumenté.

Et en plus, il ne vit pas en France ou autre mais reste dans son pays "sans cela je serai un lache" dit-il.....il faut étre là où est la bataille.....c'est dommage de ne pas entendre plus souvent ce genre de discours.

Je l'ai commandé. Peut être pourrons nous échanger nos impressions une fois lu.

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Membre, Posté(e)
bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

:noel: DroitDeRéponse

Boualem Sansal et l'enfumage du monde

:p

Dans la marche de notre monde, il y a, d'un côté, le bruit et la fumée tandis que, de l'autre, on trouve les forces tectoniques d'une puissance insoupçonnée qui préparent l'avenir de l'humanité. Dès lors, le choix est simple. On peut enfoncer des portes ouvertes et écrire une énième dénonciation de l'islamisme ce qui, entre autres, confortera les idées reçues à propos de la supériorité morale et politique de l'Occident face à un monde arabe en pleine déroute. Ce faisant, on participera à cette vaste supercherie qui tend à faire croire que le problème principal de la planète est le djihadisme et notamment les agissements de l'Organisation de l'Etat islamique (OEI, communément appelée Daech).

Bien sûr, il faut être clair dans son propos. Il est évident que l'OEI est un danger et personne de censé ne peut nier le caractère sanguinaire et totalitaire de cette secte millénariste. Mais l'histoire regorge de multiples devanciers de « Daech », de ces forces du mal si l'on veut s'en tenir à une approche binaire qui finissent toujours pas être vaincues avant que n'en apparaissent de nouvelles. Le fond du problème c'est que la focalisation sur ce thème occulte ceux dont Orwell se serait certainement emparé s'il était encore vivant. Où va notre monde? Qu'est-ce qui le menace, sérieusement ? L'intégrisme religieux ? Ah, que ce thème est bien utile Débats, livres, dépenses militaires en hausse, lois liberticides, obsessions sécuritaires : pour faire oublier les courbes du chômage qui montent au ciel, l'explosion des inégalités, la mise au pas et la concentration des médias, le pouvoir croissant des multinationales face aux Etats et la persistance d'un déséquilibre mondial en matière de répartition des richesses, il n'y a rien de mieux que d'occuper le citoyen en aggravant sa peur.

Une littérature se revendiquant d'Orwell devrait plutôt évoquer cette révolution technologique en cours qui menace à terme de priver de travail des millions de personnes. Elle devrait s'emparer de cette « uberisation » croissante de l'économie où la convergence entre Internet et l'exigence d'une hausse sans fin de la productivité nous mène à une catastrophe sociale d'envergure. Nous vivons déjà dans un monde où de belles expressions comme « économie collaborative » signifient la destruction de milliers d'emplois, la disparition de la protection sociale et le retour du travail payé à la tâche. Bienvenue au dix-neuvième siècle ! Une littérature orwellienne devrait anticiper ces lendemains inquiétants que nous préparent, faute de vigilance politique et citoyenne, les progrès foudroyants de l'intelligence artificielle couplés à ceux de la robotique. Aujourd'hui, déjà, une vie privée et des données personnelles traçables en permanence et transformées en marchandises. Demain, des systèmes intelligents capables de s'auto-dupliquer et de supplanter l'homme ? De le mettre sous tutelle ? De le détruire ? L'auteur de cette chronique est ingénieur de formation et a toujours cru aux vertus positives du progrès technologique. Mais ce n'est pas une raison pour en éluder les menaces. L'emprise de la machine et « la fin de l'homme » après celle « du travail » est une possibilité que les œuvres d'anticipation du vingtième siècle ont vu venir mais que la littérature récente persiste à ignorer. Il est peut-être temps de revoir « Le cerveau d'acier » (Colossus : The Forbin Project, 1970), film adapté d'un roman de Dennis Feltham Jones où deux supercalculateurs, l'un américain, l'autre soviétique, prennent « conscience » d'eux-mêmes et décident de détruire l'humanité. Science-fiction ? Pas si sûr

:D

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:hu:

Pour en revenir au djihadisme, rappelons simplement qu'Al Qaeda a effectivement détruit les tours jumelles de New York et tué des milliers d'êtres humains mais relevons aussi que cette organisation et ses avatars n'ont certainement pas empêché que des milliards de dollars se déversent dans la Silicon Valley où se bidouille un futur inquiétant. Comment qualifier les années 2000 ? Celles de l'émergence de l'hyper-terrorisme ou bien alors celles du boom des « quatre fantastiques », ces GAFA, autrement dit Google, Apple, Facebook et Amazon, qui dominent le web ? Google, dont les deux fondateurs dépensent des millions de dollars dans le développement de l'intelligence artificielle ? Et ce n'est pas un hasard si l'on retrouve ces mêmes personnages, et d'autres « entrepreneurs », aux sources de la recherche sur « l'amélioration » de l'humanité. Oh, pas toute l'humanité mais juste celle qui aura les moyens de payer pour vivre jusqu'à cent ans ou être débarrassée des maladies. Il y a quelques semaines, The Economist consacrait un article sur la thérapie génique avec ce titre édifiant : « Editing humanity », autrement dit, réviser, corriger ou encore améliorer l'humanité. Glaçant

Un nouvel ordre mondial, respectivement façonné par le marché, par des principes néolibéraux et libertariens, par une technologie de plus en plus intelligente et par un néo-eugénisme qui ne dit pas encore son nom, voilà ce qui se dessine dans un contexte où les démocraties perdent de leur vigueur et où la presse, exsangue, ne joue plus son rôle de vigie. Cela rend la littérature indispensable, encore faut-il qu'elle ne participe pas à cet enfumage dilatoire qui nous fait croire que Daech est bien plus dangereux que des nanotechnologies échappant à tout contrôle. L'islamisme politique et ce qu'il charrie de bigoterie et de comportements régressifs méritent d'être dénoncés. Cela est fait de manière régulière. Quotidienne. Fort de sa notoriété, et souhaitant marcher sur les traces d'Orwell, Boualem Sansal aurait mieux fait de choisir un vrai sujet pour échapper au cadre culturel convenu dans lequel il est maintenu. Tout aussi important, il aurait pu mettre sa notoriété au service d'un objectif important, celui de permettre à ses propres concitoyens d'échapper aux débats éculés, de sortir de leur isolement intellectuel et de prendre la mesure du monde tel qu'il menace d'évoluer.

:bad:

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Membre, In girum imus nocte et consumimur igni , 51ans Posté(e)
PASDEPARANOIA Membre 27 326 messages
51ans‚ In girum imus nocte et consumimur igni ,
Posté(e)

Je l'ai fait acheter à ma chérie, je fini les piliers de la terre et j'attaque celui là, m'a l'air sympa.

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Membre, 113ans Posté(e)
stvi Membre 20 709 messages
Mentor‚ 113ans‚
Posté(e)

:noel: DroitDeRéponse

Boualem Sansal et l'enfumage du monde

...................................On peut enfoncer des portes ouvertes et écrire une énième dénonciation de l'islamisme ce qui, entre autres, confortera les idées reçues à propos de la supériorité morale et politique de l'Occident face à un monde arabe en pleine déroute. Ce faisant, on participera à cette vaste supercherie qui tend à faire croire que le problème principal de la planète est le djihadisme et notamment les agissements de l'Organisation de l'Etat islamique (OEI, communément appelée Daech).

..

L'auteur de cette chronique est ingénieur de formation et a toujours cru aux vertus positives du progrès technologique. Mais ce n'est pas une raison pour en éluder les menaces. L'emprise de la machine et « la fin de l'homme » après celle « du travail » est une possibilité que les œuvres d'anticipation du vingtième siècle ont vu venir mais que la littérature récente persiste à ignorer. Il est peut-être temps de revoir « Le cerveau d'acier » .........

. Comment qualifier les années 2000 ? Celles de l'émergence de l'hyper-terrorisme ou bien alors celles du boom des « quatre fantastiques », ces GAFA, autrement dit Google, Apple, Facebook et Amazon, qui dominent le web ? Google, dont les deux fondateurs dépensent des millions de dollars dans le développement de l'intelligence artificielle ? Et ce n'est pas un hasard si l'on retrouve ces mêmes personnages, et d'autres « entrepreneurs », aux sources de la recherche sur « l'amélioration » de l'humanité. Oh, pas toute l'humanité mais juste celle qui aura les moyens de payer pour vivre jusqu'à cent ans ou être débarrassée des maladies. Il y a quelques semaines,......

comparer l'ignorance de Daech au "cerveau d'acier " de l'occident dans l'échelle du terrorisme ,il faut quand même le faire ! ça ne m'étonne pas que ce type d'information soit relayée par ben 911 ....

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Membre, Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis, 52ans Posté(e)
DroitDeRéponse Membre 86 787 messages
52ans‚ Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis,
Posté(e)

:noel: DroitDeRéponse

Boualem Sansal et l'enfumage du monde

:p

Dans la marche de notre monde, il y a, d'un côté, le bruit et la fumée tandis que, de l'autre, on trouve les forces tectoniques d'une puissance insoupçonnée qui préparent l'avenir de l'humanité. Dès lors, le choix est simple. On peut enfoncer des portes ouvertes et écrire une énième dénonciation de l'islamisme ce qui, entre autres, confortera les idées reçues à propos de la supériorité morale et politique de l'Occident face à un monde arabe en pleine déroute. Ce faisant, on participera à cette vaste supercherie qui tend à faire croire que le problème principal de la planète est le djihadisme et notamment les agissements de l'Organisation de l'Etat islamique (OEI, communément appelée Daech).

Bien sûr, il faut être clair dans son propos. Il est évident que l'OEI est un danger et personne de censé ne peut nier le caractère sanguinaire et totalitaire de cette secte millénariste. Mais l'histoire regorge de multiples devanciers de « Daech », de ces forces du mal si l'on veut s'en tenir à une approche binaire qui finissent toujours pas être vaincues avant que n'en apparaissent de nouvelles. Le fond du problème c'est que la focalisation sur ce thème occulte ceux dont Orwell se serait certainement emparé s'il était encore vivant. Où va notre monde? Qu'est-ce qui le menace, sérieusement ? L'intégrisme religieux ? Ah, que ce thème est bien utile Débats, livres, dépenses militaires en hausse, lois liberticides, obsessions sécuritaires : pour faire oublier les courbes du chômage qui montent au ciel, l'explosion des inégalités, la mise au pas et la concentration des médias, le pouvoir croissant des multinationales face aux Etats et la persistance d'un déséquilibre mondial en matière de répartition des richesses, il n'y a rien de mieux que d'occuper le citoyen en aggravant sa peur.

Une littérature se revendiquant d'Orwell devrait plutôt évoquer cette révolution technologique en cours qui menace à terme de priver de travail des millions de personnes. Elle devrait s'emparer de cette « uberisation » croissante de l'économie où la convergence entre Internet et l'exigence d'une hausse sans fin de la productivité nous mène à une catastrophe sociale d'envergure. Nous vivons déjà dans un monde où de belles expressions comme « économie collaborative » signifient la destruction de milliers d'emplois, la disparition de la protection sociale et le retour du travail payé à la tâche. Bienvenue au dix-neuvième siècle ! Une littérature orwellienne devrait anticiper ces lendemains inquiétants que nous préparent, faute de vigilance politique et citoyenne, les progrès foudroyants de l'intelligence artificielle couplés à ceux de la robotique. Aujourd'hui, déjà, une vie privée et des données personnelles traçables en permanence et transformées en marchandises. Demain, des systèmes intelligents capables de s'auto-dupliquer et de supplanter l'homme ? De le mettre sous tutelle ? De le détruire ? L'auteur de cette chronique est ingénieur de formation et a toujours cru aux vertus positives du progrès technologique. Mais ce n'est pas une raison pour en éluder les menaces. L'emprise de la machine et « la fin de l'homme » après celle « du travail » est une possibilité que les œuvres d'anticipation du vingtième siècle ont vu venir mais que la littérature récente persiste à ignorer. Il est peut-être temps de revoir « Le cerveau d'acier » (Colossus : The Forbin Project, 1970), film adapté d'un roman de Dennis Feltham Jones où deux supercalculateurs, l'un américain, l'autre soviétique, prennent « conscience » d'eux-mêmes et décident de détruire l'humanité. Science-fiction ? Pas si sûr

:D

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:hu:

Pour en revenir au djihadisme, rappelons simplement qu'Al Qaeda a effectivement détruit les tours jumelles de New York et tué des milliers d'êtres humains mais relevons aussi que cette organisation et ses avatars n'ont certainement pas empêché que des milliards de dollars se déversent dans la Silicon Valley où se bidouille un futur inquiétant. Comment qualifier les années 2000 ? Celles de l'émergence de l'hyper-terrorisme ou bien alors celles du boom des « quatre fantastiques », ces GAFA, autrement dit Google, Apple, Facebook et Amazon, qui dominent le web ? Google, dont les deux fondateurs dépensent des millions de dollars dans le développement de l'intelligence artificielle ? Et ce n'est pas un hasard si l'on retrouve ces mêmes personnages, et d'autres « entrepreneurs », aux sources de la recherche sur « l'amélioration » de l'humanité. Oh, pas toute l'humanité mais juste celle qui aura les moyens de payer pour vivre jusqu'à cent ans ou être débarrassée des maladies. Il y a quelques semaines, The Economist consacrait un article sur la thérapie génique avec ce titre édifiant : « Editing humanity », autrement dit, réviser, corriger ou encore améliorer l'humanité. Glaçant

Un nouvel ordre mondial, respectivement façonné par le marché, par des principes néolibéraux et libertariens, par une technologie de plus en plus intelligente et par un néo-eugénisme qui ne dit pas encore son nom, voilà ce qui se dessine dans un contexte où les démocraties perdent de leur vigueur et où la presse, exsangue, ne joue plus son rôle de vigie. Cela rend la littérature indispensable, encore faut-il qu'elle ne participe pas à cet enfumage dilatoire qui nous fait croire que Daech est bien plus dangereux que des nanotechnologies échappant à tout contrôle. L'islamisme politique et ce qu'il charrie de bigoterie et de comportements régressifs méritent d'être dénoncés. Cela est fait de manière régulière. Quotidienne. Fort de sa notoriété, et souhaitant marcher sur les traces d'Orwell, Boualem Sansal aurait mieux fait de choisir un vrai sujet pour échapper au cadre culturel convenu dans lequel il est maintenu. Tout aussi important, il aurait pu mettre sa notoriété au service d'un objectif important, celui de permettre à ses propres concitoyens d'échapper aux débats éculés, de sortir de leur isolement intellectuel et de prendre la mesure du monde tel qu'il menace d'évoluer.

:bad:

Ou comment expliquer à l'auteur ce qu'il aurait dû écrire tout en expliquant ce qu'est la liberté :)

2084 est un roman ou un journal ?

Un roman.

Alors pourquoi ne parle t'il pas littérature ?

Flaubert dans l'éducation sentimentale aurait il du nous parler de ce qui intéressait le citoyen : la révolution de 48.

Article politique de direction des pensées ne constituant en rien une critique littéraire .

Le simple terme de secte constitue déjà un parti prix politique traduisant précisément la novlang dénoncé par Orwell .

Quand on écrit : l'auteur aurait dû se servir de sa notoriété pour ...

Big brother is not far !

Un romancier suit sa plume il ne la met pas au service de .

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Membre, Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis, 52ans Posté(e)
DroitDeRéponse Membre 86 787 messages
52ans‚ Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis,
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comparer l'ignorance de Daech au "cerveau d'acier " de l'occident dans l'échelle du terrorisme ,il faut quand même le faire ! ça ne m'étonne pas que ce type d'information soit relayée par ben 911 ....

Mais attention sensal n'a pas compris Orwell :)

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Membre, Posté(e)
bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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Monde de l’édition en France : Boualem Sansal et Maïssa Bey en tête de gondole

:hu:

Boualem Sansal est toujours en lice pour la plupart des prix littéraires français, dont le Goncourt qui l’a sélectionné hier dans sa deuxième liste, alors que Maïssa Bey fait son entrée dans les postulants au Fémina.

Boualem Sansal reste en lice pour le prix Goncourt. Hier, mardi, à la mi-journée, le jury en a décidé ainsi. Il figure parmi huit auteurs de la deuxième sélection qui concourront pour le plus estimé et prestigieux des prix français : Titus n’aimait pas Bérénice, par Nathalie Azoulai (P.O.L) ; Boussole, par Mathias Enard (Actes Sud) ; Les prépondérants, par Hédi Kaddour (Gallimard) ; Eva, par Simon Liberati (Stock) ; Petit piment, par Alain Mabanckou (Seuil) ; Ce pays qui te ressemble, par Tobie Nathan (Stock) ; Il était une ville, par Thomas B. Reverdy (Flammarion). Prochaine sélection le 27 octobre et remise du prix le 3 novembre.

Boualem Sansal que la critique dans son ensemble encense pour son livre 2084 La fin du monde (Gallimard) est aussi présent parmi les lauréats possibles des prix Renaudot, Médicis, Flore... et il vient d’accrocher à sa gibecière un nouvel accessit en intégrant la première sélection du Grand Prix du roman de l’Académie française, qui souffle ses cent bougies cette année et qui sera remis le 29 octobre. L’an dernier, en 2014, Kamel Daoud avait été proche d’emporter le Goncourt pour Meursault, contre-enquête (Barzakh Alger et Actes Sud Paris). Preuve que la littérature algérienne gagne en visibilité en France.

D’ailleurs, cette semaine, la romancière algérienne Maïssa Bey a été sélectionnée dans la nouvelle liste des prétendants au prix Fémina pour son livre Hizya (Editions de l’Aube). Le roman ne figurait pas dans la première sélection. La dernière sélection du Fémina se déroulera le 21 octobre et le prix sera remis le 4 novembre à Paris. Le prix concerne aussi, séparément, les meilleurs romans étrangers et les essais. A signaler aussi que dans cette catégorie essai-Fémina, la présence de Benjamin Stora, remarqué pour son livre Les clés retrouvées, sur son enfance à Constantine.

:bo:

http://www.elwatan.com/culture/monde-de-l-edition-en-france-boualem-sansal-et-maissa-bey-en-tete-de-gondole-07-10-2015-304925_113.php

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Membre, Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis, 52ans Posté(e)
DroitDeRéponse Membre 86 787 messages
52ans‚ Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis,
Posté(e)

Avec une académicienne telle que assia djebar elle avait déjà une visibilité .

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Membre, Posté(e)
Zelig Membre 5 446 messages
Baby Forumeur‚
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A titre de pronostic, je pense que c'est Mathias Enard qui devrait l'emporter pour le Goncourt 2015. Et ce serait mérité.

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VIP, Gonade Absolutrice, Posté(e)
yop! VIP 20 446 messages
Gonade Absolutrice,
Posté(e)

(...)

Une littérature se revendiquant d'Orwell devrait plutôt évoquer cette révolution technologique en cours qui menace à terme de priver de travail des millions de personnes. Elle devrait s'emparer de cette « uberisation » croissante de l'économie où la convergence entre Internet et l'exigence d'une hausse sans fin de la productivité nous mène à une catastrophe sociale d'envergure. Nous vivons déjà dans un monde où de belles expressions comme « économie collaborative » signifient la destruction de milliers d'emplois, la disparition de la protection sociale et le retour du travail payé à la tâche. Bienvenue au dix-neuvième siècle ! Une littérature orwellienne devrait anticiper ces lendemains inquiétants que nous préparent, faute de vigilance politique et citoyenne, les progrès foudroyants de l'intelligence artificielle couplés à ceux de la robotique. (...)

Oui mais ce serait un tout autre bouquin. Et sur son parti pris, on peut avancer qu'un totalitarisme religieux mettrait en place des mesures freinant tout ça (ce qui explique de convergences des convergences paradoxales entre des courants anti-capitalistes/altermondialistes et religieux). Il a choisi d'aborder l'angle qui le préoccupe le plus.

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Membre, Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis, 52ans Posté(e)
DroitDeRéponse Membre 86 787 messages
52ans‚ Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis,
Posté(e)

A titre de pronostic, je pense que c'est Mathias Enard qui devrait l'emporter pour le Goncourt 2015. Et ce serait mérité.

Boussole :

http://next.liberation.fr/livres/2015/10/07/mathias-enard-deroutante-boussole_1399139

Article sans concession l'islam l'angle mort de la république :

http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/190115/mathias-enard-lislam-est-notre-angle-mort-national

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Membre, Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis, 52ans Posté(e)
DroitDeRéponse Membre 86 787 messages
52ans‚ Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis,
Posté(e)

C'est un sacré personnage le Mathias Enard...

Personnalité atypique effectivement .

Vous avez lu boussole ? ( moi non , conseils bienvenus )

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Membre, Posté(e)
bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

:hu:Entre deux dystopies : de 1984 à 2084

Le dernier livre de Boualem Sansal 2084 s'inscrit dans une lignée de livres de plus en plus commercialisés notamment en France. Son thème est celui de Soumission de Michel Houellebecq, et les deux font partie d'une pensée en vogue en France représentée par des intellectuels tels qu'Alain Finkielkraut ou Eric Zemmour.

Cette ligne de pensée prédit un avenir sombre pour la France et pour l'Europe en raison de la menace islamiste, résultat, selon eux, d'une présence de plus en plus ressentie des musulmans en Europe. Lors de son passage sur LCI, Sansal répond à la question comment il imaginait la France en 2084 par un seul mot : islamiste ! De fait, on ne s'étonnera pas qu'il soit cité par quelqu'un comme Eric Zemmour qui porte une haine incommensurable contre les musulmans et l'Algérie en particulier.

Pour Sansal, tout comme pour Michel Houellebecq, Islam est synonyme de soumission. Pour eux le mot soumission est rempli de terreur, il est synonyme de totalitarisme et évoque immédiatement le spectre de Big Brother de George Orwell auquel Sansal fait référence par le choix du titre. 2084 parle d'un pays, l'Abistan, soumis cruellement à la loi divine, un monde chaotique, résultat d'une guerre sainte, nous apprend le texte, qui a ravagé le monde entier. Il existe quelque part une frontière, le protagoniste finira miraculeusement par la trouver, l'emprunter et disparaître, fin de l'histoire, et pas du monde comme le complément du titre nous l'indique.

THEME ET HISTOIRE

2084 de Sansal reprend tellement à la lettre des épisodes du chef-d'œuvre d'Orwell 1984 que l'on se demanderait pourquoi se donner la peine d'écrire un tel livre. L'Abilangue par exemple, la langue officielle de l'Abistan, n'est qu'un ensemble de mots insérés çà et là dans le texte sans que l'on sache quelle est vraiment sa fonction. Il est dit que cette langue, sans doute la langue arabe (la langue la plus riche du monde), a une emprise magique sur les esprits et les corps, elle les transforme en de profitables martyres pour le système. A la fin l'auteur ne tente même pas une explication, il fait le lien direct avec le novlangue d'Orwell, nous renvoyant ainsi à 1984.

Non seulement cela, mais ce qui est repris, comme l'Abilangue, est placé dans l'histoire sans que celle-ci ne le suggère. Dans 1984 de George Orwell, on découvre et comprend le novlangue au fur à mesure que l'histoire avance : le principe du novlangue est expliqué par le camarade de Winston pendant un repas à la cantine, ce dernier lui explique passionnément le plaisir de détruire les mots et le but derrière une telle entreprise (La réflexion d'Orwell sur la langue est tellement originale qu'elle est devenue un objet d'étude pour les linguistes). Le but derrière la répression sexuelle est expliqué par Julia, la jeune femme dont Winston tombe amoureux, pendant des moments intimes du couple. Le slogan du Parti est expliqué par le livre de la fraternité secrète que Winston parvient à obtenir et qui s'est avéré être un piège tendu par le Parti

En somme, Orwell a fait une excellente critique des régimes totalitaires sans négliger l'histoire racontée. Stephen King dans son livre Ecriture : mémoire d'un métier soutient qu'une bonne fiction part toujours d'une histoire et progresse vers son thème, elle ne part presque jamais du thème pour aboutir à l'histoire. Il fait cependant une exception à cette règle : George Orwell. Il s'étonne de la capacité de cet auteur de partir d'un thème ou d'une idée pour inventer ensuite une histoire qui soit tellement adaptée au thème qu'on douterait qu'il s'agit initialement d'une idée et non pas d'une histoire.

Dans 2084, on a l'impression que les idées et les thèmes sont souvent communiqués ou insérés sans tenir compte du récit. L'auteur se livre souvent à des réflexions invraisemblables compte tenu de l'histoire. Tel est le cas par exemple de l'épisode qui décrit le passage, comme d'un coup de baguette magique, du protagoniste et de son ami de l'Abistan, où règne une dictature absolue, vers un ghetto chaotique mais où règne néanmoins beaucoup plus de liberté. On a du mal à imaginer un homme qui vient de retrouver pour la première fois de sa vie une certaine liberté d'avoir des réflexions sur la langue et sur son lien avec la religion et la manipulation. Un homme qui a passé toute sa vie enchaîné se mettrait à courir si on lui arrachait ses chaînes, il est peu probable qu'il se mette à analyser ses chaînes. Quelques pages plus tard il reprend le sujet avec plus d'acharnement avec des questions tel que le rapport existant entre religion et langue ? Bref, on a l'impression que l'auteur a tellement d'idées à communiquer mais que l'histoire n'arrive pas à les contenir. En outre, de telles réflexions font que les dialogues sont très rares dans le texte ce qui a pour effet de rendre le récit très lent et ennuyeux. Ajoutant à cela que l'histoire tarde à commencer, et les détails inutiles abondent. La voix narratrice qui semble par moment omnisciente étouffe la voix de personnage. On a du mal à savoir qui parle, c'est une dystopie Orwellienne racontée dans un style Fontainien - c'est sans doute pour cela que la plupart des articles consacrés à cet œuvre ont du mal à la désigner : roman, fable, conte La façon de raconter rend toute identification avec le protagoniste impossible, et le suspens presque absent. Les points d'exclamation des passages en italique montrent la surprise chez le protagoniste, mais ne suscite rien chez le lecteur. En somme, l'auteur aurait mieux fait d'écrire un essai pour exposer ses idées.

LA QUESTION DU COMMENT ET DU POURQUOI ...

La suite :

http://www.lequotidien-oran.com/?news=5219803

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