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Je l'ai revue hier...


Blaquière

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 857 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)

Je l'ai revue hier

Cette situation (tout au moins au début), nous l'avons tous vécue.

Tous et toutes vécue quand nous étions plus jeunes : au collège, au lycée ?...

Elle était grande. Grande, blonde et jolie, et aussi distinguée...

Mieux encore : elle était... devinez !

Américaine !

Parfaitement !

Mais pourquoi parler d'elle ? Parce qu'elle était amoureuse...

DE MOI !

(J'en rougis !)

J'en avais eu la preuve, une preuve flagrante en déli puisque en dépit de sa toute élégance, elle avait osé graver sur un bureau à petits coups de canif, ses initiales et les miennes auréolées d'un coeur ! Une fille, même très distinguée, ça ose ces trucs-là !

Hélas l'amour ne se commande pas et moi, qui la trouvais tout-à-fait belle, je le redis : "hélas", ben je ne l'aimais pas !

En revanche, Roman, mon ami, le meilleur, lui, l'aimait. D'un amour vrai. Elle était tout pour lui

et quand il parlait d'elle il en avait les yeux qui se noyaient. Non pas de larmes mais de ciel bleu.

Bien sûr, parfois, elle me regardait de loin, du coin de l'oeil en rougissant, en chuchotant à son amie... Je ne répondais pas. Ne voulais pas savoir.

Mais son image est restée imprimée : un peu trop grande et mince et un peu gauche et hésitante à

chacun de ses pas... Incontestable marque de distinction.

Je l'ai revue hier !

Elle avait le même âge, elle m'aimait toujours ! Or mon copain Roman n'était plus là ! Puisqu'il s'est marié, a eu ses trois enfants... bref, il l'a oubliée.

Nous avons donc marché, elle et moi, bras dessus, bras dessous, en tout bien tout bonheur, sur un

petit sentier, le long d'une murette, à l'ombre des figuiers de figues blanches de Marseille...

C'était l'été poignant. Et bien sûr, je l'aimais, maintenant !...

Mais que se passe-t-il ?

Qu'est donc cette douleur ? Et cette sueur froide ? Que signifient ces... gargouillis ?

Je n'irai pas plus loin, ne puis plus avancer !

Mais qu'est-ce qui me prend ?

Une... Une...

Une envie de chier !

Cette envie est terrible !

Je m'excuse et descends le chemin empierré ; monte les larges marches de la ruine antique, et grimpe l'escalier quatre à quatre de bois vers les toilettes du musée...

Bizarres ces toilettes : les mêmes qu'à l'armée !

Les box sont séparés par des murettes d'un mètre à peine. Et l'on peut voir les officiants, par en

dessus. Leurs têtes grimaçantes d'efforts regardent droit devant, sans rien voir ni personne, pour ne pas être vus.

Un cabinet est libre, je m'y installe.

Arrive alors devant ma porte un petit groupe. Un homme et quelques femmes.

L'homme s'adresse à moi dessus la porte, puisqu'on se voit :

-- Priorité aux dames ! Laissez la place à cette demoiselle !

Mademoiselle veut chier ? C'est un peu fort et je m'insurge, tout rouge :

-- J'étais ici AVANT !

-- Et la galanterie ?

-- Mais laissez-moi chier !

(C'est un vrai cauchemar !)

...

En suite, pour s'essuyer il fallait en premier enduire le papier de cette crème blanche...

(Comme pour les bébés.)

...

Mais quand je suis sorti, la grande et jolie blonde n'était plus là.

Ne me restait que son prénom :

Marcelle !

MARCELLE !

MARCELLE !

"Les tripes me faisaient glou glou

pour douze figues marseillaises..."

(Victor Gélu)

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  • 2 semaines après...
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Invité guipure
Invités, Posté(e)
Invité guipure
Invité guipure Invités 0 message
Posté(e)

Explique-moi...

Victor Gélu.. Il a écrit le texte, ou bien seulement "Les tripes me faisaient glouglou pour douze figues marseillaises..." ?

En tout cas j'adore ce texte qui fait passer de la nostalgie aux éclats de rire sans qu'on s'y attende..

J'aime beaucoup..

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Membre, Baby Forumeur, 29ans Posté(e)
Eventuellement Membre 3 422 messages
29ans‚ Baby Forumeur,
Posté(e)

Explique-moi...

Victor Gélu.. Il a écrit le texte, ou bien seulement "Les tripes me faisaient glouglou pour douze figues marseillaises..." ?

En tout cas j'adore ce texte qui fait passer de la nostalgie aux éclats de rire sans qu'on s'y attende..

J'aime beaucoup..

Je pense plutôt que c'est seulement la citation qui est de Gélu, d'où l'usage de guillemets.

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Invité guipure
Invités, Posté(e)
Invité guipure
Invité guipure Invités 0 message
Posté(e)

Merci à toi ! Oh Déesse de la précision ;)

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Membre+, I. C. Wiener, 32ans Posté(e)
konvicted Membre+ 26 925 messages
32ans‚ I. C. Wiener,
Posté(e)

Cette situation (tout au moins au début), nous l'avons tous vécue.

Tous et toutes vécue quand nous étions plus jeunes : au collège, au lycée ?...

Non, pas vraiment. Mais j'apprécie la façon dont elle est racontée.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 857 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)

Oui ! Victor Gélu était un chansonnier marseillais du début du XIX ème siècle qui était en son temps très célèbre.

Il écrivait ses chansons en provençal. Il les chantait sur des airs à la mode du moment.

J'en ai mis quelques une en musique que je chante/chantais en provençal, et une que j'ai traduite en français :

"Feignant et gourmand" sa plus célèbre.

L'original de ma citation, c'est donc :

"Lei tripos mi fasièn glouglou............ (Les tripes me faisaient glouglou)

Per doudgé figos marsillésos............(Pour 12 figues marseillaises)

Qu'aviou manjat franc daou pécou....(que j'avais mangé même sans la queue !)

Pichoun faï tambèn de luènch péso..(Un petit fardeau à la longue finit par peser)

Le style est très populaire et burlesque.

L'idée c'est un gros costaud qui sent avec le poids des ans

sa force faiblir et son corps maigrir... "même porter un petit poids, à la longue on en a marre"

Il dit ça tout le long de la chanson dans toutes les situations, au travail, au lit, à table...

Et à la fin, il "pète" (casse, crève) plus sec qu'un hareng :

il ne pèse plus rien, mais ça n'empêche pas ceux qui "l'ont porté" de retrouver à leur tour son leitmotiv

"Sieis a la barro pourtaran ..................(Six à la barre porteront)

Toun paquet d'os, alors niquèzo .......(Ton paquet d'os, alors tout sera cuit)

E sus lou bord dau trauc diran : .........( Et sur le bord du trou, ils diront )

Pichoun faï tambèn de luèch péso !".(Même un petit poids à la longue, ça fatigue !)

Il faudra que j'enregistre tout ça un jour...

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