Cauchemar
Le ciel bleu, le piaillement des oiseaux, le grincement de la balançoire, les insultes quotidiennes entre frère et soeur... Cette pensée éternelle de l'ancienne vie de Diane a perdu, au cours des années, sa splendeur, son rayonnement. Elle pleurait toutes les larmes de son corps, affalée sur son canapé, écoutant ses enregistrements au piano. Elle avait composé des airs mélancoliques pour ce genre de situation. Ne pouvant plus rien faire, ni pour elle, ni pour les autres, elle se contentait de s'automutiler.
Cette pensée d'une vie heureuse et sans histoires devint une blessure, non plus dans l'âme, mais dans la chair. La douleur devenait, chaque année qui la séparait de cet instant, plus insupportable. Elle voulait souffrir. En tant qu'ange déchu, elle n'avait plus aucun but. Son éternelle étincelle de vie était devenu un fardeau, un supplice. Elle était condamnée à vivre son propre enfer sur la Terre.
Son sommeil, ce coma perpétuel, cet appel à la délivrance lancé dans le vide, dans le néant, illustraient sa détresse. Le cauchemar qu'elle vivait, accompagnée par sa fidèle épaule, Eléonore - sa faucheuse sarcastique - la rendait chaque seconde un peu plus folle. Sa névrose grandissait, la rendait inhumaine, et invivable. Dans les allées sombres de la ville, à peine éclairées par des lampadaires défectueux, elle marchait... Car elle n'avait rien d'autre à faire... Sous le regard écarlate, et profond, de celle qui ne pourra jamais lui venir en aide.
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