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Nymphe.


Circeenne

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Un chemin de terre parsemé de pierres plates, devenues lisses sous l'effet du temps et du souffle ensablé, mène dans un désert vert, autrefois cité romaine. Cette nature crépitante de vivacité sous le soleil ocre de la méditerranée, nourrit l'intensité du ciel bleu d'un reflet brillant, et comme un duvet d'été dans les collines lançonnaises de Provence, elle s'anime au gré des éléments. Seuls les massifs calcaires sur lesquels se sont enracinés Cyprès, Pin d'Alep, Micocoulier donnent l'illusion d'une forêt ancrée, immuable, caractérielle. Rien n'est outre-mesuré, tout est raccourci, surement par l'ardeur de la chaleur qui lèche les flancs et illumine la chlorophylle du matin jusqu'au crépuscule. Accompagnée de ma seule solitude que j'aime retrouver ici. Je m'assieds en ce lieu, cathédrale de beauté, après avoir parcouru quelques kilomètres de longues foulées. J'y viens respirer l'air lavandin, y écouter le bruissement des rameaux velus, observer ce spectacle scintillant, en étant enveloppée par une douce fièvre. Un sommeil qui m'enivre. Je n'ai qu'une volonté, obéir à la pesanteur sur ce rocher caillouteux, dont les creux me paraissent moelleux et suffisants pour me contenir tout entier et à mon aise. Séduite, je laisse ma main caresser le rugueux sablonneux qui crisse sous son passage. Ses contours sont pareils à une sculpture antique, coquillage millénaire. Et à mesure que le soleil quitte le zénith de cet océan turquoise, vidé de ses grumeaux, comme une toile vierge, prête à recevoir sa peinture. Je suis consumée de langueur. La fièvre me gagne encore davantage lorsque l'air, trop doux, affaisse mon corps dans la paresse éternelle comme un sucre mouillé. Le temps se déforme alors et l'espace s'allonge. Les couleurs révèlent leur vérité bigarré aux nuances incroyables. Les décrire prendrait une partie des rouleaux du destin. Je ne peux plus lutter, je m'endors dans les bras du Zéphyr qui baiserait presque mon front en m'offrant de son lait tiède, quand il plonge dans l'aine pour rejoindre mon cou. Je n'ai pas le choix, je me recroqueville dans cette plaine lymphatique. Qu'il est bon de mourir ici, dans cette sereine monotonie.

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