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Chapitre 1


Florent.

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J'étais fatigué. Extrêmement fatigué. De cette fatigue qui vous écrase la poitrine et vous fait suffoquer. Cette fatigue infatigable que rien ne fatigue. Je devais partir. Je ne pouvais plus respirer dans cette ville, je ne pouvais plus y marcher. Je ne pouvais plus entendre les plaintes venant des entrailles de cette ville. Chaque bruit, chaque odeur m'insupporte. Chaque ordre, chaque restrictions me remplissait de haine. Au final, je ne savais pas si je détestais cette ville ou cette vie. Les nuages de fumées des usines et du périph' m'étouffaient. Je suffoquais. J'avais besoin d'air. Et surtout de liberté. On respire mieux quand on est libre. J'avais besoin de vivre, respirer du bon air. Prendre le large, poser mes bagages sur un autre rivage.

J'ouvris la fenêtre. Un courant d'air glacial remplissait ma chambre d'un frisson silencieux. Au loin, Paris brillait. En bas de chez moi, les parisiens vomissaient. Le lampadaire en face de ma chambre m'aveuglait de son jet de lumière jaune, et remplissait ma chambre d'ombres et de doutes. Deux hommes se battaient dans une rue voisine. Scène ordinaire de Paris nocturne, acte I.

La nuit, seule, silencieuse, me faisait face. Je ferma la fenêtre, enfila un blouson et descendis dans la rue. Je devais aller voir Zouf et d'anciens amis des années lycée. Le lycée. Ça faisait longtemps que je n'y avais plus mis les pieds. Trois ans à peu près, je ne sais plus. Eux aussi avaient arrêtés, presque en même temps que moi. De toute façon, nous n'avions aucune chance d'avoir le BAC. Aucune chance d'avoir un taf non plus. Mais je gardais les mêmes potes depuis toujours. Le même décor, les mêmes fringues, pas de taf, pas de copine mais toujours les mêmes potes. Rien ne changeait. À part que je ne devais plus subir les échecs de la feuille blanche, les crissements de craies sur le tableau noir aveugle, et le vertige devant notre échec scolaire. Un train de vie sur les mêmes rails, mais en marche arrière. J'étais resté tout de même fidèle à la rue. La rue, quand les hommes n'ont plus rien, lui reste fidèle. Moi et mes potes, nous faisions partis de ses fidèles.

Ils étaient là. Toujours le même abribus, toujours les mêmes visages, les mêmes yeux, le même paysage. Seules les pompes changeaient. Nous avions grandis, pris de l'assurance mais perdu de l'élan, on avait loupé notre bus. Nous étions enfermés dans cette jungle urbaine. Zouf, c'était le plus grand de la bande. Ses doigts avaient fait des dizaines de milliers de kilomètres en roulant des joints. Tep, c'était le renoi de la bande. Il habitait le quartier d'à côté. Toujours souriant, mais comme tous, à sec financièrement. Zak, le rebeu. Lui, c'était le plus petit. Et moi, Djak, qu'est-ce que je pourrais vous dire sur moi ? À part que j'ai quitté l'école à 17 piges, que j'habite le quartier avec ma daronne et ma petite sœur ? Rien. Nos vies n'intéressent personne de toute manière. Zouf, Tep et Zak avaient passés la nuit dehors, sur notre banc.

2 Commentaires


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La banlieue ca me plait bien.

Réponse : Ce n'est pas vraiment la banlieue même, ça se passe dans les quartiers nords de Paris (18e, 19e et 20e).

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