Au matin, bercé de primes illusions
Quand les yeux s’ouvrent et que les mots viennent
Assimiler le langage de la raison
L’ivresse, la passion et la nature Humaine
Rester las, timides larves atrophiées
Plier l’échine au nuage qui passe
Croyant ainsi qu’une voix qui se tait
Suffit à ce que l’orage s’efface
Faire passer les non-dits pour de l'élégance
User chaque route, genoux contre terre
Dans l’espoir imbécile qu’une révérence
Aux yeux de nos belles finissent par plaire
Soumettre l’envie à la bienséance
Refouler son attirance pour l’Enfer
Enfermer les naturels dans le silence
S’assoir, fier, sur une morale délétère
Perdre son temps à de vaines fadaises
Cependant que le monde luit encore
Et tourne, dans les presque vides, à son aise
Perdre son âme en oubliant son corps
S’oublier au dictat des numéraires
Pour sauver de piteuses apparences
Malgré nos brides, se croire téméraires
Sans jamais une fois dire ce que l’on pense
Ronger nos vies de plaintes abrasives
Attendre demain, délaisser aujourd’hui
Et ferrer l’ardeur des colères les plus vives
Sans profiter des caresses tendres de la nuit
Rêvasser, enfin, d’un monde meilleur
Sans ne jamais tenter de rien y faire
Espérant que loin, quelque part, ailleurs
Un autre forgeron batte le fer
Bêcher la terre sans y planter la graine
Dans l’inconfort d’une sieste patiente
Croire que germent les avenirs pérennes
Irrigués par la seule force de nos attentes
Puis lever l’œil aux premières étoiles
Prêt à récolter les fruits de nos vertus
Sans rancune, devant la faux lever le voile
Et pleurer sur notre passé perdu
Dans un dernier souffle chercher la raison
Accuser le temps de toutes les fraudes
Le traiter vainement de tous les noms
Et voir l’aiguille s’arrêter avant l’aube.
L_
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